mercredi 5 février 2014

Au bâtonnier de l’ordre des avocats de Mauritanie.

 

avocats

Prouvez-le !

 

J’exprime par cette lettre toute l’indignation que peut inspirer l’attitude de l’ordre des avocats mauritaniens à l’égard de l’affaire Ould Mkheitir ; cet homme qui, en plein XXIème siècle, est accusé de blasphème et d’apostasie, sur un écrit que rares sont ceux qui l’ont lu. L’ordre des avocats a, dans cette affaire, entretenu un silence sinon un immobilisme qui ne sied pas à la profession qu’il représente.

Monsieur, le bâtonnier,

Vous qui, ces dernières années dénonciez à cors et à cri, les dérives du régime politique mauritanien, du népotisme à la corruption en passant par l’abus de pouvoir et d’autorité, allez-vous garder le silence face à cette inimaginable transgression des droits de l’individu ?

N’est-ce pas vous qui avez écrit : « Nous devons être à la hauteur de notre mission qui va au-delà de l’organisation et la défense des intérêts matériels et moraux des avocats pour assurer, défendre et garantir les droits de l’homme, les libertés, l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoir, l’accès à la justice, le procès équitable et la primauté de la loi. »[1]

Eh bien prouvez-le !

Si vous ne le pouvez pas, vous remettrez en cause toute la profession d’avocat en Mauritanie que vous représentez. Vous aurez reculé devant l’injustice et l’obscurantisme et failli au droit de porter assistance à personne en danger. Et de primus inter pares vous serez le dernier d’entre tous.

Vous aurez comme votre collègue qui s’est désisté  jeté l’opprobre sur une profession sensée défendre les opprimés d’entre la veuve et l’orphelin.

Si Ould Mkheitir est aujourd’hui orphelin, ce n’est ni de sa famille qui l’a rejetée, ni de ses collègues qui l’ont banni, ni de la compréhension de son acte mais d’une défense digne de ce nom qui pourrait faire valoir ses droits devant la justice. Et sur ce point vous ne pouvez échapper à la mission qui vous incombe du fait de la nature même de votre profession.

Qu’à travers vous, l’ordre des avocats de Mauritanie prenne ses responsabilités face à cette transgression manifeste des droits et des libertés qui, si elle devait aboutir, jetterai une ombre sur le devenir du droit et de la justice en Mauritanie et consacrerait le discrédit de l’avocat mauritanien.

Aussi, Je vous invite urgemment à désigner un collectif d’avocats pour défendre au nom de la présomption d’innocence et du droit de la défense, ce jeune homme jeté à la vindicte populaire; vindicte attisée par d’obscures personnages jouant sur la sensibilité et la crédulité de certains, sur le fanatisme d’autres et sur la complicité certaine et silencieuse d’autorités officielles plus préoccupées de leur assise électorale que par le droit des personnes.

Et il n y a pires conjectures que celles qui peuvent mener un individu à la potence.

{يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اجْتَنِبُوا كَثِيرًا مِّنَ الظَّنِّ إِنَّ بَعْضَ الظَّنِّ إِثْمٌ }[الحجرات: 12

 

Pr ELY Mustapha


[1] http://www.avocatmauritanie.org/fr/index.php?option=com_content&view=article&id=133&Itemid=7

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.