Un phare pour nos rivages
Aziz est élu. Aziz est devenu président. Mais Aziz n’est pas autre chose que Aziz . Un putschiste. Un non légaliste. Un « légalisateur » d’un coup d’Etat. Mais Aziz est désormais « adulé ». Les éternels groupies du pouvoir s’agglutinent à ses bottes qu’il peine à enlever. Il sera bientôt « le tout ,l’unique et l’éternel ». L’indécrottable. L’infaillible. Le « supra-ultra-divin » de la courtisanerie scotchante des « plébiscités » à leur fauteuil roulant pour leurs intérêts. Aziz a légalisé son putsch. Aziz, un putschiste-président. Ou un président-putschiste, au choix et au désarroi de ceux qui le récusent.
Son plébiscite il le doit moins , cependant, au peuple que la misère et la supplique des gouvernants forts et opulents poussent à copuler avec les chimères électorales qu’à cette opposition qui à chaque putsch brade jusque ses principes . Cette opposition qui « prend note », qui « entérine », qui « enregistre » et qui « dialogue » avec tout putschiste qui passe, avait-elle vraiment le mérite et la dignité d’accéder à un pouvoir devant lequel elle se pliait à chaque coup de force et dont « elle prend acte » dans une humiliante et déconcertante attitude qui n’avait d’égale que la cupidité mythomane de ses dirigeants qui pensaient arriver au pouvoir « sur le capot d’une jeep militaire »?
Aujourd’hui cette opposition dont une partie a certes essayé de défendre la légalité (le FNDD , notamment) a été très vite empoisonnée par son autre aile «enregistrante» et rampante, à laquelle elle s’est alliée et qui l’a poussée à ce compromis de « Dakar » qui ne fut en fait que « le ticket » pour une course effrénée et inconsciente vers un pouvoir dont l’accès a été déjà verrouillé par celui qui le détenait depuis le 6 août dernier.
Mais alors que reste-t-il à cette opposition qui a tout perdu ? Rien. Un spasme de contestation d’une élection que personne ne pense plus contester, et même si cela était, le simple bon sens dicterait déjà que Aziz ne renoncerait plus jamais à son « bon droit » d’être président. Alors vaines tentatives de vouloir contrer celui qui est arrivé au pouvoir par la force des baïonnettes et qui s’y maintient par la force des urnes.
L’opposition perdante n’ayant pu contrer par une cohésion et une lutte digne de ce nom , l’accaparation du pouvoir par la baïonnette, n’est plus autorisée aujourd’hui à lutter contre le verdict des urnes. Et pourtant nous avions ici même appelé (et très tôt) à la prise de conscience de la nécessité de cette lutte avant le drame électoral ( voir : « Ahmed Daddah pouvait-il agir autrement ? oui ! » )
Cependant, contrairement à ce que chacun penserait, la balle n’est plus dans le camp de l’opposition mais bien dans celle de Aziz.
En effet, si Aziz a gagné les élections, il n’est toutefois pas sorti de l’auberge. Ceux qui l’on élu tout autant que ceux qui ne l’on pas élu l’attendent au tournant de ses engagements et promesses clamées de Dar Ennaïm à Hay essaken et au-delà, à travers tout le pays
Une opposition responsable se doit alors se réorganiser et très vite autour d’un thème fédérateur de défense de ses positions acquises durant le dernier putsch et les valoriser en prenant rapidement le contrepied du pouvoir sur ses promesses électorales et en prenant à témoin le peuple que le général a su si bien ameuter par ses déclarations. En sommes prendre le pouvoir à son propre jeu politique.
En effet, si les 52% et poussières que le général a acquis sont bien réels, alors il en découle une conséquence dont la portée est d’une extrême importance pour l’opposition : le peuple a cru aux promesses de « pain », « de santé », « de dignité », « d’honnêteté » que lui a miroitées Aziz.
Le peuple est alors dans une expectative, en attente de la concrétisation de ces promesses et si elles ne se réalisaient pas, alors cela pourrait être une déception sur laquelle l’opposition se devrait d’apprendre très vite à « surfer » et à récupérer pour contrer le pouvoir et jouer son rôle d’une opposition forte.
C’est autant dire que durant ces 12 mois de putsch, le peuple s’est grandement appauvri, qu’il a craint le pire des sanctions internationales, et qu’il s’est agrippé au fil d’espoir que lui a miroité Aziz à travers son discours du « ventre » teinté d’un nationalisme latent auquel il a cru. C’est autant dire le caractère explosif d’une telle croyance si celui en lequel elle est fondée n’assure pas.
C’est pourrions-nous donc dire que c’est certainement le calme face à une tempête à venir.
Une opposition intelligente serait celle qui déjà allumerait un phare sur les rivages obscurs vers lesquels l’espoir d’un peuple risque de s'échouer.
Tant il est vrai que le capitaine-général qui a pris possession du bateau-nation n’ayant eu , jusque-là, d’intérêt que pour sa propre gouverne, se devra de bien tenir les gouvernes . Faut-il cependant que sur son sextant, il ait bien calculé les coordonnées exactes de son port d’espérance populaire, car il ne lui est pas permis de revenir à son port d’attache.
Pr ELY Mustapha
Pas mal comme analyse. Cordialement!
RépondreSupprimerC'est parfait et bien vu.Bonne continuation.
RépondreSupprimer