vendredi 20 février 2009

Un parti pris, n’est pas un parti.

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Le RFD a besoin d’un nouveau leader


Le malheur de la Mauritanie vient moins, aujourd’hui, de la présence des militaires dont on sait depuis belle lurette, ce qu’ils font et ce qu’ils viennent chercher. Le malheur du pays d’aujourd’hui vient d’une opposition qui jadis a eu son heure de gloire et qui, depuis le 3 Août 2005, en passant par le 6 Août 2008, joue l’opportunisme et les alliances avec le diable.

De cette opposition, qui n’en est plus une , le RFD en est la figure de proue. Le RFD autrefois un parti d’opposition au sens institutionnel et populaire du terme est devenu un parti qui est en train de tout bloquer et de prolonger la crise mauritanienne. Son président mu par des ambitions affichées a entravé ce grand parti et a porté aux nues des actes d’illégalité manifeste.

Lors de l’arrivée de ELY ould Mohamed Vall, à l’occasion du putsch du 3 Août 2005, le président du RFD a applaudi des mains et des pieds. Il a soutenu les militaires en qualifiant leur acte de « légitime », il a collaboré avec eux dans l’ambition de devenir président de la République au mépris de toute légalité en entérinant la modification de la constitution. Mais il fut mené en bateau et on sait ce qui arriva. Il fut battu aux élections par un inconnu et son parti, l’un des plus respectables, à la veille du putsch du 3 Août 2005 trainé dans la poussière.

Pourtant, il redora un tant soit peu son blason. En reconnaissant la légalité et la constitutionnalité des élections. Il congratula son adversaire vainqueur. Accepta de devenir Leader de l’opposition et entreprit d’aider à renforcer l’Etat de droit dans un Etat démocratique, dirigé par un Président démocratiquement élu et avec lequel il avait établi une tradition de concertation sur tous les problèmes du pays.

Et voilà qu’arrive le coup d’Etat orchestré par un officier limogé le 6 Août 2008. Alors que chacun s’attendait à ce que le leader de l’opposition mu par une volonté de maintenir l’Etat de droit auquel il a participé à établir, à défendre la légalité constitutionnelle qui garantit jusque sa propre existence en tant que leader de l’opposition et celle de son parti , défende les institutions démocratiques et la volonté du peuple, le voilà encore qui applaudit des mains et des pieds . Et qui trouve même au putsch une justification, que les putschistes eux-mêmes ont peiné à trouvé : la « rectification » de la Démocratie !

A la dérive de ce parti depuis 2005 nous avions consacré plusieurs articles en guise d'alerte éthique (voir notamment sur ce blog : " le parti kaki...le RFD pris au piège de ses positions militaires " ou encore " Ahmed Daddah pouvait-il agir autrement? Oui ")

Lorsqu’un parti, légalement constitué, suivant les lois de la république, qui ne se justifie que par la légalité qui encadre ses actes et qui trouve la source de son existence et son devenir dans la démocratie, se met à soutenir , les putschs, les dictatures et les régimes autoritaires au mépris de la légalité constitutionnelle, des élus légitimes et de la volonté exprimée de tout un peuple, alors ce parti n’a plus sa raison d’être.

Aujourd’hui, le RFD, à travers les ambitions personnelles de son président qui le mène au gré de ses idées arrêtées, a miné et continue encore à miner la scène politique mauritanienne. L’inconstance de son dirigeant, l’inconsistance de ses positions politiques et son attitude collaborative avec la junte et ses soutiens , en font un parti qui non seulement s’est sabordé populairement mais devient un obstacle à tout règlement de la crise mauritanienne.

En participant aux scénarios de la junte en entérinant ses actes et en jouant au « yoyo » politique, le RFD ne rend point service à la Mauritanie. Il prolonge, la crise, décrédibilise ses militants , terni sa ligne de conduite et réduit à néant son passé d’un glorieux parti qui a combattu la dictature et qui en a souffert en écrivant quelques une des plus belles pages de l’opposition en Mauritanie.

Ce parti là, espoir d’hier est devenu, une boite d’enregistrement et n’est plus que l’ombre de lui-même. Quand un parti fait fi de la légalité constitutionnelle, de la démocratie et de la volonté du peuple , il na plus raison d’exister. Quand il devient en plus de cela l’instrument d’une ambition aux mains d’un seul homme, entretenant la division et l’allégeance aux dictatures, alors ce parti se doit de se remettre en cause.

Toutefois nous restons profondément convaincus que la disparition de tout parti politique est une blessure portée à la démocratie, c’est pourquoi nous soutenons haut et fort que le RFD se doit de pérenniser. Pérenniser, certes, mais autrement.

Autrement, car le RFD, institution partisane, cadre d’exercice du pouvoir, se doit de se renouveler. Et ce renouvellement ne peut être que celui de sa structure dirigeante. Il faut que le RFD se recentre, se trouve un nouveau leader qui sait dire non aux dictatures de tous bords, qui place l’intérêt de la nation et de son parti, la volonté de ses militants et la philosophie socio-économique et politique de son mouvement avant toute autre considération.

Il faut que le RFD redevienne un parti mu par un mouvement des foules, un mouvement d’idées, un mouvement d’avenir d’une nation qui attend plus que des applaudissements et soutiens au premier venu. Un parti qui reprend sa lutte pour la légalité la démocratie et le bien être du peuple et de la nation tout entière. Qui s’allie aux forces du changement positif pas à celles de l’obscurantisme de la force aveugle et de la dictature.

Peut-on réduire la force d’un parti historique, sa charge de légitimité, ses objectifs de servir tout un peuple, à l’ambition d’un seul homme qui veut devenir président ?

Certes que non, la présidence est une fonction éphémère, le peuple est permanent . Et un parti ne pérennise que par, et à travers, le peuple. Sa source et sa justification. Pas à travers les ambitions temporelles d’un individu. Un parti pris par un homme, ne peut être un parti…politique.
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Pr ELY Mustapha

mercredi 18 février 2009

Un tribunal pour juger le général ould Abdel Aziz

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L’impunité des putschistes, le génocide lent de tout un peuple.

Il balaie d’un revers de baïonnette tous les espoirs d’un peuple, il avilit toute une nation, il mine l’administration, crée la zizanie et la division au sein de la population, il pille les ressources publiques, vide les caisses de l’Etat, soumet le pays aux pires sanctions internationales, souille son image à l’échelle nationale et internationale, confisque le développement du pays, arrête son développement, hypothèque ses relations économiques, corrompt ses cadres, spolie ses valeurs et réduit ses enfants à la misère courtisane… Et voilà qu’il annonce son retrait à la face du monde en présentant son départ à la communauté internationale comme une concession ! Et il l’accompagne même de conditions. Ce n’est pas le culot qui manque à ce mécanicien d’infanterie qui a si bien tripoté la machine-Etat qu’à défaut de pouvoir la faire démarrer décide de l’abandonner sur la pente de ses méfaits.

Le général limogé Ould AbdelAziz ne partira pas sans rendre compte de tout le mal qui rien qu’en sept mois, il a causé au pays . En sept mois, il a mis le pays au banc du monde, il en a fait le pays de ceux qui ne méritent pas la démocratie. Des berbéro-arabo-négro-africains qui sont la risée de toute la planète. Il en a fait un pays que les dictatures arabes et autres veulent récupérer en en faisant l’exemple même de ce qui pourrait le mieux arriver à ceux qui aspireraient à la Démocratie.

Le général limogé Ould Abdel Aziz doit rendre compte des crimes sociaux et économiques qu’il a commis. Il doit rendre compte pénalement et martialement de ses actes de trahison à l’égard de la nation et de ses dirigeants élus.

Pour les crimes économiques , ould Abdel Aziz laisse un pays exsangue dont les populations se démènent dans le dénuement le plus absolu, dont les hôpitaux sont des mouroirs et les enfants étalés dans les rues entre mendicité, drogue, prostitution et criminalité. Il est accusé d’avoir vidé les caisses de l’Etat et les maigres ressources de la nation dans son ambition personnelle, démesurée et sa soif d’un pouvoir qu’il a voulu conserver au mépris de l’intérêt de tout un peuple.

ll a encouragé une mafia de fonctionnaires et de politiques, issus tant du législatif, de l’exécutif que du judicaire par lesquels il s’est assuré l’assujettissement de franges entières de la population. Il a exploité les tribus, les oulémas, et même les étrangers pour s’allier à sa cause. Il a usé pour cela du trésor public, de ses ministres qui négocient des contrats déséquilibrés et qui bradent les ressources nationales pour une reconnaissance du général et de sa junte. Il a muselé les médias transformé la presse officielle en ondes et papiers de mensonges ridiculisant jusque l’Etat lui-même

Ould Abdel Aziz doit être accusé d’avoir dilapidé les biens publics et reconnu coupable de détournement de biens publics et tous ceux qui ont soufferts de sa mégalomanie sont invités à se constituer partie civile, en somme tout le peuple.

Un mandat national ou international doit être lancé contre lui pour avoir durant sept mois embrigadé et mis tout un peuple dans un camp de concentration en usant de la peur et de la menace et en emprisonnant à tour de bras en manipulant, à travers des magistrats véreux, le système judiciaire.

D’avoir privé des populations entières de leurs maigres ressources entrainant leur mort dans les hôpitaux faute de soins, en les privant des infrastructures qui assurent leur protection et leurs survies, en les réduisant à la mendicité quotidienne sans espoir de relèvement. Le taux de mortalité infantile n a fait que croitre, l’espérance de vie s’est détériorée, l’éducation bat de l’aile, et aucune réalisation ni sociale ni économique ne s’est faite. Tirant le pays encore davantage dans les affres des pays les plus sous développéss et les plus endettés.

Ould Abdel Aziz doit rendre compte de ses actes devant la justice. Tant à l’échelle nationale qu’internationale.

A l’échelle nationale, il doit subir des sanctions que tout putschiste se doit de subir. L’application des dispositions répressives du code pénal .



Le général Abdelaziz s’étant opposé au décret du Président de la République le limogeant voici ce qu’il devrait encourir :



ART. 182. - Tout fonctionnaire public, agent ou préposé du gouvernement, de quelque état et grade qu'il soit, qui aura requis ou ordonné, fait requérir l'action ou l'emploi de la force publique contre l'exécution d'une loi ou contre la perception d'une contribution légale, ou contre l'exécution soit d'une ordonnance ou d'un mandat de justice, soit de tout autre ordre émané de l'autorité légitime, sera puni de la réclusion.



ART. 183. - Si cette réquisition ou cet ordre ont été suivis de leur effet, la peine sera le maximum de la réclusion.



ART. 189. - Tout fonctionnaire public révoqué, destitué, suspendu ou interdit légalement qui, après en avoir eu connaissance officielle, aura continué l'exercice de ses fonctions, ou qui, étant électif ou temporaire, les aura exercées après avoir été remplacé, sera puni d'un emprisonnement de six mois au moins et de deux ans au plus, et d'une amende de 5.000 à 40.000 UM. Il sera interdit de l'exercice de toute fonction publique, pour cinq ans au moins et pour dix ans au plus à compter du jour où il aura subi sa peine, le tout sans préjudice de plus fortes peines portées contre les officiers ou les commandants militaires par l'article 87 du présent code.



Et voici les articles 87 et suivants:



ART. 87. - Ceux qui, sans droit ou motif légitime, auront pris un. commandement militaire quelconque, ceux qui, contre l'avis du gouvernement, auront retenu un tel commandement, les commandants qui auront tenu leur armée ou troupe rassemblée après que le licenciement ou la séparation en auront été ordonnés seront punis des travaux forcés à perpétuité.



ART. 88. - Lorsque l'une des infractions prévues aux articles 83, 85, 86 et 87 aura été exécutée ou simplement tentée avec usage d'armes, la peine sera la mort.

A ces dispositions s’ajoutent celles prévues par le code militaire pour la trahison, la rébellion et la prise des armes contre les autorités de commandement.

Ould Abdel Aziz se devrait de passer en justice et ce n’est pas en quittant son siège usurpé de chef de l’Etat qu’il échappera à la sanction.

En effet, c’est bien plus l’impunité dans laquelle baignent les putschistes depuis 1978 qui motive les coups d’Etat que la soif de pouvoir elle-même.

Tous ceux qui ont fait des coups d’Etat avaient calculé d’avance leurs « intérêts », dont le moindre est de s’enrichir et de partir rejoindre la vie civile sans être inquiétés.

Pourquoi refait-on les coups d’Etat ? Parce que ceux qui les réalisent reprennent le plus normalement du monde leur vie militaire ou regagnent la vie civile avec en prime les poches pleines et l’avenir assuré par le pillage.

Tous ceux qui ont mis à genou le pays durant des dizaines d’années de putsch ont donné l’exemple de cette impunité qui motive les putschistes d’aujourd’hui et qui motivera davantage ceux de demain.

Il faut que chacun rende compte de ses actes. Les militaires putschistes aussi bien que leurs sbires et autres malfrats civils qui les ont soutenus dans leurs forfaits devront être jugés.





Si l’on ne jugule pas cette impunité, la Mauritanie ne se relèvera jamais.

Qu’il parte ou qu’il reste Ould Abdel Aziz ne doit pas échapper à un procès en bonne et due forme, que toutes les forces vives de la nation se doivent de réclamer aux juridictions nationales et internationales. Et ce ne sera que justice pour le présent et pour l’avenir.

A l’échelle de la criminalité punie par les juridictions internationales, ould Abdel Aziz est passible de crimes graves.

En effet, lorsque l’on prive des populations entières durant des mois et des années de leurs moyens de subsistance et qu’on la réduise à vivre dans la misère et la maladie, n’est-ce pas l’équivalent d’un génocide à moyen terme. Dont les conséquences sont aussi désastreuses sur la vie des pauvres gens qu’un génocide froidement exécuté par les armes.





Si l’on devait de comptabiliser combien d’individus , hommes, femmes et enfants sont morts trop tôt ou de maladies, de malnutrition ou de manque de soins et de médicaments du fait des politiques prédatrices des régimes militaires précédents et actuels , le nombre équivaudrait bien au pire des génocides, en Europe, en Asie et en Afrique.

Les putschistes ont causé des « génocides » lents. Une mort lente de milliers de personnes dont les instruments ne sont pas des armes mais dont les conséquences sont les mêmes : la mort et le désarroi des populations.





C’est ainsi que les crimes économiques commis par ces juntes, constituent des crimes contre l’humanité et se doivent d’y être, par leurs effets similaires, assimilés. Une vie assassinée par une balle, et une autre morte de privation des ressources élémentaires de survie, n’est-ce pas toujours une vie que l’on a tué?

Ould Abdel Aziz, en partant, laissera les caisses de l’Etat vides, il laissera des concessions de ressources naturelles bradées aux compagnies étrangères pour une vile reconnaissance non obtenue. Il laissera une administration paralysée par des mois de gestion par des fonctionnaires véreux nommés à la faveur d’un soutien à la junte.





Ould Abdel Aziz en partant, aura creusé davantage le sous-développement du pays, réduit encore pour plusieurs années les chances d’un quelconque développement, et a fait du pays l’otage future des grands argentiers de la planète qui ne manqueront pas, vus ses besoins en ressources, à le mettre à genou sous l’endettement qu’il se devra de contracter pour survivre.

En effet durant tout ce temps passé par les juntes, le taux de croissance effectif du pays est largement négatif, un pays dont le revenu national (provenant d’une rente minière et halieutique) a fondu comme neige au soleil (voir mon article sur ce blog " croissance quelle croissance ?" ), dont les réserves en devises rivalisent avec le niveau de la mer et dont les entreprises ne produisent plus rien et où le chômage toutes catégories confondues est une catastrophe et une menace pour le lendemain. La crise frappant toute la planète, la Mauritanie a été plongée dans les abysses de la mendicité à venir et de la dépendance perpétuelle.

Ould Abdel Aziz devra-t-il au nom d’une quelconque manœuvre politique partir comme il est venu ?





Non. Ni notre conscience d'humain , ni celle de tout Mauritanien ne permettra une telle impunité.

Et ce n’est pas en faisant jouer des concessions pour sortir de la crise, et dont notamment son départ, qui fera oublier qu’il est responsable depuis plusieurs années et notamment depuis l’exécrable putsch qu’il a commis le 6 Août 2008 des malheurs que vit notre pays.

Le général limogé Ould Abdel Aziz devra rendre compte devant le peuple et la justice du gouffre dans lequel il a jeté, avec ses compagnons le pays. Et à travers lui tous les putschistes qui ont détruit le pays.

Car si Ould Abdel Aziz quitte en toute impunité, on ne résoudra pas la véritable crise qui est celle de tout un pays pris aujourd’hui en otage et qui le restera encore et toujours.

L’impunité est et restera toujours le gage des putschistes d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

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Pr ELY Mustapha