jeudi 5 novembre 2009

For Mauritania « prend acte »

Très fort Mauritania !

For Mauritania « Prend acte ». Une telle attitude ne rappelle-t-elle rien à notre conscience collective?

Face au tournant de 2005, la misère de l’opposition a commencé le jour ou un certain Ahmed Daddah , face à un coup d’état qu’il pouvait contester et contrer en 2005, a « pris acte » neutralisant ainsi le plus grand parti de l’opposition de l’époque et se mettant lui-même au service des militaires. Nous savons ce qu’il en advînt.

« Il a légitimé le putsch, supporté les putschistes et il a « pris acte » de leur putsch. Les militaires, l’on utilisé jusqu’au bout, embobiné et ils ont « pris acte » de son soutien. Soutien dont ils n'avaient besoin que les premiers jours. La communauté internationale méritait bien cela. » ( voir Les militaires ont pris acte ) et Ahmed pouvait-il agir autrement? »

Aujourd’hui for-Mauritania, à la suite d’une opposition vaincue du fait de sa propre turpitude, se prend à « prendre acte » d’une élection qu’elle a dénoncée, décriée et combattue et dont on a pu écrire en son temps : « Jamais au grand jamais des élections n’ont été l’expression de la défaite des principes et des idéaux proclamés que celles annoncées pour le 18 juillet. Tout autant que les grandes œuvres ne se bâtissent pas sur les marécages, les démocraties ne peuvent l’être sur des consciences avilies et des principes estropiés. » (Voir « Le vote des éclopés »)

Que se passe-t-il chez nos intellectuels ? Dès que le vent tourne en défaveur de leurs idées, ils se sentent obligés de rejoindre le courant vainqueur ou tout au mieux de se trouver une troisième voie leur permettant de quitter le combat ?

Dans un communiqué publié, For-Mauritania se transforme en « groupe de réflexions et de proposition », et « prend acte des résultats issus des élections du 18 juillet (…) »

Est-ce la fatigue, la conviction de l’inutilité du combat, l’opportunisme ou la volonté de participer autrement à la démocratie mauritanienne ?

Il ne fait pas de doute que c’est certainement le dernier argument qui prévaut . Car l’on ne peut imaginer que des intellectuels qui se sont levés d’un seul tenant malgré leurs difficiles localisations géographiques, usant de leurs propres moyens et de leurs temps, durant plusieurs mois de travail acharné, se soient tout à coup rendu compte de « l’inutilité de leur combat » ou qu’ils soient frappés d’un opportunisme qui tout à coup naîtrait parmi eux.

Mais alors pourquoi for Mauritania, ne reste pas « for Mauritania ». Ce mouvement intellectuel qui avait pour objectif : « La mise en échec du coup d'Etat du 6 août, la restauration de l'Ordre Institutionnel et le retour dans ses fonctions du Président élu ; la restauration de la Démocratie et sa pérennisation. » ?

La réponse est pourtant simple:

- For-Mauritania défendait la légitimité d’un Président et sa réintégration à ses fonctions de président. Et voilà que le Président a par lui-même démissionné !

- For Mauritania supportait une opposition au coup d’Etat, appelée FNDD alors que c’est cette même opposition qui « négocia » les fatales élections du 18 juillet et convainquit le président de démissionner !

Que restait-il donc à For-Mauritania, sinon jouer au Don quichotte et pourfendre des moulins à vent.

For-Mauritania fut une œuvre honnête d’intellectuels mus par de nobles convictions qui croyaient que l’on pouvait compter sur une opposition mauritanienne digne de ce nom.

Hélas, cette opposition est depuis longtemps gagnée par l’opportunisme et minée par le clientélisme permanent. Opposition dont certains membres et dirigeants en ont fait un instrument de leur politique du « ventre ». Il suffit de s’en convaincre, aujourd’hui, de voir les « mains tendus » vers le pouvoir d’Aziz.

L’erreur de For Mauritania, c’est d’avoir cru qu’il y avait une opposition politique en Mauritanie. Et si aujourd’hui For-Mauritania veut se transformer en « groupe de réflexions et de propositions », c’est que c’est probablement le constat de cet état de fait.

Mais la question est de savoir, malgré les nobles intentions d’un tel groupe, sur quoi va-t-il réfléchir et quelles propositions pourra-t-il faire ?

Ce n’est point que nous doutions des hautes compétences de ce groupe, mais en politique mauritanienne pour « réfléchir et proposer », il faut être du bon côté.

Or le groupe de For Mauritania ayant, ongles et griffes, combattu ceux qui aujourd’hui ont accaparé le pouvoir « criera longtemps dans le désert ». Tant il est vrai qu’en politique mauritanienne d’aujourd’hui, ce n’est pas l’idée qui compte mais la personne. La politique mauritanienne n’est pas bâtie sur une lutte d’idées mais sur une lutte de personnes.

Le pouvoir ce n’est pas l’Etat, son idéologie et ses institutions, c’est Aziz, son Basep et ses courtisans. L’opposition, ce n’est pas le militantisme, l’idéologie et les masses, ce sont ses présidents, secrétaires généraux et les acquis pour compte.

Comment dans ces conditions s’inventer en « groupe de réflexion et de proposition » ?

Ou « for Mauritania » a succombé, face au dépit, à une naïveté qui ne lui sied pas. Ou ce groupe pense qu’avec la légalisation d’un putschiste grâce à la cupidité d’une certaine opposition qui a sacrifié ses principes, les choses ont changé ?

Si, aujourd’hui, Aziz bénéficie de la grâce qui, on le sait, est conférée par les mauritaniens rampants à tout « homme fort » qui les écrase, rien ne dit que cet état de grâce est permanent.

Et ce qui est certain c’est que ce genre de régime qui arrive par la force, qui s’instaure par la force et qui s’impose par la force n’est ni adepte « de la réfléxion » et encore moins de « propositions »…qui ne viendraient pas de lui.

Quant à réfléchir pour l’opposition ou lui proposer, défaite, humiliée, elle n’impose ni ne dispose.

Vivement que For-mauritania reste For Mauritania, ce mouvement dont on a pu dire, au moment de sa création, qu’il illustrait bien, face à la peste politique mauritanienne et ses dictateurs, « qu’il y avait en l’homme (mauritanien) plus de choses à admirer qu’à mépriser ».

Pr ELY Mustapha

2 commentaires:

  1. cher monsieur

    Dieu sait combien je fais très peu de cas de vos interventions depuis que vous avez sombré dans le frontiste aveugle, mais j'aime bien à l'occasion venir lire vos billets car vivant à l'abri du besoin et loin du pays vous pouvez dire le fond de votre pensée quand il vous arrive de ne plus rien espérer du pouvoir ce qui vous arrive de plus en plus et on s'en félicite bien que nous soyons des aziziens convaincus car avec vous on est certain de voir le bât quand il blesse

    peu importe, juste un mot au sujet de for mauritania, j'ai lu votre intervention c'est le brouillard complet , vous braquez sur eux votre mousquet sans vouloir tirer

    pour y voir clair à votre place, je vous invite à relire cette phrase tirée de leur communiqué sur cridem où l'emploi d'un certain mot ne peut être qu'un heureux hasard, ce mot symbole s'il en est d'un changement que nous appelons de nos voeux semble trouver une place de choix dans le coeur de formauritania version constructive:

    je cite " il se veut un lieu de réflexions et de propositions CONSTRUCTIVES au service de l'émergence d'un citoyen mauritanien libre blabla bla"

    formauritania veulent nous faire le coup de C.R version juniors et dents de lait, ils sont jeunes, personne ne peut leur en vouloir de suivre la trace des aînés, je ne parle pas de C.R mais de notre classe politique...

    Tant que AOD, messoud, et le jeune moloud n'auront pas pris le chemin des archives, les jeunes devraient refuser de servir de zigs et aller directement à la source des grands mots constructifs qui sont aussi les grands remèdes de l'ambition...

    Ce qui fait le charme de Aziz c'est qu'il n'en a rien à cirer des plumitifs comme nous, comme vous, il s'en tape royalement, écrivez jusqu'à fatiguer, il s'en tape

    il sait que le peuple, les politiques c du flan dans un pays comme le nôtre, il sait que c l'armée seule qui peut le déplacer , il sait où se tient le pouvoir aussi j'en profite pour lui dire s'il nous lit, qu'il n'est assis sur rien pour l'instant et nous ne sommes pas à l'abri d'un autre coup d'état car pour en faire il suffit d'un motif pour apaiser le peuple et les politicards, le motif viendra vite aux rythmes de mesures impopulaires du genre interdire aux sg de circuler créant l'aigreur partout, reprendre des voitures fatigués sans songer à une mesure plus juste, entretenir la tension avec les AON et MAOA sans trancher et leur laisser le soin de bloquer ce qu'il peuvent d'une certaine activité économique informelle dont les racines ne sont pas du tout négligeables dans le ventre et l'esprit du peuple ect ect

    gare à ce que les renards du sommet lui fassent croire qu'il est déjà Aziz le grand comme Daddah le grand psl, il en est loin , gare aux mesures sèches et aux paroles sans actes qui prouveraient à terme qu'on arrête que des laquais quand les barons ne risquent rien

    Taya qui a distribué ce pays aux clans des civils aux militaires n'a trouvé personne pour le défendre, que trouvera Aziz quand il aura mis partout le sentiment stérile que rien ne tourne, tout est bloqué, la tension est partout et peu de grandes têtes tombent

    on ne plaisante pas avec un tel souffle d'espérance , on ne le brade pas , on ose ou on se tait comme taya et on épargne des rêves inutiles

    salut

    kimporte

    ( merci de nous permettre copier coller , ce qui impossible actuellement on est obligé d'écrire directement et activer aussi le correcteur car à la vitess où l'on écrit un soutien poli n'est jamais de trop)

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  2. Merci Prof. En effet j' ai personnellement trouvé bizarre que For-Mauritania abandonne la resistance et se mette à faire de la reflexion sur une chose que tout le monde a si bien reflechi. Etonnant que l' on laisse tomber l' opposition qu' on a aidé à s' opposer.

    A la question que vous posez " Est-ce la fatigue, la conviction de l’inutilité du combat, l’opportunisme ou la volonté de participer autrement à la démocratie mauritanienne ?", je choisis l' opportunisme, comme une grande partie de l' opposition qui a forcé sidioca de demissionner et permettre aux putshistes de participer à l' election du 18 juillet.



    A-

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