samedi 10 novembre 2007

Réflexions sur le vif…

Baisser les prix et baisser la tension

Suite aux évènements qui se déroulent sporadiquement en Mauritanie, il convient que les autorités publiques agissent dans le sens du dialogue et de l’apaisement et non pas dans celui de l’ignorance de ce qui se passe afin de mettre frein aux accès de colère. Il y va de l’intérêt de notre pays et de sa stabilité. Si la situation est à ce stade c’est qu’elle est surchauffée par les conditions difficiles des populations.

Et s’il est une attitude qu’il ne faut pas prendre c’est de réprimer et d’adopter la manière forte. L’argumentaire des « éléments déstabilisants, des meneurs à buts inavoués » est une mauvaise stratégie. Car le problème n’est ni dans ceux qui utiliseraient de telles réactions populaires mais la source du problème. Et cette source est sans aucun doute existante et ne fait pas l’objet de contradiction. C’est la condition socioéconomique difficile des populations.

Aussi la meilleure des politiques n’est pas le durcissement d’un ton qui déjà est perçu comme aggravant de la tension chez des populations qui en ont déjà vu d’autres et qui en fait ne cherchent qu’à attirer l’attention sur leur condition. Le pouvoir doit alors leur envoyer des signes positifs et réels par l’action sur le terrain.

Le gouvernement dans la rue !

Que le gouvernement descende sur le terrain que les ministres et leurs staffs rendent visite aux populations que chacun porte sur son dos un sac de riz, de blé ou de mais et le remette en main propre aux familles nécessiteuses, que les ONG les accompagnent et sillonnent le pays avec l’appui d’organisations. Que le gouvernement descende de son piédestal politico-technocratique et conquiert la rue. Il diminuera ainsi cette distance qui le sépare des masses. Masses populaires qui ne perçoivent dans le gouvernement que des cols blanc enfermés dans leurs bureaux sur le petit écran ou des pigeons voyageurs sillonnant les pays.
De tels actes de rapprochement seront certainement perçus positivement et donneront à la population l’image d’un gouvernement qui gouverne pour la rue et non point pour lui-même. Il faut qu’il se dégage de cette image à lui collée par tant de régimes passés de négligence de laisser-aller et de répression. Image d’un gouvernement qui ne s’interface avec le peuple qu’à travers la force publique. Il faut qu’il s’interface par lui-même. Qu’il laisse la force en réserve et qu’il aille vers le peuple.
Le peuple a besoin de cela. Il a besoin dans un régime démocratique que ses propres enfants qui le guident politiquement s’associent aussi à sa condition et lui montrent qu’ils sont dans le même monde et non point de planètes différentes.
Briser la distance gouvernement-peuple est le premier facteur psychologique aidant à baisser la tension.

Des mesures au profit de qui?

La souplesse et l’association des populations est meilleure solution pour réduire les tensions.
Les mesures déjà annoncées de réduction ou de suppression des droits de douane sur les produits alimentaires de première nécessité vont indubitablement dans ce sens, mais c’est la nébuleuse commerçante qui risque d’absorber tout le gain issu de cette exonération douanière, pas le peuple. Qui garantie en effet que les commerçants vont répercuter sur les prix du marché cette exonération ? Et si cela était, qui garantirait que cela se fera proportionnellement à l’exonération douanière obtenue ?


Il faudrait que le Président de la République s’adresse à la nation pour la rassurer et prennent les mesures nécessaires pour réduire les tensions. Ces mesures doivent immédiatement toucher le niveau de vie des populations. Ces mesures se doivent d’être rapides et doivent être de nature financière et politique.

Des mesures financières :
- De dégager des fonds immédiats pour mettre sur pied et financer une caisse de compensation des produits alimentaires et de base. Avec une annonce médiatique "immédiate" auprès des populations à l’intérieur. Son financement peut provenir de sources différentes au gré des disponibilités financières de l’Etat et notamment celle dont l’échéance d’utilisation par l’administration publique est supérieure à trois mois. Un retrait sur le fond pétrole auprès du Trésor public avec remboursement à échéance serait une solution immédiate. Un prélèvement sur les crédits budgétaires en réserves quitte à les compenser plus tard (fonds spéciaux du trésor, dépenses diverses imprévues) etc..Aux bonnes volontés, il ne manque pas de solutions. Et les solutions immédiates sont une priorité.

Des mesures politiques :
- appel patriotique du président à tous les commerçants de Mauritanie de baisser les prix des matières alimentaires de première nécessité dans une marge soutenable en attendant la mise en œuvre d’une Caisse générale de compensation

En définitive, au-delà de cette tension, que nous espérons passagère, il ne faudrait pas que ce régime démocratique rate le coche de cette expérience politique, car il est certain que c’est une mise à l’épreuve dont dépendra largement l’avenir des relations entre le politique et le peuple. La gérer par la force pourra avoir des conséquences et des séquelles graves qu’il faut absolument éviter, la gérer par le dialogue et l’action de terrain est une bien meilleure solution qui préservera les intérêts supérieurs de la nation.
Hausser le ton quand les prix sont en hausse, c’est condamner le dialogue et ouvrir la voie aux tensions. En effet rien n’est pire qu’une inflation économique que l’inflation du pouvoir.

Pr ELY Mustapha

6 commentaires:

  1. Cher Monsieur, je viens de découvrir ce blog, et je suis tombé sur votre post.
    Je le trouve très perspicace, mais encore mûri.
    Je me permet de le dispatcher sur tous les formes de Mauritanie.
    Bonne Journée.

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  2. cher professeur votre article est tombé juste quand il faut et le gouvernement a effectivement pris les mesures que vous avez proposées notamment sur le budget.

    En effet le porte parole du gouvernement vient d'annoncer: "Pour la mise en place de ces mesures d’urgence, le Porte-parole du Gouvernement a expliqué la décision du Gouvernement d’alléger de 10% le budget alloué au service public pour alimenter un fonds spécial destiné à limiter la hausse des prix, ce qui dira t-il permettra de disponibiliser 7 milliards d’ouguiyas pour cette fin". !!!

    Bravo, vous avez été plus rapide et plus perspicace que le gouvernement pour trouver des solutions.

    D'ailleurs on se demande s'il ne vous a pas simplement copié!!!!

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  3. Prof,

    Merci pour votre contribution a la resolution de cette crise. Le gouvernement semble avoir pris quelqies decisions budgetaires dans le sens que vous preconisez. Certaines pourle court terme telles que la diminution de l'ITS qui est minime et la provision de quelques 6000 tonnes de vivres aux populations rurales et urbaines necessiteuses. D' autres mesures a moyen terme telles que le milliard pour aider au logement des fonctionnaires et les autres instruments pour la securite alimenrtaire et les activites generatrices de revenus demanderaient du temps.Il n'est pas facile de depenser 2 milliards d'UM en quelques semaines par nos institutions etatiques.J'espere que la Fondation Khattou se tiendra en dehors de ces financements et restera discrete.

    Nulle part le gouvernement a parle d' un retour en arriere sur l' augmentation des tarifs de l'electricite, de l'eau et de l'essence,facteurs excellents de transmission inflationniste, et l'origine evidente du ras-le-bol. Trop de precipitation pour des mesures qui n'auraient pas d'impact sur l'inflation et le quotiden des autres citoyens, en dehors des quelques 20.000 fonctionnaires, dont 46% vit bien au dessous du seuil de pauivrete. J' ai bien peur que la grogne ne puisse finir, surtout que l'opposition pure et dure a quelque compte a regler avec Sidioca qui a ramene tout le PRDS en plein jour.

    Je suis intrigue par l'offre de 40 millions UM aux syndicats en cette periode de vaches maigres. Est-ce pour les dissocier de l'opposition pure et dure don't une grande ne verrai pas d' un mauvais oeuil un changement de pouvoir demain matin ou hier soir.Juste une perspective differente comme une partie de l'opinion voit avec l'action forcee au gouvernent un verre a moitie plein, tandis qu' une autre voit le meme verre a moitie vide.

    Question stupide: d'ou viendra toute cette somme? Planche a billet? Bons du tresor encore?

    Merci. L'opinion publique intelliente ne saurait pas quoi faire sans vous.

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  4. Où est le gouvernement?Où sont le premier ministre et son staff?Cloitrés dans leurs bureaux à siroter le thé evidemment.Chèr Prof,je me sais comment vous devez faire mais je voudrais bien vous voir au pays malgré toutes vos occupations là où vous êtes.Je voudrais vous voir dire votre mot dans la scene politique parceque à mon avis vous apportez de nouvelles idées et une conception nouvelle jusque là inconnue par le monde politique - l'amour dece pays et le sacrifice.Bonne voie prof que Allah vous aide.

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  5. Prof

    essayes de ne pas transposer le modele tunisien puis qu'il n'est le bon exemple.

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  6. Prof

    essayes de ne pas transposer le modele tunisien puis qu'il n'est le bon exemple.

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