jeudi 22 avril 2010

Un Coup d’Etat

Pour quoi faire?

imagesNostradamus, n’ y est pour rien. Mais les devins mauritaniens se sont mis à l’œuvre. Et des devins nous en avons à la pelle en Mauritanie. L’on se rappelle en effet la tournée de Aziz avant son élection ce que le marabout lui a dit. Vous pas? (Alors  lire ici: “la junte recto-verso”). Eh bien, toute la classe politique est actuellement sur les dents… Et ce n’est plus seulement l’opposition, tout le monde veut la peau de Aziz.  Même les caciques du PRDS se sont ligués pour rejoindre l’opposition. Exprimant le fameux adage: “les rats fuient le bateau qui coule”. Mais le navire Azizien coule-t-il vraiment  et pourquoi cette opposition en appelle-t-elle au '”coup d’Etat”?

I- Le navire Azizien coule-t-il?

AZIZ

Une part de réponse à cette question a fait l’objet de notre article précédent ( “Aziz a besoin d’un fusible” ), notamment en ce qui concerne les risques courus  par le personnage,  du fait de ses actes, à l’échelle nationale mais Aziz est aussi victime de ses alliances à l’échelle internationale.  Sa politique de l’alliance “à tout venant”, des premiers jours de sa présidence pour compenser la carence de légitimité dont il a souffert l’a mené vers les pays les plus honnis de la communauté internationale. Mais si une telle attitude a entrainé les réserves de cette communauté quant au choix des alliances du régime azizien,  le danger semble davantage venir des pays de proximité que de ceux éloignés.

En effet, la “sympathie” de  Aziz pour son voisin le Maroc n’a pas été applaudie dans la sous-région et ses positions tacites à l’égard du “problème sahraoui”, semblent réveiller quelques démons de déstabilisation et d’appel du pied à l’affaiblissement du régime Azizien.

La diplomatie mauritanienne, incompétente par nature  et guidée par une soif de reconnaissance du régime qu’elle sert, fait feu de tout bois. Ignorant la géostratégie sous régionale, elle tâtonne. Guidée davantage par les dosages d’influence, les équilibres tribaux et la reconduction d’un personnel diplomatique pléthorique gérant ses postes à l’image de la “politique du ventre” qui prévaut au pays, la diplomatie mauritanienne n’est guidée par aucune stratégie , ni des directives inscrites dans une vision étatique du devenir du pays. La raison en est simple: celui qui est au sommet de l’Etat, n’est un politique , ni un stratège, ni un leader inscrit dans une option idéologique claire permettant de situer ses options politiques devant guidant l’appareil diplomatique et consulaire. Aziz depuis son accession à la présidence, navigue à vue. Il ne tient pas la barre, il laisse dériver le navire-nation au gré des courants (politiques) qui, dans son giron usent et abusent de son régime pour souvent mettre la nation en péril (voir nos récents articles: “Contre l’extraversion de la nation” et “des partis, mal partis” ). Aziz est davantage guidé par un élan de concrétisation “d’engagements pré-électoraux” , l’inscrivant dans une logique qui semble l’aveugler au titre de “président des pauvres” (construction de routes…) oubliant par la même que les enjeux de sa stabilité politique sont ailleurs; confondant entre superstructure (le politique) et infrastructure (le bitumage des voies et chaussées). (Voir à ce propos le paragraphe “Confusion entre superstructure et infrastructure” de notre article précité.)

Ce manque de lucidité d’Aziz est doublé d’une véritable absence de volonté de dialogue. Alors que son prédécesseur, qui fait aujourd’hui tinter son chapelet du côté de Lemden, était pour le dialogue à excès (voir notre article: “Le poison de l’opposition”) Aziz côtoie la mégalomanie et se refuse au dialogue. Cette attitude du “niet” permanent a frustré l’opposition et même ceux qui par intérêt cherchaient à se rapprocher de lui. Son dernier “niet” à l’UPR à propos de son financement en est l’expression la plus cinglante.

Aziz développant une attitude “intravertie”, ne connait pas le dialogue. L’Etat c’est lui. N’est-ce pas lui qui fit tomber son prédécesseur, n’est-ce pas lui  qui a obligé l’opposition à signer le départ de son président, n’est-ce pas lui qui a fomenté et réussi son coup d’Etat, n’est-ce pas lui qui a résisté durant des mois à la pression internationale, aux menaces des institutions mondiales et régionales? Alors, il ne “doit rien à personne”.

C’est un self-made President.

DaddahMieux encore il a trouvé devant lui une masse de" “hauts-commis” malléables et corvéable à merci. En définitive, il devient démocratiquement le berger dans la bergerie. Loup il fut, berger il devint. Et cela l’opposition boutée hors de la bergerie ne l’a pas digéré. Son appel  au “coup d’Etat” n’est autre qu’un appel à rouvrir l’enclos.

C’est cette situation de blocage qui explique ce “ras-le bol” de l’opposition mais qui paradoxalement la sert. En effet, il ne fait pas de doute que l’opposition profite de cette situation pour déstabiliser le régime. Il n’est de secret pour personne que l’opposition en Mauritanie ne joue pas son rôle et qu’elle est entièrement tendue vers l’accaparation du pouvoir. Elle ne joue aucun rôle d’encadrement et d’éducation des masses, elle patauge dans un flou idéologique permanent, ses dirigeants ne développent ni de vision partagée avec le peuple ni de programme économique et social au profit des masses. L’opposition depuis notamment 2005, est entièrement obnubilée par les diatribes politiques, les dénonciations politiques tout azimut. Bref, elle tourne à vide dans un environnement de frustration politique et de déceptions électorales, passées et récentes, qui expliquent sa position actuelle qui pourrait se résumer en une phrase: “le pouvoir nous a échappé, on est négligé par le pouvoir, nous ne pouvons y accéder de sitôt, alors plus vite sera le mieux en appelant au putsch”. Une opposition qui appelle des solutions hors-la-loi…pour accéder légalement au pouvoir. En somme, un remake par l’opposition de la “méthode Aziz”. Là ou Aziz a réussi, l’opposition le pourra aussi.

II- Un coup d’Etat sur un plateau d’argent.

Les déclarations de l’opposition ont eu pour effet immédiat de mettre le général sur ses gardes.  Suivant le principe même de conservation, tout régime aura tendance à se protéger et donc à éliminer la menace. Cependant ce qui est grave, c’est que cet appel au coup d’Etat a été formulé par le Président de l’Assemblée nationale lui-même (voir ici l’article : “Avons-nous des dirigeants qui méritent le respect des citoyens” ).

C’est autant dire qu’une telle déclaration ne peut avoir que des effets fort négatifs. A court terme, le durcissement du régime, à moyen terme le déclanchement des représailles publiques ou privées et à long terme la déstabilisation des institutions de la République. Et en cas de coup d’Etat, qui y gagnerait?

L’opposition serait naïve de croire que ceux qui feront un coup d’Etat lui serviront le pouvoir sur un plateau d’argent. Un coup-made opposition.

Il semble bien que si l’opposition a appelé au coup d’Etat, c’est bien par une volonté de faire du “forcing” sur un régime qui se refuse au dialogue.Toutefois, cela ne semble pas vouloir s’arrêter là et des sources d’informations diverses font état d’intelligence avec un pays de la sous région qui n’apprécierait pas les positions du général sur le Sahara occidental et son rapprochement de son frère-ennemi frontalier. De telles informations restent cependant à vérifier.

Cependant, s’il  n’y a pas de fumée sans feu, le doute peu être permis quant à l’ingérence étrangère.

Enfin, ce qui est sûr c’est que autant Aziz que l’opposition sont allés trop loin , chacun en ce qui le concerne, dans l’instabilité qui caractérise les institutions de la République. Aziz par son attitude, l’opposition par ses déclarations. Mais une chose est certaine un coup d’Etat est toujours imprévisible et que s’il arrivait, il  n’arrangerait personne à part ceux qui le feront. L’histoire des coups d’Etat en Mauritanie le prouve bien.

Pr ELY Mustapha

4 commentaires:

  1. Prof,

    C'est ça qui fait peur: un coup sponsorisé par l'extérieur.

    L'opposition a montré qu'elle est malléable a merci. Aziz peut facilement la diviser. Je crois que le danger vient de la politique extérieure que Aziz poursuit. Dans cette course pour la reconnaissance internationale avec n'import qui: Iran, Soudan, Syrie, Zimbabwe, Venezuela, etc..

    Après chaque contact un problème avec les forts de ce monde: Iran (le nucléaire), Soudan (crime contre l'humanité et compétition avec les chnois), Venezuela (lien entre les FARC et AQMI sur la drogue), Syrie (pris la main dans la jarre donnant des armes au Hamas), Zimbabwe (la pourriture à souhait d'un système africain), la Lybie (les minarets et la prise d'otages suisses). Nos liaisons dangereuses avec le Maroc et l'Algérie sont encore plus dangereuses et on comprend difficilement que notre strict neutralité dans l'affaire du Sahara est necessaiire.

    Vous avez dit:

    Toutefois, cela ne semble pas vouloir s’arrêter là et des sources d’informations diverses font état d’intelligence avec un pays de la sous région qui n’apprécierait pas les positions du général sur le Sahara occidental et son rapprochement de son frère-ennemi frontalier. De telles informations restent cependant à vérifier.

    A-

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  2. l'armée n'est pas en reste du verrouillage que connait actuellement le pays .Un seul maitre à bord , les autres se taisent échange du gaspillage énorme de la chose publique .
    Les unités ont pour chef les plus de Aziz et tous lesmoyens sont pour se rapprocher;
    - griller leurs collègues par des comptes rendus mensongers
    - leur étiqueter d'appartenir aux clans opposés aà Aziz
    - les soupconner d'appartenir à la mouvance négro africaine ou haratine
    Mettre de coté un potentiel d'officiers intégres constitue une menace permanente pour le système de AZIZ surtout quand on séme en permanence l'injustice , Tel est le message qu'on lancer en l'air .

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  3. l'iran,leiivenezuela,la syrie,le soudan tout est fumee;et si au passage cette fumee peut rapporter tant mieux pour ehl ghada abderrahmane ould wenatty et ceux moins connus qui ont des inerets au venezuela.QUI pense serieusement que que Mansouri et Antona ont fait le boulot pour rien.La Mauritanie,Aziz paieront;c est la regle.f

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  4. L iran le Venezuela,la Syrie,le Soudan tout est fumee;et si au passage cela peut rapporter quelques sou tant mieux;les bus de l iran,la banque du soudan,la raffinerie promise par le venezuela:Mansouri et Antona peuvent bien payer leurs hommes par la monnaie de leur choix.

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