Monsieur Ahmed Daddah,
Depuis le temps que vous êtes dans l’opposition, vous êtes vous rendu compte que jamais l’opposition n’a accédé au pouvoir? Même pas une seule fois depuis l’accession de l’Etat mauritanien à l’indépendance.Vous êtes vous rendu compte que le pouvoir appartient toujours à ceux qui le détiennent, de fait, depuis toujours et vous n’en êtes pas?
Monsieur Ahmed Daddah,
Réduisez-vous à l’évidence: votre opposition ne vous a jamais conduit, ni vous ni les autres opposants au pouvoir. Vous y conduira-t-elle?
Dans la configuration actuelle du pouvoir vous êtes encore plus loin du pouvoir que vous ne l’étiez du temps de Maaouia ould Sid’ahmed Taya. Aussi depuis tout ce temps, vous êtes toujours opposant. Jusqu’à quand?
Monsieur Ahmed Daddah,
Nous savons pourquoi vous êtes opposant mais vous êtes vous posé la question: “pourquoi suis-je toujours dans l’opposition?” .
A moins que vous n’ayez décidé d’inventer l’opposition professionnelle, vous devez savoir qu’une opposition ne peut être que conjoncturelle et que vous devez forcément en sortir et en sortir ceux qui depuis des décennies militent avec vous et qui croient en vous. Sinon laisser la place.
Monsieur Ahmed Daddah,
Une opposition ça a pour vocation d’exercer le pouvoir. Et que faites-vous pour cela? Des déclarations conjoncturelles , des affirmations spectaculaires (“la Mauritanie, n’a pas de Président, pillage organisé des ressources etc. etc.”) suivant en cela, les envolées de l’autre opposant, Ould Boulkheir (“il faut renverser le régime…etc.”). Mais cela mène-t-il à quoi? Et que rapporte-t-il?
Le ridicule ne tuant pas en politique, celui de l’opposition engraisse la “majorité” (si elle existe).
Monsieur Ahmed Daddah,
La raison pour laquelle vous êtes toujours dans l’opposition, c’est vous-même. C’est à cause de vous que l’opposition est ce qu’elle est aujourd’hui: un faire-valoir du pouvoir en place.
Avez-vous fait une analyse de votre propre comportement à l’égard de tous ceux qui par la force accaparèrent le pouvoir? Savez-vous que c’est durant ces six dernières années que vous avez porté du tort, non seulement à l’avenir de votre parti le RFD pour l’exercice du pouvoir, mais aussi à la Mauritanie tout entière?
Saviez-vous qu’en tant que Président d’un parti politique dont toute l’action est régie par la loi, vous aviez entériné le coup de force contre le Premier magistrat de la République (en 2005 et en 2008)?
Saviez-vous qu’un potentiel candidat à la Présidence de la République ne peut pas entériner les coups de force contre les institutions de la République. Ce que vous avez fait.
Comment Pouviez-vous en tant qu’ancien candidat à la présidence de la République et challenger du Président élu que vous aviez félicité pour son élection, vous aviez quand même entériné son renversement ?
Comment un chef de l’opposition pouvait-il affirmer, en 2008, qu’il « comprend le geste » de militaires putschistes et accepter de dialoguer avec eux en faisant fi du respect des institutions et du président élu qui représentait la volonté du peuple.
Comment, à l’époque, en tant que Président de parti politique, pouviez vous déclarer que les militaires soient habilités à « redresser les déviations de la Démocratie », en éludant totalement le rôle strict que la constitution confère à l’armée nationale et non pas de porter atteintes aux institutions républicaines et à leurs représentants?
Comment après avoir rendu visite à l’actuel président vous l’aviez reconnu en tant que “Président de la République”, puis de déclarer récemment “la Mauritanie, n’a pas de Président”?
Ce comportement erratique ne vous a-t-il pas convaincu qu’il y a quelque chose à revoir dans votre stratégie de conquête du pouvoir? Votre expérience passée ne vous a-t-elle pas convaincu que ce n’est point payant de s’allier au premier qui accède au pouvoir mais plutôt de le combattre en s’armant d’une conviction de l’Etat de droit et non pas d’une compromission qui frise l’opportunisme.
Monsieur Ahmed Daddah
Le paysage politique mauritanien, a plus que jamais besoin d’une opposition forte. Le RFD l’était à la veille du coup d’Etat de 2005. Le RFD avait tout pour contraindre et s’imposer sur la scène politique. Hélas, il n’en fut rien. Le “dialogue” que vous avez initié avec les putschistes de l’époque a tourné à leur avantage et au détriment de l’opposition alors que vous auriez dû faire front aux plans national et international.
Au plan national, descendre dans la rue, initier des protestations continues, des grèves, des sittings , des meetings, ameuter les populations sur le viol de la constitution et la prise en otage du Président de la République. Refuser catégoriquement de dialoguer avec les militaires, demander la libération immédiate et sans conditions du Président de la République et de son premier ministre. Rétablir la légalité au plus vite et rétablir les choses en l’état en retirant tous les communiqués militaires, en rétablissant les fonctionnaires limogés à leurs postes et de dissoudre immédiatement le haut conseil d’Etat.
Sur le plan international, ameuter la communauté internationale, alerter les organisations internationales, investir les médias internationaux de prises de positions fermes et des dénonciations des violations que le pays subi. Demander l’intervention immédiate de la communauté internationale pour obliger les militaires à quitter le pouvoir.
Mais vous n’en fîtes rien. Pourquoi? Et qu’avez-vous récolté? La défaite et la confiscation du pouvoir par ceux-là dont “vous compreniez le geste”.
Quelles leçons en avez-vous tiré?
En 2008, vous négociez les accords de Dakar alors que le président élu était en détention.
Monsieur Ahmed Daddah,
La politique est un engagement, non pas seulement pour accéder au pouvoir et mettre en application les idées pour lesquelles on se bat, mais aussi faire que l’acte même d’opposition soit un acte respectable et respecté. Faire que l’opposition soit une référence pour le peuple. Or qu’arrive-t-il aujourd’hui? Une opposition défaite qui se débat dans ses contradictions et qui, à défaut, de rechercher à accéder à un semblant de pouvoir par la petite porte (“gouvernement d’union nationale”), n’a aucune stratégie, si ce n’est les déclarations tonitruantes et la compromission incessante ( avec une “majorité” qui n’en a que le nom).
Monsieur Ahmed Daddah,
Je ne sais si vous ne voyez que votre parti, ou vos objectifs politiques, mais par cette forme “d’opposition”, vous portez gravement atteinte à l’avenir politique de la Mauritanie. En ce sens, que vous occupez un espace institutionnel appelé “opposition” et votre existence, elle-même, justifie le pouvoir. En effet, le pouvoir en place ne justifie son essence démocratique que parce que vous existez! Vous êtes donc une opposition qui, malgré elle, est instrumentalisée pour justifier un Etat de droit. Or celui-ci n’existant pas, votre présence porte préjudice à la réalité politique en Mauritanie. Et par ce fait vous condamnez le peuple mauritanien à végéter dans le semblant d’un Etat de droit que le pouvoir justifie par l’existence d’une opposition qui n’arrive pas à jouer ce rôle.
Monsieur Ahmed Daddah,
Le RFD, à l’image des autres partis de l’opposition qui regroupent certainement des hommes et des femmes exceptionnels, se doit de revoir sa stratégie. Et cela est d’autant plus impératif que ce n’est pas du RFD qu’il s’agit, mais d’une structure partisane qui reflète, à côté des autres partis, l’image institutionnelle de “l’opposition”. Une institution sans laquelle il n y a pas de démocratie. Et dont la présence, au yeux du monde, est une preuve de cette démocratie. Aussi c’est une lourde responsabilité que de continuer à être l’image partisane d’une opposition qui n’existe pas. il ne peut y avoir d’opposition sans partis, mais l’existence de partis ne constitue pas une opposition.
Or c’est ce dont souffre aujourd’hui la Mauritanie: une opposition qui justifie le pouvoir en place et qui n’est pas en mesure de jouer son rôle. Le RFD y est pour quelque chose en considération de la place qu’il occupe dans le paysage partisan.
Pour lever ce tort au peuple et à la nation, il convient de revoir la stratégie du RFD dans ses moyens, ses objectifs pour l’exercice du pouvoir. Mais cela ne peut se faire que si, en tant que Président du RFD, vous revoyez vous-même votre comportement à l’égard du pouvoir ainsi que les voies et moyens utilisés dans le passé pour y arriver. Et pour cela il y a une formule miracle qui vaudra particulièrement pour vous: tirer des leçons urgentes de votre comportement, à l’égard des détenteurs de fait du pouvoir, durant ces six dernières années. Et en prendre le contrepied.
Pr ELY Mustapha
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l'erreur était fatale de 2008.il a été bien roulé dans Nkhala au lieu de la farine.
RépondreSupprimerAhmed est fini ses sorties médiatiques c'est juste pour l'honneur rien d'autres, les convaincus du Rfd sont dépuis 2008 en dehors du parti. Mon mécanicien me disait qu'un parti politique c'est un moteur de voiture qu'il faut reparer avec des bonnes pièces; Ahmed ne remplace jamais une pièce défectueuse que par une autre usée...
Cher Professeur Ely;
RépondreSupprimerLs gens écrivent des lettres aux personnes dans le pouvoir et toi tu écris à l'opposition. Il faut écrire pour les petsonnes qui peuvent faire quelque chose et pas à DaddAh et les autres. Ils sont inutiles.
En tout cas mes respects à toi au moins tu n'écris pas pour ton interêt personnel et petit de ceux qui écrivent des lettres pour avoir des choses du pouvoir.
Pour Daddah, il faut lui dire de lire tes aricles d'avant, ça va le guider.Sinon envoit les pour le RFD, c'est très important pour nous tous.