vendredi 29 juillet 2011

Le ramadan en Mauritanie

 

Une Prière pour le mois du Ramadan

le-jeune-de-ramadanLe mois saint de Ramadan est à nos portes. Ce mois sacré est la consécration même du pardon. Un mois dans lequel Dieu a donné la possibilité aux croyants de recevoir le pardon de l’éternel. Mais ils ne l’obtiendront pas tant qu’ils n’ont pas reçu le pardon de leurs semblables.

En effet, Selon Djarir Ben ‘Abdallah,  l’Envoyé de Dieu, Mohamed sallAllahualayhiwasalam a dit : « Dieu n’aura pas de compassion vis-à-vis de ceux qui ne l’auront pas pour leurs semblables. » Et l’homme, à travers Adam, est le représentant de Dieu sur terre :

" (وإذ قال ربك للملائكة إني جاعل في الأرض خليفة‏(‏ البقرة‏:30)‏).

Hélas, nous avons réduit nos prières souvent à un égoïsme tout tendu vers le gain du paradis. Et nous ne prions que pour notre salut en oubliant qu’il passe par nos semblables. Notre religion est devenue, pour certains, un moyen de gagner un pardon tout tendu vers un objectif ultime le Paradis et ce n’est pas là la bonne voie.

En Mauritanie, si le Ramadan est aux portes nous n’avons pas balayé devant la notre. Voici une prière que je vous propose, durant ce mois, afin que Dieu guide notre pays vers la tranquillité, la fraternité et la prospérité.

Dieu, dans ton immense grâce, accorde à notre pays la paix qu’il mérite. Donne à ses enfants la force de vaincre leur égoïsme et leurs différences. Fais que dans ta grande miséricorde, ce peuple puisse comprendre qu’il n y a de différences entre ses enfants que par la foi, l’honneur et la dignité; que devant toi, les blancs ne sont pas blancs et que les noirs ne sont pas noirs; que ce sont tous les fils et les filles d’un même père et d’une même mère.

Dieu dans ton éternelle bonté, guide les franges de ce peuple vers la conscience de leur unité et de leur solidarité. Allège leurs tourments et leur misère et rend justice aux démunis. Fais que ceux qui pillent et mettent dans les geôles de la pauvreté et de la souffrance puissent recevoir juste sanction sans ressentiment et sans rancune.

Dieu, dans ton immense sagesse fasse que nos dirigeants abandonnent la violence et comprennent le sens du devoir envers la nation. Mets la paix dans les cœurs et apaise les ressentiments du passé et du présent.

Dieu, dans ton incommensurable miséricorde, fasse que tous les mauritaniens dans leur diversité, dans leur langue et dans leurs couleurs, se soutiennent dans l’adversité et la détresse . Qu’ils s’accordent sur un destin commun et qu’ils soient les piliers d’une nation commune.

Dieu, toi qui, dans ton immense générosité, a donné ce saint Coran à notre peuple, qui nous enseigné la tolérance en toute chose, protège mon pays contre la violence et la division et restaure la fraternité et la solidarité entre ses enfants, du Nord au Sud et d’Est en Ouest.  Amin

Ramadan Moubarak.

Pr ELY Mustapha

mardi 26 juillet 2011

Le président mauritanien est-il Mauritanien ?

 

Commanditaires et commandités

Qui-est-concernéLe recensement en cours se devait, dans la logique des choses, d’établir d’abord la nationalité de ceux qui ont commandité le recensement , les commanditaires, et les recenseurs eux-mêmes, les commandités. Et à leur tête Mohamed Ould Abdel Aziz.

En toute logique n’importe quelle personne qui se verrait adresser une question lors du recensement pourrait la retourner à l’enquêteur qui la lui pose. En effet, pourquoi celui qui est chargé de faire le recensement serait plus mauritanien que celui qui subit le recensement? C’est la raison pour laquelle juridiquement le recensement en tant que processus administratif est frappé de nullité et tout acte qui en résulterait est frappé de la même sanction.

En effet, le premier vice de forme qui frappe le recensement est l’incertitude de la nationalité des agents qui en sont chargés. Sont-ils des Mauritaniens? Comment peuvent-ils le prouver? Les documents justifiant leur nationalité sont-ils valides? Disposent-ils même de ces documents? Qui pourrait en rapporter la preuve?

C’est autant dire que le personnel même chargé du recensement se doit de prouver sa nationalité. Et qui va la lui délivrer? A moins qu’en confiant ce recensement aux recenseurs on a établi une présomption de leur nationalité mauritanienne. Or en droit la présomption ne vaut pas à l’égard de la preuve manifeste. Et cette preuve manifeste n’a pas été rapportée pour les commandités du recensement. Mieux encore, cette preuve n’est nullement rapportée pour ses commanditaires au gouvernement et à leur tête le général Ould Abdel Aziz.

Alors qui prouve que celui, à savoir le chef de l’Etat, qui a pris les actes instituant et organisant le recensement,est lui-même mauritanien? Question fondamentale.

Certes, détenant les pouvoirs publics il pourra se faire délivrer tous les actes qu’il veut. Mais cela fait-il de lui un Mauritanien?

Est-il, dans cette situation, mieux loti qu’un pauvre agriculteur de Chemama, sans papiers (car il n’en a pas besoin pour faire pousser son blé) ou un éleveur Peul errant au nord de Sélibaby qui n’a pas de papier non plus (parce que cela n’est pas nécessaire pour garder ses vaches)?

Eh bien, oui, Ould Abdel Aziz est bien dans la même situation et doit  nous prouver sa nationalité mauritanienne. Et comment va-t-il le prouver? Certainement, en répondant qu’il est de père et de mère maures , qu’il a vécu en Mauritanie depuis des années et qu’il a intégré la fonction militaire mauritanienne depuis des années etc. etc. Mais cela prouve-t-il quelque chose? A la fois rien et tout.

Rien: parce que tout habitant de Mauritanie, prétendant à la nationalité pourra présenter le même argumentaire. Mais Ould Abdel Aziz est moins loti car la tribu à laquelle il appartient s’étend jusqu’au Maroc, tout comme le Peul dont l’ethnie s’étend jusqu’au Soudan. Si le second ne peut prétendre à la nationalité alors Ould Abdel Aziz ne le peut pas non plus.

Tout: Car la réponse de Ould Abdel Aziz pourrait alors servir de référence pour traiter les requêtes de nationalité. Car dans la réponse de Ould Abdel Aziz, il y aurait alors les deux éléments clefs par lesquels le droit accorde la nationalité. Le jus Solis et le Jus sanguinis.

Le jus Solis, ou encore le droit du sol, est la règle de droit attribuant la nationalité à une personne physique née sur un territoire national. Cette nationalité lui est accordée indépendamment de la nationalité de ses parents. Dans cette situation l’acte de naissance établi par les autorités du pays sert de preuve. le Jus sanguinis, quant à lui, donne le droit à la nationalité à celui dont les parents ont la nationalité du pays considéré. A ces deux règles s’ajoute celle de la naturalisation, qui donne la nationalité à un individu qui ne répond pas aux deux premières règles. C’est un acte souverain de l’Etat qui naturalise.

Alors, le premier habitant de Mauritanie qui doit prouver sa nationalité c’est bien Ould Abdel Aziz. Sinon comment saurait-on ce qu’est un Mauritanien si Ould AbdelAziz ne nous prouve pas qu’il l’est ? Et la façon par laquelle il va le prouver vaudra alors comme référence pour le recensement et pour prouver le nationalité de ceux qui font le recensement.

Dans le cas contraire, et si Ould Abdel Aziz ne se présente pas au recensement et prouve qu’il est Mauritanien, alors le recensement est nul et non avenu. Car celui qui l’a décrété n’a pas prouvé qu’il est mauritanien, ceux qui font le recensement ne l’ont pas prouvé non plus. Peut-on alors prétendre juridiquement attribuer une nationalité sur la base d’une identité juridique non prouvée et des actes administratifs de recensement frappés de nullité, émis par un détenteur de pouvoir non Mauritanien?

La question désormais n’est plus de savoir si le recensement doit être annulé, mais de savoir si le chef de l’Etat est Mauritanien. La seconde preuve emporte la première. L’accessoire, en droit,  suivant le principal.

Pr ELY Mustapha

lundi 25 juillet 2011

La nationalité sans Nation

A quoi sert-il d’être Mauritanien ?

« A défaut d’avoir bâti une Nation, l’Etat mauritanien veut en bâtir une en choisissant ses nationaux »

 

Xavier_Coppolani2Toutes les opinions relatives au recensement en cours en Mauritanie relèvent la problématique de l’exclusion de franges entières de Mauritaniens du droit à la nationalité. Mais le débat est largement faussé par le postulat de départ : la nationalité mauritanienne existe et elle est nécessaire. Or comme on le verra dans les développements qui suivent, la nationalité mauritanienne non seulement n’existe pas, que l’imprimé administratif octroyé qui porte le nom de certificat n’a ni la valeur ni l’effet de la nationalité. Et que poussant le raisonnement plus, cette nationalité peut même nuire à celui qui la porte.

Alors pourquoi vouloir être Mauritanien ? Etre américain, canadien, européen c’est bénéfique mais être Mauritanien ça sert à quoi ?

Pouvons-nous dire en quoi la « nationalité » mauritanienne est bénéfique pour celui qui la porte ? Il est certain que si on laisse de côté le reflexe patriotique mal placé pour la Mauritanie d’aujourd’hui, la réponse  est simple. Ce qui attache les populations à ce territoire, qu’on a appelle « maladroitement » Mauritanie, c’est simplement des liens affectifs (naissance, parents, famille alliés), et une mémoire individuelle (souvenirs d’une vie), c’est tout. Mais quels autres liens peut-on évoquer pour dire qu’il y a une nation ? Y’a-t-il une mémoire historique d’un combat collectif qui a cimenté les franges de la société ? Y’a-t-il une fraternité semée et entretenue dans la société mauritanienne dans sa diversité par l’Etat ? Une solidarité institutionnelle que l’Etat à travers une vision politique a instituée ? Un développement social et humain qui a promu l’être mauritanien à un niveau d’intégration social et économique le liant à son pays ?

Rien.

Pourquoi ?

La cruauté et la rudesse de la réponse n’ont d’équivalent que ce qui vit actuellement la Mauritanie. Une société divisée, tribalisé, ethnicisée jusque dans ses quartiers populaires. Un Etat-vautour violent et corrompu, une jeunesse sans lendemain, une économie exsangue, une diaspora immense … et un recensement par lequel à défaut d’une nation, l’Etat veut choisir ses nationaux.

Et pourquoi tout cela arrive-t-il ?

Parce que fondamentalement la « Mauritanie » ça n’existe pas et jamais on a fait quelle puisse exister et ce recensement en est la preuve la plus édifiante (I). Dès lors à quoi sert-il d’être Mauritanien ? (II) Et comment doit-on faire pour que ce pays à défaut d’être une Nation, puisse le devenir (III)

I- La Mauritanie ça n’existe pas.

Le nom de Mauritanie est une déformation de la « Maurétanie » romaine qui, géographiquement, n’a jamais couvert le territoire de  la « Mauritanie » actuelle. Invention  de Xavier Coppolani, dernier gouverneur français du grand « Sahara Occidental », qui remplaça avantageusement le « trab el bidhane » ou encore bilad chinguitt » pour dépecer ce qui constituait dans l’empire colonial français le grand « Sahara Occidental ».

Portant déjà portant mal son nom, la Mauritanie, est alors tracée géographiquement à l’équerre. L’équerre de Coppolani ne trouva pour seule limite que les méandres des rives du fleuve Sénégal. Toute la carte est une « triangulation » coloniale. Les faits sont là. Personne ne peut observer la carte de la Mauritanie, sans se rendre compte de l’énormité de la chose. Et l’on a appelé cela « Mauritanie ». On aura pu l’appeler “Angledésert”, comme on appela plus au Nord un autre pays, l’Angleterre.

Un Angledésert qui fut partie de l’empire du Ghana, puis partie de l’empire Almoravide, puis arrière-cour de l’empire Almohade, puis, désert tribal en petits émirats éclatés, puis conquête française, puis Xavier Coppolani, l’appela « Mauritanie », alors que tous les historiens savent que la « Mauretanie » romaine s’étendait de la Tunisie à l’Algérie jusqu’aux frontières Est du Maroc, mais jamais le territoire de la Mauritanie actuelle . Puis vint Moctar ould daddah, avec ses « que dis-je ? », puis l’ombre kaki couvrit la Mauritanie avec Ould Mohamed Saleck, qui en fut le premier produit et Ould Abdel Aziz, le dernier succédané.

Les grands Cheikhs, Sidiya Baba, Saad Bouh, Ma al Aynin qui se battirent sur un territoire indéfini, qui aujourd’hui a pris une forme angulaire et qui renie ses populations, doivent être en train de se retourner dans leurs tombes. Xavier Coppolani, lui-même, se prendrait à en rire.

Comment peut-on gouverner un territoire tracé à l’équerre sans être un obtus ?

Dans cette situation peut-on dire d’un territoire si vaste, morcelé et découpé d’empires, de royaumes et de colonies, qu’il constitue un pays ?

Un pays certes, mais pas une nation. Et c’est en cela que la Mauritanie n’existe pas. Elle répond à la définition de l’Etat telle qu’elle ressort du droit international et n’en est cependant pas une Nation.

Elle occupe géographiquement un territoire, elle a un gouvernement, elle a une population et dispose de sa « souveraineté ». Mais cela n’en fait pas une nation. Et c’est cela tout le problème qui est à l’origine de toutes les impasses que le pays vit actuellement.

Le premier Président de la Mauritanie, Moctar Ould Daddah, avait bien compris cette absence d’une histoire commune aux Mauritaniens au sens de peuple historique (car il n’y a pas dans l’histoire de Mauritaniens, comme on parlerait de grecs, de carthaginois, de romains etc.), il n y a que des tribus en transhumance sur des territoires qui s’étendaient du grand soudan aux rives de l’atlantique .

Pour pallier cette absence de liens historiques, mais que l’avènement de l’Etat rendaient désormais indispensables, il fallait trouver des concepts unificateurs tel celui la Mauritanie « trait-d’union ».

Le bâtisseur de la Nation nouvelle, que devait être la Mauritanie, trouva très vite des freins à son élan (la bataille raciale de 1966, la guerre du Sahara de 1975, le putsch militaire de 1978) qui réduisirent ce qui restait de l’élan patriotique naissant de l’indépendance et qui était favorable au « vivre ensemble » et à la cohésion de toutes les composantes de la société. La suite on la connait. Les militaires se soucièrent très peu de la nation. Au contraire, ils renforcèrent le tribalisme, par putschistes interposés, pillèrent tour à tour le pays par cousinage institué, imposèrent une arabisation effrénée, mal pensée et instrumentalisée sous le régime de Ould Haidalla qui détruisit ce qui restait de de liens communautaires.

Ainsi, tracée à l’équerre et découpée d’autres territoires, sans histoire unificatrice, sans dirigeants modèles, sans vision pour l’avenir, la Mauritanie n’existe pas. C’est un pays mais ce n’est pas une Nation.

La Nation ne se décrète pas, elle est avant tout la conscience de l’individu de son appartenance à une communauté humaine dont les membres sont liés par une identité commune (l’histoire, la culture, la langue, la religion..). La nationalité octroyée ne donne pas cette conviction de l’appartenance nationale. La Nationalité résulte de la Nation, elle ne la crée pas.

Voir à ce propos sur ce blog notre article : Contre l'extraversion de la Nation

Il n y a pas de nationalité là où il n y a pas de nation. Et l’on ne peut réclamer une nationalité qu’à une Nation. Les errements du recensement actuel le prouvent bien.

Ce n’est pas une nation qui à travers la Nationalité essaye de rassembler ses enfants, c’est un régime au service d’un Etat qui ignorant la Nation veut en créer une en choisissant ses nationaux.

Alors pourquoi vouloir coute-que-coute obtenir une nationalité octroyée au mépris de sa propre dignité ? En vaut-elle réellement la peine ?

II- Que vaut la nationalité mauritanienne ?

La nationalité mauritanienne, a-t-elle une valeur pour mériter tant d’égards ? Analysons-la sur le plan des valeurs. Sur la bourse des valeurs mobilières (actions et obligations) sur la bourse des valeurs sociales (intégrité et morale) et sur celle des institutions républicaines (Etat et administration)

a) Sur la bourse des valeurs mobilières : une entreprise en faillite

Si les nationalités du monde étaient cotées en bourse des valeurs mobilières, la nationalité mauritanienne ne trouverait pas preneur. Car, en bourse, la valeur d’un titre se mesure aux performances, aux perspectives d’investissement et de croissance de l’entreprise émettrice. La nationalité mauritanienne est un titre émis par un Etat en faillite (pour approfondir la question voir nos articles précédents sur la question : L’Etat Mauritanien est-il en déliquescence ? et La Mauritanie existera-t-elle encore dans 50 ans ? )

En détenant la nationalité mauritanienne, le national devrait en principe bénéficier des avantages qui vont avec. Mais pourrait-il y prétendre dans un pays classé parmi ceux à niveau de vie le plus bas de la planète, sinon à autre chose qu’à végéter au seuil de subsistance. Un système sanitaire où ne fleurissent que les structures mouroirs, où les médicaments sont plus mortels que le poison, où le système éducatif est en dégénérescence avancée, où tout se paye et se monnaye, ou l’emploi est aussi rare que l’eau du robinet et l’électricité, où la justice est inexistante où la sécurité est menacée jusqu’aux frontières. Un pays où 5% d’individus accaparent 90% des ressources nationales et monopolisent toute la sphère économique, du commerce aux banques, où le citoyen ne reçoit que les miettes….

La détention de la nationalité mauritanienne, est dans ce cas de figure un mauvais investissement dans un monde ouvert où elle peut condamner son détenteur à subir indéfiniment le poids d’une misère imposée qu’il combat par sa dignité. Et c’est là où la cruauté de la chose s’amplifie d’un recensement qui est une atteinte non seulement à ses droits mais à sa propre dignité.

b) Sur La bourse des valeurs sociales : une société en faillite

Sur La bourse des valeurs sociales, la nationalité mauritanienne n’est pas une valeur sure. Il suffit de constater ce qui est arrivé au pays ces trente dernières années. Toutes les valeurs sociales et morales ont périclité. Le vol, le mensonge, la corruption, la violence se sont érigés en valeurs.

Voir à ce propos nos articles sur ce blog notamment :

Une société mauritanienne traumatisée : Les seigneurs de la guerre.

Sur le  Divan: Analyse psychique d’un peuple qui se démène

Il y a dix ans déjà nous écrivions :

« l'Etat par la violence qu'il montre et par les tensions qu'il engendre est bien le premier responsable de cette traumatisante situation, il n'en reste pas moins que les facteurs immunisant du peuple se sont depuis longtemps émoussés. En effet, ce qui protégeait mieux, que tout autre bouclier notre société et l'esprit de nos enfants des dérives, était notre foi, notre culture et le respect de nos valeurs. Où est donc notre foi qui prône la tolérance et l'amour du prochain ?

Notre Islam s'est réduit dans nos têtes à un simple appel de muezzin et non point en une confiance en l’infinie miséricorde de Dieu.

Nous avons réduit notre foi en prières de pardon mille fois répétées oubliant que bien mieux que de demander pardon c'est de ne point commettre de crimes. Nous avons, jusque dans ces lieux construits pour adorer Dieu, immiscé les politiques d'ici-bas au nom de gouvernants éphémères face à l'éternité de Dieu.

Nous avons réduit nos enfants à quémander dans les rues leur pitance pour plaire à quelque marabout au détriment d'une bonne éducation coranique initiée par leur géniteurs.

Géniteurs défaillants, enfants abandonnés. Une foi en déliquescence. La culture qui est le moyen de résistance des peuples à l'oppression et à l'adversité s'est quant à elle réduite à sa plus simple expression. Elle est ce que les organes officiels veulent qu'elle soit ou qu'elle devienne. En somme rien.. Sinon une culture du non-développement, de l'esprit grégaire. Une culture de l'oisiveté et de la propagande. Quant à nos valeurs, elles ont souffert de tant d'années d'injustice et d'oppressions qu'elles ont fini par céder et se transformer en leur contraire.

Tout ce que la morale réprouvait, tous les vices se sont transformés en vertus...Le vol, la traitrise, le mensonge, pour ne citer que ceux-là, ont envahi l'espace des valeurs. Et le dernier bastion de résistance à l'interdit, est tombé mettant ainsi à nu les faiblesses du citoyen face aux hégémonies du pouvoir.

Voilà pourquoi, la foi, la culture et les valeurs morales s'étant affaiblies, la brèche par laquelle la violence s'est infiltrée s'est ouverte. Et quand cette violence est au quotidien que restera-t-il au peuple sans défense sinon le trauma ou la reproduction de cette violence? »

Dix ans plus tard tout cela est encore d’actualité. Peut-on alors vouloir appartenir à un Etat qui a bâti sa politique sur les non-valeurs, qui a commuté les vices en vertus et qui veut bâtir une nation en choisissant ses nationaux ?

c) Sur la bourse des valeurs institutionnelles

Les institutions républicaines qui doivent être la référence première de toit national pour le respect de ses droits, de ses biens et de sa personne sont inexistantes. Ceux qui détiennent le pouvoir l’ont fait par la force donnant ainsi la plus mauvaise image des institutions. Avoir la nationalité d’un pays ou les institutions fonctionnent à coup de gifles, équivaut à faire allégeance à la violence. Or la nationalité est basée fondamentalement sur la notion d’allégeance. Sur ce plan encore la détention de cette nationalité équivaut à accepter de son plein gré d’être esclave de cette violence, et de l’entériner pas son allégeance.

Voir ici : le manuel du parfait putschiste

La nationalité mauritanienne dans l’état actuel des institutions mauritaniennes, n’est autre qu’un certificat délivré pour servir (un Etat violent) et valoir (des autorités imposées) ce que de droit…on refuse (en fait).

Sur la bourse des valeurs institutionnelles, la nationalité mauritanienne ne donne droit à rien. Sinon de tomber sous la loi mauritanienne et ses juridictions.

De quels services bénéficient le « national » du fait de sa nationalité. Rien. Nos administrations publiques n’en font pas grand cas, nos représentations à l’étranger l’ignorent. Devant de telles administrations un étranger est mieux traité qu’un Mauritanien. Présentez-vous sous une autre nationalité (américaine, européenne…) et vous verrez la différence.

Votre nationalité ne servira que le jour où vous commettez une infraction. Vous serez alors un vrai national, passible de la loi et des tribunaux de l’Etat d’allégeance. Mais votre nationalité ne vous servira à rien si votre employeur étranger vous chasse (l’administration publique vous ignorera) , si vous réclamez la protection de votre Etat à l’étranger (votre ambassade vous négligera) …

Voir sur le comportement de nos ambassades à l’égard des nationaux :

Ce que nous coûtent nos ambassades.

Ainsi à la bourse des valeurs institutionnelles, la nationalité mauritanienne, est une non-valeur.

III- La Mauritanie peut-elle devenir une nation ?

A cette question la réponse ne peut être que positive. Tous les ingrédients d’une nation se retrouvent en Mauritanie. Toutefois, il y a une difficulté majeure.

En effet, le seul obstacle à l’édification de cette nation est celui qui paradoxalement devait en être l’artisan et le promoteur : l’Etat mauritanien.

Après les errements et les tâtonnements de la période Mokhtar ould Daddah, vinrent les trente années de plomb, les années militaires, qui portèrent un sérieux coup à l’édification de cette nation (division des communautés, répression, violence).

Aujourd’hui encore l’Etat se soucie peu de cette Nation (que nous voudrions tous d’égalité et de droits) pour se consacrer à une nation qu’il veut « monter de toutes pièces » pour répondre à des objectifs qui vont à l’encontre de l’histoire, des réalités sociales et des exigences du peuple. Le recensement actuel en est l’un des instruments les plus apparents.

Alors les choses étant ce qu’elles sont (une impasse), quelles seraient les mesures qui devraient être prises ?

L’Etat se devra de changer de politique et se consacrer à bâtir la Nation mauritanienne sans laquelle il n y a pas de salut. A cet effet les règles relatives au recensement se devraient d’être revues. D’abord faire un recensement quantitatif et non administratif, pour connaître le nombre de la population mauritanienne. Ensuite, créer des bureaux d’enregistrement de toutes les personnes détentrices de pièces d’état civils (acte de naissance, certificat de nationalité, carte d’identité passeport. Enfin, un premier travail doit être fait sur la validité matérielle de ces actes (faux ou vrais documents.). Ce recensement permettra alors de confirmer les droits de ceux qui ont des documents en bonne et due forme, demander à ceux qui ont des documents douteux de régulariser leur situation en fournissant soit de vrais documents qui peuvent permettre de le leur délivrer leurs documents civils (exemple les documents de leurs parents…).

La difficulté naitra seulement de ceux qui n’ont pas de preuve matérielle (documents) dans ce cas on peut recourir à la situation, le lieu de vie de la personne, son village, sa ville, ses connaissances pour lui délivrer ses documents.

Dans cette procédure de la nationalité, des règles strictes doivent être observée dont :

- L’origine du nom ne doit jamais servir de base pour douter de/ou rejeter la nationalité

- La bonne foi du requérant doit toujours prévaloir

- La procédure inquisitoire (actuellement utilisée) doit être remplacée par la procédure accusatoire (le requérant apportant la preuve de sa nationalité)

- Les preuves de nationalité doivent être ouvertes (parents, villages, famille etc. ) et non restreintes à quelque critères subjectifs (posés par une commission de recensement).

Ce ne sont là que quelques propositions qui pourraient être améliorées en vue de respecter les droits et la dignité du national et de ceux qui postulent à la nationalité.

En effet, si les ingrédients d’une Nation mauritanienne sont présents, le recensement actuel porte en lui les germes de la division dans un Etat sans nation.

Une nationalité sans Nation, c’est être apatride dans son propre pays.

Pr ELY Mustapha

samedi 23 juillet 2011

Echecs et Math

 

Le carré de l’hypoténuse

imageDepuis quelques mois Aziz, s’est doté d’un chef de cabinet professeur de mathématiques, un être irréprochable académiquement. Cependant le petit peuple se pose la question de savoir si Aziz a bien profité de ce mathématicien dans son giron. En quoi il lui a été bénéfique dans l’exercice du pouvoir.

Nous avons donc interviewé le général à ce propos, ses réponses sont édifiantes.

Question : Monsieur le général, un chef de cabinet mathématicien est-ce profitable pour vous ?

Général Aziz : Oui. Actuellement je suis bien conseillé, puisque mon chef de cabinet est un mathématicien. Depuis qu’il est là je connais enfin la table de multiplication. Cela m’a ouvert les yeux, je sais maintenant compter. Jusque-là je ne comptais que sur ma tête, maintenant je compte avec ma tête. Et cela m’a appris beaucoup de choses.

Q : Comme quoi par exemple?

Général Aziz : Je sais par exemple que Ould Boulkheir n’a que 4 députés à l’Assemblée nationale et pourtant il est le président de l’assemblée nationale ! Que Boidiel ould Houmeid a remboursé 120 millions d’Ouguiyas au fisc alors que c’est deux siècles de son salaire ! Que…

Q : Pardon.. pardon de vous interrompre mon général ! Mais c’est merveilleux, vous savez maintenant l’ampleur des dégâts à tous les échelons…

Général Aziz : Oui, oui.. Mais il y a quand même quelque chose qui m’échappe encore... mais que je suis encore en train d’essayer de comprendre grâce à mon chef de cabinet.

Q : Quoi donc mon général…

Général Aziz : Comment je suis devenu président de la République, alors que je n’ai jamais fait de politique, que je n’ai pas de parti politique et que je n’ai jamais, avant de devenir président, fait un discours politique.

Q : Et donc….

Général Aziz : Mais mon chef de cabinet mathématicien m’a tout fait comprendre. Il m’a dit «  mon général, vous avez toujours été sur l’hypo…l’hypo… 

Q : L’hippopotame ?

Général Aziz : Non…non … pas Boidiel !

Q : l’hypocrite ?

Général Aziz: Non pas ould Daddah…Attendez que je me rappelle. L’hypo…..

Q : L’hypocondriaque ?

Général Aziz : Non, pas ould Laghdaf !

Q : alors, l’hypotendu ?

Général Aziz : Non pas de Ould waghef ici s’il vous plait.

Q : Bon alors mon général ?

Général Aziz : Attendez , ça y’est je me rappelle. L’hypo…thénuse…c’est ça, l’hypothénuse !

Q : L’hypothénuse ?

Général Aziz : Oui c’est ça. L’hypothé..nuse ! J’ai même enregistré ce que mon chef de cabinet a dit. Il a dit : « La politique Mauritanienne mon général, c’est à l’image de la Carte géographique de la Mauritanie. Elle est tracée en angles droits. La politique mauritanienne est aussi un angle droit dont vous êtes l’hypothé…nuse ! ». Il a appris ça chez Pythagore, probablement une de ses connaissances scientifiques.

Q : Et qu’est-ce que ça veut dire ?

Général Aziz : Attendez, j’ai tout noté là . Je relis souvent ce papier mais je n’arrive toujours pas à tout retenir; il a dit : « dans le paysage politique mauritanien, en angle droit, vous êtes l’hypoténuse. Vous serez toujours plus grand que les deux autres côtés, les partis politiques et la société. Vous êtes la racine carrée de la somme des deux autres côtés ! »  C’est beau, n’est-ce pas. J’ai pas vraiment tout compris sauf que pour être une racine, je vais m’enraciner.

Q : Donc mon général vous êtes satisfait de cette merveilleuse réponse ?

Général Aziz : Tout-à-fait. J’ai confiance en mon chef de cabinet savant. Seulement il faut que je vois si ce Pythagore, n’est pas un ancien du RFD…Et si un poste d’attaché au cabinet l’intéresse.

Q : Vraiment mon général, il faut alors que vous profitiez pleinement du savoir de votre chef de Cabinet. La Mauritanie en a besoin.

Général Aziz : Tout à fait d’accord avec vous. J’apprends tous les jours. Je rattrape le temps perdu. Je vais d’ailleurs lui demander de résoudre pour moi certaines équations.

Q : Lesquelles ?

Général Aziz : Exemple : pourquoi chaque fois que Ould Daddah est introduit dans un problème la solution est toujours négative ?

Pourquoi Ould Boulkheir est un multiplicateur du dialogue, alors que celui-ci est nul ? Le zéro étant un élément absorbant de la multiplication, le monsieur devrait disparaitre !

Pourquoi tous ces partis politiques qui s’additionnent et se soustraient ne s’annulent pas !

Q : Mon général, vous m’étonnez !

Général Aziz : Bon, bon c’est rien ... Mathématique et mécanique ça rime ensemble. D’ailleurs, Je vais encore vous étonner. Je vais prendre un décret spécial demandant à ce que tous les partis politiques soient inscrits dans un ensemble mathématique définissant avec précision leurs propriétés.

Q : Eclairez-nous, mon général.

Général Aziz : Voilà une liste que je vais soumettre à mon savant chef de cabinet. Le RFD doit être dans l’ensemble des « nombres complexes fendus » vu l’état mental de Ould daddah, l’UFD dans les « nombres surréels », vu la personnalité de Ould maouloud, Tawassoul dans les « nombres irrationnels », vue le caractère transcendant de Mohamed Jemil Mansour…..etc.

Q : Et l’UPR ?

Général Aziz : Dans la catégorie des « nombres pseudo-réels ». Vue leurs jeux de combines combinatoires.

Q : Merci mon général… Euh, juste une dernière question : Jusqu’à quand resterez-vous une « hypoténuse » ?

Général Aziz : Jusqu’à ce que les deux autres cotés du triangle rectangle me rejoignent.

Q : Merci mon général

Général Aziz : Juste si vous pouviez en sortant demander à ma secrétaire de rechercher dans le répertoire du cabinet, le téléphone de Pythagore. Je lui confierai bien la Sonimex, la quadrature du cercle… de mes courtisans.

Je quittais le général, en me disant qu’au moins pour une fois, les maths ne sont pas responsables de certains échecs.

Pr ELY Mustapha

La mendicité politique

Le dialogue, le ridicule et le BASEP

dialogue oppositionLe ridicule n’a jamais tué personne, mais pour l’opposition mauritanienne il pourrait être mortel. Depuis des mois et des mois l’opposition demande à « dialoguer » avec Ould Abdel Aziz sans que cette opposition se soit rendu compte qu’elle ne compte pas !

Qui dans cette opposition s’est rendu à cette évidence : le pouvoir c’est Aziz, il l’a conquis par la force, c’est le sien et il ne le cèdera pas ; surtout pas une opposition qui veut « dialoguer ».

Aziz est-il arrivé au pouvoir en dialoguant ? A-t-il demandé à l’opposition son avis quand il accaparé le pouvoir ? Lui a-t-il même demandé conseil en quoi que ce soit ?

Eh bien non, et pourtant l’opposition ne veut pas se rendre à cette l’évidence. Aziz, n’est pas venu par le dialogue, il n a rien à faire du dialogue, il a une légitimité usurpée et une légalité forcée. Il a le pouvoir, il a le Trésor public, il a la force armée, le BASEP et il a une pléiade de sous-fifres constitués en parti d’une majorité fictive de l’opportunisme et de la corruption qui le soutient contre les miettes que l’on connait.

Aziz est le véritable maitre des lieux, il prend son temps. Il manipule. Il dresse les uns contre les autres, allèche certains pour se retourner contre d’autres, fait un semblant d’ouverture politique pour coincer dans son entrebâillement des pauvres « opposants » avides de pouvoir.

Il en appelle aux leaders de la COD au compte-goutte pour leur faire croire qu’il veut le dialogue pour aussitôt rejeter l’essentiel. Jouant au chat et à la souris. Et l’opposition se croyant quelque chose continue à réclamer le dialogue. Et sur quelle base elle le réclame ? Sur celle de l’accord de Dakar ! Un ridicule mortel.

Mais l’accord de Dakar, c’est un mort-né. Il est l’acte par lequel une soi-disant opposition par cupidité, constituée en FND, a enterré un Président pourtant élu pour s’acoquiner avec un putschiste et légitimer sa course au pouvoir.

Aujourd’hui, elle est frappée par la « malédiction du Soufi » (voir notre article « un soufi parmi les loups » sur ce blog). Ella a attrapé une fixation maladive sur le « Dialogue ». Une opposition qui ne fait plus rien sinon de réclamer le « Dialogue ».

Ses leaders se relaient pour réclamer le dialogue et se voient frustrés par Aziz qui le leur refuse. Quelle indignité !

Une opposition qui quémande, n’est pas une opposition, c’est une mendiante politique, un pauvre hère des institutions de la République.

Ce qui est certain c’est que Aziz , n ayant de compte à rendre à personne n’a que faire de cette misère. Qu’elle continue donc à tendre la main, elle ne recevra dans son obole que ce qu’elle a donné dans le passé: la trahison des institutions, l’opportunisme politique et l’acoquinage avec les putschistes.

Mais que veut donc, cette opposition du dialogue ?

Simple : elle veut partager le pouvoir !

Elle veut ce qu’elle a toujours réclamé : « un gouvernement d’union nationale ». (voir notre article : « Le mariage de la carpe et du lapin »)

A-t-on jamais vu de plus invraisemblable ? Une opposition qui veut exercer le pouvoir sans passer par des élections, qui veut qu’on lui accorde des postes au gouvernement sans les mériter.

Pourquoi ?

Simplement par ce qu’elle a passé un accord (de Dakar) avec un putschiste par lequel elle a sacrifié un président élu pour avoir une contrepartie dans l’exercice du pouvoir !

Un accord qui est basé sur une honte ne peut générer que la honte. Un accord qui a trahi la volonté de tout un peuple. Un accord par lequel une opposition veut avoir des privilèges sans passer par les urnes est nul et non avenu. Et de ce point de vue Aziz a bien raison de la rouler encore dans la farine, on ne lui reprochera pas d’être toujours égal à lui-même.

Face à cette politique, Aziz répond par le mépris. Et là encore, rien ne pourra lui être reproché, cette opposition là n’a que ce qu’elle mérite.

Mirabeau écrivit : « Je ne connais que trois manières d'exister dans la société : il faut y être mendiant, voleur ou salarié. ». En Mauritanie, l’opposition constitue le premier, l’Etat le second et le dernier crève de misère.

Dialogue, quel dialogue ?

Pr ELY Mustapha

lundi 18 juillet 2011

Le danger du verbe « limoger » pour la nation

 

LIMOGER1Lettre d’un ministre des affaires étrangères, de son état, qui a reçu des coups sur la tête à son président qui a fait des coups à la tête de l’Etat.

Monsieur le président,

Je vous écris avec ma main gauche, parce que la droite est traumatisée en protégeant ma tête des coups furieux que le chargé d’affaires de notre ambassade à Tunis, m’a assénés au milieu de ma chambre d’hôtel où je sirotais tranquillement mon thé en pensant aux secrets de polichinelle que j’allais vous raconter sur ma mission et que déjà le ministre des affaires étrangères tunisien connait puisque je n’ai pu me retenir de les lui raconter.

On m’apprit que mon agresseur, le chargé d’affaires, était furieux à cause de son limogeage et aussitôt j’ai essayé de fuir parce que l’ambassadeur lui aussi… était limogé. J’ai trouvé refuge à la clinique où ma tête reçut quelques soins intensifs dans le service hospitalier réservé aux victimes de délinquance. Heureusement que l’on retrouve ses cousins à l’étranger sinon que serai-je devenu ?

Monsieur le président,

Je n’ai rien à vous apprendre, car je sais que vous êtes habitués aux coups. Des coups d’Etat aux coups de tête, mais contrairement à moi, vous nous les donnez, alors que nous on les reçoit. Aussi, j’ai consigné dans mon rapport, que vous recevrez dès que j’aurais l’usage de l’autre main, quelques propositions concrètes pour que, nous ministres, nous ne soyons pas traumatisés du côté de la tête.

Parmi ces propositions celle de doter tout le gouvernement de casques de protection anti-secousses et antichocs. Je propose que l’on confie ce marché public à mon cousin qui n’y connait rien en casque mais qui est très fort dans les coups. Ce marché sera financé par un nouvel article ouvert dans mon budget libellé : « fond affecté au renforcement des capacités crâniennes des ministres en mission à l’étranger».

D’autre part, et au cas où ce fond serait détourné mettant nos crânes en danger, il serait bon que l’on remplace tous les chargés d’affaires, cette fonction devenue dangereuse, par des hommes d’affaires tout court. Ils sont moins dangereux et correspondent très bien à la mission de nos ambassades. Je ne vois pas d’inconvénients d’ailleurs, pour bien correspondre à cette mission, que l’on change l’intitulé de ma charge ministérielle en « Ministre des bonnes affaires étrangères ». On aura tous à y gagner puisque le ministère du Commerce sera sous ma tutelle.

Monsieur le président,

Je souhaiterai aussi que vous demandiez à la Francophonie, un rendez-vous avec Abdou Diouf, pour solliciter de sa bienveillance de supprimer le verbe « limoger » de la langue française. En effet, ce verbe « limoger » a causé beaucoup du tort à notre pays.

En 2005 quand vous et votre cousin ELY ould Mohamed Vall allaient être limogés par Ould Taya, vous avez fait un coup d’Etat, lorsque en 2007 Sidi Ould Cheikh Abdallahi, vous a limogé vous avez fait un coup d’Etat et lorsque j’ai limogé ce chargé d’affaires, il m’a donné des coups sur la tête.

Monsieur le président, ce verbe est dangereux, il va nous mener à notre perte. On pourra demander à la francophonie de le remplacer par un verbe toujours du premier groupe, mais bien de chez-nous. Aussi, je propose le verbe « remercier », qui veut lui aussi dire «dégommer», qui a les mêmes effets ,mais plus sympathique.

Monsieur le président,

J’aurai dû rester à la défense, au moins là je sais que je ne crains rien puisque je ne servais à rien. Aux bonnes affaires étrangères, je ne sers toujours à rien mais c’est plus dangereux. Vous devriez recruter tous les chargés d’affaires de nos ambassades au BASEP et les vaches seront bien gardées.

Mais je ne saurai terminer cette lettre, sans vous « remercier » de la confiance que vous avez placée en moi en tant que ministre des affaires étrangères et sachant bien que ce maudit verbe « limoger » est toujours utilisé, je souhaiterai qu’il ne soit pas utilisé à mon égard, car si vous, vous avez le BASEP, et si mon chargé d’affaires à des poings biens durs, moi j’ai une petite tête, je porte des lunettes et je risque d’y laisser ma peau.

Votre dévoué ministre des (bonnes) affaires étrangères qui aimerait avoir un poste plus tranquille sans être « limogé ». Je propose étant sans défense, incapable de me défendre, de revenir à la Défense.

Signé

Le ministre battu malgré lui.

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Pr ELY Mustapha

 

vendredi 15 juillet 2011

Du rififi à l’ambassade de Mauritanie

 

Le ministre des affaires étrangères battu par le chargé d’affaires

Nous n’avons pas l’habitude ici de faire état de faits divers, cependant la diversité de ce fait n’a d’équivalent que le déshonneur de nos institutions. On le savait depuis longtemps, nos ambassades ne sont pas dignes de représenter notre pays à l’étranger. Nous avons consacré à ce sujet bien des articles voir notamment sur ce blog:

L’ambassade de Mauritanie à Tunis a brûlé
L’ambassade qui a perdu la mémoire
De la gestion du patrimoine de l'Etat
Ce que nous coûtent nos ambassades.

Mais lorsque nos diplomates affichent la violence en pays étranger, il faut que l’Etat mette un frein à cette situation.

imageNous avions relaté les mésaventures de nos diplomates et de leurs démêlées avec les autorités tunisiennes  (commerce illicite, fréquentations douteuses…), mais cette fois, il s’agit de démêlées entre le chargé d’affaires de l’ambassade de Mauritanie à Tunis et le ministre des affaires étrangères mauritanien de passage à Tunis. Le premier s’est tout simplement présenté à l’hôtel “Sheraton” où logeait le ministre pour le battre de ses propres mains en bonne et due forme. Le ministre ne dut son salut qu’à l’intervention du protocole tunisien qui le sortit les mains sur la tête pendant que son poursuivant lui assénait les coups.

Hospitalisé à la polyclinique “Tawfik” à Tunis pour ecchymoses et entorses aux mains, il reçut la visite de l’ambassadeur de Mauritanie à Tunis, alerté par le responsable du protocole, qui l’assista à la polyclinique jusqu’à son départ de Tunis soit cette après-midi (vendredi 15/07) à 16 heures. La “bastonnade” ayant eut lieu entre 13 heures et 14 heures, heure de Tunis.

Pourquoi ce chargé d’affaires en est-il arrivé là?

Selon des sources de l’ambassade, l’arrivée du ministre à Tunis a coïncidé avec le fax que venait de recevoir de Nouakchott, le chargé d’affaires le limogeant de ses fonctions. Il s’en est alors prit au ministre dans sa chambre d’hôtel , puis en public entrainant la risée de toute la République. Retenu, par la police tunisienne durant deux heures , le chargé d’affaires fut libéré à la demande du ministre lui-même.

Cette situation qui ne doit rien aux faits divers est à la fois humiliante pour notre ambassade, nos diplomates et encore plus pour nous autres ressortissants mauritaniens à l’étranger. Si l’on en parle aujourd’hui dans ce blog, en fonction de la fiabilité des sources, c’est pour que l’on sache à quel niveau nos ambassades nous représentent à l’étranger. Après le vol, le détournement des biens de l’ambassade, voilà que la violence n’est même plus exclue dans nos représentations diplomatiques. Cela est extrêmement grave car les pays d’accueil nous traiteront en fonction de l’image que nous leur donnons. Elle est déjà extrêmement médiocre, faudrait-il que s’y ajoute la violence en terre étrangère?

L’on comprend alors que nos diplomates n’ont rien de diplomates . Ils ne font que perpétuer aux yeux du monde ce qui se passe à Nouakchott. Une diplomatie du tout pour soi, l’Etat n’existant pas. Duty-free ou la vie.

Pr ELY Mustapha

Mauritanie des politiques… et des chamailleries

 

La pauvreté comme modèle de développement

palais_1Tout observateur objectif de l’actualité mauritanienne remarquera que toute l’activité du pays tourne autour du politique et du terrorisme. Ces deux pôles constituant les extrémités d’un même axe, représenté en la seule personne de Mohamed Ould Abdel Aziz.

Tout le pays, pouvoirs publics et opposition compris, est tendu vers le politique. Les premiers pour le garder, les seconds pour l’accaparer.

Ce sont, d’un côté, les éternelles chamailleries politiciennes assises sur la mauvaise foi des uns et des autres qui alimentent le quotidien du Mauritanien et de l’autre , la menace du terrorisme qu’ont lui brandit et qui justifie les excès du pouvoir à son égard et à l’égard de la gestion publique.

Depuis des dizaines d’années, la Mauritanie végète dans cet environnement où la seule préoccupation est une lutte pour le pouvoir.

Un pays où les seules nouvelles sont les dénonciations, les invectives partisanes, les pillages, les emprisonnements, les viols, les expropriations, les jugements, les retournements de veste, la pauvreté, la misère, la fraude, les tensions…

Un tel pays a-t-il réellement un avenir ?

Entend-t-on jamais l’annonce de la réussite de projets nationaux d’envergure, d’inventions, de découvertes scientifiques majeures, de réalisations sociales ou économiques significative, de progrès dans un quelconque domaine commercial ou industriel à l’échelle nationale ou internationale?

Eh bien non, il suffit pour cela de se référer à tous nos médias écrits et audiovisuels pour s’en rendre compte. Alors franchement peut-on parler de développement en Mauritanie ? La réponse est encore non. Car la réalité est là : il n’y a ni progrès ni même les prémisses d’un progrès quelconque.

Il n’est nul besoin d’être économiste pour s’en rendre compte. La Mauritanie est un pays en récession perpétuelle, alimenté par une rente (ressources naturelles) et une oligarchie commerçante (à investissement improductif) et qui n’a aucune perspective de développement.

La raison en est simple : la Mauritanie ne suit aucune modèle de développement, elle n’a même pas de plan de développement économique et social. Elle navigue à vue, avec des ressources non renouvelables et ne bâtit rien pour l’avenir.

Ne demandez surtout pas aux autorités publiques quel est leur modèle de développement, elles n’en ont pas. L’horizon de l’administration publique se limite à gérer le quotidien, à vivre avec les moyens du bord, légalement ou illégalement. L’horizon de ceux qui la dirigent ne va plus loin que la volonté de s’incruster là où ils se trouvent et continuer à perpétuer la médiocrité et la servilité à celui qui détient le pouvoir.

Dan ces conditions, la recherche d’un modèle de développement est hasardeuse.

En effet, tout modèle suppose d’abord une volonté politique de le définir et de le mettre en œuvre à travers l’appareil de l’Etat. Ensuite ce modèle doit refléter une vision de société permettant de bâtir son avenir économique et social.

Or ni la première condition ni la seconde n’est remplie. Ni celui qui dirige actuellement le pays, ni ceux qui le soutienne ou le conseillent n’ont une vision pour le pays. Leur objectif est de se maintenir au pouvoir d’utiliser les moyens dont dispose le pays pour continuer à gérer leurs intérêts. Continuer à maintenir les chamailleries entre partis politiques, à maintenir les règlements de compte à travers un système judiciaire dépendant, à emprisonner et à diviser.

Quant à la seconde condition, elle entre dans la même perspective. L’administration publique minée par l’incompétence, le favoritisme et l’esprit de clans, subsistant sur des moyens dérisoires, affiche une incompétence notoire et de ce fait ne peut servir un quelconque modèle de développement.

Pas de vision économique eu sommet de l’Etat, pas d’administration viable, ni de structures techniques existantes, la Mauritanie végétera longtemps dans le sous-développement et il est probable qu’elle n’en sortira pas.

Pr ELY Mustapha

mercredi 13 juillet 2011

Les sanglots de ma mère

 

Hommage à la femme au travail

 

LIVRE3Plusieurs années sont passées depuis la disparition de ma mère mais je ressens encore ses sanglots. Au décès soudain de mon père, ma mère nous éleva à la force de ses bras et nous donna une éducation et une affectation qui firent de nous ce que nous sommes. Elle s’était battue, sans diplôme et sans moyens, contre l’adversité, se consacrant à ses enfants. Face aux difficultés elle peinait, mais cachait ses sanglots. Mais savait-elle que nous les ressentions au plus profond de nous-mêmes ? Je ne saurai le dire. Mais une chose est certaine, ses sanglots expriment encore pour moi, malgré leur douleur, le plus grand hommage que l’on puisse rendre à la femme au travail.

Ce livre lui est dédié.

Pr ELY Mustapha

 

Mon dernier livre en parution