mercredi 14 septembre 2016

Le rap contestataire mauritanien : Ewlad Leblad, une anthologie de la criminalité d’Etat en Mauritanie.

eur dernier clip est une anthologie de la criminalité d’Etat en Mauritanie. Noms et photos en haute définition, le tableau de chasse du groupe de rap mauritanien Ewlad Leblad est d’autant plus riche qu’il fait le panorama de tous ceux qui depuis deux décennies au moins ont mis à sac l’économie mauritanienne. Indexant le général Ould AbdelAziz jusqu’aux barons du régime et leurs  protégés, Ewlad Leblad dénoncent le trafic de drogue, le détournement des biens publics, la corruption, le népotisme et les malversations de toute la nomenklatura politique mauritanienne.
Pourtnat, tout cela se sait en Mauritanie et les délinquants financiers et économiques d’Etat courent les rues sans être inquiétés. La justice est souvent de leur côté et leurs alliés aussi. Des procès bidon, des simulacres de jugements et des  peines dont le prononcé ressemble à des règlements de compte de juges en services commandés. Un adolescent jetant une chaussure à un porte-parole du gouvernement écope de trois ans de prison, un ministre détournant (et le disant) de façon notoire des milliards et mettant à genoux des entreprises publiques et des projets nationaux est nommé à la tête d’institution financière internationale. Les exemples foisonnent.

Ce qui est certain c’est que le tableau des personnages et les méfaits que rapportent Ewlad Leblad sont connus de tous, toutefois (et c’est là leur grand mérite),  ils les  mettent sous forme de Rap pour atteindre la masse silencieuse qui attend qu’on les crie puisque, face au régime actuel, elle est sans voix. Sans voix, du fait de l’oppression policière, de la justice instrumentalisée et de la nomenklatura qui porte à bout de bras un régime qui partage avec elle les ressources  du pays.
Faisant l’objet d’agressions, d’emprisonnement  et d’intimidation les membres de ce groupe de rap n’ont cependant pas baissé les bras.
Leur récente vidéo constitue certainement une référence non seulement pour le présent mais aussi pour le futur à l’image de ce que,  en son temps,  XouldY, le célèbre bloggeur avait fait en publiant la liste des 500 corrompus du régime de Ould Taya. Un succédané des régimes militaires successifs qui ont miné le pays. Les noms et  les visages de la corruption du pays sont désormais « rapés » dans la mémoire et gravés dans le numérique …pour une justice à venir d’un avenir certain.
Pr ELY Mustapha

dimanche 11 septembre 2016

Le syndrome Ribat el Bahr, ou comment la mafia mauritanienne pénalise le développement.

Le promoteur immobilier saoudien Tanmiyat, et partenaires  avaient lancé en Mauritanie la construction d’une ville balnéaire (comprenant une marina) s’étendant sur 8 km².
En Novembre 2010, Ould Abdel Aziz avait donné le coup d'envoi (au Km 7 sur la route Nouakchott-Nouadhibou) pour le lancement des travaux d'une nouvelle ville répondant aux normes de la modernité dénommé " Ribat Al Bahr".
« La ville, qui disposera de tous les services nécessaires, tire son nom du "Ribat" créé par l'érudit Abdallahi Ibn Yacine, qui a constitué le point de départ de l'Etat des "mourabitounes".
Le projet, le premier de son genre en Mauritanie et dont le coût global est de 3 milliards de dollars, accueillera une population de 50 000 personnes disposant de tous les services nécessaires. Il sera exécuté par le groupe mauritanien pour l'investissement avec la participation d'un certain nombre d'investisseurs et de partenaires étrangers, à leur tête l'établissement islamique pour le développement du secteur privé relevant du groupe de la Banque Islamique de Développement (BID).
Le projet comprendra des quartiers, des places de loisir, des infrastructures sanitaires et scolaires, des complexes commerciaux et d'autres services nécessaires à la vie moderne. » (AMI)
Où en  est actuellement ce projet  6 ans après?
Le site dédie à ce projet (http://ribatalbahr.mr) ne répond plus.
Un archive récupérée de ce site définit son Master plan.
« Le projet couvre une surface totale de 675 hectares dans un site particulièrement intéressant, au nord de la ville de Nouakchott dans le prolongement de la zone de Tavregh-Zeina à 7 km du centre ville et 16 km du nouvel aéroport international de Nouakchott, Il est délimité à l’Ouest par l’océan atlantique et à l’Est par la fameuse autoroute reliant l’Europe et l’Afrique subsaharienne à travers Nouadhibou.
Le projet comprend des zones résidentielles dont chacune dispose de structures sanitaires, scolaires, et de services, tous accessibles aux habitants en moins de 7 minutes de marche. Il comprend également une zone touristique dédiée aux complexes touristiques et hôtels, une zone réservée aux bureaux avec un quartier financier et d’affaires, un centre commercial moderne et d’autres équipements importants. »
Le site physique est fermé depuis 2013 et les images satellites de la localisation géographique de ce projet montrent en septembre 2016, les mêmes infrastructures que celles qui s’y trouvaient quelques mois  son  inauguration en 2010: une route bitumée et une petite construction lotie
Voici les images :
En 2011


En 2016 :



Que s’est-il donc passé pour qu’un projet grandiose lancé en 2010, suivi jusqu’en 2013 soit complétement caduque trois ans plus tard. Du côté du gouvernement mauritanien et de la nomenklatura, c’est le silence total.
Mais des sources externes affirment que le promoteur saoudien, et ses partenaires se sont désistés suite aux tracasseries des autorités mauritaniennes et de leurs mandataires. Entendez par là, toute la nébuleuse mafieuse qui s’est accrochée au projet pour soutirer des investisseurs les pots de vin et autres commissions qui ont fait que la Mauritanie est classée parmi les Etats les plus corrompus au monde. Ratant un investissement de plus de 3 milliards de dollars mettant en jeu des sociétés prestigieuses (de promotion immobilière, de bâtiment,  d’architecture et de design etc.) et qui de leur avis constituait une valeur ajoutée certaine pour l’économie nationale. Ci-après, a page du site disparu (rubrique « ils ont dit ») :

Ismail o. Bodde o. Cheikh Sidya
Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire

«En plus de sa connotation historique liée à l’identité du pays et source de fierté pour tout les mauritaniens, RIBAT ALBAHR s’insère parfaitement dans le cadre de nos priorités en raison de son impact positif sur l’économie mauritanienne à travers la mise en place d’un habitat adéquat et la création d’emplois pour les jeunes ainsi que le développement des infrastructures de la ville de Nouakchott.

Khaled M. Al-Aboodi
Président du Conseil d’Administration de MMI.sa

CEO/Directeur général de La Société Islamique pour le Développement du Secteur Privé

RIBAT ALBAHR représente une entité urbaine indépendante et comporte des zones résidentielles, touristiques et d’affaire, et profitera de réseaux modernes de routes, d’assainissement, d’eau, d’irrigation, de transport, ainsi que les équipements de santé et d’éducation nécessaires et de nombreux équipements utiles pour la ville de Nouakchott et qui feront assurément du projet une destination distinguée.

Sulyman A. Aziz Al-Majed
Président du groupe TANMIYAT


Je pense que la vision de Ribat Albahr en soi, représente un important changement d’orientation du développement immobilier en Mauritanie et un exemple de ce que, ce beau et enraciné pays, mérite comme développement immobilier, que j’ espère, va participer au renforcement du niveau de vie pour qu’il reste proportionnel avec les prometteuses perspectives économique du pays.

Abdul Samie El fadil
Chairman AQTAR

Nous travaillons pour faire profiter RIBAT ALBAHR des meilleures compétences et des expériences internationales les plus riches, en matière de gestion des infrastructures et équipements publics, et nous visons dans ce domaine à contracter avec les plus grandes sociétés de façon à transférer leur compétence au projet.

Shaikha El-Arfaj
Directeur général PACE

Le projet RIBAT ALBAHR se caractérise par l’adoption de standards internationaux au niveau de la conception, ce qui lui ouvre largement la porte pour concurrencer des villes modernes. La prise en considération du souci environnemental et l’intégration de concepts environnementaux nouveaux lui confère le statut de ville verte par excellence.

Adel Karam Jemah
Directeur général TPM engineering Dubai


En plus de son enracinement profond dans l’histoire et son aspiration à l’avenir, RIBAT ALBAHR représente une oasis de l’investissement et un lieu idéal pour habiter, travailler, se reposer et se divertir.

Zakıyoulahı Sow
Directeur général TAMWEEL AFRICA

Aussi bien en quantité qu’en qualité, RIBAT ALBAHR sera probablement le plus important projet immobilier dans la région de l’Afrique de l’Ouest et il est sûre que de nombreuses institutions financières vont chercher à l’accompagner.

Rachid Lazrak
Directeur Général LAZRAK IMMOBILIER

A mon avis ce qui caractérise le plus RIBAT ALBAHR en tant que projet c’est surtout la conjugaison de toutes ces compétences complémentaires. Pour cette raison je m’attends à ce qu’il constitue une expérience unique dans la région.

Shahvand Yousefizadeh
Architect/ PACE


L’idée de conception du projet RIBAT ALBAHR implique de proposer la meilleure exploitation possible du site et la création d’une hiérarchie logique entre les différents espaces dans le respect de l’échelle humaine, ainsi que l’organisation du projet de façon à favoriser des relations de voisinage exemplaires et la création d’une ville mauritanienne où la marche sur pieds est agréable.

José Maria Aguirre Vila-Coro
AAA ARQUITECTOS


Je m’attends à ce que la mise en œuvre de cet ambitieux et fascinant projet, soit accompagnée par un changement radical dans le niveau des services et équipements commerciaux, et en tant qu’architecte je suis heureux de participer à ce changement.

Juan Manuel Palerm
Architect / Palerme & Tabares de Nava

De toutes les dimensions, l’expérience de conception du parcours piétons du RIBAT ALBAHR est une expérience digne d’intérêt et j’espère voir RIBAT ALBAHR devenir une destination distinguée pour tous.

La viabilité d’un projet et sa réussite, étant proportionnelles à la mentalité de ceux qui en bénéficient, en Mauritanie, son avenir est aussi incertain que les villes ensablées.
Le népotisme et la corruption sont aussi mortels pour les projets en particulier que pour le développement en général.
Que reste-t-il  désormais de ce grand projet ?
Rien. Du vent, du sable,  un Etat qui n’est pas à la hauteur de sa mission et ….une belle vidéo.




Pr ELY Mustapha

vendredi 9 septembre 2016

PING ! BONGO ! : l’Ethnisman gabonais.

Tout a commencé le jour où le Président Gabonais, Ali Bongo, décida de ne pas apporter son soutien à Jean Ping pour sa reconduction à la tête de la Commission de l’Union Africaine. 

Déraciné par son propre camp de son juteux poste bureaucratique, sur lequel il trône depuis des années, Jean Ping décida à son tour de déraciner son déracineur. Il déclara qu’Ali Bongo, n’était pas le fils de son père !  Il était, selon lui et ses partenaires,  une enfant adopté et donc pas gabonais pur-jus. Le stratagème empêcher Ali Bongo de se présenter aux présidentielles en invalidant sa candidature par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap). Cela ne se fit pas. Ping ! Ce fut le début du match.

Ali Bongo supprima au fur et à mesure tous les privilèges et autres prébendes des anciens ministres de son père, et dont certains exercèrent sous sa présidence dont Ping lui-même. Le feu prit aux poudres et ce fut la haine.
On ameuta le terroir, les cantons, les villages et ont se « coagula » en clans, ethnies et on canalisa le tribalisme, le régionalisme, le clanisme, « l’éthnicisme » vers les urnes. On vota avec le rictus de l’homo sapiens rassuré par la formation en grappe de sa tribu encerclant le mammouth.
Jean Ping,  hérita par sa mère du vote des  nkomi de l’ethnie des Myènè. Les composantes de cette communauté (Orungu de l’Ogooué-Maritime et les Galoa du Moyen-Ogooué) votèrent également  pour lui. De même que les Mpongwé et les Fang, qui peuplent la province de l’Estuaire.
Quant à Ali Bongo il se fit porter par la province familiale  Haut-Ogooué, qui vota quasiment à 100% pour lui. Il bénéficia aussi d’un vote « revanchard » dans les provinces de certains de ses collaborateurs qui l’avaient lâché (notamment à Moanda,  Mounana, Koulamoutou dans l’Ogoué-Lolo).
Et les résultats furent proclamés.
Jean Ping, déclaré vaincu, se déclara président. Ali Bongo, déclaré vainqueur, déclara Ping vaincu.
Le « ping ! bongo ! » Se continua alors dans la rue et le pays est mis à feu à sang. Les deux tristes sires se livrèrent à la violence. Le premier commandant la répression de la violence et brûla le siège du second. Le second jeta de l’huile sur le feu en refusant de calmer ses troupes ; et la violence fut rendue par la violence.
Pourtant jean Ping lorsqu’il était à la tête de la commission africaine a toujours prôné  « le respect de la volonté du peuple et la reconnaissance de ses choix ». Mais le pouvoir corrompt. Et quant à lui se juxtaposent les manœuvres, pressions et partis-pris de puissances occidentales intéressées, il corrompt absolument.
Voilà à quoi ressemble, comme toujours, l’Africain assoiffé de pouvoir ; brûler tout sur son passage. Ce ne sont ni les valeurs républicaines qui l’animent, ni l’intérêt de son pays. Il se fait porter par des ethnies pour en assujettir d’autres et n’accède au pouvoir que pour servir se servir et servir la sienne au prix du sang de ceux qui ont cru en lui. Pauvre Afrique.

Pr ELY Mustapha

jeudi 8 septembre 2016

De France en souffrance : Qui veut de la Présidence française ?

C’en est fini du « gros », c’en est fini du « petit ». Le premier, aux commandes, est en chute libre ; le second, prétendant aux commandes, est au bord de la correctionnelle. Diagnostic : le premier qui se présentera aux prochaines présidentielles françaises, l’emportera. Qu’il ait un nom d’immigré, même hongrois, ou sonnant Pays-Bas, pourvu qu’il ne soit ni Sarkozy, ni Hollande, ses chances sont certaines.
Vus d’ici (du mont escarpé du sous-développement), les français entassés dans le boat people « France » cherchent un capitaine et tout ce que les citoyens-rescapés (sociaux, économiques, financiers etc.) des dernières élections françaises voudraient, c’est éviter d’échouer sur les fadaises de leur classe politique.
De fadas, de Présidents, ils en ont eu. Des présidents qui n’ont même pas la classe de « Présidents français » comme celui qui les traitait de veaux et qu’ils appréciaient tant du haut de ses deux mètres.
 Les présidents typés à la fière allure, au verbe tonnant et au charisme attachant, c’est fini. Les rabougris aux idées par devers, les trémoussants au hic sonnant, en veux-tu en voilà. Les français ont bien touillé de leurs bulletins de vote une mayonnaise politique qui n’a pas pris. Et pour cause, leurs politiciens leur proposaient une omelette aux œufs de dindons de la farce.
Alors qu’ils auraient dû avoir des présidents qui « président » à une destinée prospère de la France, ils eurent pour Présidents, des gestionnaires de crises provoquées, des extincteurs d’énormes pétards dont l’explosion n’est pas étrangère à leur politique intérieure et extérieure et qui détournent les regards des vrais problèmes, dans lesquels s’embourbent les français, vers les burkinis et autres tissus divins.
Mélenchon, Macron, Le Pen, Myard, Troadec, Arthaud, Dupont-Aignan, Poutou, Yade etc. etc. ….à l’attaque !
L’Elysée sera bientôt libre. Le locataire sera prochainement sorti avec son mobilier politique. Et le prétendant, ancien-président, potentiel « correctionnelle », risque fort de loger derrière d’autres grilles.
 Alors candidats, fourbissez vos armes car il n’est pas dit que les français voteront pour vous (couleurs, programmes etc.) mais voteront pour celui qui les aidera à se débarrasser… de celui qui y est déjà. Comme le fut le vote par défaut lors des dernières présidentielles, un vote de détresse.
Depuis que la politique française est devenue un « courant » idéologique continu, il n y a plus de courant idéologique alternatif pour alimenter le choix des électeurs. Une droite arrivée au pouvoir qui nomme des socialistes ministres de son gouvernement, une gauche qui arrive au pouvoir et qui interdit les grèves… La politique française est en perpétuelle électrocution. Le vote des français n’est plus donc qu’un appel institutionnel au secours pour remplacer des ampoules grillées au plafond de l’Etat.
 Avec la finance internationale qui met à genou l’économie française ; à travers une allégeance de ses dirigeants au nouvel ordre économique mondial et ses promoteurs banquiers ; avec l’acquisition de ses fleurons industriels et commerciaux par les multinationales américaines ; avec son assujettissement au dictat des Etats-Unis sur l’ensemble de sa politique internationale avec les conséquences que l’on sait ( affaiblissement de son économie , secousses sociales, violences déterminées et indéterminées), la France est en souffrance.
Au-delà des interminables sondages d’opinion, des statistiques, des enquêtes et autres instruments d’analyse de l’opinion du français lambda, une chose est certaine : les français sont malades de leurs dirigeants. La classe politique française actuelle, s’alternant au pouvoir sans idéologie, sans idées et surtout sans vision partagée en est le principal syndrome.
Alors qui veut de la présidence française ?
Beaucoup « candidatent » déjà. Des connus, des moins connus, des inconnus… certains trainant des programme, d’autres des casseroles ou les deux à la fois. Il y a les grandes gueules, les petites gueules, les insituables, les situés, les va-t-en-guerre, les aigris, les bouge-toi-c’est-mon-tour, les partis-revenants…
Les français n’ont que l’embarras du choix, mais ce qui les mettra certainement dans l’embarras lors du choix de leur président, c’est de se retrouver dans une situation ou leur vote républicain ne soit plus, sous la manipulation des lobbies économico-financiers et l’influence des médias de groupes qui y sont assujettis, qu’un appel à un secours qui ne vient pas. Alors le premier qui ….a un nom d’émigré, même hongrois, ou sonnant Pays-Bas, pourvu qu’il ne soit ni Sarkozy, ni Hollande, etc. etc.
Pr ELY Mustapha

lundi 5 septembre 2016

Combattre autrement : le Talon d’Achille de nos dictatures.

Nos dirigeants sont médiocres et ce qui les maintient au pouvoir, ce n’est ni leur intelligence, ni leur intégrité, ni même leur capacité à comprendre ce qu’ils font. Leur médiocrité est telle que leur main gauche ne sait même pas ce que fait leur main droite. Frappés d’une schizophrénie du pouvoir, ils manipulent, se servent et sacrifient tout pour se maintenir au pouvoir. Et ils se maintiennent malgré la volonté du peuple, malgré les cris et les souffrances des opprimés et, contre tout, ils affichent leur arrogance sous le couvert d’une légalité usurpée et d’une légitimité qu’ils n’ont jamais eue.
Comment les combattre ?
D’abord,  un  constat : Les énergies de toutes les entités,  personnes physique  (opposants) ou morale (partis politiques, associations etc.), qui combattent nos régimes véreux  sont toujours  focalisées sur le détenteur du pouvoir. Ce dernier est le point de mire de toute opposition qui fait de son départ,  l’objectif ultime.
Or cette focalisation sur la personne du détenteur du pouvoir est la grande erreur commise par toute opposition qui voudrait atteindre ses objectifs.
La raison à cela est la suivante et découle de ce qui a été dit plus haut sur la médiocrité de nos dirigeants : Ils ne tiennent pas par eux-mêmes, mais grâce à ceux qu’ils utilisent.
De ceci nous tirons la règle suivante : pour combattre et faire tomber un dictateur, il faut s’attaquer à ses collaborateurs.
Ces derniers ne sont ni plus ni  moins que le véritable moteur qui maintient la dictature en marche. Ils sont son talon d’Achille. Son point faible. Et c’est en frappant son talon d’Achille que l’on met à genou le système qui le porte.
En effet, nos dictateurs s’entourent de personnes qu’ils choisissent pour leur nature rampante et corvéable et utilisent leurs compétences pour se maintenir au pouvoir. Ces personnes, souvent sans foi ni loi, obéissant au doigt et à l’œil pour des raisons bassement matérielles ou cyniquement personnelles, travaillent pour la pérennité de leur maitre.  Ce sont des ministres, des conseillers, des Présidents directeurs généraux, des présidents de partis, des gradés militaires et sécuritaires.
Ce constat nous indique qu’une stratégie nouvelle se doit d’être adoptée, qui doit déplacer le centre de mire du détenteur du pouvoir vers ceux qu’il instrumentalise pour continuer à exister et sévir
Ceci correspond à neutraliser l’ennemi en le privant  de ses munitions. Un général qui n’a pas accès à son arsenal se rendra forcément.
En effet, les collaborateurs de nos dictateurs, sont les véritables responsables des actes de ces derniers. Ce sont des exécutants complices, connaissant pertinemment la portée de leurs actes et les méfaits qu’ils engendrent.  Ils s’associent à leurs méfaits et à ce titre se doivent d’être les premiers la cible de toute action visant à faire tomber un régime dictatorial.
Cette stratégie du talon d’Achille, se doit d’être adoptée par toute opposition qui aspire à une alternance au pouvoir.
L’alternance étant confisquée à travers un « fonds » de collaborateurs (civils et militaires) que le dictateur utilise pour manipuler tout le système qu’il soit social, économique et financier. Il faut donc saper ce « fonds » car c’est de lui que le dictateur tire sa capacité à se maintenir.
Ce fonds d’individus, rampants, corvéables à tous les échelons de l’Etat sont identifiables et identifiés.
Comment s’y prendre ?
Le premier moyen est la dénonciation publique. Il faut « décortiquer », le présent et le passé du collaborateur, vérifier ses compétences mettre à nu ses activités et décrier ses actes à l’échelon national et international.
Le second moyen est la dénonciation directe : il faut écrire à l’intéressé et à son entourage,  le mettre devant ses responsabilités et en informer les structures nationales et internationales présentes dans le pays.
Le troisième moyen est la publicité : organiser des forums et des conférences sur les « collaborateurs » du régime et informer le public sur les résultats d’enquêtes à leurs propos.
Le quatrième moyen est la contre-expertise : s’allier à des compétences dans les domaines clef de l’action de l’Etat (social/économique/financier etc.) et dénoncer à travers des  études et rapports les incohérences des actes des collaborateurs (ex. un audit des finances publiques/un audit sécuritaire etc.). Et saisir les tribunaux et les instances internationales sur la base de ces rapports.
Le cinquième moyen est la sommation : sommer nommément les collaborateurs du régime, à travers des actes collectifs (pétitions/lettres ouvertes)  à se dédouaner de celui-ci  et en informer l’opinion nationale.
Le sixième moyen est la mise en garde : appeler les instances nationales et internationales (économique/financières) à ne pas engager le pays à travers les collaborateurs du régime en les  catégorisant et en informant largement à leurs propos (corruption/détournement…)

Quels sont les effets de tels moyens ?
D’abord dénoncer et informer sur les « instruments » humains qu’utilise le dictateur pour se maintenir. Ensuite, créer un réflexe citoyen et une culture de dénonciation des  collaborateurs afin de les mettre sous l’éclairage des médias et engager publiquement leur responsabilité dans les affres que vit le pays. Enfin, envoyer des signes forts de dénonciation des actes du régime à travers l’indexation publique de ses collaborateurs.

L’application de la stratégie au cas Mauritanien
Soumise de façon permanente au syndrome d’un dialogue fiévreux qui la divise, l’appâte et l’humilie, l’opposition, main-tendue, attend tout du détenteur du pouvoir. Elle est entièrement focalisée sur lui et croit que ce détenteur du pouvoir, ce général putschiste, est la clef de l’alternance politique à laquelle elle aspire.
S’il en est le visage, il n’en est pas le moteur. Celui-ci est représenté par quelques individus qui le conseillent, le manipulent au gré de son humeur. Ce sont ses missionnaires et autres dispensateurs de coups bas tels qu’engendrer la zizanie dans l’opposition en miroitant pour les candidats au dialogue, des avantages qu’ils font valider par le détenteur du pouvoir. Le Secrétariat général du gouvernement est le fief de ces collaborateurs appuyé de transfuges du parti dit de la « majorité » qui jouent, tout azimut, la carte du dialogue. Ressortie au gré des humeurs du général et appuyée par le « fonds » de collaborateurs mentionné, la carte du dialogue est « jouée» avec les  parties, les tribus, les lobbies et autres centres de déstabilisation de l’opinion et des institutions. C’est là, le premier fief de collaborateurs.
Le second fief de collaborateurs qui fait tort au pays est celui composé par le BASEP. Ce bataillon militaire que le général engraisse lui sert pour contrebalancer le reste de l’armée et la tenir en respect. Ainsi une  poignée de soldats, obéissant au doigt et à l’œil du général, lui permet de dissuader toute une armée. Mais cela n’est pas sans raison puisque ceux qui sont aux postes-clefs de cette armée font partie du fonds de collaborateurs qu’il convient de dénoncer. Ils assurent la pérennité du régime en recevant les contreparties et autres avantages figurant dans un budget de l’armée chasse-gardée du pouvoir.
Le troisième fief de collaborateurs est le Gouvernement. Les ministres-porte- serviette qui se coupent en quatre pour rester à leurs postes en s’agrippant  aux moindres mots du général pour les exécuter dussent-ils aller à l’encontre des intérêts du pays. On a vu le bradage des écoles et des marchés publics, la liquidation du fonds national des hydrocarbures, la fraude aux marchés publics (aéroport et autres) etc. etc. La  fraudes à l’éducation nationale, la corruption, la falsification  etc. etc. Le bradage des terres du domaine public, le détournement des fonds des entreprises publiques (SNIM), les denrées des sociétés (SONIMEX) etc. etc.
En sommes un fonds de collaborateurs qu’il faut dénoncer et poursuivre si nécessaire en justice tant les faits et les preuves sont disponibles pour les inculper. Ils sont les exécutants aveugles de la volonté du général et à ce titre leur collaboration est aussi néfaste pour le pays que la présence du général lui-même à la tête du pays. Ils doivent être la cible de toute action visant à dénoncer, informer et (faire) condamner cette collaboration avec le régime qui détruit le pays.

Les conditions de mise en œuvre de la stratégie
Cette stratégie requiert des conditions à l’échelle institutionnelle  (opposition) et individuelle (libre conscience)
Les conditions institutionnelles sont une opposition :
  • déterminée à exercer son rôle institutionnel avec dignité
  • qui ne transige pas avec le pouvoir par le dialogue
  • qui a les moyens humains et matériels de son action
  • qui ne soit pas minée par l’opportunisme
  • qui sait se différencier par des actes exemplaires sans transiger sur ses principes
  • qui a des leaders qui ne craignent que leur conscience
  • solidaire et sans dissensions sur son but et sa mission institutionnels
  • qui n’intègre pas le tribalisme, le régionalisme et autres vicissitudes, instruments du pouvoir en place, dans sa pensée.
  • non infiltrée par les collaborateurs du pouvoir et ayant une neutralité respectée.
Les conditions individuelles (libre conscience) concernent les personnes qui  s’inscrivent dans le combat contre l’hégémonie et la dictature et qui,  de leur côté,  mettent en œuvre cette stratégie. Ils doivent avoir la capacité :
  • de s’impliquer personnellement dans la dénonciation des collaborateurs de la dictature
  • de s’appuyer sur des réseaux permettant de retrouver, vérifier et recouper l’information
  • d’être intègre dans l’appréciation des actes des collaborateurs du régime
  • de résister aux influences et autres actes d’intimidation.
  • d’utiliser avec efficience les réseaux sociaux et les médias pour véhiculer les dénonciations et ales indexations d’individus instrumentalisés par le pouvoir.
Il est vrai que même si l’opposition actuelle en Mauritanie ne remplit pas encore ces conditions  (et  les individus de libre conscience, appliqués à dénoncer, en leur âme et conscience  le régime et ses collaborateurs, ne courant pas  les rues ) , la stratégie n’en est,  cependant,  pas  affaiblie puisque rien ne dit que, face à la stérilité des moyens actuellement utilisés, son intérêt pour la lutte contre le pouvoir à travers ses collaborateurs, ne s’impose pas par lui-même.
En conclusion, il reste que tant que les détenteurs de pouvoir,  illégal et illégitime, s’appuient sur leurs troupes de collaborateurs pour se maintenir, manipuler le système, aliéner le peuple et le réduire à la misère, la neutralisation (par les moyens mentionnés) de ces collaborateurs constitue une stratégie dont les résultats saperont les instruments  humains du régime, en dissuadant et avilissant (ne serait-ce qu’avec le temps),  toute velléité de le servir.

Pr ELY Mustapha