mardi 30 septembre 2008

Triste ramadan

-
Ce qui nous inquiète

A la fin de ce ramadan, on est triste. On l’est, parce qu’aucune solution n’a été trouvée pour sortir notre pays de l’ornière où il se trouve.
Ce qui nous inquiète ce n’est pas une poignée de généraux, ambitieux qui finiront bien par se soumettre ou se démettre. Ce qui nous préoccupe c’est ce que notre pays risque de subir suite à cette crise. Lorsqu’un pays déjà faible, menacé par tous les maux du sous-développement malgré les moyens et le financement international dont il disposait, s’en verra privé que lui arrivera-t-il ? Quel sera le sort de ses populations, quel sera celui des quelques pans d’un développement erratiques déjà entrepris ?

Ce que nous inquiète ce n’est pas quelques étoiles mal acquises sur des galons de velours aux couleurs de la forfaiture mis au service de l’omnipotence.

Ce qui nous inquiète c’est combien de ménages démunis souffriront l’enfer pour survivre dans une économie exsangue, combien d’enfants souffriront de sous-alimentation face à des produits alimentaires inaccessibles ou se raréfiant, et que d’autres ne recevront pas les soins requis par leur âge ; combien de malades succomberont au manque de traitements et de médicaments, combien de vieillards et de personnes fragiles ne pourront pas recevoir l’assistance par défaut de moyens.

Quel espoir pour une jeunesse en stationnement, poids lourd dans une économie ou les horizons de l’emploi sont incertains dont les portes grandes ouvertes du désœuvrement et de la criminalité sont la seule issue …

Ce qui nous inquiète c’est ce qui risque d’arriver aux populations, car ceux qui ont fait le putsch sont à l’abri du besoin, depuis leurs pillages antécédent des biens publics et ceux qui le soutiennent n’en sont pas moins leurs complices en la matière.

Notre dilemme, c’est de savoir qu’appuyer la communauté internationale pour exécuter ses sanctions économiques et financières contre le pays pousserait les putschistes à s’exécuter et en même temps de savoir que de telles sanctions auront des conséquences incalculables sur les populations non pas sur ceux qui tiennent le pouvoir….

En ce mois béni de ramadan, trancher ce dilemme requiert de prendre des positions de principe qui emportent pour chacun la conviction en son âme et conscience de la nécessité de telles sanctions internationales contre la Mauritanie.

Aussi, il convient de se poser la question : les sanctions auront-elles les effets escomptés, à savoir participer au rétablissement de la démocratie ?

Il est certain que de telles sanctions vont entrainer des sacrifices pour le peuple dont la gravité sera proportionnelle à la persistance de la junte au sommet de l’Etat. C’est autant dire, l’immense responsabilité que cette junte supportera chaque minute qui passe du fait de son acte.

Il est même probable que sachant bien cela, la junte joue sur cet aspect pour entretenir la menace et la crainte dont elle tire profit pour justifier sa présence et les promesses irréalisables qu’elle miroite au peuple pour l’assagir.

Et une telle attitude cynique édulcorée d’un arôme d’un nationalisme qui ne dit pas son nom, semble êtres jusque-là la stratégie de la junte pour faire face à la crise.

Toutefois, l’absence de sanction va mettre entre les mains de la junte des moyens financier lui permettant de continuer à pérenniser au pouvoir puisque tout son comportement indique qu’elle utilise déjà les maigres moyens financiers de l’Etat pour entrainer sa reconnaissance (voir notre article « A combien vont-ils vendre la Mauritanie »). C’est ainsi que tous les moyens seront affectés prioritairement aux objectifs de la junte, à celle de ses laudateurs et ses courtisans et autres « roumouz el vessad » et le peuple en sera certainement privé.

Dans cette perspective, les sanctions semblent être le seul rempart contre l’utilisation du financement international dont profiterait la Mauritanie à des fins dictatoriales en ignorance des intérêts de la nation.

Aussi, il nous paraît qu’avec ou sans les sanctions internationales, la junte est bien déterminée à poursuivre son œuvre de sape de la démocratie mauritanienne et de destruction de toutes les structures de développement.

En conclusion, sachant bien que jamais, avec cette junte, le peuple ne profitera des moyens financiers qu’il recevra et que la situation s’aggravera avec ou sans les sanctions, le seul choix à faire est d’œuvrer pour que la junte quitte le plus rapidement possible le pouvoir.

Ce qui nous inquiète n’est donc pas véritablement si les sanctions ou leur absence auront un quelconque effet sur la population, mais de savoir que la junte puisse encore rester ne serait-ce qu’une minute au pouvoir. Car chaque minute qui passe sonne, à l’horloge, le glas de la démocratie et la confiscation de tout un peuple, de son développement et de son devenir.
-
Peut-on souhaiter bonne fête à quiconque quand on sait que tout un peuple est en souffrance? Une fête peut-elle avoir le goût de l'amertume?
-
Pr ELY Mustapha

vendredi 26 septembre 2008

Stratégie de la junte en Mauritanie: la birmanisation

-
« Une démocratie où fleurit la discipline »

Une nouvelle anodine est passée dans la presse internationale, mais à y voir de près, elle ne l’est pas. Il s’agit du débarquement de troupes marocaines à Zouérate et dans la région du Tiris Zemmour. Objectif avoué : aider à lutter contre le terrorisme d’El Qaida au Maghreb.
Mais si l’on y regarde de plus près, c’est là un feu vert donné par la junte aux marocains d’établir une présence militaire marocaine sur le territoire mauritanien, ce qui constitue un aveu de la junte de s’aider du Maroc dans sa stratégie de pérennité au pouvoir en s’appuyant sur son voisin du Nord. Les déclarations récentes du roi Mohamed VI favorables à la junte ne laissent aucune ambigüité en ce qui concerne l’appui que la junte demande au Maroc.

Que signifie une telle situation (I) et quelles conséquences du régime militaire en Mauritanie sur la sous-région (II)?

I - la stratégie isolationniste de la junte.

Si l’on y regarde de près et malgré les mises en demeure internationales, les condamnations, la rupture des accords financiers et la suspension de l’aide internationale, la junte fait la sourde oreille et continue à monopoliser l’Etat et les institutions en plaçant ceux qui lui font allégeance à tous les échelons de l’administration publique. Mieux encore, elle use et abuse de son pouvoir pour faire adhérer à sa cause des militants anti-putschistes en leurs proposant la direction d’entreprises nationales. La junte reprend à son compte ce que son chef reprochait justement au régime de sidioca de vouloir acheter les adhésions au gouvernement de ould El Waghef.

Mais ce qui est plus grave , c’est qu’ à travers son entêtement et la répression qui sourde dans le pays, la junte ne s’achemine vers une stratégie réelle d’enfermement et d’isolement par rapport au reste du monde , en comptant sur le soutien de pays frontaliers (le Maroc notamment ) et en cherchant le soutien d’autres pays qui expérimentent cet isolement en droite ligne de la Corée du Nord et autres dictatures qui défient le monde. Sans dédaigner les alliances contre-nature (voir note article: "A combien vont-ils vendre la Mauritanie?")

Les militaires mauritaniens ressemblent étrangement par leur comportement de vouloir rester au pouvoir à ces militaires birmans qui en 1988 s’emparèrent du pouvoir et qui instaurèrent au fur et à mesure une dictature qui finit par l’assujettissement du peuple à sa volonté instaurant les travaux forcés et censurant les libertés publiques et bafouant les droits de l’homme.

Des instruments de coercition qui mirent la Birmanie, actuel Etat du Myanmar , au ban de la communauté internationale. Son peuple est quasi-analphabète avec un taux de mortalité élevé et une économie où le trafic de l’opium est soutenu par l’Etat.

Pays où les militaires pour pérenniser au pouvoir ont modifié la constitution en justifiant leur acte en ce que la nouvelle Constitution établirait « une démocratie où fleurit la discipline ».
Pays où les militaires se sont octroyés 50% du budget de l’Etat, où les partis d’opposition ont été interdits et où la justice est assujettie à l’exécutif. Et ou sévit le monopole des médias et la répression des journalistes.

Des images d’une Birmanie de la dictature dont certains traits ne sont pas sans nous rappeler d’autres qui existent déjà en Mauritanie depuis le putsch du 6 août 2008, et qui risquent de s’aggraver dans les jours à venir si la junte ne trouve pas (ou ne met pas) un terme à son pouvoir.

II- Les dangers du régime putschiste pour la sous-région

Récemment, une information citée par des sources médiatiques internationales a fait état des pressions qu’aurait exercées le Maroc sur le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, pour l’achat du port de Nouadhibou. Une stratégie marocaine de monopole de toutes les zone d’accès à la mer sur la côte Nord-Ouest atlantique au détriment de l’Algérie qui souhaitait une ouverture vers l’atlantique à travers ce port.

D’autre part, le rapprochement évident entrepris par la junte avec le Maroc, n’est pas sans conséquences sur l’Affaire du Sahara occidental. Rapprochement dans lequel les dirigeants du Polisario voient un complot contre leurs revendications territoriales. Et les algériens une déstabilisation de la sous-région.

C’est ainsi que les autorités algériennes ont dénoncé le putsch et pris, des mesures diplomatiques œuvrant à la non-reconnaissance du putsch à l’échelle de la communauté internationale.

Le débarquement des militaires marocains dans le Tiris-Zemmour, ne fait que conforter les algériens sur les velléités du Maroc et les intentions de rapprochement de la junte de son voisin au détriment du peuple sahraoui.

Dans ce contexte , la Mauritanie, le maillon le plus faible de la sous-région risque de se voir entrainée dans une tension sous-régionale dont les conséquences sur la stabilité du pays et sur son développement peuvent être catastrophiques.
L’alignement de la junte sur le Maroc va déclencher des mécanismes de déstabilisation dont la Mauritanie, à déjà eut de macabres expériences. Notamment la guérilla jihadiste et les attentats terroristes. Or ces deux phénomènes ne peuvent être jugulés qu’à travers une coopération intensive entre les pays de la sous-région. Or ce qui est en train de se passer est bien le contraire de cela.

Et il est certain que cela ne profite nullement au combat qui doit être livré de façon concertée. La tension engendrée par la junte à travers son comportement et son alliance préférentielle n’est pas propice à maintenir la paix.

En conclusion, tous les indicateurs nationaux et internationaux indiquent que la junte est acculée à disparaître, qu’elle doit quitter le pouvoir pour éviter le pire pour elle et pour le peuple. Mais ce qui est encore le pire à craindre c’est qu’elle ne soit déjà prise dans la gangue du système politico-laudateur mauritanien et de la machinerie sociale qui coupe les gouvernants des réalités jusqu’à ce qu’ils sombrent dans le désastre.

A voir les attitudes de désolidarisation de la junte qui commencent à s’exprimer (dernière en date, les 18 sénateurs démissionnaires du groupe de soutien au putsch) et les soutiens publics qui se font rares, on comprend que les rats commencent à quitter le bateau qui coule.

A la « démocratie où fleurit la discipline », préfèrons la Démocratie où l’espoir bourgeonne.
-
Pr ELY Mustapha

jeudi 25 septembre 2008

Images de violence

-
Une dame de pique dans un jeu de poker

Quelles images terribles que celles qu’offre actuellement notre pays au monde. La première dame du pays tirée par la force de son domicile et forcée de comparaître devant la commission d’une juridiction de règlements de comptes et son avocat molesté. Voilà qui ne prête pas à bon augure.

La violence s’installe véritablement et l’on ne recule plus devant des actes de violence à l’encontre de personnes publiques qui devraient bénéficier d’un minimum de procédures quant à leur traitement. Il en va de la dignité des personnes et de la crédibilité des institutions. La violence dont à fait l’objet l’épouse du président de la république renversé n’ira certainement pas dans le sens de l’amélioration la situation de la junte ni à calmer le pays, ni à apporter la paix dans les cœurs.

Au contraire, cette Information reprise par les médias du monde entier ternit davantage la réputation du pays et de ses dirigeants. Déjà que le pays n’a pas bonne presse à l’échelle internationale, voilà que l’on s’emploie à le livrer en pâture aux règlements de comptes par institutions publiques interposées.

Les conséquences en sont éminemment graves.

D’abord, il s’agit ni plus ni moins que d’un acte qui risque de réveiller bien des velléités revanchardes et mettre le feu aux poudres d’une situation sociopolitique quasi-explosive.
-
Ensuite, on accuse la junte d’être assise sur des fondements tribaux et en Mauritanie, il n y a pas qu’une seule tribu. Cette situation de violence sera interprétée dans l’esprit populaire comme une agression à l’égard d’une faction, d’une tribu, d’un clan ou d’une région. Et l’on sait que les guerres civiles ont toujours eut un fondement similaire.

Enfin, cet acte vise non pas à rendre une justice financière, mais deux objectifs que chacun connait :

- un règlement de compte des sénateurs tendant à faire payer à la première dame ses propos hispaniques.

- à faire pression sur le Président de la République qui est en détention pour céder aux exigences des militaires (démission, renonciation etc.)

Aujourd’hui le pays est la risée de toute la communauté internationale. Malmener une dignitaire de l’Etat et molester son avocat, ce n’est pas pour rendre une quelconque justice, c’est plutôt entrainer l’effet inverse. Celui que déjà la planète entière a pressenti, à travers le putsch : une violence aveugle qui risque de verser dans un cycle violent aux conséquences imprévisibles.

Un pays tout entier livré à la vindicte (institutionnelle, sociale, politique) et qui vît un quotidien de violence, pourra-t-il longtemps y résister ?

Ni l’Etat, ni ceux qui ont violé les institutions ne cherchent l’apaisement. Les pouvoirs publics ont développé aux yeux du citoyen une agressivité continue :

- au sommet de l’Etat, à travers des militaires putschistes

- dans la rue , à travers les forces de l’ordre et de sécurité,

- dans le quotidien, à travers les menaces économiques, financières, terroristes,

Alors que dans un tel environnement difficile, l’Etat se doit de rechercher la paix, le repos des consciences, à rassurer sur l’avenir , à rechercher les solutions pour sortir de la crise en évitant la violence et les heurts, le voilà qui cautionne les règlement de comptes sénatoriaux et qui pousse à la vindicte.

Une justice aussi personnelle que celle qui touche Khatou est-elle plus urgente , plus importante, que de régler les problèmes politiques, sociaux et économiques d’une nation en crise, menacée de toutes parts et qui va vers la dérive ?

Quelle importance a une "dame de pique" dans un jeu de poker où l’Etat joue ...à la roulette russe?

Pr ELY Mustapha

mercredi 24 septembre 2008

L’ultimatum du Conseil de Paix et de Sécurité

-
Le 6 octobre 2008 est un jour ouvrable

Le premier constat que fait le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine dans sa 151ème réunion, du 22 septembre 2008, est que les putschistes ont la tête dure, qu’ils ne veulent rien entendre depuis le début et qu’ils cherchent une échappatoire. Ce qui, en langage protocolaire, a été exprimé par le conseil dans sa déclaration de la façon suivante :

Le conseil « exprime sa grave préoccupation devant le fait que, malgré les efforts déployés à ce jour, aucune avancée n’a été obtenue sur la voie d’un retour rapide à la légalité constitutionnelle.»

La diplomatie putschiste d’approche de l’envoyé de l’Union Africaine en Mauritanie, n’a pas réussi à convaincre. Il a su se démarquer des positions attentistes et dilatoires de la junte.

Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine a, toutefois, été très "fairplay" avec le régime putschiste. Il lui a fixé un ultimatum avant que les sanctions ne tombent. Mais il a pris la précaution de laisser à la junte, le soin de gérer son putsch jusqu’à la fin du mois de ramadan. Comme quoi elle pourra quitter les lieux moins assoiffée… de pouvoir.
Mieux encore et pour rester dans la symbolique le Conseil à fixé la fin de l’ultimatum au 6 octobre 2008.
-
Du 6 Août 2006, au 6 octobre 2008, cela fait deux mois. Et comme les putschistes qui ont réussi leurs coups sont friands des multiples de 6 ( 12 décembre 1984 , 3 Août 2005, 6 Août 2008 ..), le Conseil a choisi le 6 ! Et c’est aussi un lundi, un jour ouvrable, on ne sait jamais au cas où ils voudraient retirer des fonds en banque…ou téléphoner à l’Agence pour l’emploi.

Voici en langage, plus protocolaire, les expressions du Conseil :

Le conseil « Exige le retour à l’ordre constitutionnel par le rétablissement inconditionnel de M. Sidi Ould Cheikh Abdallahi, Président de la République islamique de Mauritanie, dans ses fonctions, à la date du 6 octobre 2008 au plus tard, et met en garde les auteurs du coup d’Etat et leurs soutiens civils contre les risques de sanctions et d’isolement qu’ils encourent au cas où ils ne répondraient pas positivement à cette exigence. »

Aussi importante que la position précédente, tous les sous-fifres que le généralissime a eut dans sa mansuétude de nommer à tour de bras, vont bientôt être au chômage. Ils sont déjà en chômage de dignité et d’intégrité, ils le seront bientôt quant à leurs fiches budgétaires. Les ministres auront juste eut le temps de chauffer leurs maroquins et les émissaires tout azimut de la junte s’ils n’y prennent pas garde dormiront en SDF dans des aéroports du bout du monde.
-
Ce que, très protocolairement, le Conseil exprime de la façon suivante :

« Déclare nulles et de nul effet toutes les mesures de nature constitutionnelle, institutionnelle et législative prises par les autorités militaires et découlant du coup d’Etat du 6 août 2008 »

D’autre part les manœuvres visant à intéresser un pays pour avoir son soutien a trouvé sa solution dans la position du conseil :

Le conseil « Demande instamment aux Etats membres de l’UA et à la communauté internationale dans son ensemble de considérer comme illégitimes et illégales toutes les actions et initiatives des auteurs du coup d’Etat destinées à faire échec a la restauration de l’ordre constitutionnel »


Résumons donc, sans ambigüité, cette déclaration (que l’on peut lire en intégralité en cliquant ici ) :

- La junte est illégale et illégitime,
- Le coup d’Etat est fermement condamné,
- Exigence de la restauration du régime de Sidi Ould Cheikh Abdallahi,
- Toutes les décisions prises par la junte sont nulles et non avenues,
- Un ultimatum ferme est fixé pour la junte au lundi 6 Octobre 2008, pour restaurer le régime constitutionnel et la légalité institutionnelle.
- Les sanctions et l’isolement sont fermement déclarés,
- L’appel à la communauté internationale pour soutenir la déclaration du Conseil de paix et de sécurité.

Le généralisme ne pourra plus dormir sur ses deux oreilles. Et quoique puissent lui dire ses laudateurs et autres courtisans sur ses chances de perdurer au pouvoir le meilleur conseil est celui de la raison. Et c’est celui-là : Mieux vaut se démettre dans la dignité en réparant volontairement ses erreurs que de soumettre son peuple à la crise et l’Etat à la faillite.

Pr ELY Mustapha

lundi 22 septembre 2008

A combien vont-ils vendre la Mauritanie ?

-
Le mal du mal de reconnaissance

Le trésor public est certainement en train de se vider des sommes importantes que le HCE est en train d’utiliser pour ses campagnes tout azimut. Campagnes volantes, par délégations et émissaires officiels au bout du monde « pour expliquer les raison du putsch » , dons et autres sommes « offertes »à qui veut bien soutenir dans un papier quelconque sur n’importe quelle onde, ou dans n’importe quel parti ou mouvement , le HCE.

On a vu des journalistes faire volte-face, des fédéraux retourner leurs vestes, des banquiers faire le tour des aumônières à l’étranger , des fils à papa-président courir pour le HCE, des présidents de mouvement fausser la route à leurs compagnons, Mais ce n’est probablement que la partie apparente de l’iceberg. Qui sait combien, cette fin de « transition » forcée, qui a les allures de conquête, va coûter à la Mauritanie.

Mais pire que les ressources financières, qui sont sûrement actuellement dans un état désastreux et ne souffriraient pas de telles dépenses (voir notre article "Attention au Trésor public"), il est à craindre qu’un régime acculé à rechercher coûte-que-coûte la reconnaissance ne soit amené à céder sur d’autres plans bien plus dangereux pour la sécurité et la souveraineté de l’Etat. Des concessions qui risqueraient de coûter cher au pays et à son devenir.

Ainsi , l’alerte doit-être donnée particulièrement face à la stratégie actuelle des israéliens d’approcher le régime mauritanien en mal de reconnaissance et qui se traduisent dans la volonté des officiels israéliens , notamment la ministre des Affaires Etrangères Tzipor Livni de rencontrer le ministre des Affaires étrangères des putschistes Mohamed Ould Mohamedou.

On sait qu’Israël dans sa stratégie globale affichée dans la sous région recherche des bases-arrière politiques solides en Afrique du Nord pour contrer les pays de la sous région notamment arabes. Et étendre son influence sur le pays de la région. La Mauritanie est dans la situation actuelle une véritable « opportunité » à cueillir pour les sionistes. Et il n’est pas improbable qu’ils en aient saisi leurs alliés américains.

En effet, les israéliens sont bien capables de négocier auprès de leurs alliés américains toute mesure d’allégement ou de lever de sanctions à l’égard de la Mauritanie, et pourquoi pas d’appui du régime (les américains ont-ils jamais rien refusé à Israël ?) si les putschistes font des « concessions ». Concessions au profit de l’Etat sioniste ou de ses intérêts directs ou indirects. Cela peut aller très loin. Du renforcement de la présence d’Israël en Mauritanie jusque la « mise sous tutelle » de la volonté des dirigeants mauritaniens dans le cadre d’une géostratégie israélienne pour la sous-région.
Et les israéliens ne seront pas les seuls à profiter de la situation....

On dira , sans se tromper que le danger est proportionnel à la volonté de reconnaissance de la junte. Plus la junte perdure au pouvoir plus elle accumulera les déceptions quant à son soutien, plus cette volonté sera forte, plus le danger est grand et les moyens que la junte déploiera pour sa reconnaissance seront proportionnels à ce vouloir.
Moyens qui peuvent alors ne plus être de nature financière mais concessionnels sur les plans politiques et économiques. En somme un véritable danger pour la souveraineté nationale, pour les idéaux de la nation et pour l’avenir de la sous-région.

En définitive, il convient de faire pression sur la junte pour qu’elle livre son agenda de départ du pouvoir et la restauration de la légalité dans les plus brefs délais. Dans le cas contraire, en cherchant à perdurer et à gagner du temps, elle risque de ruiner le pays financièrement et économiquement et le livrer en « concessions » (politiques et économiques) successives aux étrangers qui la soutiendront. Et la « communauté » internationale n’est pas peuplée d’enfants de chœur.

Aussi, ce n’est plus seulement une question de pouvoir usurpé à restaurer , mais bien plus que cela : le destin d’une nation entre les mains d’une junte en mal de reconnaissance.

Pr ELY Mustapha

dimanche 21 septembre 2008

Stratégie pour une tragédie

-
Le terrorisme pour justifier la violence

Nous avions, six jours avant le coup d'Etat mis en garde contre un phénomène qui allait saper les fondements de l’Etat mauritanien, à savoir la désobéissance généralisée (Voir l’article : « la saga de la désobéissance ») . Cette désobéissance qui à tous les échelons de l’Etat (de la fronde au parlement, à celle des corps de sécurité présidentielle) allait mener à l'affaiblissement de l'Etat, à ce dont nous souffrons aujourd’hui : la violence à l’intérieur du pays et à ses frontières. Le coup d’Etat et les actes de terrorisme profitent de la faiblesse de leurs objectifs, se partagent un même moyen: la violence et visent un même objectif : l’accaparation du pouvoir. Et tous les deux sont des terrorismes institutionnels prenant naissance dans une institution républicaine, telle l’armée, ou dans des institutions extrémistes, telle El Qaida.

Aujourd’hui, ce que l’on remarque, à travers la tragédie de Tourine, c’est qu’une certaine violence se propage aux frontières, répondant à une autre violence putschiste qui a décapité l’Etat mauritanien.

L’acte accompli sur les corps des victimes de Tourine par les terroristes ou leurs commanditaires, n’est-il pas la reproduction exacte de ce qui s’est produit au sommet de l’Etat mauritanien ? Un ignoble message que les terroristes ont voulu faire passer en transfigurant nos morts.

Face à cette tragédie, tout ce que trouvent les officiels mauritaniens pour la parer se résume en une propagande, médiatisée à travers le ministre de la communication de la junte au pouvoir : « les terroristes nous attaquent parce que nous sommes proches de l’occident » ! Et ce ministre s’ingénie de façon extrêmement morbide à décrire avec détails la façon avec laquelle nos soldats ont été décapités.

Une telle attitude est d’autant plus répréhensible qu’elle fait fi de la morale, de l’éthique qui doit accompagner un hommage rendu aux morts et du respect dû aux familles des victimes et de leur douleur.

A quoi veulent donc arriver les officiels mauritaniens en voulant tant médiatiser l’atrocité du massacre de nos soldats ?

Certainement engendrer la compassion du monde occidental pour l’acte putschiste et justifier son existence. Certainement pour le verser au dossier de la levée des sanctions que la communauté internationale a engagé contre la Mauritanie et défendu par les émissaires de la junte. Certainement pour ne pas plaider coupable de ce qui arrive aux institutions politiques actuelles qu’ils ont pris en otage et réduit au silence.

Mais il est certain que de telles déclarations ne feront pas oublier que tout cela ne serait pas arrivé si la violence illégitime et illégale n’avait pas été donnée en exemple au sommet de l’Etat.
De telles déclarations ne font que mettre la violence au quotidien du citoyen et réveiller chez lui le sentiment d’insécurité qui est propice à toutes les perturbations de sa vie, en particulier et à l’instabilité sociale, en général.

De tels actes se gèrent avec le tact et la discrétion qui doivent être la qualité des hommes politiques responsables. Et quelle que soit sa violence, l’acte terroriste se doit d’être traité en mettant en œuvre les moyens matériels et humains pour le contrer. En somme agir avec une stratégie qui prendrait en considération, non seulement la gravité de la situation, mais qui préserverait les populations d’une psychose généralisée qui ne servirait ni le pays ni ses intérêts sociaux et économiques.

Ceci ne fera que mettre davantage le pays au ban de la société internationale comme un pestiféré.
-
Voilà l’image que le monde entier a actuellement de la Mauritanie : pays sous-développé, géré par la violence , sombrant dans la violence…Mis au ban de la communauté internationale et soumis aux pires sanctions internationales

Un pays commandé par une junte putschiste, qui a pris en otage ses institutions républicaines, dont les populations sont dans une psychose de violence permanente, menacé par des terroristes sans vergogne à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières, dont les soldats se font massacrer sans moyens et sans défense et dont la société civile est divisée quant à son avenir . Un pays ou les medias nationaux sont soumis à la propagande officielle, dont les forces de police et de sécurité sont corrompues et dont les populations vivent la misère quotidienne…

Et lorsque des putschistes arrivés par la violence font la propagande de la violence en se servant d’une tragédie d’une violence extrême pour justifier leur sort , la question se pose de l’inconscience d’un tel geste.

Ce qui aurait dû être fait à la suite de cette tragédie, c’est :
- de ne pas enfoncer le pays davantage en dénaturant son image face au monde, en prenant en main à travers une stratégie concertée avec les forces armées et de sécurité la meilleure façon, compte tenu des moyens disponibles, pour contrer le phénomène terroriste.
- Entretenir à travers les médias le calme au sein des populations, en évitant l’aggravation médiatisée de la tragédie et en rassurant sur le devenir du pays.
- Demander le soutien logistique de la communauté internationale, mais ne pas aggraver la situation intérieure face aux médias internationaux car cela hypothéquerait toute l’économie mauritanienne dépendant de l’investissement étranger et des secteurs entiers de l’économie nationale en seraient gravement affectés.

Mais au vu des déclarations des officiels tout ceci n’est pas une priorité. Ce qui est une priorité c’est une junte qui emploie tous les moyens pour assurer son maintien à la tête de l’Etat. Que le peuple soit mis en état de psychose violente, que l’économie soit affectée durablement , que le monde entier ne perçoive plus la Mauritanie que comme un pays sous haute alerte terroriste, cela ne gène pas la junte. Sa reconnaissance, et celle des intérêts de ceux qui la soutiennent, est bien plus importante que les intérêts de la nation.

Aussi, quand on s’impose par la violence et qu’on emploie les actes de violence pour justifier son geste, alors on ne récoltera que ce que l’on aura semé.
-
Une stratégie tragique pour justifier une tragique stratégie.

Pr ELY Mustapha

vendredi 19 septembre 2008

Le général Ould AbdelAziz en visite officielle en Mauritanie.

-
La TVM et autres mass-médias nationaux ne finissent pas de montrer le général Ould AbdelAziz en visite officielle dans les quartiers de la capitale et s’aventurant parfois du coté du littoral en visitant le port autonome de Nouakchott.

Le général interdit de voyage, voyage au pays. Il se fait des visites officielles dans les quartiers de la capitale. Un chef d’Etat qui ne fait pas de visites officielles, manque de quelque chose. Alors Ould Abdelaziz à défaut des grands boulevards colorés parisiens et les chemins embaumés d’Andalousie, fait ses "visites officielles à l’étranger"…. au pays.

Il a respiré l’air malsain de la misère du peuple dans les quartiers insalubres et démunis et a promené ses bottes dans les crottes des charretiers qui, comme l’immense population déshéritée, vivent de misère et d’eau…à prix d’or.

Médiatiquement, mise en bobine, montée et projetée aux heures de grande audience par des médias serves et serviles, « la promenade du général dans les enclos de l’infortune », ne saurait plaire ni convaincre l’esprit.

La seule chose que le général gardera de ses promenades est une insoutenable odeur de misère qui s’accrochera à ses bottes jusque dans sa retraite dorée usurpée.
En effet, que veut dire au peuple ce général en lui rendant visite jusque sur le terrain de sa misère ?

Qu’il ne connaissait pas que ce peuple était miséreux ? Lui qui depuis trente ans, agent et acteur de régimes militaires qui ont réduit ce peuple à ce qu’il est, ne peut l’ignorer. Lui qui, tout autant que tous ceux qui ont participé au pouvoir dans ce pays, en est responsable.

Voilà donc un général qui se promène parmi les charretiers et qui veut leur faire croire que c’est un porteur d’eau. Que c’est le salut. Le salut militaire. « Salut », par comités interposés, dont ils connaissent les effets sur leur misère..

Un général qui fait ses « visites officielles à l’étranger », à l’intérieur, et qui veut faire croire au peuple qu’il ne savait pas, ni n’était complice de ce qui lui arrive, ne cherche en fait qu’une seule chose : un bain de foule. Un bain qui pourrait le laver de tout soupçon d’ignorer la cause du peuple.

Mais on sait depuis Archimède que tout corps plongé dans un liquide est soumis à une poussée verticale de bas en haut opposée au poids du volume de fluide déplacé.

Ce principe appliqué au politique et particulièrement au « bain de foule » du général, compte tenu du poids politique du général et du volume de population déplacé, engendrerait une poussée si faible que jamais le général ne flotterait.
Et l’on ne peut que se réduire à l’évidence qu’une force ne chercherait l’appui de la faible que si elle sait déjà qu’elle est entrée en faiblesse.

Un général en visite officielle à l’étranger dans son propre pays, expérimentant la poussée d’Archimède dans un bain de foule, n’est-ce pas déjà la physique de la chute des corps ?

Euréka, ou Sidioca ?
-
Pr ELY Mustapha

jeudi 18 septembre 2008

En exclusivité : les mémoires du général Mohamed Ould Abdelaziz

-
« Contre du vent et des marais »

Voici des extraits des mémoires du général Mohamed Ould Abdel Aziz. En cours de publication à Paris (dépôt légal du 10 septembre 2008 sous le numéro MAZ6808). Editions du "Cherche-midi-à 14-heures". Préface : Guillaume Tell. Ancien instructeur à l’Académie militaire de Meknès. Mémoires intitulées : « Contre du vent et des marais ».

Avertissement du lecteur : mémoires en cours de publications et programmés pour la fin décembre. Le copyright est en vigueur.

Extraits Page 22 :

« Le jour du 6 Août 2008, Sidi Ould cheikh Abdallahi, ne voulait pas suivre le colonel qui lui transmit le message lui demandant de venir me voir. Il était 07 heures 10 minutes du matin lorsque ledit colonel m’informa du refus du Président, je lui intimais alors l’ordre que s’il n’obtempérait pas d’utiliser la force. Quelques minutes plus tard Sidi Ould cheikh Abdallahi était dans mon bureau. Il avait consenti, me dit-on, à suivre mon messager armé suite à l’insistance de sa propre famille qui craignait le pire. Je lui demandais alors de retirer son décret immédiatement et d’en informer les médias et qu’en contrepartie, nous renonçons à le destituer.
Il me regarda sans broncher et me dit d’un ton très calme : « Vous ne pouvez pas faire ça ». Il était visiblement surpris mais cette assurance que je ne lui connaissais pas, me remplit de rage.
J’ordonnais immédiatement à l’un des officiers en faction devant la porte de le prendre immédiatement hors du palais. Puis je me ravisais ne sachant pas exactement le lieu où je pouvais le mettre au secret. Je décidais alors de le garder au palais dans une pièce sous surveillance.

Au moment où l’un des soldats lui demandait de le suivre, Sidi Ould cheikh Abdallahi me regarda fixement et dit : « J’espère que vous connaissez les graves conséquences de ce que vous faîtes ».

Je ne le sus que plus tard, mais il pensait, à ce moment là, que ce qui lui arrivait était une simple opération d’intimidation et que j’allais vite revenir à de meilleurs sentiments. Je crois qu’il perdit cet espoir, lorsqu’une heure plus tard j’ordonnais son transfert dans une aile surveillée au palais des Congrès et qu’il apprit par les mass-médias sa destitution.
Lorsqu’il vît son ministre de la culture lire le premier communiqué militaire à la télévision, l’on me rapporta qu’il eut cette expression dont le sens m’échappe encore : « Tiens, le programme de poésie à cette heure-ci ? ».

A suivre…

(Pour respecter le copyright, nous ne publierons que quelques extraits de ces mémoires d’outre-putsch. Et prochainement l’extrait de la rencontre de l’auteur avec SIDIOCA dans sa résidence surveillée. Page 30 et s.)

Pr ELY Mustapha

La feuille de la déroute

-
Un parlement au garde-à-vous.


La « feuille de route ». Voilà une appellation qui s’applique tellement bien au document du même nom produit « nuitamment » par les parlementaires putschistes qu’elle est définie par le dictionnaire de cette manière : « Une feuille de route est, en langage militaire, un ordre de rejoindre, assorti d'un itinéraire. »

Il est parfois des définitions qui collent si bien à leur objet qu’elles en deviennent, à elles seules, des traités entiers.

Et l’on ne peut si bien dire lorsque l’objet se confondant avec le sujet, « la feuille de route », est à l’image de ceux qui l’ont produite : des parlementaires au garde-à-vous.

Parlementaires commandités qui veulent prendre la route sur une feuille aussi froissée que leur dignité.

Est-il vraiment nécessaire de s’intéresser à son contenu, lorsque ceux qui l’ont l’on produite sont illégalement réunis, illégalement convoqués, illégalement présidés et illégalement responsables ?

Il s’agit en vérité d’une feuille de la déroute, de la débâcle de tout le système parlementaire sous le poids d’une poignée de « putschistes » en habit de parlementaires. La déclaration du sénateur de Rosso, suivant laquelle les sénateurs voulaient déstabiliser le régime démocratique au profit des militaires ne laisse plus de doute à ce sujet.

Feuille de route, qui mène à une impasse au bout de laquelle, le mur. Pas celui des lamentations, au pied duquel une autre « feuille de route » a déjà mené des arabes consacrant, encore une fois, leur déroute. Mais le mur des regrets, au pied duquel cette « feuille de route », mènera ces parlementaires en treillis, consacrant, encore une fois, la déroute de leurs commanditaires.

Une « feuille de route » négation de tout ce qui fut fait pour que démocratie puisse perdurer.
Une feuille de route sur une route que personne ne prendra.

Pr ELY Mustapha

lundi 15 septembre 2008

Pourquoi nos soldats meurent-ils ?

-
Pendant que nos soldats se font tuer aux frontières du pays, leurs chefs se pavanent dans les couloirs de la présidence mettant en crise tout un pays au profit de leur ambition démesurée. Laissant tout un pays dans une vulnérabilité dont la regrettable preuve vient d’être donnée par le massacre de Tourine.

Alors que le pays a besoin de cohésion, de solidarité, d’un Président , d’institutions pouvant le gérer , d’une véritable institution militaire remplissant sa mission de défense du territoire, les chefs militaires bloquent tout . L’armée est laissée à quelques officiers qui aux quatre coins du pays se démènent comme ils peuvent avec ce qu’ils peuvent alors que la puissance de feu est concentrée par un général autour d’un palais qu’il a pris par la force.

Des généraux de bureau tout accaparés par le confort et l’omnipotence qui ont gagné leurs galons entre quatre murs. Et qui, grassement, ont tellement pris le pli du confort qu’ils en sont devenus des cherche-coussins dorés pour reposer ce qui leur reste encore d’embonpoint souvent acquis dans les couloirs de leurs offices.

Les soldats qui se meurent, dans des embuscades lâchement posées par des extrémistes, ou ceux qui veulent nous faire croire que ce sont des terroristes aux confins de la Mauritanie, défendent leurs pays. Ils sont morts. Douze soldats ont perdu la vie. Parias d’une institution militaire dont les chefs ont pris le parti de moins s’occuper de leurs soldats, de leur mission stratégique de défense du pays, que de rechercher à conquérir le pouvoir.

Une armée démunie, un peuple miséreux et des soldats qui se font tuer pour un pays que des généraux mégalomanes ont réduit à l’impuissance. Que Dieu les reçoive dans son immense miséricorde. Amin.

Pr ELY Mustapha

dimanche 14 septembre 2008

Le général limogé ou la solution à la crise

-
Qui t’a fait général mon général ?

Le général putschiste, qui ne dormait pas beaucoup, trouvait toujours au pied de son lit le général limogé qui ronflait paisiblement. Et depuis le 6 Avril 2008, qu’il apparut à ses côtés et ne le lâchait pas d’une botte, il l’ignorait toujours.

Chaque matin, il l’enjambait pour allait vaquer à ses occupations de putschiste. Mais la présence de ce général limogé, en tout point son image, le gênait énormément. Il le suivait partout. Pendant qu’il recevait en queue leu-leu ses applaudisseurs, il l’apercevait souriant du coin des lèvres. Un sourire narquois qui semblait dire « ils t’applaudiront, tu les nommeras et ils se retourneront contre toi dès qu’un autre prendra ta place ».

Mais la remarque que ce général limogé fit le jour suivant le putsch, l’avait sorti de ses gonds. Il était allé rencontrer ses applaudisseurs devant les grilles du palais et alors que les « vive mon général » fusaient de partout, le général limogé s’était penché à son oreille et lui a soufflé : « Qui t’a fait général, mon général ? ».

Depuis ce jour, il le détestait profondément et chaque fois, qu’il le trouve ronflant au pied de son lit, il l’enjambe pour aller remplir son devoir de putschiste.
Le suivant partout comme son ombre, il ne savait pas comment s’en débarrasser. Son sourire narquois, ses remarques désobligeantes du genre : « M’barré ne s’est pas barré, Ould Boulkheir est derrière, Sidioca c’est par là… ould Maouloud fait des coudes… Sarkozy a des fusils …Bush veut tes babouches…etc.» .

Bref, ce général limogé lui rendait la vie difficile et aujourd’hui , il décida d’en finir. Au lieu de l’enjamber, il décida pour la première fois de lui adresser la parole.

Après lui avoir asséné un grand coup de botte dans les côtes, il lui dit : « Dis-moi, combien de temps vas-tu encore continuer à me hanter l’esprit ? »

Le général limogé : « Tu sais, moi je suis tranquille. J’ai été limogé en militaire respectueux des institutions et des prérogatives du chef suprême des armées, j’ai accepté mon sort. Je me la coule douce au pays des limogés. Alors que toi tu te débats pour être autre chose que ce que tu n’es ou que ce que tu devrais être. »

Le général putschiste : « Qu’est-ce que cela signifie ? »

Le général limogé : « Tu es un militaire au service de la Nation. Ta place est dans les casernes pour défendre le territoire et l’intégrité du pays et non pas en train de mettre tout un pays dans une crise aux conséquences inéluctables parce que tes ambitions dépassent ta fonction. Tu as hérité de tes prédécesseurs cette attitude putschiste pensant que l’Etat et la Nation appartiennent aux militaires et tu continues à perpétuer cette infamie. Sans penser à ses conséquences. »

Le général putschiste : « Tu crois que j’aurai dû accepter sans broncher que ce vieil homme que l’on a placé à la tête de l’Etat, me limoge ? On l’avait placé pour gérer nos intérêts et il s’est retourné contre nous. Il n’a que ce qu’il mérite. C’est un ingrat. Au lieu de continuer à jouir paisiblement de son statut de Président, à faire ses voyages tranquillement, à bénéficier de tous ses avantages et de ses émoluments en nous laissant décider du reste, le voilà qu’il découvre l’utilisation abusive des décrets… »

Le général limogé : « Le problème à mon avis, n’est pas le président, le problème maintenant c’est toi. Vous êtes tous les deux en résidences surveillées. La tienne est juste un peu plus vaste….. Crois-tu sincèrement que tu as des chances de t’en sortir ? »

Le général putschiste : « Ma stratégie est d’essayer d’acquérir le plus de monde à ma cause et d’essouffler avec le temps la communauté internationale. Quand aux opposants de l’intérieur, ils sont plus accessibles… »

Le général limogé : « Là tu te trompes, car les émissaires occidentaux te l’on bien fait savoir. Tu ne resteras pas au pouvoir. Le retour à la légalité, tu vas y arriver et qu’est-ce qu’il adviendra de toi ? »

Le général putschiste : « C’est vrai que c’est un os, et tous ceux que j’ai nommés en grandes pompes pour convaincre le monde de la justesse de ma cause, ont été inéfficaces. Juste Wade, nous a refilé un petit coup de main…et là encore. »

Le général limogé : « Tu n’as pas répondu à ma question : Qu’adviendra-t-il de toi ? »
-
Le général putschiste (souriant): « Et qu’adviendra-t-il de tout ce beau monde que j’ai nommé ? »

Le général limogé : « Tu penses certainement à une solution. Laquelle ?»

Le général putschiste : « Si je ne peux pas rester alors le Président ne reviendra pas non plus ! »

Le général limogé : « Tu penses que ce serait une défaite pour toi que le Président revenait. C’est compréhensible. Mais y a –t-il une autre solution ?»

Le général putschiste : « Nous avons prévu des journées de concertation et des élections… »

Le général limogé : « Allons cesse de me mener en bateau, je suis ta conscience et tu ne peux me tromper. Les journées de concertation, c’est de la poudre aux yeux. Le CMJD en avait déjà rempli sa besace et personne n’y croit plus. Quant aux élections, tu sais bien que la communauté internationale a dit non. Et qu’elle réclame un retour immédiat à la légalité. La question des élections, il faut l’oublier… Les ambassadeurs occidentaux et les missives des organisations internationales te l’ont bien fait savoir…»

Le général putschiste : « Franchement, tu veux que je te dise, je souhaite que tout cela se termine vite...As-tu une solution ? »

Le général limogé : Raisonnons logiquement. Toi, tu sais que tu ne peux pas rester, mais tu ne veux pas que sidi revienne. Sidi veut revenir. La communauté internationale t’oblige à restaurer la légalité. Les partisans du retour de Sidi sont intransigeants. Ceux qui ne veulent pas du retour de Sidi le sont autant. Donc la solution ne peut être que mi-figue mi-raisin.
-
Le général putschiste : « Mi-figue, mi-raisin ? »

Le général limogé : « Etant donné que désormais la seule voie possible est le retour à la légalité. Il n’y a que deux solutions. La première solution: Le retour à la légalité, mais sans toi et sans sidi. La seconde solution : le retour de la légalité, avec toi et avec Sidi. »

Le général putschiste : « En effet, comment peut-on envisager cela ? »

Le général limogé : La première solution consiste en ce que toi tu décides de quitter le pouvoir en confiant le pouvoir à une autorité constitutionnelle pouvant organiser des élections dans les plus brefs délais. L’autorité la plus indiquée constitutionnellement est bien entendu le Président du Sénat, qui gérerait les affaires courantes en faisant revenir le gouvernement légal et organiserait les élections présidentielles dans les délais prévus par la constitution en cas d’empêchement du Président de la République….C’est une solution envisageable, mais il y a un problème. Outre les multiples oppositions dont certainement celle qu’affichera l’actuel Président du Sénat à une telle solution, il faut dire qu’il y a une grave entrave : la séquestration du Président de la République par un putschiste, ne fait pas partie des cas d’empêchement prévus par la constitution. C’est donc une solution caduque.»

Le général putschiste : « Et la seconde solution ? »

Le général limogé : « La seconde solution : Le retour à la légalité avec toi et Sidi. Sidioca est réinvesti dans ses fonctions, avec à la clef des décrets d’amnistie des putschistes et de leur nomination à des emplois préservant leurs grades et leurs avantages éloignés du centre de décision politique. Un projet de réforme de la constitution sera élaboré. Sidi dissoudra l’Assemblée nationale convoquera des élections législatives et demandera au gouvernement de déposer sa démission et de gérer les affaires courantes en attendant l’élection d’une nouvelle Assemblée parlementaire. Il réélira un nouveau premier ministre et un gouvernement emportant le consensus de la Nouvelle Assemblée. Un référendum est organisé après consultation préalable des acteurs politiques sur un projet de révision de la constitution dans le sens de l’équilibre des pouvoir entre les autorités exécutives et législatives. »

Le général putschiste : « Et moi que vais-je devenir ? »

Le général limogé : « Mais toi tu fais partie des putschistes non ? »

Le général putschiste : « Mais dans ta solution, moi je vais partir et sidi va rester...»

Le général limogé : « Pas exactement. Tu pourras choisir un poste qui conviendrait à tes ambitions politiques…N’es-tu pas en train de créer ton propre parti politique ? »

Le général putschiste : « Quel poste alors ? Dis-moi. »

Le général limogé : « Leader de l’opposition »

Le général putschiste éclata de rire (ce qui, à voir ses photos dans les journaux, ne lui était pas arrivé depuis le 6 août 2008). Ce n’était pas une mauvaise idée, se dit-il alors.
Mais il se retrouva tout-à-coup tout seul. Le général limogé avait soudain disparu. Il ne restait plus que le Général putschiste qui avait repris ... (sa) conscience.
Seul un écho résonnait encore dans le vaste palais : « Qui t’a fait général, mon général ? »
Auquel répondait un autre écho : « Qui t’a fait président, mon président ? »

Pr ELY Mustapha

samedi 13 septembre 2008

Le parti kaki

-
Le RFD pris au piège de ses positions ...militaires

Le meilleur garant pour un parti politique c’est sa cohésion et la permanence de sa ligne politique directrice qui sont les fondements de sa stabilité et de son invulnérabilité.

Le comportement défaitiste et négociateur du président du RFD face aux militaires est en train de porter préjudice à son parti. Alors qu’au moment du putsch le RFD pouvait se présenter en parti fort pouvant changer la donne politique en faveur de la démocratie (voir notre article «Ahmed Daddah pouvait-il agir autrement?»), en exigeant le départ immédiat des militaires en s’alliant avec le reste de l’opposition, il a préféré transiger sur les principes et négocier des entrées à un gouvernement illégal et des échéances électorales octroyées. Il n’eut satisfaction nulle part. Les militaires affichant une fin de non-recevoir à toutes les doléances.

Face à cette situation de refus, Ahmed Ould Daddah, s’est contenté de dénoncer et, encore une fois, de « prendre acte ». Et c’est là où les militaires ont compris, que le RFD était un parti dont la réactivité était bridée par son président, et qu’ils pouvaient le mener en bateau longtemps encore sans craindre de réactions. Mieux encore, ils ont compris qu’ils ont réduit le parti à un état de faiblesse dont ils pouvaient profiter. En effet, affaibli dans ses positions qui se sont avérées inopportunes, rabroué sur tout ce qu’il a demandé des militaires, sans solutions de rechanges et isolé des autres partis auxquels il a, au moment crucial, fait fausse route, le RFD se présente alors comme un parti sur la défensive.

Profitant de cet état, les militaires ont alors déplacé la « guerre » dans le camp du RFD.

Ils cherchent à le déstabiliser, à le disloquer et en fin de compte entrainer sa disparition. Ils ont choisi l’offensive. Et en matière de stratégie militaire, l’offensive n’est entreprise que dans quatre cas spécifiques : être convaincu de sa supériorité militaire pour vaincre l’ennemi, vouloir prendre l’ennemi par surprise ou l’ayant affaibli il s’agit de lui porter le coup fatal, ou enfin, lorsque pris au piège , il n y a plus rien à perdre en forçant une voie de sortie.

En ayant prêté le flanc aux militaires Ahmed Daddah, a baissé la garde. Il a crédité les militaires d’un comportement de bonne foi duquel ils se sont servi pour, justement, mener leur campagne de déstabilisation.

En effet, en entrant en négociations avec les militaires, le RFD a commis une grave erreur de stratégie : il a justifié que les militaires sont la clef qui résoudra la situation de crise.
-
Cette reconnaissance explicite leur a donné un poids certain dont ils se servent désormais pour prôner le fait qu’il sont un passage obligé et que le RFD n’est en fait pas si important que cela.
-
Aussi, les membres du RFD qui voudraient une solution peuvent directement rejoindre les militaires puisque Ahmed Daddah, n’est pas capable d’en trouver sans eux. Donc le RFD n’est plus nécessaire comme interlocuteur mais qu’au contraire, on peut facilement lui porter l’estocade à travers ses propres partisans. Partisans auxquels ont peut offrir le soutien matériel et logistique qu’ils ne trouvent pas dans leur parti. Et le fruit pourrissant de l’intérieur….

Disposant de moyens financiers et matériels , de l’autorité publique dont le RFD ne dispose pas, d’une réserve inépuisable de courtisans prêts à prouver leur allégeance, d’un ramassis d’intellectuels prêts à vendre leur plume pour une relative considération ou un emploi temporaire, les militaires peuvent changer la donne. Et l’on sait ce qu’il en advint durant ces trente dernières années où le RFD a été bafoué dans ses droits électoraux à travers des élections truquées où ses dirigeants trainés en justice durant des mois sur des inculpations mensongères et des rapports de police fabriqués de toutes pièces par ceux-là dont certains sont au pouvoir ou qui veulent l’acquérir.

Si les militaires ont déplacé leur « guerre » sur le terrain du RFD, c’est qu’ils s’attendent à ce que le RFD tombe comme un château de cartes et qu’ils pourraient les ramasser pour jouer à leur propre jeu. Un parti kaki.
Les contacts entrepris par personnes interposées, au profit des militaires, auprès de militants du RFD afin de les rejoindre en constituent les premisses.

Il est alors temps que ce parti change de stratégie pour contrer celle des militaires et la première de celles-ci est de refuser de rester sur la défensive mais de contre-attaquer en s’alliant avec les autres forces de l’opposition pour une stratégie commune de refus contre le fait accompli et de déployer une politique de blackout sur les militaires en exigeant leur départ sans préalables ni conditions.

C’est à ce seul prix que les militaires comprendront qu’ils ne peuvent investir un terrain dans lequel la cohésion des militants et leur volonté d’en découdre est inébranlable. Et ce que craignent par-dessus tout les militaires, c’est la résistance organisée.
-
Pr ELY Mustapha

jeudi 11 septembre 2008

Am naa giléém ca Gànnaar yomb naa wax

-
La sénégalère de Wade

Si le coup d’ Etat du 6 Avril 2008 a révélé, au-delà de la bêtise humaine, quelque chose, c’est bien que l’Etat Mauritanien affiche une piètre image à l’extérieur et ses dirigeants n’ont aucune influence sur la scène internationale (II). Le comportement du Président Wade, que l’on avait déjà stigmatisé dès les premières heures du putsch en Mauritanie (voir l’article "Montesquieu ou Machiavel" »), le prouve bien. Comportement qui, paradoxalement, se retourne contre lui (I).

I- Wade ou comment on justifie un coup d’Etat contre soi-même.

Lorsque l’on entend ce que le Président Wade a affirmé à propos du coup d’Etat en Mauritanie, on comprend que l’Afrique est tellement « mal partie », qu’elle n’en reviendra plus.

Lorsqu’un chef d’Etat africain démocratiquement élu approuve le coup d’Etat contre un autre chef d’Etat tout autant démocratiquement élu, l’on ne peut que rester perplexe.

Lorsque ce même chef d’Etat va justifier le point de vue des putschistes en affirmant qu’ils sont « sur la bonne voie pour organiser des élections libres et démocratiques qui permettront aux Mauritaniens de choisir leurs dirigeants"», il entérine et soutient de façon flagrante l’illégalité.
Wade va jusqu’à tirer sur l’ambulance en affirmant que son homologue mauritanien paye « les erreurs politiques qu’il a commises. ». Ce qui signifie bien entendu qu’il mérite ce qui lui est arrivé.

Abdoulaye Wade , commet ainsi l’une des plus graves affirmations que puisse faire un chef d’Etat africain attaché à la démocratie et à la paix.
-
Une telle attitude est non seulement indigne, mais elle ouvre aussi dangereusement la porte à toute forme de remise en cause violente de l’autorité démocratiquement élue. Et Wade, n’échappe pas à la règle. Il y a des militaires aussi au Sénégal.
Et les « erreurs » de Wade peuvent justifier un remake du même scénario au Sénégal même s’il compte un peu trop sur l’armée française qui mouille sa flotte au large de Saint-Louis. Un malheur est vite arrivé. Depuis tant de coups d’Etat en Mauritanie on en sait quelque chose. Et c’est une pratique qui s’exporte facilement dans un pays qui n’en a pas connue surtout lorsque son chef d’Etat justifie les coups d’Etat contre une autorité démocratiquement élue comme lui.

Et les erreurs que Wade reproche à son homologue renversé, il en a lui-même fait. « Les milliards de Thiès », « les coursiers porteurs de chèques sur les fonds politiques de Wade », le chantier de « l’ANOCI » (L’Agence Nationale pour l’organisation de la Conférence Islamique) engloutissant des milliards et confié à Karim Wade.

L’on se rappelle encore l’affaire des « milliards de Thiès « pour lesquels la Commission d’Investigation de la Haute Cour de Justice a bien noté que plus de 5 milliards de Francs CFA ont été remis en chèque à Victor Kantoussan, garde du corps au service de Karim Wade, fils aîné et conseiller spécial du Président Abdoulaye Wade.

Le Président Wade s’étant d’ailleurs entouré de porteurs de valises qui ont corrompu des magistrats et de fonctionnaires. Entrainant la mise sur pied d'une commission d'enquête de la Haute Cour de Justice sénégalaise. Et le "Quotidien"sénégalais de rapporter:
« L’examen de la gestion des fonds politiques est en train de permettre des découvertes effarantes. Idrissa Seck en avait prévenu les membres de la Commission d’instruction. L’ancien Premier ministre avait déclaré, lors de son audition au fond, qu’à l’exception du Khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké, il a fait signer des décharges à toutes les personnes à qui il a eu à remettre des sommes tirées des fonds politiques du Président de la République, y compris de hauts magistrats.
Un tantinet provocateur, Idrissa Seck déclare : «Si vous voulez, je vous sors tous mes bons et l’on verra bien !»

Cette perspective est fort redoutée, car le cas échéant, les tireurs de ces bons devront être entendus, à titre de témoins. Il serait ahurissant de voir des magistrats témoigner dans un procès qu’ils doivent instruire. En outre, avec une certaine malice, l’ancien Premier ministre a tenu à faire remarquer aux magistrats instructeurs qu’il est fort curieux que des fonds politiques de l’Etat du Sénégal soient domiciliés dans des comptes ouverts à l’étranger. D’ailleurs, logique pour logique, de la même manière que des responsables de la Cbao et de la Sgbs sont appelés à témoigner devant la Commission d’instruction, d’aucuns se demandent s’il ne faudrait pas donner des commissions rogatoires internationales pour auditionner des banquiers en France notamment. »

Quant au chantier de « l’ANOCi » (L’Agence Nationale pour l’organisation de la Conférence Islamique) engloutissant des milliards et confié à Karim Wade, le « devoir citoyen » avait écrit :

« D'abord sur le plan financier, personne ne saura évaluer les milliards engloutis par l'Agence nationale pour l'organisation de la conférence islamique au nom de la réussite dudit sommet. Si l'on n'y prenne pas garde, cette nébuleuse (ANOCI) dont on ne connaît pas jusqu'à présent les prérogatives exactes, sera l'un des fossoyeurs de notre pauvre et balbutiante économie.
L'ANOCI serait présidée par un brillant intellectuel sénégalais qui, selon ses subordonnés, est un grand professionnel de la finance qui en maîtriserait tous les principes et fondements. Seulement, au grand dam de ses partisans, voila que cet illustre financier, de surcroît, fils de Sa Majesté le roi Abdoulaye WADE n'est même pas capable d'achever la construction de certains échangeurs, de quelques hôtels et de les livrer à temps voulu.
A quelques semaines du 11ème sommet de l'OCI, la plus belle corniche d'Afrique donne l'image d'un gouffre à milliards qui nécessite quelques rafistolages pour réparer les erreurs décelées sur la base d'une constatation d'architectes."

Abdoulaye Wade a cultivé le népotisme et la mégalomanie, en transformant sa propre famille en pourvoyeur de l’économie sénégalaise. Voici ce qu’en écrit « Le devoir Sénégalais » :

« La première source de nos ennuis, c'est Mr WADE et sa vision absolutiste du pouvoir. Un homme terriblement imbu de son ego au point de transférer ses ressentiments personnels sur la sphère républicaine. La seule règle qu'il respecte, c'est celle du pouvoir par le pouvoir pour le pouvoir ; une doctrine assise sur le lit corruption. Un pouvoir totalement tyrannique parce que sans justice. A lui seul, il aspire incarner l'exécutif, le législatif et le judicaire. Le régime WADISTE menace la démocratie sénégalaise acquise après quarante années de lutte pour le triomphe de l'alternance. Aujourd'hui, la question de la mobilisation des Sénégalais se pose fortement. Devons-nous contribuer, par notre inaction, à la promotion de la médiocrité, de l'autoritarisme, du clientélisme et de la concussion ? L'action s'impose car Les tyrannies ont toujours triomphé des silences coupables. »
-
Cela ne ressemble-t-il pas, déjà,un communiqué n°1?

Cela ne justifie-t-il pas, en se basant sur les affirmations de Wade, un coup d’Etat contre Wade ?

Sans jamais souhaiter un telle violence pour aucun pays d'Afrique, n'était-il quand même pas plus sage, pour cet octogénaire imbu d'expérience, de balayer devant sa porte au lieu d’accuser son homologue renversé d’erreurs dans lesquelles il n’est pas mieux loti?

II- La Mauritanie un pays sans prestige extérieur

Depuis que les putschistes se sont emparés du pouvoir, on a constaté le ballet des missionnaires officiels et officieux envoyés tous azimuts pour faire reconnaître le régime. Mais ce qui est le plus flagrant et qui montre que la Mauritanie n’a aucun prestige à l’extérieur, ni à travers sa diplomatie ni à travers ses officiels investis de pouvoirs, c’est que le régime a voulu acheter sa reconnaissance par l’argent et les intermédiaires étrangers.

L’argent du trésor public et autres soutiens du pouvoir a été proposé ici et là pour acheter des hommes de communication et des journalistes dont le plus récent est le journaliste du journal le monde qui aurait touché 100 000 Euros pour écrire quatre lignes mentionnant que « le Président renversé avait peu de soutien». N’est-ce pas le ridicule trop bien payé ?

La tentative de soudoyer l’envoyé spécial de l’Union Africaine, à coups de millions pour infléchir la décision de l’organisation. Et ce n’est que la partie émergente de l’Iceberg dont il est certain que l’on en saura davantage plus tard.

A côté de la corruption et du bakchich, le recours aux intermédiaires avec parfois une bassesse inconnue jusque-là dans le jeu de l’influence politique. Il en est ainsi des approches effectuées auprès de l’ancienne épouse du Chef de l’Etat français Sarkozy, pour aider à influer la décision française à l’égard des putschistes, en influençant son ex-époux ! Et qui finit par aboutir à une fin de non-recevoir. Démarche qui, si elle devait révéler quelque chose, ce serait la médiocrité et les bas égards dans lesquels les autres pays tiennent le notre et ses émissaires.

Puis ce fut ce banquier du cousinage du putschiste qui pour mettre la main à la pâte, se fait faire des entrées à l’Elysée en recourant... à Karim Wade. Comme quoi nous n’avons pas un seul diplomate, ni une personnalité crédible, capable de défendre la position de son gouvernement et de son pays et c’est des commerçants qu’on envoie pour trouver des solutions sous les alcôves guidés (à quel prix ?) par des étrangers.

Sous quelles conditions Karim Wade a accepté d’introduire, le banquier-émissaire du putsch dans les arcanes de l’Elysée? Allez savoir ! Mais n’est-ce pas curieux que Wade le père se mette tout-à-coup à défendre les putschistes au moment même ou son fils sert d’intermédiaire à ces mêmes putschistes en France ?

Cela ne peut signifier qu’une chose c’est que « l'Affaire mauritanienne » est bien juteuse pour le fils Wade (on en sait quelque chose depuis Mittal) et que le père veut en profiter, sous couvert de donneur de leçon, pour protéger ses intérêts bien compris dans un pays, qui, il est vrai, a l’échine bien courbée.
-
Mais comme le dit si bien le proverbe sénégalais: " Am naa giléém ca Gànnaar yomb naa wax" (J’ai un chameau en Mauritanie, c’est facile à dire.). Ne point prendre ses désirs pour des réalités ni ses mensonges pour des vérités.

Voici donc, le père et le fils qui galèrent insouciamment sur les malheurs de la Mauritanie au bénéfice d’un putsch en mal de reconnaissance.
-
Des Sénégalériens, pour un pays en galère sur l’océan houleux d’une communauté qui tempête. Am naa giléém ca Gànnaar...
-
Pr ELY Mustapha

mercredi 10 septembre 2008

We are fearless men

-
I kiss at last the beloved ground of my land
That I left one day with my hard heart full of pain

I have looked in the faces of my old friends
But nobody looked at me as my old friends
And now what happens you must, you must tell me
You must remember who I am

If you see a man with downcast eyes and ragged clothes
Walking through your village, don't shun him but go beside
I'm that man and now I beg you, help me, I need you
I need you

The liar who told my sweetheart that I was dead
To take my place, he shall pay for this base lie

Those who saw me as a rundown man

Those who tried to destroy all our world
Shall leave forever our beloved land

Because we are fearless men
Because we are fearless men

Because we are fearless men

---------------------------------------

Beaucoup de Courrier à la suite de l'Article précédent ("le Bon , la Brute et le Truand).

Mais s'il m' était donné de dire quelles sont les plus belles paroles et les plus belles voix d'un film western, je dirais, que parmi elles, celle que nous vous livrons ici (paroles et musique).
Des paroles de circonstance.

Certes que vous avez déviné le compositeur et le titre du film. (Ecoutez la musique en cliquant ici )

Pr ELY Mustapha

Il était une fois dans l’Ouest (africain)

-
Le bon, la brute et le truand

Hebergeur d'images


Chacun se rappelle de cette réflexion de Tuco ( le truand) dans le film de Sergio Leone , " le Bon la Brute et le Truand", : « "Le monde se divise en deux catégories : ceux qui passent par la porte, et ceux qui passent par la fenêtre."

Dans le remake, mauritanien, aujourd’hui, on a (eu) un Bon (un peu trop bon), qui est entré par la porte, qui a été descendu par la fenêtre du pouvoir par une brute entrée elle-même par la fenêtre et un truand qui veut passer par la porte étant déjà, une fois, passé par la fenêtre.

On sait plus tard ce qu’il en advînt, dans ce mémorable western, de la Brute qui y laissa la peau , et du Bon et du Truand qui se partagèrent le trésor (public) non sans une grosse frayeur du dernier.

Mais Il est fort probable que dans le scénario mauritanien, le Truand soit encore revenu « pour quelques dollars de plus » et que le Bon ne récoltera qu’un « dollar troué », et il est à craindre que la Brute poussée à bout, n’eût une préférence pour « les colts chantèrent la mort et ce fut le temps du massacre ».

Toutefois, le truand, semble bien décidé à en découdre avec la brute ayant dans l’esprit : « tue les tous et revient seul » ('Kill Them All And Come Back Alone'), convaincu depuis sa mission de ces vingt dernières années au service d’un autre gringo exilé, que « Dieu les crée et moi je les tue ».

Il était une fois dans l’Ouest …africain, un Bon (trop bon), une Brute (trop épaisse) et un Truand (trop truand) dans un face-à-face mortel pour leurs ambitions devant l’Etat-Saloon.
-
La scène est grandiose...
-
Le peuple observe en silence caché derrière les fenêtres de sa peur, la chaleur extérieure est de plomb, un silence de mort communautaire, on entend au loin le hurlement sénatorial d’un coyote de la fronde, les vautours laudateurs se sont perchés en masse sur les frondaisons et les charognards intellectuels virevoltent au zénith attendant la première dépouille…
-
Qui dégainera le premier ?

Qui viendra sauver le pauvre peuple « mexicain » de ces duels qui se déroulent au-dessus de sa tête en cinémascope et technicolor ?

Pas d’illusions, le scénario est déjà bien écrit et la musique est à écouter ici.

Silence ! On tourne...le peuple en bourrique d’un attelage du Farwest.

Pr ELY Mustapha

lundi 8 septembre 2008

Que reproche-ton à Sidi Ould Cheikh Abdallahi pour qu’il démissionne?

-
Argumentaires sans arguments

Si Sidi Ould Cheikh Abdallahi démissionnait ce sera une porte ouverte à toutes les incertitudes pour l’avenir politique de la Mauritanie. Ce sera la défaite de la légalité et de la légitimité.

Pourquoi d’ailleurs, le président légitime de la République islamique de Mauritanie, élu par tout un peuple, dans des élections démocratiques transparentes saluées par toute la communauté nationale et internationale serait-il obligé de démissionner ?

Et pour quelles raisons, si ce ne sont des argumentaires qui ne tiennent pas la route et qui sont un curieux mélange d’ignorance du droit, de l'exacerbation de l’intérêt personnel et de l’éloge de la force illégale.
Quels sont donc les argumentaires de ceux qui veulent pousser sidi Ould Cheikh Abadallahi à démissionner ?

Ces argumentaires sont de quatre types. L’argumentaire basé sur la conviction de l’inefficacité du président renversé n'excluant pas la bonne foi de certains de ceux qui le tiennent (I) , celui qui déclame que Sidi est le candidat qui a été porté au pouvoir par les militaires et qu’il n’a donc aucune légitimité (II) , l’argumentaire de ceux qui ont été rabroués dans leurs ambitions politiques par Sidi Ould Cheikh Abdallahi et qui, personnellement, lui en veulent (III) et enfin, l’argumentaire des opportunistes qui n’ont de considération que pour leurs propres intérêts et s’allient toujours à ceux légitimes ou illégitimes qui détiennent, à un moment donné, le pouvoir (IV).

Comme nous allons le montrer dans les lignes qui suivent ces argumentaires qui veulent tous le départ de Sidi Ould Cheikh abdallahi ne sont pas défendables et pèchent par une ignorance totale des intérêts de la nation .
-
I- L’argumentaire de "l’inefficacité" du Président de la République

Si tous les pays du monde devaient débarquer leurs présidents démocratiquement élus pour inefficacité de gestion , les trois-quarts des présidents du monde seraient renvoyés.
-
Sidi Ould Cheikh Abdallahi resta 15 mois seulement à la tête de l’Etat mauritanien. Un Etat en pourrissement des 30 ans de gabegie, de corruption et de trafic d’influence qu'il a vécus.
-
Le juger sur quinze mois de gouvernement est un acte d'un cynisme à nul autre pareil.
-
Quels que soient sa force ou sa faiblesse, ses pouvoirs ou ses compétences l’environnement politique et administratif dans lequel le Président exerçait est peuplé de forces d’inerties qui annihilent tout acte de bonne gestion, l’entravent ou se mettent de travers (voir notre article « le soufi et les loups »).
-
Gérer à ce niveau de telles forces rétrogrades demande un travail de longue haleine, de persévérance qui nécessite bien plus qu’un homme isolé soumis à la pression de son entourage pour le déstabiliser.

Sidi Ould Cheikh Abdallahi a commis, durant ces 15 mois de sa gestion, bien des erreurs (voir "la lettre à sidioca"). Sa nomination de roumouz elvessad à des postes clefs de l’Etat, son intransigeance à maintenir un premier ministre controversé , ses tractations irraisonnées avec les milieux politiques de tous bords, son incapacité à prouver publiquement la transparence dans la gestion de la fondation que gérait son épouse, ses voyages répétés laissant les institutions en rade, son absence de communication et ses attitudes molles et attentistes à l’égard des problèmes économiques et sociaux qui s’accumulent, ont donné de lui une piètre image de gestionnaire et de leader capable de mener ses hommes au succès.

Mais tout ce que Sidi Ould Cheikh Abdallahi a fait, s’appelle une gestion erratique et souvent calamiteuse pour le pays. Une part de la responsabilité de cette mauvaise gestion incombe cependant à ceux qui tout au long de son mandat l’ont entravé (au niveau gouvernemental et parlementaire) ou ont voulu en faire un instrument de leur volonté (au niveau militaire), entrainant chez cet homme l’indécision et l’incapacité de gérer en toute sérénité (Voir notre article « Le président n'est pas sérein ».)
-
Mais qui pourrait dire, en son âme et conscience, que dans une situation similaire à celle de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, il aurait mieux fait que lui ? Sachant qu'il n'était ni libre de ses actes ni de ses gestes (son dernier décret le prouvant très bien).

Mais pour en arriver à l’essentiel : cet argumentaire justifie-t-il le renversement d’un chef d’Etat démocratiquement élu et bénéficiant de toutes ses prérogatives constitutionnelles ?

Certainement que non.

Si une gestion est reprochée au chef de l’Etat, mille et une voies de "redressement" sont prévues constitutionnellement (censure du gouvernement, retrait de confiance ) ou politiquement (dialogue, concertation, collaboration partisane) pour trouver une solution préservant les acquis démocratiques et la bonne continuité des institutions publiques.

II- L’argumentaire suivant lequel Ould cheikh Abdallahi a été porté au pouvoir par les militaires.

Cet argument se base sur un raisonnement tout à fait fallacieux.

Fallacieux, non pas en ce que Sidi ould Cheikh Abdallahi ait été soutenu par les militaires ce qu’il a lui-même publiquement avoué et qui est, d’ailleurs, depuis 2006 un secret de polichinelle, mais fallacieux en ce que Sidi ould Abdallahi est devenu par ce fait, la chose des militaires et qu’ils peuvent en disposer comme ils l’entendent.

Cet argumentaire fait fi de la légalité et de la volonté du peuple.

Le fait que Sidioca ait été soutenu par les militaires n’est pas un argument recevable pour deux raisons essentielles :

- D’abord, lorsque Sidioca a été élu à 52% des voix, ce sont les voix d'un peuple qui a ainsi exprimé sa volonté et son choix pour cette personne. Sidioca échappe ainsi à toute influence. Il est l’élu du peuple pas celui des militaires. Il est constitutionnellement le président de la République Islamique de Mauritanie et ce jusque là fin du mandat que le peuple lui a délégué.

- Ensuite, il est impossible, à travers tous les pays du monde, de trouver un président de la république élu démocratiquement sans qu’il n’ait été soutenu par une faction, un lobby, un groupe de pression ou un quelconque rassemblement ayant un poids militaro-industriel, financier , économique ou social. Si cette faction, ce lobby, ces groupes de pression ou ces rassemblements avaient le droit après l’élection de ce président de le démettre par la force, aucun Président de la République au monde ne finirait son mandat.

C’est autant dire que même si ceux qui l’on porté au pouvoir veulent le sanctionner par la suite Ce sera toujours par la voie démocratique durant son mandat (mécanismes parlementaires de censure et de retrait de confiance) ou à la fin de son mandat à travers les urnes. La force est à exclure, à bannir et à condamner et aucun argumentaire basé sur une logique démocratique ne devrait l’accepter.

III- L’argumentaire des rabroués et des promesses non tenues.

Beaucoup de ceux qui, aujourd’hui, ne veulent pas du retour du Président démocratiquement élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi et qui veulent quand même « le retour à la légalité », ont une dent contre le Président renversé.

En effet, Sidioca a semble-t-il fait des promesses individuelles ou collectives de postes gouvernementaux ou autres. Promesses qu’il na pas tenues pour des raisons partisanes ou de pression internes ou externes et qui lui valent aujourd’hui un animosité certaine.

Mais là ou cette argumentaire faillit , c’est quand ceux qui, tacitement, le tiennent confondent entre les intérêts de la nation et leurs propres intérêts.

Ne pas aimer Sidi ould cheikh abdallahi, avoir été déçu par ses promesses données et non tenues est une chose et préserver l’institution présidentielle qu’il représente est autre chose.

Il ne faut pas qu’il y ait confusion entre la personne et la fonction qu’elle représente.

Qu’on le veuille ou non, depuis que Sidioca a été élu, il est devenu constitutionnellement la « personnification de l’Etat » .

« Le Président de la République est le gardien de la constitution. Il incarne l'État. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement continu et régulier des pouvoirs publics. Il est garant de l'indépendance nationale et de l'intégrité du territoire. » (Article 24 de la Constitution de la République islamique de Mauritanie du 20 juillet 1991).

Le Président de la République est l’expression de la volonté démocratiquement exprimée du peuple. Et en cela, ceux qui le tolèrent ou ceux qui le détestent n’ y peuvent rien. Il est le pouvoir exécutif sans lequel il n’ y a pas de pouvoir législatif qui tienne, sans lequel tout pouvoir législatif n’est qu’une partie d’un corps décapité. Comme ce coq qui court encore bien après qu’il fut égorgé et qui finira bien par se réduire à son sort et à s’étaler.

IV- L’argumentaire de ceux qui sont toujours du côté de la force au mépris des intérêts de la nation.

Dans cette crise qui touche, aujourd’hui, les institutions de la République Islamique de Mauritanie, ceux-ci basent leur argumentaire sur les positions laudatives des tenants illégitimes du pouvoir, qui justifient la force et qui la soutiennent au mépris des intérêts de la nation, en s'affiliant à cors et à cris au premier venu qui s’empare du pouvoir. Ils ne méritent même pas que l’on s’attarde sur les reproches qu’ils font au Président Sidioca. Sinon de leur espérer un châtiment exemplaire que la société se devrait bien de leur appliquer pour que la Mauritanie puisse survivre à cette gangrène.

En définitive, que reproche-ton à Sidi ould cheikh Abdallahi ?

Que lui reproche-t-on que l’on ne pourrait pas reprocher à ceux qui ont entravé les institutions de la République durant son mandat (parlementaires frondeurs et autres politiques véreux) ou parmi ceux qui l’on renversé ? Qu’ils lèvent la main. Et il y’en aura peu.

Pousser le Président de la République à démissionner:
- c’est cautionner les thèses de ceux qui l’on renversé,
- c’est accepter leur attitude de mépris à l’égard de tout un peuple et de sa volonté librement exprimée,
- c’est accepter la rupture d’un processus démocratique porteur d’espoir d’un peuple avili durant trente ans par une junte militaire qui se renouvelle et se coopte au pouvoir laissant un pays meurtri et exsangue,
- c’est vouloir encore le scénario des transitions avilissantes qui ne finissent pas et des régimes sous caution de militaires à l’affut pour le reprendre.

Non. Il ne faudrait pas que Sidi Ould Cheikh Abdallahi démissionne. Il faut qu’il soit reconduit dans ses fonctions pour que le processus démocratique puisse continuer. Et que par la suite, les institutions soient revues adaptées et corrigées en fonction des besoins de la bonne gouvernance. Une révision de la Constitution pour réaménager les pouvoirs exécutif et législatif et au sein de l’exécutif lui-même, entre le Président de la République et le Premier ministre.

En somme, rechercher un équilibre des pouvoirs accepté et au profit d’une bonne gestion des institutions publiques. Mais cela peut-il être fait en dehors de la Démocratie ?
-
Certes que non. Et la seule voie saine actuelle est de reconduire le processus démocratique à travers les élus légitimes du peuple. Tout autre argumentaire n’est pas recevable dans un Etat de droit. Et pour Un Etat de droit.
-
Pr ELY Mustapha

dimanche 7 septembre 2008

L’Etat mauritanien est-il en déliquescence ?

-
Les prémisses d'une faillite... à éviter
-
En 1990 apparut une notion qui donnait une explication à ce que deviennent aujourd’hui certains Etats qui sombrent dans une faillite les entrainant dans l’instabilité institutionnlle et les conflits internes. Cette notion de l’Etat en déliquescence ou encore d’Etat en échec se base sur une composante majeure pour définir ce type d’Etat : l'absence du respect de l’Etat de Droit dans sa dimension la plus large. Dimension englobant la sphère politique, économique et sociale.

Lorsque l’Etat est en déliquescence , il s’expose à une sape de ses fondations politiques, économiques et sociales entrainant sa chute dans les crises multidimensionnelles qui peuvent aller de blocages institutionnels sévères paralysant les pouvoirs publics à la guerre civile ou à la perte totale de la souveraineté.

Comment établit-on qu’un Etat est en déliquescence (I) ? Quels sont les indicateurs permettant de dire qu’un Etat est en déliquescence (II) ? Et à quel niveau de ces indicateurs se place la Mauritanie (III) ?

I- Comment établit-on qu’un Etat est en déliquescence

On situe dans les mois qui suivirent la chute soudaine de l’URSS et son éclatement, les premiers éléments de théorisation de cette notion dans la recherche en géopolitique. En effet, il est apparu que les Etats peuvent s’effondrer sous l’effet d’une faillite d’un ou de plusieurs éléments de la charpente socio-politico-économique qui les soutient.

La notion est intéressante à plus d’un titre car elle systématise un ensemble d’éléments qui peuvent provoquer individuellement ou cumulativement la faillite de l’Etat. Cette faillite issue de ces éléments peut être identifiée à plusieurs stades de son développement à travers des indicateurs permettant de classer les pays par niveau de déliquescence.

C’est ainsi que le Fonds pour la paix (Fund for peace) a établit un index des Etats en faillite (Failed States index). Cet index comprenant douze indicateurs a permis de classer des pays comme étant en faillite, en cours de faillite ou entrant dans ce processus. Les organisations internationales utilisent ce concept « d’Etat en faillite » pour caractériser sur le plan géopolitique des pays qui ont des problèmes humanitaires graves ou qui sont entrés dans une guerre civile. C’est le cas de Haïti , de la Somalie, de la Côte d’Ivoire, du Libéria, de la Sierra Leone ou du Rwanda…

Par ordre de gravité décroissante, on distingue :

- les Pays à vulnérabilité forte
- les Pays à vulnérabilité préoccupante
- les Pays à risque modéré
- les Pays stables

II- Les indicateurs permettant de dire qu’un Etat est en déliquescence

Ce classement par ordre de gravité est basé sur douze indicateurs. A chaque indicateur est affectée une valeur de 1 à 10 (par niveau de gravité croissante)

Le score final obtenu sur la somme totale de ces indicateurs, allant de 0 et 120, rend compte de la situation de l’Etat considéré. C’est-à-dire son indice de vulnérabilité.

Tels que traduits dans wikipédia à partir du rapport du "Fund of Peace", ces Indicateurs composent un indice de vulnérabilité et sont répartis entre 4 indicateurs sociaux, 2 économiques et 6 de nature politique . Ils permettent ainsi de déterminer la vulnérabilité institutionnelle, politique, économique et sociale d'un pays si un conflit devait se déclarer.

« Indicateurs sociaux:

1. Pression démographique: qu'il s'agisse de haute densité de populations, ou d'accès difficile à l'alimentation. Sont inclus l'extension des zones habitées, les problèmes de frontières, de propriété ou d'occupation des terres, de contrôle des sites religieux ou historiques, d'exposition à des problèmes environnementaux.

2. Mouvements massifs de réfugiés et de déplacés internes: le déracinement forcé de vastes communautés à la suite de violences ciblées ou pas et / ou d'actes de répression, favorisant pénuries alimentaires et maladies; le manque d'eau potable, la concurrence pour les terres arables, et des troubles qui peuvent générer une détresse humanitaire et des problèmes de sécurité grandissants, tant à l'intérieur des pays et entre pays.

3. Cycles de violences communautaires: sur la base d'injustice récentes ou passées, y compris sur plusieurs siècles. Cet indicateur inclut les crimes restés impunis contre des communautés ou groupes. Institutionnalisation de l'exclusion politique. L'ostracisme en direction de groupes accusés d'accaparer richesses et pouvoir

4. Émigration chronique et soutenue: qu'il s'agisse de fuite des cerveaux ou d'émigration de dissidents politiques ou de représentants des classes moyennes.

Indicateurs économiques:

5. Inégalités de développement: inégalités réelles ou perçues entre groupes, au niveau de l'éducation, de la répartition des richesses, des emplois

6. Déclin économique subit ou prononcé: mesuré par un indice de déclin global incluant revenu individuel moyen, PIB, endettement, taux de mortalité infantile, niveau de pauvreté, nombre de faillites. Une chute rapide du prix des matières premières, des revenus, de l'investissement direct étranger, du remboursement de la dette, une hausse de la part du secteur informel peuvent traduire l'incapacité de l'État à payer salaires et pensions

Indicateurs politiques:

7. Criminalisation et délégitimation de l'État: corruption endémique, pillage institutionnel, résistance à la transparence et aux pratiques de bonne gouvernance.

8. Détérioration graduelle des services publics: disparition des fonctions de base à destination des citoyens, tels que police, éducation, système de santé, transports. L'usage des agences de l'État au service des élites dominantes (forces de sécurité, banque centrale, administration présidentielle, douanes et renseignements) est également comptabilisé

9. Violations généralisées des droits de l'Homme: émergence d'un pouvoir autoritaire ou dictatorial manipulant ou suspendant les institutions démocratiques et constitutionnelles. Éruption de violences politiques à l'encontre des populations civiles, couplées à l'augmentation du nombre de prisonniers politiques ou dissidents à qui l'on refuse un procès en phase avec les normes internationales. Restriction de la liberté de la presse et des droits religieux.

10. Appareil de sécurité constituant un État dans l'État: émergence d'une garde prétorienne bénéficiant d'une impunité quasi-totale. Milices privées protégées ou soutenues par l'État et dirigées contre l'opposition ou tout groupe de population susceptible d'être favorable à celle-ci. Sous-groupe au sein de l'armée qui utilise ses ressources pour servir les intérêts de l'élite dominante. Apparition de milices armées irrégulières pouvant aller jusqu'à la confrontation armée avec les forces régulières.

11. Émergence de factions au sein de l'élite: fragmentation des classes dominantes le long de lignes de fracture communautaires. Utilisation par les élites ou les institutions d'une rhétorique nationaliste ou de solidarité ethnique (appel au nettoyage ethnique ou à la défense de la foi).

12. Intervention d'autres puissances: engagement militaire ou paramilitaire d'armées étrangères, États, groupes ou entités, qui ont pour résultat de bouleverser l'équilibre local des forces et d'empêcher la résolution d'un conflit. Sur-dépendance vis-à-vis de l'aide externe ou de missions de maintien de la paix » (wikipédia et le rapport 2008 du Fund Of Peace)

III A quel niveau de ces indicateurs se place la Mauritanie ?

Si l’on examine les dernières données de classement 2008 du rapport du Fond pour la paix, la Mauritanie est classée à la 47ème place soit parmi les pays sous alerte de faillite. Après le Rwanda et avant l’Iran.

Son score est de 86,1 d’après le Fonds pour la paix (Fund for Peace), la plaçant ainsi dans la catégorie des pays à "vulnérabilité préoccupante".
-
Etat en faillite

Bien que ce score soit éminemment alarmant, il n’a pas pris en compte les derniers événements qui ont aggravé la situation du pays sur tous les plans politiques, économiques et sociaux.
Nous avons donc corrigé les indicateurs pour tenir compte de la situation apparue après le 6 Août 2008. Situation qui a aggravé tous les indicateurs tant au niveau politique, économique que social.

Politique, d’abord, à travers une usurpation du pouvoir et un empiétement sur la légalité qui aggravent les indicateurs politiques notamment ceux relatif à la légitimité, à la violation du droit , au poids grandissant de l’appareil de sécurité, à la détérioration marquée des services publics.

Economique, ensuite, à travers la crise économique grave qui menace le pays et qui risque d’emporter les derniers efforts de lutte contre la pauvreté et les espoirs de développement, notamment à travers l’embargo attendu et les restrictions financières déjà annoncées.

Social, enfin, à travers la crise de confiance qui touche actuellement la société mauritanienne quant à l’avenir du pays et quant à la confiance dans ceux qui dirigent l'Etat.

En ayant corrigé ces indicateurs suite au coup d’Etat du 6 Août 2008, le score total se propulse à 93.3 points ce qui place la Mauritanie parmi les pays d’Etat en faillite et qui fait apparaître de sérieux dangers pour son avenir politique économique et social. Score qui la place dans le peleton des Etats qui vivent une situation conflictuelle ou post conflictuelle ayant des séquelles graves sur le pays et ses populations.

Ainsi dans le tableau suivant nous présentons le score total de la Mauritanie tel qu’il apparaît dans le rapport du Fonds pour la paix (soit 86,1) qui la place déjà dans les pays à haut risque de faillite, et le score que nous avons corrigé (93.3) suite au coup d’Etat du 6 Août 2008 et qui montre que la situation du pays présente tous les ingrédients d’une grave crise qui peut dégénérer en réactions violentes civiles si une solution rapide n’est pas trouvée dans les plus brefs délais.
Situation d’ailleurs qui a été elle-même à l’origine de l’établissement de la notion de "l’Etat en faillite" en 1990 et qui a montré que la déstabilisation des Etats moderne et leur éclatement vient moins d’une guerre clausewitzienne (armée régulière) que d’une guerre civile.

Etat en faillite
-
En définitive, il ne fait pas doute que l’indice de vulnérabilité de la Mauritanie est bien trop élevé pour être ignoré et que ce qui inquiète dans tout cela , c’est que les Etats en faillite, ne sont pas une vue de l’esprit et que ceux qui sont passés par des conflits et gèrent encore leurs graves problèmes post-conflictuels se rendent compte que le plus lourd tribut a été payé par des populations innocentes .

Pr ELY Mustapha