mercredi 19 février 2014

Le papier à mouche : « un président consensuel »

 

L’opposition revient au dialogue : Maure de rire !

 

mouche_transp- 2 Si vous avez envie d’éclater de rire quittez ce blog, car si vous ne pleurez pas en même temps (ce qui est humainement possible, mais rationnellement ne l’est pas), vous ne résisterez pas à entrer dans un désespoir profond suite à ce constat de la médiocrité de nos dirigeants politiques.

 

L’exemple le plus illustratif de cette médiocrité le voici :

Lundi 17 février 2014, le premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, a rencontré Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des Force de Progrès (UFP), un parti membre de la COD. Cette rencontre a eu lieu sur demande du premier ministre.

Objet de la rencontre : « échanger les points de vue sur la meilleure manière d’organiser une présidentielle consensuelle. »

A la suite de cette rencontre, le président de l’UFP, a fait la déclaration suivante :

« Le premier ministre m’a dit que l’objectif de notre rencontre est de discuter de l’organisation d’une élection présidentielle consensuelle. »

Maure de rire !

Une élection présidentielle consensuelle ?

Non ?

Vous avez bien lu une  « élection présidentielle consensuelle ». (Hé ! Défense de mourir de rire avant de terminer cet article !)

A-t-on jamais vu dans un pays une majorité au pouvoir et une opposition discuter pour l’élection d’un « président consensuel » ? Dans ce cas de figure : Où se trouve « l’opposition » et où se trouve la « majorité » ? Et vice-versa ?

On aura tout vu !

Une opposition qui veut élire un Président conjointement avec la « majorité ». S’entendre sur un président commun. Un président de consensus. Le ridicule en politique mauritanienne c’est l’élément absorbant permanent de la démocratie.

Les partis politiques de l’opposition – et ceux qui les composent- sont en Mauritanie comme les mouches, c’est le sucre qui les attire et c’est le pouvoir qui se sucre sur leur dos. Mais cette fois, il est en train de les attraper carrément au papier tue-mouche.

En effet, contre les mouches, on utilise soit une tapette (qui est déjà au pouvoir), soit le papier tue-mouches (le pouvoir en a déployé tout un tapis) soit du fly-tox (de l’intox haut vol). Et tous ces instruments politiques se trouvent déjà en Mauritanie.

Un proverbe américain dit : « Vous devez perdre une mouche pour attraper une truite ». Mais pour un pouvoir voulant aller à la pêche sans perdre sa place, il lui est donc plus facile de tuer les mouches puisque la truite est déjà dans ses rangs.

L’erreur des scientifiques est donc de croire qu’il y’a seulement 100 000 espèces de mouches dans le monde car en Mauritanie de nouvelles espèces sont encore à découvrir. Pourvu seulement qu’elles ne laissent pas des larves dans l’esprit des générations futures.

Mais comme à toute chose malheur est bon, on vient de découvrir,  grâce à la médiocrité de nos politiques une institution fondamentale de la médiocratie : le « président consensuel ».

Notion que nous pouvons définir comme étant : «  l’expression la plus basse du comportement politico-électoral lorsque, face à son impuissance, une opposition à un pouvoir en place, qui la piétine, lui propose les moyens de son propre avilissement institutionnel ».

Pr ELY Mustapha

mercredi 5 février 2014

Au bâtonnier de l’ordre des avocats de Mauritanie.

 

avocats

Prouvez-le !

 

J’exprime par cette lettre toute l’indignation que peut inspirer l’attitude de l’ordre des avocats mauritaniens à l’égard de l’affaire Ould Mkheitir ; cet homme qui, en plein XXIème siècle, est accusé de blasphème et d’apostasie, sur un écrit que rares sont ceux qui l’ont lu. L’ordre des avocats a, dans cette affaire, entretenu un silence sinon un immobilisme qui ne sied pas à la profession qu’il représente.

Monsieur, le bâtonnier,

Vous qui, ces dernières années dénonciez à cors et à cri, les dérives du régime politique mauritanien, du népotisme à la corruption en passant par l’abus de pouvoir et d’autorité, allez-vous garder le silence face à cette inimaginable transgression des droits de l’individu ?

N’est-ce pas vous qui avez écrit : « Nous devons être à la hauteur de notre mission qui va au-delà de l’organisation et la défense des intérêts matériels et moraux des avocats pour assurer, défendre et garantir les droits de l’homme, les libertés, l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoir, l’accès à la justice, le procès équitable et la primauté de la loi. »[1]

Eh bien prouvez-le !

Si vous ne le pouvez pas, vous remettrez en cause toute la profession d’avocat en Mauritanie que vous représentez. Vous aurez reculé devant l’injustice et l’obscurantisme et failli au droit de porter assistance à personne en danger. Et de primus inter pares vous serez le dernier d’entre tous.

Vous aurez comme votre collègue qui s’est désisté  jeté l’opprobre sur une profession sensée défendre les opprimés d’entre la veuve et l’orphelin.

Si Ould Mkheitir est aujourd’hui orphelin, ce n’est ni de sa famille qui l’a rejetée, ni de ses collègues qui l’ont banni, ni de la compréhension de son acte mais d’une défense digne de ce nom qui pourrait faire valoir ses droits devant la justice. Et sur ce point vous ne pouvez échapper à la mission qui vous incombe du fait de la nature même de votre profession.

Qu’à travers vous, l’ordre des avocats de Mauritanie prenne ses responsabilités face à cette transgression manifeste des droits et des libertés qui, si elle devait aboutir, jetterai une ombre sur le devenir du droit et de la justice en Mauritanie et consacrerait le discrédit de l’avocat mauritanien.

Aussi, Je vous invite urgemment à désigner un collectif d’avocats pour défendre au nom de la présomption d’innocence et du droit de la défense, ce jeune homme jeté à la vindicte populaire; vindicte attisée par d’obscures personnages jouant sur la sensibilité et la crédulité de certains, sur le fanatisme d’autres et sur la complicité certaine et silencieuse d’autorités officielles plus préoccupées de leur assise électorale que par le droit des personnes.

Et il n y a pires conjectures que celles qui peuvent mener un individu à la potence.

{يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اجْتَنِبُوا كَثِيرًا مِّنَ الظَّنِّ إِنَّ بَعْضَ الظَّنِّ إِثْمٌ }[الحجرات: 12

 

Pr ELY Mustapha


[1] http://www.avocatmauritanie.org/fr/index.php?option=com_content&view=article&id=133&Itemid=7