mardi 7 juin 2016

Les harratines sont des grecs.



Depuis que ould Boulkheir est sorti de sa léthargie ouatée pour prendre parole devant la masse de harratines en guenilles, on le sait maintenant les harratines sont des grecs !
En effet, seuls les grecs anciens pouvaient développer un tel sens de la logique et le pousser si loin pour défier ainsi les lois de l’entendement. Messaoud représentant des harratines faisait de la logique aristotélicienne sans le savoir, comme monsieur Jourdain faisait de la prose...
Messaoud Ould Boulkheir le dit sans sourcilier : « Les harratines ne sont pas des beidanes, mais les harratines sont des arabes »
Phrase mémorable. Qui nous oriente vers une piste inexplorée à ce jour : les harratines seraient-ils des grecs ?

Ould Boulkheir développe un syllogisme qu’il laisse incomplet :

Tous les beidanes sont des arabes
Or les harratines sont des arabes
Donc les harratines sont des .......

Tout bon logicien remplira les blancs (...) par « beidanes ». 

En effet si a = b et c = b alors a = c. 
Si les beïdanes sont des arabes et les harratines sont des arabes alors les harratines sont des beidanes.

Pourtant ould Boulkheir n’en fera rien. Et pour cause. En bon tacticien il sait que son syllogisme pourrait provoquer des dégâts dans l’égo des beidanes.

Du Syllogisme premier :

« Tous les beidanes sont des arabes
Or les harratines sont des arabes
Donc les harratines sont des beidanes. »

Découlera un syllogisme second :

« Tous les Harratines sont des arabes
Or les beidanes sont des arabes
Donc les beidanes sont des... harratines »

Et pourtant Boulkheir n’étant pas allé au bout de son raisonnement a raté une occasion unique d’établir une relation d’identité entre les harratines et ce qu’il appelle les beidanes. Si les beïdanes sont des arabes et les harratines sont des arabes alors les harratines sont des beidanes et ...les beidanes sont des harratines. En somme, une même et unique entité. Les prémisses aboutissant alors à une conclusion heureuse.
Est-ce à dire donc qu’être leader historique n’empêche pas d’être historiquement incohérent ?

Cependant, et pour mieux embrasser la réalité et le faits historiques, Ould Boulkheir aurait mieux fait d’inverser son raisonnement :

 « Les harratines ne sont pas d’origine arabe mais les harratines sont des beidanes».

En effet qu’est-ce qui caractérise le hartani par rapport au beidany ?

-          Couleur de peau ? La plupart des maures ont la couleur noire et mat
-          Langue ? Les harratines parlent Maure, comme les maures
-          Tradition ? Ils ont les mêmes us et coutumes que les maures
-          Religion ? Ils sont musulmans comme les maures

Alors ?

Si des individus partagent la même langue, la même culture c’est une même communauté.
Sur quoi les tenants de l’identité harratine peuvent différencier les harratines, des maures ? Uniquement sur le plan des origines et là encore !

En effet, le brassage des peuples et la diversité des origines humaines, ne répondent pas à l’unicité de la logique classique mais à une analyse historique et factuelle.
Ainsi on pourrait dire que les harratines sont des individus noirs de peau (capturés dans diverses contrées d’Afrique) par les arabes au cours de leur invasion des pays subsahariens, et au-delà, mis en esclavages , vendus et exploités. Ceci est une réalité historique incontournable dont les séquelles continuent encore aujourd’hui

Ces êtres capturés ont été assimilés culturellement et ont adopté, par la force des choses, la langue, les us et coutumes des arabes. Une bonne frange d’entre eux est devenue par les affranchissements, les mariages, les alliances et les liens de sang, eux-mêmes des arabes (au sens nobiliaire pas au sens d’identité.)

Une différenciation n’est donc que d’origine. L’origine négro-africaine des harratines ne fait pas de doute, ils sont cependant devenus des beidanes, au sens où ceux-ci ont une diversité d’origines qui va de l’arabe, au berbère au négro-africain.

Ainsi Les zwaya sont cependant des tribus berbères assimilées par la conquête et la soumission aux beidanes. Les griots et les forgerons sont issus aussi de ce processus. Et pourtant ni la zwaya, ni les griots, ni les forgerons ne se réclament autrement que des beidanes.

En serait-il autrement des harratines ?

Leur différenciation historique d’avoir eu de ancêtres négro-africains et d’avoir subi l’esclavage, n’empêche pas que ce sont des maures à part entière. Car l’élément pertinent de leur appartenance à la famille maure n’est ni leur origine historique, ni leur condition sociale mais leurs attributs linguistiques et culturels.

Eussent-ils été d’origine grecque, du moment qu’ils ont intégré socio-culturellement l’entité maure, ils en sont devenus une partie entière.

Car s’il y a une vérité vraie c’est que les Maures, dans leur origine même, n’ont aucune unicité ethnique réelle. Les arabes dans leurs invasions du Nord de l’Afrique et au-delà du Sahara se sont croisés avec une multitude d’autres peuples (berbères, négro-africains...).  

On ne peut séparer les harratines des maures (beidanes) ils en sont une partie intégrante. Les conditions esclavagistes qu’ils ont vécues ne leur enlèvent nullement cette identité.

Ould Boulkheir semble ignorer le fameux principe aristotélicien de« Non-contradiction » qui affirme « qu’une même chose ne peut pas, en même temps et sous le même rapport, être et ne pas être dans un même sujet".

Ainsi les harratines ne peuvent pas être des arabes et ne pas être des arabes...des maures, à moins que Ould Boulkheir ne soit déjà allé se faire voir chez les grecs.


Pr ELY Mustapha

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Pr ELY Mustapha