Ceci n’est pas une défense d’Aziz prévenu dans des affaires pénales, dont l’issue appartient à la justice, mais un ensemble de questionnements que tout être humain devrait se poser sur ce qu’est devenue, à travers le cas d’Aziz, notre société et ses valeurs.
Quel malheur des plus insupportables que celui d’être lâché par les siens. Pas forcément ceux de sang, mais ceux auquel on donne confiance, que l’on rapproche, que l’on aide que l’on promeut et qui s’éloignent de vous à la vitesse à laquelle ils se sont rapprochés.
Quel malheur de se savoir trahi et de ne rien y pouvoir et d’avoir porté des amis aux cieux et qui vous observent alors que l’on vous piétine.
Quel malheur est plus grand d’avoir donné confiance et que cette confiance vous soit retournée en inimitié, animosité, hostilité et mépris.
Quels sentiments des plus insupportables que de se sentir, cerné, enfermé et réduit à tourner comme un animal en cage que l’on traite en pestiféré.
Alors qu’hier même, la richesse, le prestige et la gloire perlaient les louanges que l’on vous adressait, alors qu’aujourd’hui l’on vous somme d’aller prouver votre existence en émargeant aux registres des commissariats.
Quel malheur que d’avoir eu un ami avec lequel l’on a tout partagé et qui trônant sur le siège que vous occupiez grâce à vous ne daigne plus vous tendre la main.
Alors face à l’adversité, à l’ingratitude humaine, au confinement à la résidence surveillée, au contrôle judiciaire, Aziz a décidé de marcher. Marcher pour prouver qu’il existe autrement que dans les procédures judiciaires que dans les parapheurs de la police judiciaire, que dans la presse à scandale.
« Je marche, donc j’existe », semble-t-il dire. Application somme toute cartésienne à la logique d’immobilisme vers laquelle tend naturellement toute condamnation, à la prison, à l’enfermement, à l’immobilisme. Attitude psychologique d’un homme qui pensait avoir tout, jusque la loyauté de ses amis, et qui aujourd’hui doit bouger pour leur prouver qu’il existe.
On s’interrogeait dans un article précédent sur l’amitié qui liait Ghazouani à Aziz , qui voyant son ami s’embourber ne lui signifiait aucun soutien moral.
Si l’on se devait de faire abstraction des crimes économiques, en justice, d’un politique, juste le temps d’une contemplation humaine de l’amitié entre deux hommes, compagnons de route, l’on ne peut, au nom de la morale, que se poser des questions de ce qu’il advint entre ces deux hommes.
Compagnon d’arme et de fortune (en jugement mal acquise), de plus de 30 ans, de Ghazouani, Aziz est lâché par ce dernier qui l’a laissé, publiquement, à la vindicte parlementaire et aux crocs judiciaires. Invoquant, il est vrai les principes constitutionnels de la séparation des pouvoirs.
D’aucuns diraient qu’il n’a que ce qu’il mérite, mais au-delà du droit et de la justice, qu’en dirait la morale ?
Le philosophe Alain écrivit « qu’une amitié qui ne peut pas résister aux actes condamnables de l'ami n'est pas une amitié.”
Et il est fort probable que la misère de cette amitié que nous contemplons, n’est que l’expression la plus évidente de la misère politique, de l’esprit, de l’humanité et de la morale que nous vivons. »
Il marche, pour dire : donc je suis.
Mais à quoi pense-t-il en marchant et que ces dizaines de badauds et autres indigents, tout ce monde de pauvre dont il fut le Président qui le suit en youyous assourdissants….
Mais à quoi pense-t-il donc ? Si dans le détail nul ne le connait, une chose est certaine : tout homme subissant tant d’outrages ne peut qu’abriter sinon la haine, du moins la rancune.
« Je marche, donc je suis ». Alors Aziz marche ...pour exister. Exister dans une société où plus rien ne marche.
Pr ELY Mustapha
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