dimanche 9 septembre 2012

Carnet de voyage d’un anti-septique.

Au pays d’ici-bas et au-delà.

Je reviens de Nouakchott. Ville sur laquelle, hélas, je suis tombé en passant vers l’Ouest. Ne m’en voulez pas. Il fallait bien que je passasse par là. Et j’y suis passé. Mon passeport expirant sous le poids des visas, il fallait que je le renouvelasse. Ce qu’ils fissent et réalisassent pour moi, sous le poids des liasses. Non que personne ne se méprennasse ( ?) sur la conjugaison en « asse » que prennent les verbes de ces propos. Je n’ai pas un cheveu sur la langue, ils reflètent inconsciemment le parcours dégueulasse que j’eu dans la mélasse d’un Nouakchott inondé et puant les fosses septiques. Nouakchott la crasse. Nouakchiotte, aurions-nous pu écrire (voir l’historique de cette appellation dans mon roman « Oualata »- éditions cultures Croisées. Paris.).

Voici, en clichés, une virée au pays d’ici-bas et au-delà.

Mon nom est Demba Sow

Lorsque j’ai présenté mon numéro du dernier recensement effectué par l’ambassade de Mauritanie à Tunis en 1998 (le fameux papier jaune), et sur lequel il y a trois ans j’avais obtenu ma carte d’identité, que fut ma surprise lorsque le fonctionnaire en faction devant son ordinateur me dit : ce numéro est celui d’un certain Demba Sow !

Eh oui, le numéro 094757 du registre du recensement national à vocation civil correspondant à Moustapha Ould Ahmed ELY était désormais celui de Demba Sow !

Transféré au Secrétariat d’Etat chargé de l’Etat Civil on nous explique qu’il s’agit d’une erreur de base de données ! La rectification en fut faite.

Toutefois, la question que l’on se pose : Si cette situation avait été généralisée a beaucoup de citoyens durant une certaine élection de 2009, ne constituerait-elle pas une fraude au registre national d’Etat civil ? Avec les conséquences que l’on sait sur l’identité des personnes et la délivrance des bulletins d’électeurs.

En tout cas il est certain que si j’étais venu voter à Nouakchott durant les élections de Aziz j’aurai voté en tant que Demba Sow ! Curieux n’est-ce pas ?

 

Le passeport mille feuilles.

N’étant plus Demba Sow et ayant obtenu un nouveau numéro de sous-développé recensé sous un interminable numéro à quinze chiffres, je décidais de me faire faire un passeport aussi gros que lui.

On m’expliqua, en effet, que plus on a d’argent plus le passeport est gros et donc comme "tous ceux qui vivent à l’étranger sont riches”, j’ai décidé d’en avoir le plus gros possible !

Non pas que je veuille m’alourdir de ce document qui vous rattache à la 1ère impuissance mondiale mais pour revenir le plus tardivement possible en chercher un autre.

Exploit donc. J’ai pu obtenir un passeport de « 100 pages » à 1000 UM la page. C’est pas cher payé. D’ailleurs le monsieur qui me l’a remis m’a dit, en me montrant la pile de passeports étalée devant lui : « Aucun problème pour trouver votre passeport, c’est le plus gros ! ».

Pensant probablement que j’allais en tirer une fierté, il me le remit d’un geste auguste, mais pas celui du semeur mais celui du quémandeur d’une rétribution quelconque que le froissement d’un  billet de 1000 UM assouvit aussitôt.

Toutefois, je m’étais demandé pourquoi on vous propose un passeport de « 100 pages » à 100 000 UM. Alors que le passeport ne contient que 62 pages utiles ( en sus des 2 pages de blabla officiel) ? Le ministère des finances ne sait pas compter ? Probablement. En tout cas cela explique les soustractions frauduleuses du budget de l’Etat mauritanien. A quand alors le passeport « mille feuilles » ?

 

Feu rouge aux renseignements

FEU ROUGE RENSEIGNEMENTSAvez-vous jamais vu un feu rouge installé hors d’un croisement ou d’une intersection routière ? Non ? Normal. On ne place pas un feu rouge sur une voie unique libre. Et pourtant on aura tout vu en Mauritanie.

Ou se trouve ce feu rouge ?

Non loin du Secrétariat d’Etat chargé de l’Etat Civil devant le Siège de la Sureté nationale. Devant la porte d’entrée principale : un feu rouge ! Défense de rire. On savait que les renseignements généraux se devaient d’être discrets ; mais pas à ce point.

La question est : pourquoi les Renseignements généraux mettent un feu rouge à l’entrée de leur bâtiment alors qu’il n y a ni croisement de routes, ni intersections ?

Pour mieux comprendre cela ne vous référez à aucune logique cartésienne, ces gens-là ont leur propre logique. Le fait qu’ils aient placé un feu rouge devant un portail entre dans l’ordre normal des choses. En effet, les renseignements généraux arrêtent souvent et n’aiment pas qu’on les double. Or non seulement on s’arrête mais on ne double pas à un feu rouge. C’est là toute la philosophie.

En tout cas avec ce feu rouge bien en évidence devant leur portail, les renseignements généraux ne se mettent pas au vert. Avec une présence aussi ostensible, ils feraient mieux d’aller rejoindre la Brigade routière.

Dans le mur de l’au-delà.

clip_image003A Nouakchott, les décès ne se comptent plus sur les routes, les suicides domestiques non plus, les crimes abjects de parents sur leurs enfants, de maris sur leurs épouses se racontent comme des histoires ordinaires. Jamais autant que ces dernières années, le nombre de brûlés vifs, de suicidés, n’a eu autant d’ampleur. A croire que face à leur triste vie les gens préfèrent désormais l’au-delà à la vie ici-bas.

Certains semblent d’ailleurs avoir trouvé un raccourci. Tel ce chauffeur qui est allé s’encastrer dans le mur du cimetière de Nouakchott. Il n’a  tué personne car  ils étaient tous déjà morts.

Bel exemple de ce qu’est devenue une société mauritanienne peuplée de chauffards suicidaires guidée par un mécano. L’Etat quant à lui est depuis longtemps entré dans le mur… du silence.

 

 

Pr ELY Mustapha

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