Essai d’une approche discursive
{ بدأ الإسلام غريبًا ، وسيعود غريبًا كما بدأ ، فطوبى للغرباء }
رواه مسلم - 130
Il n’est pire situation que celle d’avoir des préjugés à l’égard de son interlocuteur et de vouloir le convaincre de la justesse de sa pensée. Et pourtant, c’est à l’examen de l’attitude de ceux qui veulent dialoguer que l’on constate les difficultés qui surgissent lorsque les individus sont en présence. La situation en est d’autant plus compliquée lorsque chacun, convaincu de ses idées, n’arrive pas à les faire comprendre à l’autre, ce qui est le premier pas vers le dialogue. Le second pas étant d’entrainer chez l’autre une perception positive des idées que l’on expose. Enfin le troisième pas, le plus difficile, est d’entrainer son adhésion aux idées exposées. Ces trois pas constituent la démarche méthodique vers l’intégration, par l’autre, de nos idées. Notons bien, pour rester dans la philosophie d’un dialogue respectueux des idées de l’autre qu’il ne s’agit pas de l’entrainer forcément à abandonner ses propres idées, mais de comprendre les idées des autres, de les tolérer et, ultime objectif, de les respecter. Pour illustrer cette situation et surtout l’approcher de façon concrète, prenons un exemple d’actualité: le “dialogue” entre “laïcs “ et salafistes. “Le salafisme est un mouvement sunnite revendiquant un retour à l'islam des origines, fondé sur le Coran et la Sunna. Aujourd'hui, le terme désigne un mouvement composite fondamentaliste, constitué en particulier d'une mouvance traditionaliste et d'une mouvance djihadiste. Toutes ces mouvances affirment constituer la continuation sans changement de l'islam des premiers siècles (Wikipédia)”
Le “dialogue” tel qu’il essaie de s’instaurer dans la sphère politique (notamment dans les pays arabes en transition post-révolutionnaire) entre les défenseurs de la laïcité et ceux du fondamentalisme religieux ( le salafisme, faisant partie de cette dernière mouvance), se heurte à des difficultés qui, souvent, entrainent sa rupture sinon son enlisement. Cette situation s’explique par plusieurs facteurs (1) qui sont la conséquence d’une absence de démarche méthodologique (2) doublée d’une méconnaissance des fondements du salafisme (3) et des sources permettant de lui apporter la contradiction (4)
1. La faillite du dialogue avec le salafiste: les raisons premières.
Les pays ayant vécu une révolution populaire récente, sont de véritables laboratoires de dialogues naissants où l’approche empirique de la communication entre les forces politiques en présence est riche d’enseignements. Si l’on devait utiliser un modèle (évidemment simple) , en évacuant les particularités politiques internes, les tendances diverses et les programmes, , les deux courants en présence sont celui qui prône la liberté de penser, de culte,et la séparation de l’Etat du religieux ( laïcité sécularisation…) et celui qui prône la confusion de l’Etat et du religieux (islamisme, salafisme etc.). Ces deux bornes couvre cependant divers spectres politiques (tel la laïcité dans l’Islam, ou l’islamisme modéré ), l’essentiel est que les grandes tendances au dialogue s’inscrivent entre ces deux bornes : les laïcs et les islamistes. Nous nous en tiendrons à ce clivage global qui caractérise actuellement la scène politique des pays en transition... post-révolutionnaire.
L’examen de la situation actuelle montre que le dialogue entre ces deux bornes peine à se concrétiser et s’enlise de jour en jour, non pas du fait de la mauvaise volonté de certains, mais parce que la communication est handicapée par un ensemble d’éléments qui tiennent à plusieurs facteurs dont les principaux sont les préjugés et la méconnaissance du fond de la pensée de l’autre. Prenons deux extrêmes (ou présentés comme tels) : un laïc et un salafiste. Connaissant le “fond” politique de chacun, peut-on concevoir un dialogue? L’un attaché à la liberté d’esprit, l’autre à la lettre du Coran.Et pourtant les tenants de ces deux courants cohabitent dans la même cité, veulent gérer le même pays. Jusque là, l’observation empirique du paysage politique montre que ces deux courants se regardent en “chiens de faïence”. Ni les salafistes ne veulent entendre les laïcs, ni les laïcs n’arrivent à dialoguer avec les salafistes. Quelle est en sont les raisons?
La première des raisons citée plus haut est bien les préjugés que chaque camp est supposé entretenir à l’égard de l’autre. Préjugés que véhiculent les médias et qui sont parfois popularisés à mauvais escient.Ainsi pour les salafistes, les laïcs seraient des mécréants qui ont substitué aux préceptes de leur religion, une pensée athée de l’Etat et de la société. Ils ont donc à combattre sinon à ne point écouter et moins encore à fréquenter. Pour les laïcs, les salafistes seraient des obscurantistes, aux idées archaïques, vivant une pensée révolue sinon devant être adaptée au monde moderne.Ils sont donc difficiles d'abord et extrêmement vindicatifs.
S’il est vrai que ces préjugés trouvent hélas leur justification dans des attitudes prises par certains membres de ces deux groupes, il convient cependant de temporiser. Le mouvement salafiste n’est pas composé uniquement d’obscurantistes et de violents et el mouvement laïc n’est pas forcément composé de mécréants.Il est des laïc pratiquants et au fait de leur religion et des salafistes très au fait de la pensée sociopolitique moderne. D’où vient alors la difficulté du dialogue?
Outre les préjugés à lever, il reste à considérer le vecteur principal de la communication et qu’illustre très bien la pensée arabe :“Parle aux autres ce qu’ils comprennent” (). Il ne s’agit pas seulement de la langue, mais du message qu’elle porte.Les laïcs cherchent à convaincre en se basant sur un référentiel normatif humain (Constitution, déclarations universelles de droits…), se heurtent au référentiel spirituel, divin (la religion) et les sources de ce référentiel (le Coran, la sunna, la doctrine et la jurisprudence). Un dialogue temporel (laïc) versus un dialogue spirituel (salafiste) peut-il exister?
Contrairement aux préjugés, cde dialogue peut s’instaurer en adoptant une démarche appropriée.
2.La démarche méthodologique: antithèse de l’antithèse, ma thèse.
Contrairement à la démarche classique consistant à exposer ses propres idées au salafiste et de chercher à le convaincre de leur justesse, en utilisant son propre argumentaire, la démarche appropriée serait de partir des convictions propres du salafiste et trouver dans ses propres références religieuses , celles qui prennent le contrepied de son argumentaire par lequel il rejette le nôtre. C’est donc une méthode discursive qui développe une thèse, mais dont la vérification est l’antithèse de la thèse de l’autre. “Mon argumentaire, ma thèse, s’appuie sur l’antithèse de ta thèse,qui explique ma thèse”. Nous la résumerons ainsi : “Je vais te prouver que ce que je dis est vrai (ou juste) non pas en recourant à l’argumentaire de mon camp ( ses penseurs, ses défenseurs et ses sources ), mais en recourant à l’argumentaire de ton camp ( ses penseurs, ses défenseurs et ses sources ), qui rejette ton propre argumentaire. C’est mathématiquement la capacité de te prouver que la solution que j’ai est acceptable, non pas par elle-même, mais parce que ta solution étant rejetée (ou critiquée) dans sa propre dimension (l’islam), ma solution mérite attention.”
Pourquoi une telle approche ? Tout simplement parce que tout dialogue avec les adeptes du salafisme doit obligatoirement partir des constats suivants:
- Le salafiste, ne connait souvent que sa religion et s’enferme sur elle.
- Le salafiste a un rejet viscéral de toute règle ou principe qui ne prend pas sa source dans le Coran et ses sources principales.
- le salafiste a un dédain prononcé pour toute pensée prenant sa source en occident
- le salafiste est imbu d’une conviction de mission divine qui va du simple prêche au Djihad (guerre sainte)
Face à ses constats il convient pour appliquer la démarche méthodique précédente dans tout dialogue avec le salafiste, respecter les règles suivantes:
1ère règle: il ne faut pas ignorer le Coran. Dans les discussions, avec le salafiste, le vecteur du dialogue, l’Islam, ne doit pas être perdu de vue.
2ème règle: S’appuyer sur les sources principales de l’Islam;
3ème règle : bien connaitre l’œuvre de la référence principale du salafisme Mohammed ben Abdelwahhab;
4ème règle: bien connaitre l’œuvre des détracteurs du salafisme tel Nasser Ibn Abdelkarim Al'Aql;
5ème règle: Ne pas présenter ses propres convictions pour des vérités immuables;
6ème règle: Savoir faire le parallèle entre ses propres idées et celles développées par le salafiste.
3. Les fondement du salafisme : au commencement et même avant.
Aux 18ème siècle, le retour à l’Islam “originel” fut prêché est défendu dans ses écrits et son action par un savant musulman du nom de Mohammed ben Abdelwahhab 1. Sa pensée peut être décrite comme le refus de tout intermédiaire entre le croyant et son Dieu (rejetant ainsi le recours à l’intermédiation à travers les saints morts ou vivants), il prône le retour direct aux sources de l’Islam: le Coran, la Sunna (vie et enseignement du prophète Mohamed ). Il considère le recours aux ordres et autres rites religieux comme un polythéisme qu’il faut rejeter. Tout est dans le saint Coran et dans la vie et les enseignement du Prophète Mohamed . Il convient d’y trouver la source de toute vérité et renoncer à toute volonté de créativité ou d’ajout à ce qui s’y trouve.Toute innovation est de ce fait à proscrire(déjà bien avant lui Enes ibnou Malek, avait prescrit l’interdiction de l’innovation (voir notre article sur ce blog : De l’obéissance au gouvernant en islam).
Pour cet érudit seul le retour à l’Islam authentique est salutaire pour le croyant. Cette position se base sur les points-clefs suivants:
a) Pas d’intermédiaire entre le croyant et son Dieu
Mohammed ben Abdelwahhab fait ici œuvre d’application d’une injonction que l’on retrouve dans plusieurs versets du Coran qui ne laisse aucun doute sur cette question.
Que les croyants ne prennent pas, pour alliés, des infidèles, au lieu de croyants. Quiconque le fait contredit la religion d´Allah, à moins que vous ne cherchiez à vous protéger d´eux. Allah vous met en garde à l´égard de Lui-même. Et c´est à Allah le retour.
| (آل عمران آية ٢٨)لَّا يَتَّخِذِ الْمُؤْمِنُونَ الْكَافِرِينَ أَوْلِيَاءَ مِن دُونِ الْمُؤْمِنِينَ وَمَن يَفْعَلْ ذَٰلِكَ فَلَيْسَ مِنَ اللَّهِ فِي شَيْءٍ إِلَّا أَن تَتَّقُوا مِنْهُمْ تُقَاةً وَيُحَذِّرُكُمُ اللَّهُ نَفْسَهُ وَإِلَى اللَّهِ الْمَصِيرُ |
Il guide une partie, tandis qu´une autre partie a mérité l´égarement parce qu´ils ont pris, au lieu d´Allah, les diables pour alliés, et ils pensent qu´ils sont bien-guidés ! | (الأعراف آية ٣٠)فَرِيقًا هَدَىٰ وَفَرِيقًا حَقَّ عَلَيْهِمُ الضَّلَالَةُ إِنَّهُمُ اتَّخَذُوا الشَّيَاطِينَ أَوْلِيَاءَ مِن دُونِ اللَّهِ وَيَحْسَبُونَ أَنَّهُم مُّهْتَدُونَ |
Dis : "Qui est le Seigneur des cieux et de la terre ? " Dis : "Allah". Dis : "Et prendrez-vous en dehors de Lui, des maîtres qui ne détiennent pour eux-mêmes égales, les ténèbres et la lumière ? Ou donnent-ils à Allah des associés qui créent comme Sa création au point que les deux créations se soient confondues à eux ? Dis : "Allah est le Créateur de toute chose, et c´est Lui l´Unique, le Dominateur suprême".
| الرعد آية ١٦قُلْ مَن رَّبُّ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ قُلِ اللَّهُ قُلْ أَفَاتَّخَذْتُم مِّن دُونِهِ أَوْلِيَاءَ لَا يَمْلِكُونَ لِأَنفُسِهِمْ نَفْعًا وَلَا ضَرًّا قُلْ هَلْ يَسْتَوِي الْأَعْمَىٰ وَالْبَصِيرُ أَمْ هَلْ تَسْتَوِي الظُّلُمَاتُ وَالنُّورُ أَمْ جَعَلُوا لِلَّهِ شُرَكَاءَ خَلَقُوا كَخَلْقِهِ فَتَشَابَهَ الْخَلْقُ عَلَيْهِمْ قُلِ اللَّهُ خَالِقُ كُلِّ شَيْءٍ وَهُوَ الْوَاحِدُ الْقَهَّارُ |
Celui qu´Allah guide, c´est lui le bien-guidé et ceux qu’il égare... tu ne leur trouveras jamais d´alliés en dehors de Lui et au Jour de la Résurrection, Nous les rassemblons traînés sur leur visages, aveugles, muets et sourds. L´Enfer sera leur demeure : chaque fois que son feu s´affaiblit, Nous leur accroîtrons la flamme
| الإسراء آية ٩٧وَمَن يَهْدِ اللَّهُ فَهُوَ الْمُهْتَدِ وَمَن يُضْلِلْ فَلَن تَجِدَ لَهُمْ أَوْلِيَاءَ مِن دُونِهِ وَنَحْشُرُهُمْ يَوْمَ الْقِيَامَةِ عَلَىٰ وُجُوهِهِمْ عُمْيًا وَبُكْمًا وَصُمًّا مَّأْوَاهُمْ جَهَنَّمُ كُلَّمَا خَبَتْ زِدْنَاهُمْ سَعِيرًا |
Ceux qui ont pris les protecteurs en dehors d´Allah ressemblent à l´araignée qui s´est donnée maison. Or la maison la plus fragile est celle de l´araignée. Si seulement ils savaient ! | العنكبوت آية ٤١مَثَلُ الَّذِينَ اتَّخَذُوا مِن دُونِ اللَّهِ أَوْلِيَاءَ كَمَثَلِ الْعَنكَبُوتِ اتَّخَذَتْ بَيْتًا وَإِنَّ أَوْهَنَ الْبُيُوتِ لَبَيْتُ الْعَنكَبُوتِ لَوْ كَانُوا يَعْلَمُونَ |
C´est à Allah qu´appartient la religion pure. Tandis que ceux qui prennent des protecteurs en dehors de Lui (disent) : "Nous ne les adorons que pour qu´ils nous rapprochent davantage d´Allah". En vérité, Allah jugera parmi eux sur ce en quoi ils divergent. Allah ne guide pas celui qui est menteur et grand ingrat.
| الزمر آية ٣أَلَا لِلَّهِ الدِّينُ الْخَالِصُ وَالَّذِينَ اتَّخَذُوا مِن دُونِهِ أَوْلِيَاءَ مَا نَعْبُدُهُمْ إِلَّا لِيُقَرِّبُونَا إِلَى اللَّهِ زُلْفَىٰ إِنَّ اللَّهَ يَحْكُمُ بَيْنَهُمْ فِي مَا هُمْ فِيهِ يَخْتَلِفُونَ إِنَّ اللَّهَ لَا يَهْدِي مَنْ هُوَ كَاذِبٌ كَفَّارٌ |
Et quant à ceux qui prennent des protecteurs en dehors de Lui, Allah veille à ce qu’ils font. Et tu n´es pas pour eux un garant. | الشورى آية ٦وَالَّذِينَ اتَّخَذُوا مِن دُونِهِ أَوْلِيَاءَ اللَّهُ حَفِيظٌ عَلَيْهِمْ وَمَا أَنتَ عَلَيْهِم بِوَكِيلٍ |
Ils n´auront pas de protecteur en dehors d´Allah pour les secourir et quiconque Allah égare n´a plus aucune voie. | الشورى آية ٤٦وَمَا كَانَ لَهُم مِّنْ أَوْلِيَاءَ يَنصُرُونَهُم مِّن دُونِ اللَّهِ وَمَن يُضْلِلِ اللَّهُ فَمَا لَهُ مِن سَبِيلٍ |
L´Enfer est à leur trousses. Ce qu’ils auront acquis ne leur servira à rien, ni ce qu´ils auront pris comme protecteurs, en dehors d´Allah. Ils auront un énorme châtiment. | الجاثية آية ١٠مِّن وَرَائِهِمْ جَهَنَّمُ وَلَا يُغْنِي عَنْهُم مَّا كَسَبُوا شَيْئًا وَلَا مَا اتَّخَذُوا مِن دُونِ اللَّهِ أَوْلِيَاءَ وَلَهُمْ عَذَابٌ عَظِيمٌ |
Et quiconque ne répond pas au prédicateur d´Allah ne saura échapper au pouvoir [d´Allah] sur terre. Et il n´aura pas de protecteurs en dehors de Lui. Ceux-là sont dans un égarement évident. | الأحقاف آية ٣٢وَمَن لَّا يُجِبْ دَاعِيَ اللَّهِ فَلَيْسَ بِمُعْجِزٍ فِي الْأَرْضِ وَلَيْسَ لَهُ مِن دُونِهِ أَوْلِيَاءُ أُولَٰئِكَ فِي ضَلَالٍ مُّبِينٍ |
Cette appréciation d’intermédiation entre Dieu et le croyant se trouve aussi chez des schismes importants du Christianisme. Ainsi les protestants, né au 16ème Siècle ne reconnaissent, aucun intermédiaire entre la grâce de Dieu et celle du croyant. ils rejettent l’institution papale et ne reconnaissent ni les saints ni les intermédiaires religieux. C’est l’un des cinq principes fondamentaux du protestantisme, Soli Deo gloria (« à Dieu seul la gloire ») : “Il n'y a que Dieu qui soit sacré, divin ou absolu. Ainsi, aucune entreprise humaine ne peut prétendre avoir un caractère absolu, intangible ou universel, y compris la théologie.” 2
Les protestants, ont d’ailleurs payé cher cette conviction (voir le massacre de de la Saint Barthélémy), alors qu’elle était inscrite dans le Coran et que Mohammed ben Abdelwahhab, n’avait fait que rappeler.
b) Le retour direct aux sources de l’Islam: le Coran, la Sunna
Le second pilier du prêche de Mohammed ben Abdelwahhab, est le retour direct aux sources de l’Islam,le Coran et la Sunna. Cette invitation paraitrait curieuse si l’on s’en tenait à la lettre de son message, puisque ce sont là les sources principales de la religion musulmane. Toutefois, il s’agit d’un principe qui va au-delà des sources puisqu’il entraine une interdiction formelle de recourir à tout autre source qui pourrait entrainer un quelconque “innovation” ou “modification” de ce qui a été dit dans le texte sacré ou par le prophète Mohamed ou déduit de ses actes ou de sa vie.
Mohammed ben Abdelwahhab, à travers ce principe, enferme toute le débat sur une question cruciale de la pensée innovatrice en Islam dans un intervalle fermé dont les deux bornes sacrées sont le Coran e t la Sunna.
En cela il ne déroge pas à l’attitude des tenants du rejet de toute créativité, innovation ou interprétation qui pourrait aller dans le sens d’une “nouveauté”. Le substrat de cette idée est que “tout est dans le Coran et dans la Sunna” et toute volonté d’innover est une mécréance.
La position prônée par cet érudit trouve sa source dans deux interdictions complémentaires. Celle divine à savoir l’interdiction de “l’adoration de Dieu à travers ce qu’il n’a pas permis” et se base sur ses paroles:
Ou bien auraient-ils des associés [à Allah] qui auraient établi pour eux des lois religieuses qu´Allah n´a jamais permises ? Or, si l´arrêt décisif n´avait pas été prononcé, il aurait été tranché entre eux. Les injustes auront certes un châtiment douloureux. {أَمْ لَهُمْ شُرَكَاءُ شَرَعُوا لَهُمْ مِنَ الدِّينِ مَا لَمْ يَأْذَنْ بِهِ اللَّهُ [الشورى:21]
Et celle prophétique, à savoir “l’adoration de Dieu à travers des comportements qui n’ont été ni celles du prophète Mohamed, ni des califes errachidines (Abû Bakr as-Siddiq,Umar Ibn al-Khattab, Uthmân Ibn Affân, Alî Ibn Abî Talib )” et cela résulte deux hadiths :
Suivez ma voie ( la Sunna, la tradition que j’ai indiquée) et celle des Califes éclairés après moi, conformez-vous à elle fermement et méfiez-vous des questions nouvellement inventées. "عليكم بسنتي وسنة الخلفاء الراشدين المهديين من بعدي تمسكوا بها وعضّوا عليها بالنواجذ وإياكم ومحدثات الأمور"
Chaque innovation est un égarement, et tout égarement est dans le feu (est châtié en enfer). | (كل بدعة ضلالة، وكل ضلالة في النار" (رواه النسائي في "سننه" |
4. Le substrat de la pensée de Mohammed ben Abdelwahhab: le salafisme
Outre le prophète Mohamed , la référence ultime, les pieux ancêtres et particulièrement ses tout premiers compagnons sont le premier et le dernier exemple à suivre. En dehors du suivi de leur comportement en tout, il n y a point de salut. Les salafistes tiennent justement leur appellation de cette référence aux pieux ancêtres (“salaf”). C’est en cela qu’ils sont dits “fondamentalistes” (retour aux sources”). Ils cherchent à se distinguer physiquement des autres musulmans et croyances en portant la barbe et en excluant le port de la moustache (sur cette question voir l’explication de ce choix physionomique dans notre article :"les barbus de ces villes”). Outre l’apparence physique l’habillement va distinguer les salafistes et particulièrement celui de leurs femmes (sur cette question voir l’explication de ce choix d’habillement dans notre article : “Dialogue avec un islamiste modéré”)
Cette proclamation de retour aux sources va alors entrainer des conséquences qui, probablement? n’ont jamais été imaginées par le promoteur de cette voie religieuse. Le mouvement “salafiste” étant basé sur une pensée rigoriste, va aller dans le sens de la “purification” de la pratique religieuse en rejetant tout ce qui ne trouve pas un fondement direct dans le “salaf”.Cela va entrainer en tout premier lieu le rejet de tout ce qui est “apport de la pensée humaine “ dans le spirituel. Toute interprétation nouvelle autre que celle issues du salaf , toute innovation, toute volonté d’explication ou de créativité est une hérésie (donc le plus court chemin vers l’enfer). Le résultat est alors prévisible: le salafisme va rejeter les quatre écoles musulmanes qui se regroupent autour d’ibn malek (malékite), ibn Hanef (hanefite), el chafeii (Chaféite) et ibn Hanbel (hanbélite). Il n y a plus de référentiel que le Salaf. Des millénaires de pratiques religieuse assises de doctrine, de jurisprudence de jurisconsultes d’oulémas et de références de l’islam reniées. Les salafistes remettent le compteur de la foi à Zéro.
Les références doctrinaires et théologiques balayées, la voie utilisées est alors la simple exégèse du Coran et l’identification aux comportements du salaf. Cette exégèse basée sur la pensée rigoriste de Mohammed ben Abdelwahhab va exiger :
- L’application à la lettre de la loi islamique (Chariaa ), sans recours aucun à ceux qui l’ont appliquée à leur époque avec sagesse (les saints) interprétée ou expliquée suivant les périodes, les époques et les gouvernants (les oulémas et les jurisconsultes) puisque l’ensemble de ce monde est rejeté par les salafistes et non reconnu.
- La séparation stricte des hommes et des femmes en tout lieu et en tout temps. Et si ces deux genres devaient se côtoyer c’est par l’entremise du niqab. Toujours est-il qu’aucune promiscuité n’est permise, ni contact physique lors des salutations (main tendue, embrassades etc.) seule la parole et la gestuelle sont permises. Et même majeure et mariée (ce qui n’est pas forcément cumulatif chez les salafistes, la fille pouvant être mariée bien avant la majorité), la femme reste dans l’état décrit d’accoutrement et de réserve à l’égard de tous sauf à l’égard du mari et de sa propre famille de sang.
Le salafisme, appelé aussi wahabbisme du nom justement de son promoteur (Abdelwahab), aura donc des caractéristiques qui vont le placer en contradiction avec la pensée moderne telle que prônée par les laïcs et autres mouvements démocratiques et cela sur les points suivant:
- Exclusion du libre arbitre : L’absence de volonté de l’homme en dehors de toute prescription religieuse préalable (issue du coran ou de la Sunna)
- Conformisme intégral au passé: Le comportement social doit être en tous points calqué sur celui des précurseurs et strictement sur le prophète Mohamed et ses compagnons.
- Exclusion de toute pensée novatrice: Aucune innovation dans l’accomplissement du devoir religieux n’est autorisée; elle est assimilée à une hérésie.
- Interdiction de toute dynamique intellectuelle :Aucune interprétation n’est permise des préceptes religieux.Seule l’exégèse a autorité.
- La femme est l’objet de mesures discriminatoires: Habillement dicté d’autorité, comportement régi d’autorité, soumise à une attitude sociale prédéfinie.
On comprend donc que, face à une telle voie religieuse, le mouvement laïc tel que défini plus haut s’inscrit complètement en faux. L’attitude la plus défaitiste serait alors de décréter l’impossibilité de tout dialogue mais il est bien entendu que cela n’est pas la solution. En effet, les mouvements salafistes faisant, depuis les révolutions récentes, partie du paysage politique (Tunisie, Libye ) et ayant même conquis un espace dans la gouvernance (Egypte), il est impérieux que la recherche de voies de dialogue, tout au moins pour la coexistence pacifique soient valorisée. Mais la valorisation du dialogue passe par deux conditions que la sagesse arabe a transformé en deux célèbres proverbes:
“Parle aux autres ce qu’ils comprennent” | خاطب القوم بما يفهمون |
“Celui qui ignore une chose finit par la détester” | من جهل الشئ عاداه |
Pour souscrire a la première sagesse, nous nous sommes attelés, dans les développements précédents, à exposer le salafisme (ses tenants et ses aboutissants) car on ne peut , seconde sagesse, dialoguer sans connaitre son interlocuteur et justement éviter l’ignorance qui est source de préjugés et de conflits .
Il convient, maintenant, de rechercher les “outils” du dialogue. Les voies discursives permettant d’entrainer chez l’interlocuteur , non pas forcément la conviction de son erreur (de jugement, pas de foi !) mais la conviction qu’il peut partager (avec quelqu’un qui ne l’ignore ni dans ses convictions, ni dans sa personne) un destin commun. Un destin pacifique imbu de respect mutuel et de paix.
5. Les sources discursives: le raisonnement, les failles et les erreurs.
L’articulation de l’approche discursive, telle que montrée plus haut (point 2) ne saurait valoir si elle n’est pas bâtie sur des sources contradictoires faisant autorité. Faisant autorité non pas par rapport à votre conscience ou votre culture juridique, mais par rapport à la conscience, aux sources religieuses et à la perception de votre interlocuteur salafiste. Ainsi il ne faut pas par exemple, face à un défenseur du salafisme défendre les droits de la femmes en recourant à la Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’égard des Femmes ( entrée en vigueur le 3 sept. 1981). Ce sera une rupture de dialogue effective.
A ce point du raisonnement , l’on se prendrait à penser qu’il est vain de discuter avec les salafistes si l’on ne peut se prévaloir des normes, principes du corpus juridique moderne dans ses aspects humains, humanitaires et droits de l’homme, pour contrer leur vision de la société, de l’homme et de l’Etat.
En fait, commencer au début du dialogue par invoquer le droit moderne et les instruments juridiques nationaux et internationaux est une mauvaise stratégie, pour les raisons suivantes qu’il faut absolument garder à l’esprit:
- le salafiste n’a pas de vision personnelle bâtie sur un raisonnement propre, il a une une conviction religieuse bâtie sur des textes sacrés
- le salafiste est tout orienté vers le passé. il tire son comportement de ceux qui l’ont précédé et non pas de ceux à venir. Son avenir c’est son passé.
Toutefois ceci est contrebalancé par le fait que:
- la position du salafiste sur tous les plans (droits de l’homme, Etat, société) trouve sa propre contradiction dans la religion elle-même et les sources religieuse (comme nous le montrons par l’exemple plus loin).
- L’invocation du droit moderne face au salafiste ne doit intervenir qu’au cours ou à la fin du dialogue, lorsque l’on a suffisamment montré l’adéquation de ce droit avec les principes religieux (exemple de liberté , de démocratie et de non violence) que l’Islam consacre, preuve à l’appui et que le salafiste soit ne connait pas ou ignore.
Prenons des exemples concret de rhétorique, emportant un dialogue non conflictuel et engageant du contradicteur.
Question: Vous les salafistes, vous prônez la polygamie, elle n’est pas permise en Islam
Salafiste: Vous ignorez la parole de Dieu, mon frère. Dieu a dit: “Il est permis d´épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent” (Ennissaa versets 2 et 3). Et notre prophète Mohamed lui-même était polygame.
Question: Pourquoi ne placez-vous pas cet extrait de Sourate Ennissaï dans son contexte?
Salafiste: L’autorisation donnée par Dieu d’être polygame est claire et limpide.
Question: pouvez-vous citer les premières lignes de cette sourate qui précèdent l’extrait que vous venez d’évoquer?
Salafiste: Bien entendu. Dieu a dit: “Et donnez aux orphelins leurs biens; n´y substituez pas le mauvais au bon. Ne mangez pas leurs biens avec les vôtres : c´est vraiment un grand péché. Et si vous craignez de n´être pas justes envers les orphelins, ...Il est permis d´épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si vous craignez de n´être pas justes avec celles-ci, alors une seule, ou des esclaves que vous possédez. Cela afin de ne pas faire d´injustice (ou afin de ne pas aggraver votre charge de famille).
Question: Vous ne remarquez rien?
Salafiste: l’autorisation est claire…
Question: Pourquoi Dieu en autorisant la polygamie la placée dans le cadre du soutien aux orphelins?
Salafiste: …
Question: Ce qu’il faut comprendre c’est que la polygamie n’est pas une institution maritale courante et autorisée comme un acte commun. C’est une institution de gestion de l’Orphelinat.
La polygamie en Islam, a été détachée de son contexte dans le Coran pour en faire une institution à part, justifiant la pluralité des épouses sans en référer à ce qui, en islam, la justifie. Et ce qui la justifie justement c’est la veuve et l’orphelin. En effet, détachée de ce contexte la polygamie en Islam est utilisée comme un droit et parfois comme une obligation sociale (signe extérieur de richesse). En fait lorsque Dieu a permis de prendre une seconde épouse, une troisième et une quatrième c’était à la fois pour répondre à une situation historique déterminée du temps des guerres saintes où les veuves se comptaient par milliers du fait de la mort de leur époux et qui sans moyens, avec des orphelins à charge, ne pouvaient être prise en charge qu’à travers les liens sacrés du mariage ; l’Islam a donc permis à ces veuves de prendre époux avec leur consentement et le consentement de la première épouse du mari . La polygamie avait donc un objectif social, qu’aujourd’hui elle a perdu.
Salafiste: cependant, elle est autorisée…
Question: Autorisée dans un contexte de guerre et d’orphelinat, ce qui n’est pas le cas aujourd'hui en ce qui concerne notre société. société civile ayant ses institutions publiques de protection de la veuve et de l’orphelin et une société de paix. Aimeriez-vous être injuste?
Salafiste: Certes que non…
Question: Vous savez que la polygamie n’est pas encouragée par le Divin, car il y voit une source potentielle d’injustice à l’égard de la femme et de ses orphelins. Aussi il recommande de prendre une seule femme pour épouse car il est à craindre que l’on soit injuste dans le mariage polygame (Sourate Ennissaa). Vous voyez donc que par son caractère facultatif elle n’est pas une obligation religieuse.
Le salafiste: Certes.
Question: Puisque la polygamie n’est pas un obligation religieuse , vos convictions religieuses ne sont pas en contradiction avec le droit positif.Il est normal que le droit positif ne la prescrit pas puisque la polygamie n’a plus d’intérêt dans un Etat moderne qui a édifié les institutions publiques (juridiques, sociales et financières) de prise en charge de la veuve et de l’orphelin. Et dans un Etat de droit c’est à la veuve de décider de son statut marital et à l’orphelin de son destin.
Les exemples peuvent être multipliés. le Coran et la Sunna sont d’une richesse extraordinaire pour le dialogue et la conviction. il suffit simplement de s’instruire auprès des hommes du savoir religieux et ne point ignorer les convictions de l’autre.
Quant aux sources appuyant la démarche discursive elles pullulent; nous en citerons deux qui nous semblent deux attitudes bipolaires, qui placent le raisonnement à des niveaux adjacents, non sans lui donner la hauteur que chacun voudrait lui attribuer dans sa rhétorique.
Il s’agit notamment de Nasser Ibn Abdelkarim Al'Aql, savant ayant de nombreux écrits sur croyance islamique et dispense des cours suivis à l'Université de l'Imam Mouhammed Ibn Saoud à Ryadh et Raja ben slama, Universitaire psychanalyste et membre de la ligue des rationalistes arabe (http://www.alawan.org/)
L’on peut lire avec beaucoup d’intérêt le “Prêche islamique non wahabite” de Nasser Ibn Abdelkarim Al'Aql, où tout en présentant de façon exhaustive les tenants et les aboutissants de la pensée salafiste à travers les écrits de Mohammed ben Abdelwahhab en les plaçant dans leur contexte historique. Il développe, enrichit et réajuste les critiques adressées à la pensée Mohammed ben Abdelwahhab (en en distinguant trois formes principales). Toujours est-il qu’il en fait une approche historique et sémantique très utile pour la compréhension du salafisme et de son fonctionnement conceptuel interne.
إذ إن الناظر في المفردات الجزئية لكل دعوة أو مبدأ ، قد يجد فيها الكثير من الأخطاء والتجاوزات والتصرفات الشاذة والأقوال النادة والأحكام الخاطئة ، أو الأمور المشكلة والمشتبهة التي تحتاج إلى تثبت أو تفسير أو تدقيق أو استقراء للوصول إلى حكم علمي تطمئن إليه النفس .
لكن أهل العلم وعقلاء الناس لديهم موازين علمية وعقليَّة وقواعد شرعية يزنون بها الأمور .
ودعوة الإمام محمد بن عبد الوهاب تخضع لهذه القاعدة ، إذ هي دعوة إسلامية محضة وسلفية خالصة ، تسير على منهج السلف الصالح ، فمردُّ الخلاف بينها وبين مخالفيها : الكتاب والسنة ومنهج السلف الصالح ، وقد بينت أن ما يتهمها به خصومها من الاتهامات على ثلاثة أنواع :
النـوع الأول : من الكذب الصريح والافتراء والبهتان ، وقد ورد ذكر كثير منه في هذا البحث .
النـوع الثاني : مما يكون من اللوازم غير اللازمة ، أو التلبيس ، أو التفسير الخاطئ ، ونحو ذلك مما يلتبس فيه الحق بالباطل ويجب رده إلى النصوص والأصول الشرعية والقواعد المعتبرة عند العقلاء ، والمنهج الذي عليه الدعوة .
النوع الثالث : أخطاء وتجاوزات وزلات ليست على المنهج الذي عليه الدعوة ، أو اجتهادات خاطئة أو مرجوحة ، وقد تصدر من أيٍّ من العلماء أو الولاة أو العامة ، والمنتسبين للدعوة . وكثير من الشبهات والاتهامات التي يتعلق بها الخصُوم للطعن في الإمام وأتباعه ودعوته من هذا النوع
أ.د/ ناصر بن عبد الكريم العقل إسلامية لا وهابية
Laïque et douée d’une rationalité toute autre, Raja Ben Slama, livre elle sa diatribe sur le plan d’une raison humaine qui explique la parole divine. Son raisonnement met en lumière comment les rationalistes découvrent et mettent en évidence le discours religieux. Son approche est riche d’un enseignement qui, bien que ne rencontrant (loin de là) l’adhésion des salafistes, nous éclaire davantage sur cette dialectique de l’esprit, au fait des choses religieuses , mais refusant tout dogmatisme et celui qui s’attachant au dogmatisme, se refuse tout fait de l’esprit et de l’intellect dans la pensée religieuse.
Ils auraient pu pourraient produire un jugement (ijtihad) sur l'interprétation métaphorique et morale, plutôt que la production d'opinions (fatwas) fondées sur l'obéissance aveugle aux textes et leur réalité affective transmise tout au long des siècles. L’interprétation de textes, qui vient d'une manière créative s'interroger sur leur silence est celui qui peut être compatible avec le siècle et les aspirations des personnes comme des êtres et des entités humaines. El Ajtihad dont ils ont ouvert les portes est un jugement sans interprétation; et l'absence d'interprétation ou son inexistence, est l’un des vecteurs de l’incapacité individuelle et collective.Certains l’ont même considéré, même synonyme de psychose, une maladie mentale causée par l'absence de réelle dimension symbolique. El Ajtihad exercé par ces Cheikhs dans ces fatwas est pourrissant et malade parce qu'il ne veut pas s'aventurer par la remise en question à travers l’interprétation, et cherche le factiel plutôt que symbolique, et se noie dans les sécrétions plutôt que la production de la signification humaine et la valeur de la morale et de la symbolique. Rajaa Ben Slama “le pourrissement de l’interprétation” | كان يمكنهم إنتاج اجتهاد يقوم على التّأويل المجازيّ والقيميّ، بدل إنتاج فتاوى تقوم على الطّاعة العمياء للنّصوص في لفظها وفي الواقع الحسّيّ الذي أحالت عليه منذ قرون طويلة. التّأويل الذي يحيّن النّصوص على نحو إبداعيّ ويستنطق صمتها هو الذي يمكن أن ينسجم مع العصر ومع طموحات البشر في أن يكونوا بشرا وذواتا. فالاجتهاد الذي فتحوا بابه هو اجتهاد بدون تأويل، وانعدام التّأويل أو العجز عنه هو أحد دواعي الاعتلال الفرديّ والجماعيّ، بل إنّ بعضهم يعتبره مرادفا للذُّهان، وهو الاعتلال النّفسيّ الحقيقيّ النّاجم عن انعدام البعد الرّمزيّ. فالاجتهاد الذي يمارسه هؤلاء الشّيوخ في فتاواهم متعفّن ومعتلّ لأنّه لا يريد أن يغامر بالتّأويل، ويريد الواقعيّ بدل الرّمزيّ، ويغرق في الإفرازات البشريّة بدل إنتاج الدّلالة والقيمة الأخلاقيّة والرّمزيّة. تعفّن الاجتهادرجاء بن سلامة |
En conclusion
La démarche discursive, outre ses méthodes ses sources et se objectifs, se doit d’être bâtie sur le respect de l’autre et de ses convictions. Il ne s’agit pas, comme on l’a souligné de faire adhérer l’autre coûte-que-coûte à nos idées, mais faire qu’il les comprenne et qu’elles entrainent chez lui la conviction de leur intérêt pour le vécu ensemble et pour le devenir commun. Si à travers une démarche discursive, on crée en notre interlocuteur le sentiment que notre volonté n’est pas de détruire ses idées mais de comprendre les nôtres à travers la compréhension des siennes, alors il est certain que nous n’aurons peut-être pas un allié idéologique,mais certainement pas un ennemi par ignorance.
Pr ELY Mustapha
Notes:
1. Mohammed ben Abdelwahhab, ou Ibn Abdelwahhab (1703 - 1792, en arabe : محمد بن عبد الوهاب) était un érudit et prédicateur musulman de la tribu arabe des Banu Tamim, qui prônait un retour à l'islam originel. S'il est considéré par ses partisans comme l'un des principaux revivificateurs de l'islam authentique, ses détracteurs le perçoivent par contre comme le
fondateur d'une doctrine rigoriste qu'ils nommèrent le « wahhabisme » (an arabe : wahhabiyyoun). Il passa sa vie à combattre ce qu'il considérait comme du polythéisme aussi bien par les armes qu'à travers ses ouvrages (Les Trois Fondements, Les Quatre Bases, Le Dévoilement des ambiguïtés, Cinquante questions-réponses relatives à la croyance) dont le plus connu est le Kitâb ut-Tawhîd ou Livre de l'unicité. Il condamna fermement toute forme d'innovation religieuse en islam et prôna un retour à un mode de vie similaire à celui de l'Arabie prophétique et son islam authentique.(Wikipédia)
2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Soli_Deo_gloria
3.L’innovation en Islam:
لبدعة شرعًا ضابطها "التعبد لله بما لم يشرعه الله"، وإن شئت فقل: "التعبد لله تعالى بما ليس عليه النبي صلى الله عليه وسلم ولا خُلفاؤه الراشدون" فالتعريف الأول مأخوذ من قوله تعالى : {أَمْ لَهُمْ شُرَكَاءُ شَرَعُوا لَهُمْ مِنَ الدِّينِ مَا لَمْ يَأْذَنْ بِهِ اللَّهُ} [الشورى:21]
. والتعريف الثاني مأخوذ من قول النبي، عليه الصلاة والسلام،: "عليكم بسنتي وسنة الخلفاء الراشدين المهديين من بعدي تمسكوا بها وعضّوا عليها بالنواجذ وإياكم ومحدثات الأمور"، فكل من تعبد لله بشيء لم يشرعه الله، أو بشيء لم يكن عليه النبي صلى الله عليه وسلم وخلفاؤه الراشدون فهو مبتدع سواء كان ذلك التعبد فيما يتعلق بأسماء الله وصفاته أو فيما يتعلق بأحكامه وشرعه. أما الأمور العادية التي تتبع العادة والعُرف فهذه لا تسمى بدعة في الدّين وإن كانت تُسمى بدعة في اللغة، ولكن ليست بدعة في الدين وليست هي التي حذر منها رسول الله، صلى الله عليه وسلم.
وليس في الدين بدعة حسنة أبدًا، والسنة الحسنة هي التي توافق الشرع وهذه تشمل أن يبدأ الإنسان بالسنة أي يبدأ العمل بها أو يبعثها بعد تركها، أو يفعل شيئًا يسنه يكون وسيلة لأمر متعبد به فهذه ثلاثة أشياء
:
الأول: إطلاق السنة على من ابتدأ العمل وبدل له سبب الحديث فإن النبي صلى الله عليه وسلم حثّ على التصدق على القوم الذين قدموا عليه صلى الله عليه وسلم وهم في حاجة وفاقة، فحثّ على التصدق فجاء رجل من الأنصار بِصُرَّة من فضة قد أثقلت يده فوضعها في حجر النبي، عليه الصلاة والسلام، فقال النبي صلى الله عليه وسلم : "من سن في الإسلام سنة حسنة فله أجرها وأجر من عمل بها" فهذا الرجل سنَّ سنة ابتداء عمل لا ابتداء شرع.
الثاني: السُنة التي تركت ثم فعلها الإنسان فأحياها فهذا يقال عنه سنّها بمعنى أحياها وإن كان لم يشرعها من عنده.
الثالث: أن يفعل شيئًا وسيلة لأمر مشروع مثل بناء المدارس وطبع الكتب فهذا لا يتعبد بذاته ولكن لأنه وسيلة لغيره فكل هذا دخل في قول النبي صلى الله عليه وسلم "من سن في الإسلام سنة حسنة فله أجرها وأجر من عمل بها". والله أعلم
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Pr ELY Mustapha