A quoi jouent les français ?
S’il est vrai que la communauté internationale recherche dans l’unanimité la paix, la tranquillité, et le respect des peuples de leur indépendance et la sauvegarde de leurs richesses, cette attitude accuse une distorsion sensible lorsqu’un Etat, pivot dans un processus multilatéral ou bilatéral (accord de coopération, organisation internationale) qu’il a initié ou dont il est le fondateur, devient le vis-à-vis direct d’un Etat membre de ce processus.
Dans les grandes assemblées (telle l’Assemblée générale des Nations unies ou la CNUCED) où la représentativité des plus faibles est assurée massivement, la volonté des Etats s’exprimant naturellement, à travers les résolutions générales, influence la prise de décision et les positions des puissances occidentales . Il n’en est pas de même dans les organisations et les accords régionaux ou sous régionaux dans lesquels un pays central , par son poids historique, financier , économique et son rôle de fondateur et d’animateur principal utilise ces organisations, non pas seulement pour assurer la mission qui est dévolue à la structure internationale, mais aussi pour assurer le respect de principes fondamentaux sans lesquels cette mission ne peut être réalisée. Il en est notamment du respect des droits de l’homme, des libertés publiques et des institutions démocratiques.
C’est dans cette situation que se trouve la France dans ses accords avec les pays membres, généralement d’anciennes colonies ou partageant un facteur commun tel que la langue française.
Ainsi depuis les accords de Cotonou entrés en vigueur en 2003, qui ont succédé à ceux de Lomé, l’aide au développement n’est plus automatique. Elle est désormais liée à des conditions parmi lesquelles on retrouve « les réformes institutionnelles ». Réformes institutionnelles, parmi d’autres conditions qui vont déterminer l’enveloppe financière accordée et gérée dans le cadre d’une stratégie de coopération nationale approuvée.
La conditionnalité de l’aide n’est pas en elle-même une particularité, ce qui le devient c’est lorsque l’Etat pivot des accords de Cotonou se place en interlocuteur privilégié des Etats membres. C’est le cas de la France vis-à-vis des pays africains. Alors que cet accord n’engage pas la France "ut singuli" mais l’Union Européenne dans son ensemble puisqu’il est conclu entre l’Union Européenne et les 77 Etats ACP.
L’exemple le plus illustratif de l’attitude de la France transparaît à travers le traitement qu’elle fait actuellement du « coup d’Etat », en Mauritanie. Soufflant le chaud et le froid, au nom de l’UE, dont effectivement elle assure actuellement la présidence tournante, elle ne semble cependant pas avoir oublié ses propres intérêts.
La volonté exprimée et accordée à la France de tenir les discussions avec les émissaires de la junte à Paris et non pas à Bruxelles, dénotait déjà d’un geste symbolique mais important aux yeux de la communauté internationale de montrer que la Mauritanie autant que les pays africains sont sa chasse gardée.
Et il était évident que cet « interrogatoire » que subirent les envoyés de la junte aux discussions de Paris, avait quelque chose de « colonial » et de volonté de « frustration » que la délégation des putschistes a certainement ressenti. En effet, la France savait pertinemment que les « putschistes » n’avaient rien à proposer , qu’ils n’apportaient pas un plan de solution et que les déclarations publiques du chef de la junte étaient depuis longtemps claires à ce sujet.
Alors que voulait la France en mettant en œuvre cette négociation de sortie de crise ?
Certainement pas arriver à une solution, ni même ses prémisses et ses diplomates le savent bien, mais plutôt une forme de pression qu’elle voudrait mettre, à travers l’accord de Cotonou, sur la Mauritanie. Est-ce pour l’intérêt de la Mauritanie, à savoir obliger la junte à restaurer la légalité ?
Cela est bien la position officielle, à laquelle elle se conformera, puisque le poids et la volonté de l’Union Européenne vont dans ce sens. Mais ayant en charge le « dossier de l’affaire Mauritanie», la France est en train de l’utiliser aussi pour des considérations d’intérêt économique et financier. Une pression dont la gestion se fera certainement au profit de la France et de ses intérêts politiques et économiques en Mauritanie
Aussi la France est train de souffler le chaud et le froid. Attitude qui s’exprime de deux manières : politiquement et économiquement.
Au niveau politique, il suffit de prendre connaissance, durant ces dernières semaines de crise, des déclarations des officiels français. On retrouve des déclarations, souvent volontairement contradictoires sinon ayant une forte charge d’ambigüité, dont on se douterait bien de leur caractère auto-entretenu. Stratégie politique du clair-obscur, si chère aux impressionnistes.
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Une diplomatie française qui peint la situation avec une aquarelle auto-lavable de son cru.
Les déclarations de la député des verts, fut le début de la saga impressionniste, où les ambigüités entretenues par cette dame sur la légalité du putsch et de sa reconnaissance, sonnaient déjà la position du « microcosme français » à ramification européenne dans sa gestion de l’affaire mauritanienne.
Puis ce furent les déclarations attribuées au ministre des affaires étrangères français sur un possible de règlement en négociation avec les putschistes, puis ce fut le secrétaire d’Etat à la coopération et à la francophonie qui joue au yoyo, en annonçant ses visites puis en les en annulant.
Puis l’ambassadeur de France en Mauritanie qui confirme les sanctions en cas d’impasse alors que le Secrétaire d’Etat à la coopération et à la francophonie confirme "comprendre" les militaires en affirmant à RFI : « Je veux surtout lancer un appel solennel aux militaires, un appel solennel pour que le président soit libéré. Je veux leur dire aussi que, sans doute, y’a-t-il des revendications des militaires qui ne sont pas toutes illégitimes,… » En déphasage complet avec les déclarations de l’Elysée qui condamne les putschistes et demande retour à la légalité constitutionnelle.. »
Ces attitudes du « oui et du non » sont une vieille stratégie qui dans les négociations font chavirer l’avis du côté le "moins disant", la France est en train, sous la couverture de l’Union européenne, de jouer à ce jeu là.
Cette stratégie permettra à travers des négociations ou la politique molle jouera le rôle d’expectative à des concessions au profit de la junte pour la maintenir dans un conditionnement qui pourra , en fin de parcours, lui permettre de lui demander bien des avantages en contrepartie d’une porte de sortie « négociée ».
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Et qui profitera de cette stratégie thermo-politique du chaud et du froid ? L’économie française, bien entendu.
Les entreprises françaises ont déjà imprimé à l’attitude politique française dans « l’affaire mauritanienne», la recherche de leurs intérêts. L'entreprise française "Total "qui vient d’avoir un grand marché d’Etat avec la junte en est l’exemple le plus apparent.
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La junte sous la pression politique et dans l’espoir d’avoir une issue fera tout pour concéder des avantages aux lobbies économiques et financiers français. Avec bien-sûr la bénédiction des financiers et commerçants mauritaniens qui ont depuis le mois dernier commencé à négocier des mesures en faveur de la junte à Paris même.
A ce propos voir notre article (« A combien vont-ils vendre la Mauritanie ») sur les interventions de banquiers et commerçants mauritaniens à travers des intermédiaires comme Karim Wade et autres personnes intéressées au bradage de l’économie mauritanienne au profit d’une reconnaissance de la junte.
Il n’est pas improbable donc que les dirigeants français veulent faire profiter l’économie française, suite à la crise qui la frappe à l’instar du reste du monde, de la situation mauritanienne . Et ceux qui illégalement dirigent la Mauritanie sont dans une situation de « fragilité évidente » dont le système concerté politico-économique français peut profiter.
Ceci est d’autant plus vrai que tous les secteurs de l’économie française sont touchés. A titre d'exemple, le marché français de l'investissement de l'immobilier d'entreprise a chuté de 54% en un an, à 8,4 milliards d'euros au 1er septembre 2008. L’impact de la crise (coût du risque + dépréciation ) sur le système bancaire a été de 17, 5 milliards d’euros de pertes. Les variations de chute des valeurs des actions des banques ont été impressionnantes sur l’année : -50% à (Crédit agricole) , - 41 % (Natixis), 40% (Société générale) , - 31 % Dexia, à -25% ( BNP) etc.
L’économie française a donc besoin de tous les moyens nationaux et internationaux pour financer les pertes à travers la levée de capitaux, l’investissement extérieur, les marchés internationaux etc. La Mauritanie est aujourd’hui , à cause de sa junte, un maillon faible qui offrirait aux français bien des avantages et des concessions en contreparties de décisions politiques de faveurs.
Les politiques français le savent bien et ils sont en train de le gérer. Après tout pourrait-on le leur reprocher ?
Chaque pays gère ses intérêts et profite de la conjoncture politique et économique pour son bien-être et celui de ses populations.
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La Mauritanie est aujourd’hui un gâteau à partager, qu’une junte sans scrupule est aujourd’hui en train de découper à travers les faveurs qu’elle offre. Et qu’elle continuera à offrir tant que ceux qui la mettent sous pression continueront à souffler le chaud et le froid et lui miroiter, pour en soutirer le maximum, une « certaine » solution.
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Une « certaine » solution que l’absence de lucidité des putschistes ne peut concevoir que c’est déjà une solution certaine.
Une « certaine » solution que l’absence de lucidité des putschistes ne peut concevoir que c’est déjà une solution certaine.
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Pr ELY Mustapha
Pr ELY Mustapha
prof la politique de la france c'est la politique de nicos c'est une politique comme vous le dites de oui et non,combien de fois on a entendu sarko dire on veut la cohesion sociale ,le quota 0 immigré est notre objectif et de l'autre bous il nous disait "nettoyer au karcher" ou purifier les banlieux,la strategie de sarkozy et de la france sarkozienne est de profiter en plein temp de la situation en mauritanie,pour generer des profits faramineux,pour cela qu'est ce qu'ils vont faire?il vont serrer l'etau autourt des puchistes pour qu'il les humilit le plus possible pour leur proposer (discretement) à la fin un plan de saufetage en échange de marchés etc
RépondreSupprimerla politique de la france vis à vis de ses ancienne colonies a toujours été une politique basé sur le profit,
je vous envois à la video suivante:
RépondreSupprimerhttp://www.dailymotion.com/video/x1tsbj_sarkozy-compilation-de-ses-mensonge_events
edifiant non?il ment comme il change chaussette!
Oui prof. La France signe des contrats faramineux avec la junte, pendant qu' elle l' accuse d' etre illegitime. C' est bien le chaud et le froid. Aussi Aziz qui rencontre des hommes d'affaires francais amenes par notre Bouamatou national.C' est encore le chaud et le froid. En depit des appels de l' ambassadeur des US de ne pas faire cela, indirectement. Pendant que Bush est occupe, Sarko en profite pour recuperer son pre-carre. Y aura de la competition dans l' air apres les elections de novembre. A-
RépondreSupprimerLe vétèran,
RépondreSupprimerIl n y a que les imbéciles qui ne changent pas d' idées. C' est le chaud et le froid dont parle le prof. A-
A- on est d'accord mais c'est qui les imbeciles qui ne changent pas d'ideé,sarko?
RépondreSupprimerNous,mauritaniens,nous sommes trop naifs au point de penser que les autres pays ne nous veulent que du bien,même à leur dépens!Nous oublions souvent que dans les pays démocratiques,comme la France,le président est élu pour défendre les intérêts de son pays et non ceux des atres pays.
RépondreSupprimerConclusion:Nous ne devons compter que sur nous-mêmes pour défendre nos interêts et savoir que nos interêts sont le cadet des soucis des autres à moins qu'ils coincident avec les leurs...
Merci
A+
Le Vétéran,
RépondreSupprimerLes imbéciles qui ne changent pas d'idée c'est la junte qui pense se maintenir au pouvoir. Sarko, c'est clar, n'est pas un imbécile car il souffle le chaud et le frod sans probleme. Il condamne et il signe en douce. a-