lundi 30 septembre 2019

La Mauritanie est arabe…et esquisse d’une solution


 
La Mauritanie est un pays arabe et seule la langue arabe se doit d’être enseignée. Il faut réformer le système éducatif, culturel etc., pour exclure toute référence aux autres langues nationales, Poular, Ouolof, Soninké qui, d’ailleurs jusque-là, n’étaient que des dialectes, jusqu’à ce qu’elles soient « latinement » transcrites et deviennent des langues. C’est la seule voie par laquelle la Mauritanie pourra avoir une identité arabo-arabe propre et se frayer son chemin vers le développement que représente le monde arabe actuel.

Qu’avons-nous à faire avec autant de parlers locaux ? Autant de diversité, qui nous éparpille, nous divise culturellement et nous empêche…de nous entendre ? Il faut parler d’une seule voix avec une seule langue ! D’ailleurs on sera tous unis derrière notre nouveau cher et estimé président qui, lui, n’arrive même pas à gazouiller en arabe, comment lui imposer autant de langues à parler sinon à écouter !

Merci chers lecteurs, je sais que à la suite de la lecture du premier paragraphe de cet article, vous m’avez déjà affublé de tous les noms d’oiseaux et autre reptiles et mammifères volants. Et que certains qui me connaissent bien se demanderaient si je n’ai pas fumé un joint ou, carrément, le tapis de mon salon tissé en chanvre indien. D’ailleurs mon dernier article intitulé « pourquoi l’arabe », m’a valu un innombrable courrier, respectueux où on y retrouve l’approbation et la désapprobation.

Ce premier paragraphe provocateur n’est donc qu’une manière de prouver que toute personne intéressée pourrait retourner sa veste, mais elle ne sera jamais douée de raison. Aussi loin de nous ce scénario fasciste que décrit ce premier paragraphe et attachons-nous à exposer plus clairement nos idées qui, elles, sont attachée à l’état de droit, la justice, l’équité et la fraternité.


Aussi relativement au sujet de discorde, l’officialisation de la langue arabe, voici comment je l’ai toujours exposée et que résume ma pensée auparavant exprimée : « Sans une langue officielle, il n’y a pas d’Etat, sans l’enseignement des langues nationales, il n’y a pas de nation. ». Je conçois cette idée comme suit:

1-      Il est inconcevable pour un pays qui dispose d’une langue largement partagée et enseignée et qui peut remplir le rôle de langue officielle de choisir une langue étrangère, au motif qu’une partie de la population la réclame comme langue officielle ou ajointe à la langue officielle. Cette attitude sort du champ de la raison et de la logique.

2-      Il est inconcevable qu’une partie de la population rejette la langue arabe, parce que c’est une langue d’assimilation et/ou qu’elle ait été utilisée pour asseoir d’obscures idéologies en Mauritanie. Ce fait est arrivé, mais il faut le distinguer de la langue arabe qui n’a rien à voir avec son instrumentalisation. C’est le rôle de l’Etat de veiller à rétablir cette confiance.

3-      Il est inconcevable que les langues nationales soient considérées comme des langues de seconde zone. Elles doivent être enseignées au même titre que l’arabe et avec les mêmes objectifs : faire que tout mauritanien puisse maîtriser auprès de l’arabe, au moins deux langues nationales et parler d’autres.

4-      Nous sommes un pays afro-arabo-berbère et cela personne n’y pourra rien, faisons que nos enfants se sentent tout cela, adultes de demain.  Et le moyen le plus efficace pour y arriver n’est autre que l’Education.

Pour être concret voici ci-après, une proposition pour une démarche progressive, pour la réalisation d’une Mauritanie plurilingue à travers son système éducatif

Pour une Mauritanie plurilingue : Esquisse d’une solution




1. La pratique de la solution


Les constats :


- La langue française est une langue étrangère et ne peut servir de langue officielle.
- Les langues nationales vue leur pluralité ne peuvent jouer le rôle de langue officielle
- La Langue arabe est une langue parlée par une importante frange de la population
- La langue arabe peut jouer le rôle de langue officielle
- La langue officielle et les langues nationales se doivent d’être apprises par tous les Mauritaniens


Les impératifs :


- La langue officielle, l’arabe doit être obligatoirement enseignée à tous le mauritaniens
- Les langues nationales doivent être obligatoirement enseignées à tous les mauritaniens.


Les objectifs :


- Tous les mauritaniens doivent utiliser dans leurs relations officielles la langue arabe
- Tous les mauritaniens doivent à terme parler toutes les langues nationales.


Les moyens :


Mettre à contribution le système éducatif et l’enseignement pour asseoir une politique de maîtrise aussi bien de la langue officielle, l’arabe, que des langues nationales.

Ainsi la langue arabe sera obligatoire pour tous les cursus d’enseignement (primaire, secondaire, universitaire et professionnel). Tous les mauritaniens apprendront obligatoirement la langue arabe. Cette obligation d’enseignement de la langue arabe est accompagnée des mesures suivantes :


- Programmation d’une langue nationale obligatoire à enseigner pour tous les mauritaniens, à côté de la langue arabe (même charge horaire, même coefficient).


- A chaque cycle d’enseignement sera affecté l’enseignement d’une langue nationale obligatoire. Une langue nationale au cycle primaire, une seconde langue nationale au premier niveau cycle secondaire (collège), une troisième au second niveau du cycle secondaire programmée etc.


Par ce moyen,  le Mauritanien scolarisé qui aura terminé l’un quelconque de ces cycles (primaire, secondaire etc.) aura appris la langue arabe, langue officielle, et une, deux ou trois langues nationales. A l’université, l’apprentissage des langues sera approfondi de façon équivalente dans l’enseignement et la recherche.



Résultats :


- Le Mauritanien, pourra à chaque étape de son cursus éducatif apprendre une langue nationale et en fin de parcours, il sera plus à même de dialoguer avec ses compatriotes dans leur propre langue.


- Les craintes de « discrimination » et « d’assimilation » à travers le choix de la langue arabe disparaîtront par elles-mêmes. Car chaque mauritanien est obligé d’apprendre la langue de son compatriote et finira par l’adopter.


- Après quelques années de ce régime d’enseignement des langues, la langue arabe, langue officielle, sera parlée par tous les mauritaniens et l’utiliseront pour tous leurs actes officiels et les langues nationales seront, avec l’arabe, les langues de tout  peuple parlées par tous.




2. La théorisation de la solution


Si l’on veut théoriser cela pour plus de visibilité on dira que grâce à cette stratégie le processus des langues en Mauritanie suivra quatre étapes principales en partant d’une situation d’origine.

Etape 1 :



Avant la réforme (situation d’origine) : actuellement la langue arabe ne touche pas les negro-mauritaniens tout comme les langues nationales ne touchent pas les arabes mauritaniens. Ces langues évoluent dans deux sphères sociales séparées. Ce qui éminemment négatif pour l’unité et l’intégration nationale de communautés ayant le même destin.



Etape 2 :

Au Début de la réforme : D’abord, destiner la langue arabe à être une langue « horizontale » devant assurer la communication entre tous les mauritaniens (langue officielle). Transcendant les communautés. Ensuite, présenter les langues nationales comme étant des langues « verticales » ne touchant que les communautés qui les parlent. Le système éducatif va donc assurer l’interpénétration des langues à travers leur apprentissage obligatoire pour tous les mauritaniens.







Etape 3 :

En cours de réforme : lorsque les premières générations auront terminé le cursus de l’école primaire ou du collège. La tendance va aller dans le sens de « l’horizontalité » des langues nationales pour rejoindre la langue arabe et auront tendance à devenir des langues parlées par tous.




Etape 4 :




A la fin de la réforme : Application complète de la reforme aux premières générations de scolarisés. Les langues nationales auront acquis la même « horizontalité » que la langue arabe. Elles seront parlées par tous les mauritaniens en même temps que la langue arabe.






Si cette réforme est appliquée sur une période de 10ans (pour ses premiers résultats) à 18 ans (pour un résultat définitif) , alors à la fin de cette période, on aura une Mauritanie plurilingue, aux couches sociales mieux intégrées entre-elles à travers le dialogue car l’apprentissage des langues aura facilité la communication. Toutes les langues seront les langues de tous les Mauritaniens. Et nous verrons que la communication se fera indifféremment entre les gens en telle ou telle langue. Que les cours, les recherches et autres moyens de transmission du savoir se feront dans les écoles et les universités en plusieurs langues.



Simple Simulation :



Mes convictions personnelles :


Après la période de réforme, il sortira du système éducatif une génération de mauritaniens qui parle indifféremment ses langues nationales accroissant ainsi ses capacités de dialogue, de tolérance et de fraternité. Chacun découvrira la langue de l’autre et chacun saura que sa langue est équivalente en richesse en humanisme et en sensibilité à celle de l’autre. Alors il l’adoptera, l’apprendra davantage et c’est là où nous arriverons à une Mauritanie plurilingue où tous ses enfants auront compris la valeur du proverbe : « qui ignore une chose a tendance à la haïr ».

Toutefois, ceci n’est qu’une esquisse de solutions d’autres peuvent être proposées, mais la finalité doit être la même : aboutir à un système éducatif plurilingue, ou chacun parlera au moins une ou deux langues nationales, en plus de la langue arabe. Et quand cela arrivera, le sentiment d’ignorance de l’autre et la crainte d’une quelconque assimilation auront disparu.

Mais faudrait-il pour cela une volonté politique loin des idéologies et capable de concrétiser, le vœu de tout un peuple, parler de façon équivalente ses langues, sans rejet et sans discrimination.

Si cela n’est pas fait, les communautés mauritaniennes continueront à se regarder en chiens de faïence, les barrières continueront à s’élever et cela n’arrangera que la haine, la discrimination et la récupération politique des divisions socio-ethniques, à l’intérieur du pays et à l’étranger.

Pr ELY Mustapha

jeudi 26 septembre 2019

Mais, ou, et, donc, or, ni, car : que veut la Diaspora Mauritanienne?


A la question « que veut la Diaspora mauritanienne ? », la réponse est : « un Etat ».

La diaspora n’a bénéficié, depuis des dizaines d’années, que de discours creux de gouvernements successifs. Et voici (Ô félicité), que l’on adjoint à la dénomination d’un ministère celle de « ET des mauritaniens à l’Etranger ». Notons bien ce « et », conjonction de coordination, par excellence…ministérielle.

Que signifie ce « et » dans l’esprit de nos gouvernants ? 

Exprime-t-il   une relation comme dans « Ghazouani et Aziz sont des copains », une simultanéité comme dans « Aziz pilla et s’en alla », une caractéristique comme dans « l’Etat est démocratique et corrompu » ou une simple induction « le peuple l’élit et en pleura » …ou mieux encore un grand « mais », comme dans « le peuple a faim et ne meurt pas ».


Que signifie ce "ET" dans « Ministère des affaires étrangères, de la coopération ET des mauritaniens à l’étranger » ?

En fait il signifie tout cela. La simple relation éphémère, la simultanéité des gouvernements qui passent sans rien apporter à la diaspora, une manipulation caractéristique à des fins politiciennes, une induction des promesses non tenues et un grand « mais » qui exprime une conséquence de la nonchalance des gouvernements. En somme une concaténation de l’espoir.


Depuis des dizaines d’années, que l’Etat mauritanien ignore la diaspora mauritanienne et voilà qu’on l’adjoint…aux affaires étrangères.

Mais que veut-on de la Diaspora ?

Le discours hésitant et erratique du ministre des affaires étrangères, de la coopération « et » des mauritaniens à l’étranger », n’a fait que renforcer l’idée qu’il n’a ni plan, ni stratégie, ni même un « think tank » aussi réduit soit-il pour y réfléchir en y associant la diaspora. Sinon une promesse d’un congrès un certain été… 2020 ! 

Une infantilisation de la diaspora mauritanienne pour laquelle on décide. On décide pour elle en désignant quelle administration s’en chargera, quel député la représentera, quel interlocuteur officiel elle aura et dans quelles échéances on la recevra !

Qu’on se le dise : La diaspora en a ras-le-bol de ces manipulations politique qui fonctionnent en conjonctions de coordination et en phraséologie erratique.

Ce dont a besoin la diaspora, ici et maintenant, le voici :

-          Que l’Etat mauritanien se déplace vers la diaspora, à travers ses structures consulaires et diplomatiques à l’étranger ou par missions dédiées. Je dis bien se « déplace » car ces missions diplomatiques et consulaires de Mauritanie à l’étranger ne sont pas …à l’étranger. Elles sont en villégiature, et dans les duty-free et ne servent qu’à accueillir les responsables et autres délégations officielles mauritaniennes de passage.  La diaspora ne les connait pas et si elle devait les rencontrer, c’est uniquement à travers les « fins de non-recevoir », les sittings et les meetings pour réclamer les bourses des étudiants ou encore des revendication d’une diaspora sans papiers, exclue et avilie à l’étranger par son propre pays.

-          Que l’Etat cesse,  à travers ses représentants, le débit de ce galimatias de ministres à propos de la diaspora qui ne lui permet que de gagner du temps et d’utiliser la bonne foi des pauvres gens, stationnés dans des pays étranger-souvent exclus -  pour asseoir une politique dont on sait par expérience depuis une trentaine d’années, qu’elle est stérile.


-          Que l’Etat ne renvoie pas aux calendes grecques les rendez-vous avec la diaspora, mais qu’il propose, ici et maintenant, un plan stratégique doublé d’un plan d’action fonctionnel pour la diaspora en lui affectant les ressources humaines, les moyens financiers et matériels adéquats. Sans cela, tout discours est sans objet.
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Mais l’Etat sait-il ce que veut la Diaspora ?

Certainement pas. Car ceux qui vivent assis sur leurs maroquins, ne peuvent comprendre ceux qui vivent, sur le terrain, l’amère quotidien d’une diaspora.
Ce que veut la diaspora, ce n’est pas qu’on la nourrisse ou qu’on la blanchisse. Une frange importante de la diaspora occupe des fonctions et des emplois hautement placés dans les institutions internationales, ou publiques et privées de pays étrangers.


Il faut qu’on se le dise, la Diaspora ne vient pas demander un quelconque privilège, ni attendre que des conseils ministériels gèrent au compte-goutte son destin dans son propre pays, mais elle exige que l’Etat prenne ses responsabilités à son égard et cesse les manœuvres politico-dilatoires qui dominent la décision politique depuis des années.


Ce que veut la diaspora tient en quelques lignes :

-          Que les mauritaniens à l’étranger bénéficient de l’appui de l’Etat pour responsabiliser ses postes diplomatiques et consulaires à l’égard de la diaspora mauritanienne pour que celle-ci puisse obtenir les services qu’elle demande en lieu et temps ; et que ces administrations délayent, sinon refusent par abus de pouvoir.



-          Que les services consulaires puissent se déplacer vers les lieux de la diaspora de façon périodique de façon à lui apporter leurs services comme le font les services consulaires qui se respectent. Cette « tournée consulaire », tradition dans les pays démocratiques est ignorée et beaucoup de mauritaniens à l’étranger souffrent de l’éloignement et de l’isolement administratif et consulaire, avec tous les tracas que peuvent leur causer les autorités locales et face auxquels ils ne reçoivent aucun appui de leur Etat.


-          Que l’on revoit, depuis l’établissement de cette machine du recensement des populations en Mauritanie, la situation des mauritaniens à l’étranger exclus de leur nationalité et de tout document administratif, les jetant dans le dénuement et la clandestinité.



-          Que l’Etat mauritanien soit à travers ses postes diplomatiques et consulaires l’étranger,  un véritable interlocuteur du pays hôte en défendant les droits de ces ressortissants sur son sol.


-           En effet, ces postes diplomatiques et consulaires considèrent cette activité de défense de nos concitoyens comme une corvée et interviennent difficilement sinon jamais. Combien de nationaux mauritaniens croupissent en prison ou font l’objet de maltraitance ou de confiscation de leurs droits au su et au vu de nos missions diplomatiques qui se retiennent d’intervenir. Les exemples sont nombreux et confirment encore une fois que la diaspora n’a pas besoin de diplomates ou de consuls en villégiature.



-          Que l’ont créé dans ces ambassades de véritables structures d’accueil de la diaspora, proposant sur la base d’une stratégie élaborée, les voies et les moyens de mise à contribution de la diaspora au développement du pays (plan bancaire/plan d’investissement/plan logement/plan scolarisation/plan création entreprises/accompagnement au pays/Rencontres officiels/propositions d’expertise et d’assistance/informations à la carte etc.)



Que l’on cesse donc de discourir sur la Diaspora. Il faut aller à sa rencontre.
Résoudre ses difficultés sur le terrain étranger est un préalable pour l’attirer sur le terrain national, condition à l’établissement de la confiance.


La Direction des Mauritaniens de l’étranger et des affaires consulaires au sein du Ministère des affaires étrangères, de la coopération et des mauritaniens à l’étranger, s’est vu attribuer toute une mission (de protection, d’assistance des mauritaniens, de suivi des compétences, etc.), mais la solution du problème de la diaspora ne réside pas dans la multiplication des structures administratives et de leur compétence, mais elle réside dans la réponse au constat suivant :

La Diaspora ne sera au rendez-vous de l’Etat, que si l’Etat va au rendez-vous de la Diaspora.


Ce rendez-vous qu’elle lui a fixé depuis des dizaines d’années sur le terrain de ses droits bafoués à l’étranger et de la négligence des régimes successifs à son égard.

Rendez-vous que l’Etat a toujours manqué, ET ce n’est pas par discursivités conjonctives successives à partir de Nouakchott, que l’on intéressera, la Diaspora du bout du monde.

Mais si l’espoir n’est qu’un, il reste encore bien des conjonctions de coordination à l’usage d’un Régime nait, hélas, de conjonctions… de subordination 
 Mais, ou, et, donc, or, ni, car ?

Pr ELY Mustapha