La mauvaise carte
La diplomatie n’est pas un jeu de médiocrité ni une affaire de novices. C’est d’abord et avant tout une stratégie basée sur une réflexion coordonnée et murie pour atteindre des fins dont la première caractéristique est la conviction. Conviction d’abord de sa propre cause. Celle que l’on défend en premier et celle des autres que l’on défendrait et qui servirait, au-delà de son intérêt, sa propre cause.
La diplomatie mauritanienne, s’est toujours caractérisée par l’inefficacité, l’opportunisme et la stérilité (voir notre article "Ce que nous coûtent nos ambassades."), celle du régime putschiste s’est doublée d’un cynisme grégaire mis au service d’une mauvaise cause (voir notre article « A combien vont-ils vendre la Mauritanie ?»)
L’une des plus grandes erreurs que vient encore de commettre cette diplomatie est tombée suite à la déclaration du premier ministre des putschistes : « l’aide que nous recevons étant essentiellement des pays arabes, nous allons nous tourner vers eux. »
Argumentaire qui fait suite à une position déjà exprimée et fondée sur le recours aux pays arabes en cas de difficultés financières. Les émissaires des putschistes vers le Qatar et la Libye n’ont pas échappé aux observateurs internationaux. Les diplomates mauritaniens et leurs émissaires ont travaillé dans les coulisses de la Ligue arabe, dont son envoyé a été l’une des premières personnes favorables à l’assouplissement de la position internationale à l’égard de la junte. Mais la Ligue arabe s’est fait elle-même rabroué à Addis-Abeba et n’a même pas pesé lourd contre la position du Nigéria favorable aux sanctions.
Les promesses révélées plus tard, et faites dès les premiers jours de la junte par l’envoyé auprès de Kadhafi, le général Ghazouani , consistant en une rupture des relations avec Israël en contrepartie du soutien de la Libye ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd et ont sonné le glas du flop diplomatique.
L’absence de discrétion, une qualité majeure en diplomatie, une absence de conviction de sa cause doublée d’un amateurisme de personnes intéressées a condamné définitivement à l’échec les grandes manœuvres tous azimuts aux frais du peuple mauritanien et contre son gré (Voir notre article "Le coût du coup d’Etat du 6 Août 2008 ").
Quelles sont les conséquences de cette grave erreur diplomatique?
Simplement que les autorités putschistes, en contrepartie de leurs intérêts égoïstes en voulant négocier un soutien financier arabe pouvant assurer leur pérennité au pouvoir, se sont mis à dos Israël, en somme le monde occidental et à sa tête les Etats-Unis d’Amérique. Grave erreur de stratégie.
En s’orientant vers la Ligue arabe elle-même , inefficace par définition, et les pays arabes qui la composent fortement dépendants des stratégies politiques, économiques régionales et sous-régionales des USA et de l’Europe , la diplomatie de la junte a joué la mauvaise carte.
Aussi, face à un ultimatum qui vient d’expirer, la junte n’a trouvé mieux que de dépêcher auprès de l’Union Africaine une délégation pour négocier des concessions. Cette stratégie était d’avance vouée à l’échec , car la constance de la position de l’Union Africaine et son affermissement tient moins au soutien qu’apportent les pays qui la composent que parce qu’elle est entérinée et soutenue par l’Europe et les USA. A travers notamment le conseil de Sécurité des Nations-unies et le conseil de l’Europe.
L’Union Africaine a reconduit dans sa déclaration, ses exigences. Les Etats-Unis d’Amérique viennent de réaffirmer à travers leur ministre des Affaires étrangères leur ferme position, l’Europe a déjà commencé à mettre en œuvre ses sanctions, le Conseil de Sécurité ne tardera pas à se ressaisir de « l’affaire mauritanienne » pour mettre en œuvre les mécanismes de sanction déjà mentionnés dans sa précédente résolution.
Une diplomatie qui ne peut traiter convenablement les contraintes géostratégiques et politiques de son intervention est condamnée à l’échec.
La seule chose positive à laquelle la « diplomatie » des putschistes a abouti c’est qu’elle a révélé au monde un fait remarquable : La volonté d’une junte putschiste de se servir de la légalité internationale pour asseoir son illégalité.
Pour cela, il faudrait un putsch planétaire contre l’idéal humain pas une diplomatie sans idéal.
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Pr ELY Mustapha
Pr ELY Mustapha
Tu nous les pompes!!!
RépondreSupprimerje ne suis pas d'accord avec vous Professeur. vous êtes tellement pessismiste. vous nous bombardez chaque jour par ses écrits pessimistes.
RépondreSupprimerproposer nous quelque chose d'optimiste, une solution pour cette crise.
il faut reconnaitre que SIDIOCA est le grand responsable de cette situation. pourquoi il a accepté dés le départ qu'il soit marionnette ? pourquoi il s'est porté candidat en 2007, alors qu'il sait au fond de lui même qu'il n'a rien à donner au pays ?
il pense que c'est du jeu, hein ?
d'ailleur et dans tous les cas (le systeme AZIZ)-(le systeme SIDIOCA) est superieur ou égale à 0
si SIDIOCA est vraiment responsable et sage et aime son pays il doit se comporter comme feu Mokhtar en 1978 : il doit appeller pour la négociation et il demissionne pour épargner nous de tous ses problemes
Ano,
RépondreSupprimerles constatations du professeur sont très utiles et il nous attire pour les voir.
Depuis bien des mois je viens sur ce blog et au contraire le professeur il ne fait que donner ses solutions...
Regardez ses article sur les 30 solutions poiur la Mauritanie, sur comment résoudre la crise su putsch publiés avec des solutions concrets, so anlayse sur la situation après le putsch etc
Il ne faut parler sans lire et faire justice à ce monsieur qui est le seul sur le web à écrire chaque jour pour nous!!
Et nous qu'est-ce qu'on fait pour lui ?? On critique facilement car c'est facile.
Bravo Prof. Cette fameuse sortie de Ould Lagdhaf de recourir aux freres arabes pour secourir la junte en cas d' incomprehension du monde occidental a ete notee dans un article de Reuters ce matin. Ce qui prouve que cette declaration faite a sa nomination n' est pas passee inapercue. Cela denote d' une incompetence certaine en diplomatie. Le ministre des affaires etrangeres fait son petit tour dans quelques pays voisins, mais son amateurisme ne le mene pas loin.
RépondreSupprimerLa junte est bien bloquee: se sortir des liens avec Israel est la solution pour trouver un semblant d' appui aupres des pays importants de la ligue arabe, mais aussi difficile car les US et le Maroc n' en voudront pas. Reste l' Algerie furieuse de l'impair faite par la junte en s' associant au Maroc et in fine a la these marocaine sur le Sahara. La seule sortie qui reste a Aziz, Ghazwani et Felix est de s' exiler au Maroc. La junte ne pourra pas survivre a la condamnation de l' UA qui est suivie par tous les partenaires exterieurs. Merci aussi d' avoir note que l' UA n' ira pas contre la volonte du Nigeria qui pese beaucoup dans la balance et je crois que tres peu de personnes ont pris note de ce fait. Le President Nigerian a vire dans la semaine du coup de Aziz ses generaux les plus proches pour leur eviter de suivre la voie des generaux mauritaniens, car il a lui-meme tripatouille son election et un coup d' etat contre lui se justifierait facilement si le precedent mauritanien reussissait ...
A-
Cher prof
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec vous que les généraux doivent deguerpir illico,car ils n'apporteront rien de bon au pays,à l'instar de leurs collègues qui les ont précédés dépuis 1978.
Mais,cher prof,je vous prie d'être raisonnable quand vous exigez le retour de sidi et d'imaginer,"à tête reposée" ce qui se passerait si sidioca revenait au pouvoir.
Quelle autorité et quelle crédibilté pourra avoir un SIDIOCA,après 3 mois de prison,dans un pays où une bonne partie des citoyens(le hce et ses soutiens,en plus de la masse silencieuse) lui est hotile et lui mettra des bâtons dans les roues à toutes les occasions?Lui,qui n'a pu rien réaliser en une année et demie avec tous les Mauritaniens avec lui!
Pensez vous,cher prof,qu'une fois au pouvoir,SIDIOCA oubliera tout ce qui s'est passé et pardonnera à tous ceux qui l'ont trainé dans la boue et l'ont traité de tous les mots ou s'en prendra-t-il à eux,en reglant ses comptes,auquel cas on ne sortira pas de l'auberge,car il y'aura toujours deux camps adverses,comme aujourd'hui qui se batteront au détriment de l'interêt national.?
SIDIOCA,s'il est raisonnable et patriote doit demissioner,en exigeant en contrepartie le départ des généraux,qui l'ont créé ex nihilo et l'ont déposé par la suite.Son entêtement ne lui servira pas et deservira le pays,car il constituera une justification aux yeux des putschistes pour rester le plus longtemps possible.
Une dernière question pour finir,cher prof:si,vous étiez à la place de Aziz,accepteriez-vous une solution à la crise comportant le retour de sidi?...
A+
je suis depuis lontemps déçu de l`argument de position prise par le Prof. du mouvement rectificatif du 6 Aout.
RépondreSupprimerJ`ai d`ailleurs depuis longtemps cessé de le lire, malgré moi.
Nous proposer le retour aux affaires de la femme-homme Khattou, n`est tout simplement plus un sujet d`actualité politique plausible.
Le retour à une vie constitutionnelle normale est en cours d`élaboration, nous devons soutenir ce procéssus tous, et ne point rêver du retour de sidi-labàs.
A+,
RépondreSupprimerJe crois qu'on devra coller à la constitution. Sinon l'armée demettra tout president a la premiere incartade contre eux.
Prof: la question de A+ est honnete et je crois que vous devez repondre. Ma question est que si Sidi accepte de demissionner, vous croyez que M'Baré et Mohsen vont nous permettre de faire des elections transparentes? Non a mon avis. Les 2 sont de la meme classe que les RV. Y a rien en a tirer car M'Bare fait le silencieux comme il sait qu'il est corromou. Mohsen fait la campagne pour son cousin. La solution si Sidioca accepte de demissionner? Il nous faudra une autre transition, mais cette fois avec un civil pour la gerer. Le nom de Ould Abdalla me vient a l'esprit souvent. Qu'on nous sorte pas des noms de bras cassés comme les Hasni Ould Didi. Je sais que Ould Maouloud en est capable. Cette classe politique que nous avons est reellement pourrie. A-
A-