mercredi 22 octobre 2008

Icare en Etat de Siège



« Combien de crimes ont été commis
simplement parce que leur auteur
ne pouvait supporter d'avoir tort » (A.Camus)


Il est important de se souvenir que ould Abdel Aziz est un militaire mauritanien et nous tenons à toute notre armée et respectons nos soldats et le rôle qu’ils jouent dans la défense du pays, et l’intégrité de notre territoire.

Il est en effet, un point à éclaircir et qui souvent passe inaperçu mais dont l’incidence sur la façon de traiter les choses est très importante.

En effet, depuis 1978, l’armée a toujours été perçue à travers ses officiers supérieurs. Surtout ceux qui sont dans les allées du pouvoir politique soit parce qu’ils le détiennent soit qu’ils en assurent le » gardiennage ». Ainsi aujourd’hui, lorsque l’on parle du général ould Abdel Aziz , il semblerait que cela est perçu comme s’adressant à l’armée mauritanienne. La confusion dans les esprits entre le général ould AbdelAziz et l’armée nationale se doit d’être absolument évitée et combattue dans les analyses faites du comportement de ce général.

Le général Ould Abdel Aziz, n’est pas le chef des armées ni la personnification de l’armée mauritanienne. C’est un officier supérieur comme tous les autres qui a par des circonstances historiques sous l’ancien régime a eu pour mission le commandement de l’unité chargée de la sécurité du Président. C’est un chef de bataillon. Un bataillon de l’armée nationale. Bataillon qui relève directement de l’Etat Major national et bien entendu du « chef suprême des armées », le Président de la République.

Le Général , commandant du BASEP relève donc organiquement et fonctionnellement du chef d'état Major national. Or ce général a pris une indépendance et un monopole tels sur les armes et munitions des unités nationales qu’il est devenu une espèce « d’Etat major dans l’Etat major » durant le régime de Taya. Puis il a évolué avec le régime de Sidioca, pour devenir « un Etat dans l’Etat» . Et enfin en reversant le président Sidioca par devenir « l’Etat lui-même».

En recherchant cette ascension vertigineuse vers le pouvoir , il est en train, comme Icare de se brûler les ailes. Il est aujourd’hui pris au piège de sa recherche constante d’autorité et il est certain qu’il n’en mesure pas encore la dimension exacte.

Comment le pourrait-il ?

En effet, comme on a pu le démontrer ailleurs, le titulaire du pouvoir est très vite anesthésié par le microcosme politique mauritanien. Ses randonnées dans les quartiers populaires et la recherche du « bain de foule » est le premier signe avant-coureur d’un comportement qui vise à revitaliser une chute dans le moral et que le « populisme », tel un remontant aurait pour rôle de rehausser.

Le recours à l’exacerbation du sentiment national, à l’égard de la position de la communauté internationale et des organisations nationales est encore une forme de recherche d’un soutien dont on connait les limites mais dont on ne mesure pas les conséquences sur la stabilité nationale. Ceux qui ont exacerbé le sentiment national en savent quelque chose et tentent encore de s’en expliquer devant les tribunaux internationaux.

Pris entre la gangue d’un populisme qui ne donne pas ses fruits, un microcosme politique envahissant et anesthésiant et le reste du monde qui menace le pays et qui a commencé à mettre en exécution ses décisions, le général ould Abdel Aziz est en train d’expérimenter la dissuasion et l’intimidation. Des interpelations, des convocations musclées, des citations devant la police et la sécurité sont le lot actuel d’anciens responsables mais aussi de membres de partis politiques.

Que recherche le général à travers une telle attitude d’intimidation ?

La situation dans laquelle se trouve actuellement le général, correspondrait en tout point à la situation que les militaires appellent sur le terrain de combat « l’état de siège ». Mais ce n’est pas de cet état de siège là dont on parle mais bien de celui qu’Albert Camus a si bien décrit dans sa pièce théâtrale du même nom.

« L'État de siège est une pièce de théâtre écrite par Albert Camus en 1948, qui traite de la peur, et plus exactement de la mise en place d'un régime totalitaire par l'instrumentalisation de la peur (. ..) Cette pièce dénonce le fonctionnement des régimes totalitaires en démontant le mécanisme de soumission de la peur.

Mais le discours universel de cette pièce de théâtre concerne tous les hommes. Camus veut avant tout prévenir contre un éventuel retour de ce type de régime. Il aborde ainsi les thèmes de la résistance, de la révolte et de la liberté comme garde-fou contre la manipulation, la résignation, la soumission, la passivité... » (wikipédia)

Ce état de siège là est bien celui qui caractériserait un usurpateur de pouvoir qui, ayant épuisé toutes les voies pour "convaincre" du « bien-fondé » de son acte , retourne vers ce qu’il maîtrise le plus : la violence.

Camus, dans sa fameuse pièce nous apprend alors que pour venir à bout de la volonté de totalitarisme « c'est de ne pas en avoir peur » mais « de lui opposer la solidarité. »

Icare en état de Siège, voilà comment apparaît aujourd’hui ould Abdelaziz. Mal conseillé , mené par le bout du nez par une pléiade de courtisans porteurs de faux espoirs en sa pérennité au pouvoir. Et qui disparaitront à la vitesse où ils sont apparus. Spécialistes de la défection au premier coup de vent contraire, or la tempête commence déjà à se lever.

Quel peut-être le moral d’un général qui prend d’assaut une place forte et qui se rend compte qu’il ne peut ni la garder, ni y renforcer ses positions, et qu’il ne peut y rester puisqu’il y est assiégé? Il ne peut demander ni des renforts intérieurs, ni compter sur l’extérieur qui l’a déjà condamné… à en sortir.

Dans cet univers, le général putschiste est bien pris au piège. Le sait-il? Certainement. Il doit être certainement en train de revoir toutes les techniques apprises à l’école militaire pour se sortir de situations difficiles. Du camouflage à la diversion en passant par l’ultime sursaut du soldat assiégé : forcer une voie de sortie.

Alors il faut sauver le soldat ould Abdelaziz, avant que la dernière solution ne s’impose à lui. Car personne n’acceptera plus les solutions forcées ni les coups de force.

Aussi la seule solution est le dialogue et l’imposition de l’esprit de tolérance pour une solution durable de sortie de crise. Une solution qui sortira le général de son état de siège et le pays du danger économique qui le menace.

Pourtant les solutions concrètes proposées ne sont pas infinies et se résument concrètement en quatre possibilités :

- Celle avec le général et avec le président : Entériner le putsch et l’illégalité mais Instaurer une cohabitation à penser et à codifier

- Celle sans le général et avec le président : restaurer la légalité constitutionnelle en rejetant le putsch et l’illégalité

- Celle sans le président avec le général : entériner le putsch et l’illégalité

- Celle sans le général et sans le président : entériner le putsch et l’illégalité sans restaurer la légalité constitutionnelle.

Quelle que soit la solution, il faudrait la trouver rapidement pour le salut de la nation. L’auteur de « l’état de siège », n’a-t-il pas écrit :« Combien de crimes ont été commis simplement parce que leur auteur ne pouvait supporter d'avoir tort » (Albert Camus) ?

Et il vaut mieux avoir eu tort que d’avoir mis sa nation en danger.

Pr ELY Mustapha

Sondage au bas de cette page.

4 commentaires:

  1. je connais aussi cette citation:

    le pouvoir ne se prend pas il se donne
    alexia nosetto

    il faut que aziz aulieu de nous promettre qu'il va instaurer la democratie il n'avait qu'à nous laisser notre democratie naissante aulieu de la chambarder,pour peu de causes alors aziz ecoute ca:

    On n'apprend pas à mourir en tuant les autres.
    Chateaubriand

    tu as encore une chance de te sauver la face et sauver tes millions dans les comptes de suisse et allemagne,alors fais le avant qu'il ne soit trop tard et que l'UE gele te comptes!

    prof,une question indiscréte adherez vous à un partit et dans ce cas qu'est ce que votre partie propose(à part ce que vous mettez sur le blog)pour nous sortir du petrin,si vous n'aderrez à aucun parti qu'est ca que vous attendez,que les partis adhere à vous (sourire),je sais que vous etes en tinusie mais ca n'exclue pas une vie politique je crois que vous avez un certain avis(que je partage avec vous)mais à part ca!

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  2. J' ai voté (votre sondage)et 83% disent sans le général avec le président. C' est l' effet bradley: beaucoup disent haut avec le général sans le président, alors que tout bas ils disent le contraire. Je vous conseille de balancer vos billets au journeaux dès publication ici. Ils sont courts et les journeaux pourront bien les traduire en arabe. Je vais visiter votre sondage et merci de le mettre plus en evidence pour qu' il soit visible tout de suite. Fallait y penser. Merci pour les trois options et je n' en vois pas une quatrième. Sauf s'il faut raser Aziz et Sidi et refaire une qatrième transition jusqu' en 2012 avec Ahmedou Ould Abdalla comme toute la classe politique est pourrie. Sans exception.A+ enta vem? Qui aura le courage de proposer cette option sans que le pauvre Ould Abdalla ne soit victime d' attaques de la part des sbires des militaires? Juste une idée out of despair.

    A-

    Question:

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  3. Excellent,c'est un immense plaisir de lire vos articles en cette période de régne de la force.
    Les forces démocratiques tiennent aussi par ce type de contributions et la votre est objective et surtout trés régulière.Merci.

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  4. Cher prof.
    Vous dites vrai,en écrivant:

    "...Aussi la seule solution est le dialogue et l’imposition de l’esprit de tolérance pour une solution durable de sortie de crise. Une solution qui sortira le général de son état de siège et le pays du danger économique qui le menace."
    "...Pourtant(dites vous) les solutions concrètes proposées ne sont pas infinies et se résument concrètement en quatre possibilités :"
    - Celle avec le général et avec le président :
    - Celle sans le général et avec le président :
    - Celle sans le président et avec le général :
    - Celle sans le général et sans le président : .
    Les deux dernières solutions sont les seules acceptables par le général,tandis que seule la dernière repond à la condition que vous avez vous même posée,en disant"Une solution qui sortira le général de son état de siège et le pays du danger économique(je mettrai du danger du regime militaire) qui le menace."

    Par ailleur j'ai voté votre sondage,mais je trouve que l'échantillon choisi(ceux qui voteront par le net) est loin d'être représentatif de la population,car,ce que j'appelle la "masse silencieuse" (plus de 95%) n'a pas accès à internet,c'est pourquoi,j'avais émis l'idée d'un réferendum-dans le cas où aucune solution n'est trouvée pour débloquer la crise- où la question posée serait;"Êtes-vous pour le retour de sidi au pouvoir?".
    ---------------
    A-
    Ana vem hetta!La classe politique est sans conteste pourrie,mais trouver un présidentiable de ce pays,meilleur que sidi ne devra pas poser grand problème (WELVEHMOU)...

    Amitiés
    A+

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