jeudi 16 juillet 2009

Le manuel du parfait putschiste

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Après le «Manuel à l’usage de ceux qui veulent s’enrichir en toute impunité »,(que vous retrouverez en cliquant ici) , voici le « manuel du parfait putschiste.»

En effet, après le 6 Août 2008, le monde n’est plus ce qu’il était, il est devenu ce que nous voudrions tous qu’il soit: un monde à visage découvert. En cela le putsch de Ould Abdelaziz a déjà fait jurisprudence. En guinée, au Niger l’Azizanie institutionnelle est en train de devenir un mode de passation du pouvoir. C’est pourquoi pour conforter cette jurisprudence de la baïonnette, nous vous livrons ici pour nos heureux putschistes à venir, le manuel du parfait putschiste.


Règle n°1 : Fais ton coup et prend ton pied
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Lorsque tu veux faire un coup d’Etat n’hésite pas. vas-y et ne pense pas aux lendemains. Ils seront toujours enchanteurs. Ne pense pas au peuple. Il suivra. Il suffit de savoir l’alimenter au propre et au figuré et d’entretenir une poignée de courtisans qui le tiendront, pour toi, en laisse.
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Règle n°2 : Tiens bon et ne lâche rien
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L’art du putschiste est de savoir fatiguer ses adversaires. Accroche-toi et ne démord point. Le temps joue en ta faveur. Plus tu passes du temps au pouvoir plus tu gagnes les cœurs et les esprits qui, ne pouvant rien contre toi, commenceront à t’aimer. La nature humaine est ainsi faite que devant l’adversité irréversible elle se prend à s’y complaire.
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Règle n°3 : Lâche-toi et mets les pieds dans le plat
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Choisi les grands maux de tes prédécesseurs et fait semblant de les combattre. Gabegie, injustice etc. etc. A ton choix et tu peux même en inventer pourvu que cela mobilise le petit peuple et fasse vibrer son éternelle âme revancharde. Va dans les bidons-villes, déclame de longs discours pathétiques sur les nids de poules et l’eau verdâtre des robinets publics, bref soit populiste et jette quelques ponctions du trésor public par-dessus ton épaule.
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Règle n° 4 : L’opposition tu feras souffrir et baver à volonté
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L’opposition, c’est un pis-aller. Ça va, ça vient, ça se trémousse dans tous les sens, ça se cherche, ça dénonce à l’interne et à l’international, mais c’est inoffensif. Il suffit, de coffrer quelques unes de ses ouailles impénitentes pour lui coller la frousse , le temps pour toi de souffler et de choisir une autre manœuvre dilatoire. Et il y aura toujours un leader de l'opposition que tu meneras en bateau.
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Règle n°5 : Le trésor , c’est toi
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Fais du trésor public ton compte personnel et dépense. Dépense à volonté. Achète les hommes et la marchandise. Enrichis-toi à satiété et vire, vire dans tes poches le maximum, car c’est la l’imparable assurance de ta pérennité et de « l’indéfectible »attachement que te voueront tes supporters. Plus tu possèdes de bien, plus personne ne peut rien contre toi. On ne touche pas aux riches, on les adule.
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Règle n°6 : Sois arrogant et exige ton droit de putschiste
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N’oublie pas qui tu es. Et clame-le très fort. Ce que tu es doit forcément se terminer en « eur ». A toi le bon choix : « sauveur », « réformateur », « rectificateur », « libérateur » etc. L’essentiel c’est d y croire dur comme fer et d'exiger le respect que l’on doit à ton rang. Et pour se faire respecter, rien de mieux que de jeter au gnouf les récalcitrants à ton titre ou qui veulent négocier avec toi ta place.

Règle n°7 : Gère les étapes de ton règne

Sache qu’un bon putschiste pour arriver à ses fins doit bien manœuvrer pour rester à la tête de l’Etat au moins une année. C’est le temps minimum nécessaire pour acquérir le maximum de « son » peuple à sa cause. 12 mois c’est la durée de gestation politique d’un putsch parfait. En effet, le degré d’acquisition du peuple à tes nobles idéaux est proportionnel au temps que tu passes aux rênes du pouvoir et inversement proportionnel au temps que tu donnes à l’opposition pour s’exprimer.
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Règle n°8 : Fais des alliances avec le diable
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Choisis les pires ennemis de l’occident et fait semblant de t’allier à eux. Même du bout des lèvres, ça fait de l’effet. Chatouille la sensibilité nationaliste de quelques pays arabes en les submergeant de tes émissaires portant des missives vilipendant la démocratie qu’ils abhorrent pour que leur ligue régionale inutile plaide pour toi dans l’organisation continentale africaine assoupie.

Surtout sois sûr que la communauté internationale, c’est du bidon. Elle n’est contre que celui avec lequel elle n’a pas d’intérêts partagés. Renforce ses intérêts. Achète-là. Fais sillonner le monde de tes hommes d’affaires dans les espaces du pouvoir des autres Etats. Intéresse les proches des présidents, fais des concessions aux industriels de leurs pays et tu auras leur soutien tacite entre les mains. Ainsi va la France et autres pays du sous-continent européen.
Quant aux africains, ne t’en soucie, guère. Leurs dirigeants et ceux qui s’y préparent t’envient en silence et leur organisation c’est du vent. Ça condamne, ça condamne et ça se tait, lorsque la « mère patrie » hausse le ton ou actionne sa France-Afrique.
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Règle n°9 : Fais poireauter et livre ta carotte
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Lorsque tu auras fait poireauter toute la communauté nationale et internationale et que tu sens qu’elles sont mûres à point pour accepter n’importe quoi, alors sort ta carotte.
Pour savoir si ces communautés sont à point pour être cueillies, il suffit de prêter l’oreille. Ça commence toujours par des paroles (« il faut négocier », « ll faut un accord de compromis », « nous voulons dialoguer », « il faut un médiateur » etc.) et par des actes perceptibles (les émissaires commencent à pulluler, des hommes d’affaires commencent à arriver ).

La fatigue gagnant les esprits alors frappe dur en donnant quelques concessions sans céder sur l’essentiel. Tu récolteras alors les fruits de ton labeur de putschiste : on obligera le président élu à démissionner, tu seras candidat aux élections dont tu as dicté la tenue, tu verras la communauté internationale muselée et toute reconnaissante, on oubliera la liste noire du putschiste et de ses soutiens, on enverra des observateurs reconnaître tes élections. Tu auras les poches pleines et des électeurs qui te seront fidèles. Bref tu n’es plus putschiste tu seras devenu un candidat aux présidentielles, légalement reconnu, respectable et respecté.
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Règle n°10 : Remets tes bottes au bon moment.
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Et si ces « ingrats mal gouvernés » ne t’élisent pas, remets tes bottes et rebelote. Et si tu gagnes aux élections, tu sais ce qu’il te reste à faire.
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Pr ELY Mustapha

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