Elle vient de disparaître celle qui nous
apprit les racines premières de ce par quoi, aujourd’hui, on sait : les
mots et les chiffres.
Celle qui s’inquiétait de l’état de
nos plumes et de nos encriers, qui redressait nos petites mains et guidait nos
doigts hésitants sur les lignes des pages de nos cahiers pour que la grâce de
notre écriture puisse refléter la beauté de notre âme.
Celle qui nous appelait « mes
enfants » et surveillait nos courses endiablées jusque dans la cour de
l’école.
Celle qui nous offrait, à chaque récré, ce
panier de petits pains au beurre exquis du matin gris.
Celle qui nous apprit l’humilité et
la persévérance et qui contribua à faire de nous ce que nous sommes, est une
fée d’autrefois, un ange de douceur et de patience, une institutrice à nulle
autre pareille. Une institutrice de l’école du marché des années soixante à
soixante-dix. Claire Assane.
Elle est décédée, en France, elle qui
chérissait tant la Mauritanie.
Elle vivait humblement dans des blocs
rouges d’autrefois, enseignait dans une école d’autrefois, et instruisit des
enfants d’autrefois qui, aujourd’hui, comme autrefois, lui sont à jamais
reconnaissants.
Repose en paix Madame Assane. Que la
terre te soit aussi légère que cette main que tu passais sur nos petites têtes quand,
autrefois, satisfaite de nous, tu passais entre les rangs.
ELY Mustapha
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