La bulle et l’abcès
Plusieurs mois passés dans la lutte judiciaire au Congo,(RDC), m’ont permis de prendre du recul par rapport à ce qui se passe en Mauritanie. Ce qui n’est pas une mauvaise chose. Car à trop développer les critiques et générer les polémiques ont finit toujours par participer à ce que l’on ne voudrait pas qu’il soit : la psychose de l’impasse. Et pourtant pouvait-on l'éviter?
En République démocratique du Congo, la guérilla du CNDP dans le Nord Kivu vient de se terminer, la paix semble revenir à petits pas. Les frères d’armes se reposent, les guérilléros rejoignent les FARDC, l’armée régulière, et les villageois regagnent leurs villages. Le Congo panse ses blessures et le pays semble plonger tout à coup dans une nouvelle dimension où l’immensité de ce pays comparée aux années perdues en guerres, donne la mesure et l’importance de l’espace-temps dans le développement des nations.
Lorsque l’on rencontre ceux qui reviennent de ces contrées où la mort et la désolation furent pendant des dizaines d’années le quotidien de millions de personnes, l’on ne peut que se surprendre à penser que si des pays avaient pu vivre de telles atrocités et qu’ils arrivent à en sortir, l’espoir est alors permis que les crises qu’elle que soit leur intensité ne sont pas sans solution.
La crise mauritanienne en est une. Mais à la différence de la crise congolaise, où la violence tout azimut a fait exploser toute la haine contenue, toute la frustration accumulée durant des années par des populations entières, la crise mauritanienne, elle, ressemble à un abcès qui a défaut d’être crevé et vidé pour le salut du pays est entretenu à travers les manipulations d’une classe militaro-politique qui s’est greffée sur un corps social trahi par ses intellectuels, vendu par ses politiciens affaibli par son tribalisme et miné par son fatalisme. En somme, l’abcès se développe et nul doute qu’à défaut de crever, le corps qui le porte n’en est que plus malade.
Les congolais ont dans l’atrocité vidé leur abcès, ils sont passés par les périodes les plus cruelles de leur histoire. Aujourd’hui, des familles entières se cherchent à travers le pays, les fosses communes se déterrent encore, les conséquences sociales, économiques et psychologiques sur les populations restent incalculables. Plus de 60 millions d’habitants, comprenant 450 ethnies, parlant des centaines de dialectes vivant sur le troisième territoire le plus vaste d’Afrique, voilà l’enjeu d’un pays à gérer dans une perspective post conflictuelle.
Avec une poignée de tribus et d’ethnies et moins de 4 millions d’habitants , la Mauritanie n a pas la complexité socio-ethnique du Congo, ni son immensité , ni ses richesses entrainant l’envie et l’accaparation mais elle est entrée dans une phase dangereuse de son évolution sociopolitique. Une phase qui ressemble étrangement à ce calme précaire qui précède la tempête. Un pays sous une chape de plomb au bord de l’asphyxie sociale, économique et politique.
Les congolais ont vécu cela durant une trentaine d’année sous Mobutu et à la sortie d’une telle période, ils ont comme les mauritaniens après Taya essayé de réapprendre la démocratie et de regarder leur avenir mais contrairement aux Mauritaniens, ils ont tiré de l’atrocité qu’ils ont vécue une crainte profonde de retomber dans le passé et lorsque de nouvelles rebellions se sont déclarées aux frontières du pays, ils ont décidé d’aplanir leur difficultés en recourant au dialogue et aux concessions. C’est avec cette volonté qu’ils viennent de signer la paix avec toutes les composantes politico-militaires qui ont déposé les armes dans un cadre constitutionnel de réconciliation nationale.
Si le Congo a pu arriver malgré la gravité, la profondeur et la complexité de sa crise à la résoudre, pourquoi n’en serait-il pas de même en Mauritanie ?
-
La réponse on ne peut la trouver que dans la disparité qui existe entre les expériences. Non pas politiques mais dans le vécu du citoyen. Au Congo, le citoyen congolais a réellement vécu la crise de l’Etat, des institutions, il a été au centre d’une véritable catastrophe sociale et humanitaire. Des millions de morts, des déplacés , des atrocités quotidiennes lui ont renvoyé l’image de son désespoir. Un désespoir dans lequel il n’a eu aucun soutien. Car son premier soutien, l’Etat en était l’auteur. Durant des années se sont succédés, dans les villes et jusque dans la capitale, les mouvements de libérations, les groupes armées, les guérilléros de tout acabits se servant des civils comme chair à canon. A ce climat de terreur armée ou des centaines de factions réglaient leurs comptes, se propageait la misère, les épidémies et les pillages.
Le congolais, meurtri, pillé, violé recherchait désespérément la paix. Toutefois, Il avait à travers les armes épuisé toute sa haine , sa frustration contenue depuis des dizaines d’années face à un Etat qui l’oppressait. Il avait crevé l’abcès.
Au Congo, le citoyen a été au cœur du drame. Il en fut l’objet et le sujet. L’annihilation de l’Etat lui a permis de se retrouver face à lui-même, à découvert dans une insécurité et une précarité telle qu’il a compris qu’il devait s’en sortir en recréant un environnement sociopolitique nécessaire à son existence.
En Mauritanie, la crise de l’Etat n’est pas affaire de citoyen, mais d’élites, de classe, de lobby et de factions. Le citoyen n y est pas associé. L’Etat est géré hors de sa volonté et s’impose à lui. Dans cette situation, par frustration , dégout et impuissance contenus, il n’arrive pas à s’exprimer. Le citoyen ronge son frein. L’Etat tourne et se gère dans un cercle vicieux duquel le citoyen est exclu. Cette bulle politique constitue certainement l’élément le plus dangereux auquel fait face la Mauritanie actuellement. La période démocratique inaugurée en 2007 avait donné à cette bulle une relative transparence, et elle se rétrécissait du fait de la participation du citoyen à la vie démocratique. Une vie démocratique certes naissante mais qui avait sérieusement réduit la dangereuse contestation des institutions étatiques par le citoyen pour s’orienter vers la contestation des politiques entreprises par les décideurs politiques. Les citoyens cherchant alors à crever « la bulle » politique à travers la contestation sociale (telles les manifestations à l’est du pays sous le régime démocratique). C’était la voie sociale dans un système démocratique visant à crever l’abcès politique entretenu par des régimes militaro-politiques depuis une trentaine d’années.
La période démocratique avait donc réellement participé à créer un climat permettant d’aboutir à moyen ou long terme à remettre le citoyen au centre de la vie politique. Le coup d’Etat d'août 2008 est venu mettre un frein à cette expérience et le citoyen encore une énième fois bafoué voit monter un régime de la force, de la dictature qui s’emploie encore à renforcer sa propre bulle politique, à entretenir un abcès qui en devient encore plus grave et dont l’éclatement, eu égard aux tensions que ce coup d’Etat a engendrées depuis plusieurs mois, risque d’entrainer le pays dans un chaos dont nul ne voudrait.
Au Congo, le ras le bol engendré par la dictature persistante de Mobutu n’ayant pu trouver son expression dans un processus démocratique pouvant évacuer les tensions a vu naitre aux quatre coins du pays , une contestation armée qui a ravagé le pays , fait des millions de morts, détruit des communautés entières et dilapidé les ressources nationales. Les leaders des factions militaires incontrôlées avaient décidé de reconquérir le pouvoir à travers des mots d’ordres communs : « chasser la dictature, rendre aux congolais leur dignité, instaurer la démocratie ». On sait cependant que la dérive a été telle que cela ne s’est pas arrêté à crever l’abcès institutionnel mais que cela a durablement marqué le Congolais qui en garde encore de profondes séquelles. Mais aujourd’hui chaque Congolais, ayant subi directement ou indirectement les affres de la guerre sait que c’était inévitablement le lourd prix à payer pour faire valoir son existence face à un régime qui s’est enfermé dans la bulle de ses intérêts à l’exclusion de tous les autres.
Au Congo existe une culture de la tolérance et une religion bien ancrées, pourtant elles n’ont pu servir de barrières aux atrocités et autres actes innommables qui ont secoué l’être et le conscient congolais. Aussi l’expérience congolaise montre que le peuple, tout peuple, peut atteindre de façon imprévisible un point de saturation mu par une mécanique propre dont les effets sont ravageurs.
Cette saturation prenant sa source dans les dizaines d’années de frustration, d’indigence, de négligence qui en s’accumulant n’attendent qu’une étincelle pour se transformer en « coups de machettes » aveugles.
-
Le citoyen mauritanien se sent aujourd’hui pris dans un piège institutionnel dont il ne voit pas l’issue. Un général mégalomane qui s’est accaparé au mépris de tout un peuple du pouvoir et qui entend le gérer à sa façon en s’entourant du miasme intello-militaro-politique dont on bénéficié, à leurs dépens, ses prédécesseurs. De l’autre coté un président élu qui bénéficie du soutien de ceux qui défendent la démocratie et refusent le fait accompli.
Mais jusque-là , la démocratie n’a pas prévalu, le président n a pas retrouvé son siège et le général a mis à genou socialement et économiquement le pays. Pire encore : appliquant sa politique jusque-boutiste il n’hésite plus à s’allier au diable.
Dans cette situation, la démocratie ne se conquiert plus par les mots ni par les discours. Les congolais l’ont compris atrocement. La rigidité d’un système dictatorial ne peut trouver sa solution que dans la confrontation directe.
La confrontation : l’unique expectative?
L’observation de l’évolution des événements montre que si une solution n’est pas rapidement trouvée la confrontation deviendra inévitable. Une confrontation non pas par discours interposés mais sur le terrain.
Aujourd’hui le général limogé sait qu’il est acculé et qu’il est sera forcé de partir. La communauté internationale l’a déjà mis dans son collimateur. Et la seule tête de liste à laquelle , il pourra prétendre est celle des interdits, dressée par l’Union Africaine. De liste électorale, il n’en verra pas la couleur.
Mais pourquoi la confrontation paraît-elle de mise ?
Simplement parce que la Mauritanie fait aujourd’hui face à une junte criminelle qui sans se suffire de ce qu’elle a commis comme dégâts, s’est encore attachée à miner le pays.
Au niveau national, le général limogé et ses acolytes (transfuges parlementaires, intellectuels véreux, politiciens sans scrupules) sont depuis plusieurs mois en train de détruire le pays. Leur activité de sape a renforcé la perversion des mentalités sociales, elle a détruit l’économie, dilapidé les ressources financières de l’Etat et bradé ses ressources naturelles.
En République démocratique du Congo, la guérilla du CNDP dans le Nord Kivu vient de se terminer, la paix semble revenir à petits pas. Les frères d’armes se reposent, les guérilléros rejoignent les FARDC, l’armée régulière, et les villageois regagnent leurs villages. Le Congo panse ses blessures et le pays semble plonger tout à coup dans une nouvelle dimension où l’immensité de ce pays comparée aux années perdues en guerres, donne la mesure et l’importance de l’espace-temps dans le développement des nations.
Lorsque l’on rencontre ceux qui reviennent de ces contrées où la mort et la désolation furent pendant des dizaines d’années le quotidien de millions de personnes, l’on ne peut que se surprendre à penser que si des pays avaient pu vivre de telles atrocités et qu’ils arrivent à en sortir, l’espoir est alors permis que les crises qu’elle que soit leur intensité ne sont pas sans solution.
La crise mauritanienne en est une. Mais à la différence de la crise congolaise, où la violence tout azimut a fait exploser toute la haine contenue, toute la frustration accumulée durant des années par des populations entières, la crise mauritanienne, elle, ressemble à un abcès qui a défaut d’être crevé et vidé pour le salut du pays est entretenu à travers les manipulations d’une classe militaro-politique qui s’est greffée sur un corps social trahi par ses intellectuels, vendu par ses politiciens affaibli par son tribalisme et miné par son fatalisme. En somme, l’abcès se développe et nul doute qu’à défaut de crever, le corps qui le porte n’en est que plus malade.
Les congolais ont dans l’atrocité vidé leur abcès, ils sont passés par les périodes les plus cruelles de leur histoire. Aujourd’hui, des familles entières se cherchent à travers le pays, les fosses communes se déterrent encore, les conséquences sociales, économiques et psychologiques sur les populations restent incalculables. Plus de 60 millions d’habitants, comprenant 450 ethnies, parlant des centaines de dialectes vivant sur le troisième territoire le plus vaste d’Afrique, voilà l’enjeu d’un pays à gérer dans une perspective post conflictuelle.
Avec une poignée de tribus et d’ethnies et moins de 4 millions d’habitants , la Mauritanie n a pas la complexité socio-ethnique du Congo, ni son immensité , ni ses richesses entrainant l’envie et l’accaparation mais elle est entrée dans une phase dangereuse de son évolution sociopolitique. Une phase qui ressemble étrangement à ce calme précaire qui précède la tempête. Un pays sous une chape de plomb au bord de l’asphyxie sociale, économique et politique.
Les congolais ont vécu cela durant une trentaine d’année sous Mobutu et à la sortie d’une telle période, ils ont comme les mauritaniens après Taya essayé de réapprendre la démocratie et de regarder leur avenir mais contrairement aux Mauritaniens, ils ont tiré de l’atrocité qu’ils ont vécue une crainte profonde de retomber dans le passé et lorsque de nouvelles rebellions se sont déclarées aux frontières du pays, ils ont décidé d’aplanir leur difficultés en recourant au dialogue et aux concessions. C’est avec cette volonté qu’ils viennent de signer la paix avec toutes les composantes politico-militaires qui ont déposé les armes dans un cadre constitutionnel de réconciliation nationale.
Si le Congo a pu arriver malgré la gravité, la profondeur et la complexité de sa crise à la résoudre, pourquoi n’en serait-il pas de même en Mauritanie ?
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La réponse on ne peut la trouver que dans la disparité qui existe entre les expériences. Non pas politiques mais dans le vécu du citoyen. Au Congo, le citoyen congolais a réellement vécu la crise de l’Etat, des institutions, il a été au centre d’une véritable catastrophe sociale et humanitaire. Des millions de morts, des déplacés , des atrocités quotidiennes lui ont renvoyé l’image de son désespoir. Un désespoir dans lequel il n’a eu aucun soutien. Car son premier soutien, l’Etat en était l’auteur. Durant des années se sont succédés, dans les villes et jusque dans la capitale, les mouvements de libérations, les groupes armées, les guérilléros de tout acabits se servant des civils comme chair à canon. A ce climat de terreur armée ou des centaines de factions réglaient leurs comptes, se propageait la misère, les épidémies et les pillages.
Le congolais, meurtri, pillé, violé recherchait désespérément la paix. Toutefois, Il avait à travers les armes épuisé toute sa haine , sa frustration contenue depuis des dizaines d’années face à un Etat qui l’oppressait. Il avait crevé l’abcès.
Au Congo, le citoyen a été au cœur du drame. Il en fut l’objet et le sujet. L’annihilation de l’Etat lui a permis de se retrouver face à lui-même, à découvert dans une insécurité et une précarité telle qu’il a compris qu’il devait s’en sortir en recréant un environnement sociopolitique nécessaire à son existence.
En Mauritanie, la crise de l’Etat n’est pas affaire de citoyen, mais d’élites, de classe, de lobby et de factions. Le citoyen n y est pas associé. L’Etat est géré hors de sa volonté et s’impose à lui. Dans cette situation, par frustration , dégout et impuissance contenus, il n’arrive pas à s’exprimer. Le citoyen ronge son frein. L’Etat tourne et se gère dans un cercle vicieux duquel le citoyen est exclu. Cette bulle politique constitue certainement l’élément le plus dangereux auquel fait face la Mauritanie actuellement. La période démocratique inaugurée en 2007 avait donné à cette bulle une relative transparence, et elle se rétrécissait du fait de la participation du citoyen à la vie démocratique. Une vie démocratique certes naissante mais qui avait sérieusement réduit la dangereuse contestation des institutions étatiques par le citoyen pour s’orienter vers la contestation des politiques entreprises par les décideurs politiques. Les citoyens cherchant alors à crever « la bulle » politique à travers la contestation sociale (telles les manifestations à l’est du pays sous le régime démocratique). C’était la voie sociale dans un système démocratique visant à crever l’abcès politique entretenu par des régimes militaro-politiques depuis une trentaine d’années.
La période démocratique avait donc réellement participé à créer un climat permettant d’aboutir à moyen ou long terme à remettre le citoyen au centre de la vie politique. Le coup d’Etat d'août 2008 est venu mettre un frein à cette expérience et le citoyen encore une énième fois bafoué voit monter un régime de la force, de la dictature qui s’emploie encore à renforcer sa propre bulle politique, à entretenir un abcès qui en devient encore plus grave et dont l’éclatement, eu égard aux tensions que ce coup d’Etat a engendrées depuis plusieurs mois, risque d’entrainer le pays dans un chaos dont nul ne voudrait.
Au Congo, le ras le bol engendré par la dictature persistante de Mobutu n’ayant pu trouver son expression dans un processus démocratique pouvant évacuer les tensions a vu naitre aux quatre coins du pays , une contestation armée qui a ravagé le pays , fait des millions de morts, détruit des communautés entières et dilapidé les ressources nationales. Les leaders des factions militaires incontrôlées avaient décidé de reconquérir le pouvoir à travers des mots d’ordres communs : « chasser la dictature, rendre aux congolais leur dignité, instaurer la démocratie ». On sait cependant que la dérive a été telle que cela ne s’est pas arrêté à crever l’abcès institutionnel mais que cela a durablement marqué le Congolais qui en garde encore de profondes séquelles. Mais aujourd’hui chaque Congolais, ayant subi directement ou indirectement les affres de la guerre sait que c’était inévitablement le lourd prix à payer pour faire valoir son existence face à un régime qui s’est enfermé dans la bulle de ses intérêts à l’exclusion de tous les autres.
Au Congo existe une culture de la tolérance et une religion bien ancrées, pourtant elles n’ont pu servir de barrières aux atrocités et autres actes innommables qui ont secoué l’être et le conscient congolais. Aussi l’expérience congolaise montre que le peuple, tout peuple, peut atteindre de façon imprévisible un point de saturation mu par une mécanique propre dont les effets sont ravageurs.
Cette saturation prenant sa source dans les dizaines d’années de frustration, d’indigence, de négligence qui en s’accumulant n’attendent qu’une étincelle pour se transformer en « coups de machettes » aveugles.
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Le citoyen mauritanien se sent aujourd’hui pris dans un piège institutionnel dont il ne voit pas l’issue. Un général mégalomane qui s’est accaparé au mépris de tout un peuple du pouvoir et qui entend le gérer à sa façon en s’entourant du miasme intello-militaro-politique dont on bénéficié, à leurs dépens, ses prédécesseurs. De l’autre coté un président élu qui bénéficie du soutien de ceux qui défendent la démocratie et refusent le fait accompli.
Mais jusque-là , la démocratie n’a pas prévalu, le président n a pas retrouvé son siège et le général a mis à genou socialement et économiquement le pays. Pire encore : appliquant sa politique jusque-boutiste il n’hésite plus à s’allier au diable.
Dans cette situation, la démocratie ne se conquiert plus par les mots ni par les discours. Les congolais l’ont compris atrocement. La rigidité d’un système dictatorial ne peut trouver sa solution que dans la confrontation directe.
La confrontation : l’unique expectative?
L’observation de l’évolution des événements montre que si une solution n’est pas rapidement trouvée la confrontation deviendra inévitable. Une confrontation non pas par discours interposés mais sur le terrain.
Aujourd’hui le général limogé sait qu’il est acculé et qu’il est sera forcé de partir. La communauté internationale l’a déjà mis dans son collimateur. Et la seule tête de liste à laquelle , il pourra prétendre est celle des interdits, dressée par l’Union Africaine. De liste électorale, il n’en verra pas la couleur.
Mais pourquoi la confrontation paraît-elle de mise ?
Simplement parce que la Mauritanie fait aujourd’hui face à une junte criminelle qui sans se suffire de ce qu’elle a commis comme dégâts, s’est encore attachée à miner le pays.
Au niveau national, le général limogé et ses acolytes (transfuges parlementaires, intellectuels véreux, politiciens sans scrupules) sont depuis plusieurs mois en train de détruire le pays. Leur activité de sape a renforcé la perversion des mentalités sociales, elle a détruit l’économie, dilapidé les ressources financières de l’Etat et bradé ses ressources naturelles.
La Mauritanie, pays fragile ( voir sur ce blog "La Mauritanie dans 50 ans... ), se présente déjà dans la perpective d'un "Etat en déliquescence" (lire sur ce blog "L' Etat mauritanien est-il en déliquescence?" ).
De cette stratégie de la destruction découle celle de « changer » totalement la face du pays. Ainsi toute l’administration de l’Etat a été chamboulée à travers des centaines de nominations officielles et officieuses dont le but et de la neutraliser, y semer le désordre et l’allégeance aux militaires.
Le général limogé faisant feu de tout bois, n’a pas hésité à malmener la conscience nationale, en utilisant cyniquement les symboles de la nation et en accaparant sa mémoire. Le dernier acte en date est celui de la spoliation de la mémoire des martyrs militaires mauritaniens lâchement massacrés par ses compagnons d’armes et sur lesquels il ose aujourd’hui aller prononcer une prière dont l’intérêt pour lui est bien moins de reconnaître des crimes d’Etat et de les indemniser que de se jouer de la conscience douloureuse d’un peuple qu’il veut acquérir par les moyens les plus inhumains à sa cause.
Une ruelle au nom du regretté Président Moctar Ould Daddah, qui aurait mérité bien plus d’égards, passe encore, mais faire une « prière des morts » pour assurer sa propre survie, voilà qui est bien spirituel.
On ne peut rechercher à la dignité ici-bas en spoliant les vivants et en invoquant des morts qui réclament encore justice.
La Mauritanie est entrée dans une impasse. Non pas qu’elle ne s y dirigeait pas , mais parce que ce pays est devenu la victime de tous les acteurs politiques confondus. Nationaux et internationaux.
Que Kadhafi soit venu enseigner aux mauritaniens la dénomination nouvelle des mois de l’année, passe encore. Qu’il ait fait fi de leur histoire en y substituant la sienne, passe encore. Qu’il ait tenu des propos révoltants à l’égard des mauritaniens et de leur régime passe encore. Venu d’un putschiste qui s’adresse à un putschiste, cela se comprend. Il ne fit que parler le langage que les putschistes comprennent. Celui de l’obscurantisme et de la force ; et Kadhafi n’était venu que pour s’adresser à Aziz, son co-légionnaire. Le bédouin putschiste parle à son frère d’arme. Rien d’exceptionnel à cela. Et il fallait s y attendre.
Mais ce que personne ne peut désormais ignorer c’est qu’à force d’accumuler tant de frustrations, et tant d’humiliations les laissés-pour-compte finiront par réagir. Et nul ne sait d’où cela viendra. Les congolais vous le diront qui pleurent encore leurs morts parce qu’un dictateur s’accrochant au pouvoir a entrainé, à ses dépens, tout un peuple dans le chaos.
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En République démocratique du Congo, la guérilla du CNDP dans le Nord Kivu vient de se terminer, la paix semble revenir à petits pas. Les frères d’armes se reposent, les guérilléros rejoignent les FARDC, l’armée régulière, et les villageois regagnent leurs villages. Le Congo panse ses blessures et le pays semble plonger tout-à-coup dans une nouvelle dimension où l’immensité de ce pays comparée aux années perdues en guerres, donne la mesure et l’importance de l’espace-temps dans le développement des nations.
En République Islamique de Mauritanie, la confrontation a déjà commencé, la paix est oubliée et s’éloigne à grands pas. Les frères d’armes accaparent le pays à leur profit, les militaires se servent de l’Etat pour leur pérennité, l’armée régulière est neutralisée par un bataillon de sécurité. La Mauritanie pense à son avenir bafoué et le pays semble plonger tout-à-coup dans une nouvelle dimension où l’immensité de la crise dans laquelle un général l’a jetée , ajoutée à celle de ceux qui l’on précédé, donne la mesure et l’importance de l’espace-temps confisqué sur la voie du développement de la nation.
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Qui crèvera la bulle, crèvera l'abcès
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Pr ELY Mustapha
Le général limogé faisant feu de tout bois, n’a pas hésité à malmener la conscience nationale, en utilisant cyniquement les symboles de la nation et en accaparant sa mémoire. Le dernier acte en date est celui de la spoliation de la mémoire des martyrs militaires mauritaniens lâchement massacrés par ses compagnons d’armes et sur lesquels il ose aujourd’hui aller prononcer une prière dont l’intérêt pour lui est bien moins de reconnaître des crimes d’Etat et de les indemniser que de se jouer de la conscience douloureuse d’un peuple qu’il veut acquérir par les moyens les plus inhumains à sa cause.
Une ruelle au nom du regretté Président Moctar Ould Daddah, qui aurait mérité bien plus d’égards, passe encore, mais faire une « prière des morts » pour assurer sa propre survie, voilà qui est bien spirituel.
On ne peut rechercher à la dignité ici-bas en spoliant les vivants et en invoquant des morts qui réclament encore justice.
La Mauritanie est entrée dans une impasse. Non pas qu’elle ne s y dirigeait pas , mais parce que ce pays est devenu la victime de tous les acteurs politiques confondus. Nationaux et internationaux.
Que Kadhafi soit venu enseigner aux mauritaniens la dénomination nouvelle des mois de l’année, passe encore. Qu’il ait fait fi de leur histoire en y substituant la sienne, passe encore. Qu’il ait tenu des propos révoltants à l’égard des mauritaniens et de leur régime passe encore. Venu d’un putschiste qui s’adresse à un putschiste, cela se comprend. Il ne fit que parler le langage que les putschistes comprennent. Celui de l’obscurantisme et de la force ; et Kadhafi n’était venu que pour s’adresser à Aziz, son co-légionnaire. Le bédouin putschiste parle à son frère d’arme. Rien d’exceptionnel à cela. Et il fallait s y attendre.
Mais ce que personne ne peut désormais ignorer c’est qu’à force d’accumuler tant de frustrations, et tant d’humiliations les laissés-pour-compte finiront par réagir. Et nul ne sait d’où cela viendra. Les congolais vous le diront qui pleurent encore leurs morts parce qu’un dictateur s’accrochant au pouvoir a entrainé, à ses dépens, tout un peuple dans le chaos.
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En République démocratique du Congo, la guérilla du CNDP dans le Nord Kivu vient de se terminer, la paix semble revenir à petits pas. Les frères d’armes se reposent, les guérilléros rejoignent les FARDC, l’armée régulière, et les villageois regagnent leurs villages. Le Congo panse ses blessures et le pays semble plonger tout-à-coup dans une nouvelle dimension où l’immensité de ce pays comparée aux années perdues en guerres, donne la mesure et l’importance de l’espace-temps dans le développement des nations.
En République Islamique de Mauritanie, la confrontation a déjà commencé, la paix est oubliée et s’éloigne à grands pas. Les frères d’armes accaparent le pays à leur profit, les militaires se servent de l’Etat pour leur pérennité, l’armée régulière est neutralisée par un bataillon de sécurité. La Mauritanie pense à son avenir bafoué et le pays semble plonger tout-à-coup dans une nouvelle dimension où l’immensité de la crise dans laquelle un général l’a jetée , ajoutée à celle de ceux qui l’on précédé, donne la mesure et l’importance de l’espace-temps confisqué sur la voie du développement de la nation.
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Qui crèvera la bulle, crèvera l'abcès
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Pr ELY Mustapha
Bon retour professeur!
RépondreSupprimerVous nous avez laissé le vide . Excellent. comme d'hab!
Je suis d'accord que ça risque d'éclater chez nous si on ne fait rien.
Mes salutations.
Bon retour. Espere qu' on lia pour faire le parallele entre ce qui s' est passe au Congo et ce qui est entrain d' arriver.
RépondreSupprimerBonjour Prof,
RépondreSupprimerQuel bonheur de vous lire, l'attente en valait la peine...
Merci pour toutes vos réflexions toujours éclairées.
Un abcès avant de crever ne doit-il pas aussi mûrir pour mieux se vider?
T.
lu pour vous sur cridem
RépondreSupprimerAujourd’hui, le cercle des poètes ensablés vous présente : un acrostiche. C’est une pièce de pièce de vers composée de telle sorte qu’en lisant dans le sens vertical la première lettre de chaque vers on trouve la phrase prise pour thème
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« Entendez-le qui dit : vive Aziz pour mille ans »
A l'heure de vous répondre aucun mot ne vient
Car défendre les généraux ne rime à rien
Rappelons à ce titre que la poésie
Oblige les vers à tout sauf à l’amnésie
Seuls les griots peuvent glorifier le camp des armes
Trente ans de leurs règnes ont tout laissé en larmes
Ils ont pris ce pays : il n’ avait pas vingt ans
Ce pays dans leurs bras ne dit plus que hi-han
Humilié, exploité, brisé à dix huit ans
Entendez-le qui dit « vive aziz pour mille ans »
Aziz n’y est pour rien, il chassa le tyran
Le pays dit « merci » et lui en veut pourtant
Ils sont tous là à l’applaudir ou le maudire
Nul cependant n’ose l’affronter sans frémir
C’est un vieux monsieur qui osa le limoger
On connaît la suite: son mandat abrogé
Nul ne pouvait croire que Sidi oserait
Ni que son mentor Aziz le déposerait
Un six août fit croire que tout exploserait
Du décret inouï au coup d’état responsable
En deux temps, on passa du rêve à l’impensable
Y a-t-il eu dans l’armée le chaos ciblé
L’ordre pouvait finir fauché comme les blés
On vivrait alors comme on prend un bain de sang
Un seul rempart contre Aziz se mit en rang
Le Front des amis de Taya et de Sidi
Ensemble pour décrocher la lune à midi
Debout dans les salons ou face aux claviers
Envahissant le net et absent sur le gravier
Le Front est paralysé par ses propres membres
Aux bras aux jambes jusqu’à l’ego qui se cambre
Partout se pavanent les ennemis du peuple
Aux uns on doit ce rien qui, manquant, tout dépeuple
Rejoindre le système, trahir l’opposition
Tout ça pour souper dans toutes les positions
Des autres ténors célèbres au fil des ans
Un même air rappelle la morgue du Tyran
Comment un tel Front peut-il sauver la nation
En lui, dans chaque coin, la trahison en faction
Rappelle que le peuple est de tout sauf du front
Car le peuple est loyal, il reconnaît l’affront
L’affront fait à celui qui vous fit Président
En l’affrontant, il fit de vous un résident
Du mot Président, le P perd sa résidence
Et comme un pont vers un âtre sans résilience
Se retrouve perdu au front sans consistance
Pourtant vous aviez tout pour rester et dissoudre
Oh, Dieu ! Quelle erreur de choisir le feu aux poudres
En signant ce décret, vous entrez dans l’Histoire
Tout seul sans le Front, sa place est dans le crachoir
Et demain quand vous serez tout seul dans le noir
Sans autre Front que le souvenir du pouvoir
Eteignez votre portable et allez à Dieu
Ne vous a-t-il pas gâté jusqu’à votre adieu
Souvenez-vous de votre vie jusqu’au pouvoir
A.O.D a reçu une autre trajectoire
Blessé par le sort et à jamais sans victoire
Le voilà qui prend acte au nom de la mémoire
En sauvant Aziz du Front de leurs ennemis
Son combat se termine en vengeant ses amis
Vlane
Contente de votre retour, merhba bic
RépondreSupprimerMerci cher Prof de nous éclairer sur l'expérience au Congo, ça nous permet d'en tirer profit et tracer notre chemin de lutte pour le retour à l’ordre constitutionnel sur des bases plus sérieuses et plus solides.
Citoyenne
Bonjour Prof!
RépondreSupprimerOn voudra bien savoir quand-est ce que finira cette aventure au Congo?et quand pourriez vous entierement respirer a pleins poumons notre cher oxigene Mauritanien et savourer notre cuisine nationale apres ce sejour dans les forets equatoriales?Ca rapelle un peu la serie televisee "LOST".
Cordialement
cher prof,
RépondreSupprimerje suis un citoyen n'appartenant à aucun parti, je ne suis ni de FNDD ni pro-HCE. je me rappelle que je vous écris un message sur votre blog au temps de SIDIOCA qu'un petit soldat en mauritanie est mille fois mieux outillé, déterminé, visionneur pour la mauritanie que tous ces intellectulles. aujourdhui AZIZ dit la verité et descend sur le terrain, le monsieur est un moblisateur. alors la FNND est en mille morceaux sans vision, sans stratégie, sans rien du tout, ... ils ne cherche que le pouvoir.
Cher Prof dites le avec courage, que ce con nommé AZIZ - qu'il s'est emapré du pouvoir de façon illégal - qu'il n'est pas mieux pour la mauritanie que AOD+SIDIOCA+MESSOUD+ZZ+MOULOUD+ELY+JEMIL+....
cher Prof sois courageux et dites la vérité. La mauritanie n'a pas besoin d'un model démocratique à l'occidenatal, d'aillieir c'est impossible.
SIDIOCA est responsable de la situation actuelle : il n'a pas su comment cohabiter avec les militaires pour nous sortir des ères d'exception, il est nul en politique.
from NDB