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Performances macro…mensongères et micro…fallacieuses
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Comme à l’accoutumée le Fonds monétaire international fait sa visite à Nouakchott pour rencontrer les responsables et débiter à travers sa mission sa litanie, toujours la même quel que soit le régime et quelle que soit la période :Tout va bien.
Cette mission entrant dans le cadre de la troisième revue de l'accord triennal 2010-2012 ne tarit pas d’éloges :
- un taux de croissance porté par les bâtiments et TP et l’industrie manufacturière qui devrait atteindre cette année 4,8%
- des réserves de change qui ont atteint des niveaux record avec 522 millions de dollars en fin septembre qui correspondent à 3,8 mois d’importation, malgré la contreperformance du secteur agricole liée au retard de la saison des pluies ;
- l’inflation contenue à un taux de 6, 1% en septembre et a moins de 06% en juin
- les comptes courants de la balance des paiements devraient atteindre d’ici la fin de l’année, 05,5% du PIB . Un niveau record du à la bonne tenue des recettes minières.
- taux de croissance en 2012 à 5, 5% du à la bonne tenue du secteur minier malgré les incertitudes, la sècheresse…
- taux d’inflation, il devrait être maintenu à 7% malgré l’envolée des prix grâce à la politique prudente de la BCM.
- en 2012 les réserves de change pourront atteindre quatre mois d’importation.
Une croissance jugée “admirable” par le chef de la mission qui met la cerise sur le gâteau-Mauritanie « Vu ces résultats, vu la performance à fin juin, la mission recommandera a la direction du FMI de soumettre a l’examen du conseil d’administration les conclusions de la troisième revue et il y aura un décaissement en décembre 2011 après approbation de ce conseil. »
Et voilà. Même discours, mêmes constats d’année en année et même désinvolture. Tout pour plaire aux autorités en place , justifier les frais de mission , accorder les DTS (Droits de tirages spéciaux) au gouvernement, justifier d’autres endettements, d’autres réajustement, d’autres assistances et maintenir le pays dans la dépendance du système de Bretton Woods.
Comparez le constat précédent avec celui de 2008 ci-après:
“La mission a aussi revu l’exécution du programme qui continue de se dérouler d’une manière satisfaisante. Tous les critères de performance et les repères pour fin décembre 2007 ont été atteints. Les évolutions macroéconomiques au quatrième trimestre 2007 ont été globalement conformes aux objectifs du programme malgré une conjoncture difficile. La croissance du PIB non-pétrolier a atteint presque 6% sur l’année 2007 bénéficiant du rebond de la production agricole et du développement de nouveaux projets miniers. Le niveau des réserves extérieures a dépassé légèrement l’objectif fixé pour fin 2007. Le déficit budgétaire a été maintenu dans les limites prévues par le programme.” source FMI, cliquer ici )
Comparez avec ceux de 2010 ci-après:
“Le, chef de division du FMI au cours d'une conférence de presse a déclaré que les résultats macroéconomiques enregistrés en 2010 ont été dans l'ensemble satisfaisants", et que "le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) réel s'est chiffré à 5,2% (en 2010), et, enfin, pour la même période le "taux d'inflation a été contenu à 6,1%”
Une croissance à deux chiffres quasiment tous les ans, c’est un peu gros nom comme mensonge pour un pays qui traine dans la liste des pays sous-développés et dont les citoyens crèvent la misère et l’endettement suivant tous les indicateurs de développement.
Le FMI poursuit une politique aveugle qui a défaut de pouvoir assoir ses objectifs inhérents à sa philosophie libérale (ajustement générant la misère), s’est mis, à travers ses missions à justifier sa propre existence et la survie de sa bureaucratie.
De l’autre côté ce que recherchent les autorités mauritaniennes (et les pauvres pays “ajustés” par le FMI), c’est un satisfécit. Les missions du FMI le leur donnent. Chacun y trouve son compte. Les premières s’en servent pour faire croire en la « bonne santé » de l’économie nationale et la “justesse” de leur gestion. Les secondes justifieraient leur déplacement et le profit du FMI.
Celui qui n’y trouve pas son compte c’est bien le pauvre pays qui est la dinde de la farce. Un pays qui croît dans la misère. C’est pourtant élémentaire l’on ne peut croitre et rester petit.
Toutes les appréciations que débitent les experts de la mission du FMI sont fallacieuses tant au point de vue macroéconomique que microéconomique.
En effet sur le plan macroéconomique, le FMI fait une confusion flagrante (mais volontairement entretenue) entre « Croissance » et “rente”. A cette question nous avions consacré plusieurs articles ( voir notamment : « Croissance quelle croissance ? ») où nous avions montré que le chiffre avancé par le FMI est trompeur et porte sur la croissance au sens de "l’expansion du revenu national", c’est-à-dire ce "fourre-tout" dans lequel on fait figurer le revenu de la Nation quelle que soit sa provenance!
La croissance est ainsi celle du "revenu national" pas celle de la somme des valeurs ajoutées des unités économiques du pays et qui s'exprimeraient par des variations du Produit Intérieur Brut (PIB) réel (corrigé de l'inflation) ou nominal (exprimant la valeur marchande des biens et des services produits par un pays.).
Donc la croissance dont il s'agit est bien celle du Revenu National et non pas de l'économie nationale!
En effet, la croissance économique, telle qu’elle est calculée, ne mesure que la variation quantitative d’un agrégat économique, elle n’est donc pas synonyme de développement. Le développement est généralement associé à la croissance, mais il peut y avoir croissance sans développement. C'est le cas de la Mauritanie où les taux de croissance affichés ne sont que ceux du revenu national (rente nationale).
D’ailleurs il suffit de remarquer que dans son appréciation de la croissance économique, la mission du FMI ajoute toujours : « grâce à la bonne tenue du secteur minier » (voir déclaration plus haut). Or le revenu des ressources naturelles, n’est pas une « croissance économique » mais une véritable rente épisodique, épuisable et non générée par un tissu industriel et manufacturier, un savoir-faire, une technologie nationale. Un don de la nature éphémère (et vite détourné) ne compte pas dans la croissance.
Sur le plan micro-économique (duquel d’ailleurs le FMI n’a jamais rien eu à cirer ! ), l’appauvrissement de la population est ostensible, le délabrement des infrastructures publiques (sociales, sanitaires…) est visible et la dégradation du niveau de vie des ménages est un réalité palpable. A ce niveau, les fameuses recommandations du FMI de “mesures sociales d’accompagnement” qu’il indiquent à l’Etat ne sont que des chimères. Nous avions consacré plusieurs articles à l’appauvrissement de la société mauritanienne à travers la cellule économique de base, le ménage (voir notamment « l’équation qui empoisonne l’économie mauritanienne »)
Au cours de ces dix dernières années deux facteurs on détruit cet équilibre instable du revenu des ménages. Le premier est celui inhérent à la cherté de la vie dont les fondements sont à chercher aussi bien dans l’absence de compétitivité, de production et de productivité de l’économie nationale que dans des facteurs inhérents à l’économie internationale (flambée des prix des prix des céréales et de l’énergie). Et ce n’est pas le FMI qui pourra dire le contraire malgré sa déclaration permanente d’une croissance économique à deux chiffres. L’autre facteur étant le surendettement des ménages (voir notre article précité :”l’équation…”)
Quant au FMI lui-même , l’on avait déjà consacré plusieurs critiques à son intervention néfaste ( à travers notamment ses prises de position quant à la santé d’économie fragiles), intervention qui souvent est tronquée et qui aboutit à des résultats ahurissants que les gouvernement dans leur quête de reconnaissance font tout pour acquérir en utilisant même les falsifications les plus odieuses. (Voir notre article : « Faut-il croire le FMI ? »)
L’histoire récente de la Mauritanie nous montre que de janvier 2006 à juin de la même année la Mauritanie s’est vue refusée l’effacement de sa dette pour ces six mois, du fait que le FMI… a été induit en erreur par les chiffres falsifiés de l’économie mauritanienne fournis par les autorités mauritaniennes depuis 2003 !
Cette attitude a couté à la Mauritanie environ 86 millions de dollars de dette non épongée pour les six mois et le remboursement des montants reçus durant la falsification (toute l'année 2003 et la première moitié de l'année 2004.
Des millions de dollars perdus par la Nation par la faute de personnes qui aujourd'hui, publiquement, encore se portent au mieux de leur carrière...
Voici une institution internationale pullulant d’experts, disposant des moyens statistiques les plus fournis sur tous les pays, y compris la Mauritanie et qui se laisse mener en bateau par des chiffres fournis par des institutions nationales sans possibilité de les vérifier sur le terrain, de les recouper avec des données historiques, de les analyser par référence au contexte international de l’évolution économique internationale et des données fleuve des institutions et des observatoires économiques internationaux.
Le Fond monétaire international, induit en erreur ! Ce que d’ailleurs, dans une conférence restée dans les annales de l’inconscience de la gestion publique, un gouverneur de la banque centrale mauritanienne, un ministre des finances mauritanien révèleront lors d’une conférence en 2006 à Nouakchott.. Et cela a couté à la Mauritanie des Millions de dollars de dette non épongée du fait du report de l’effacement de la dette de six mois. Une poignée d’individus a faussé les données fournies au Fonds monétaire international.
Alors au vu de tout cela, fallait-il vraiment accorder tant d’importance à la conférence de la mission du FMI à Nouakchott ? Si ! Si ! Le ministre des finances et le gouverneur de la Banque centrale en avaient bien besoin pour berner l’occupant du Palais présidentiel.
Un pays criant sa famine à une tête roulée dans la farine.
Pr ELY Mustapha
En effet Prof,
RépondreSupprimerToujours la même litanie. Toujours.
Ahmed Ould Sidi