dimanche 17 août 2008

Discours du général Ould Abdel Aziz

. قولوا الحق ولو على أنفسكم
Que retenir ?

Il convient dans ce discours de différencier entre ce qui a été "dit" (I) , ce qui n’a pas été dit (II), ce qui n’aurait pas dû être dit(III) et ce qui aurait dû être dit (IV)

I - Ce que le discours a "dit".

C’est un discours clair sans ambigüité dont le contenu d’ailleurs était attendu. Les trois quarts du discours ont été consacrés à fixer et à définir les responsabilités. Celles-ci incomberaient donc entièrement au Président renversé.

La crise économique, la cherté de la vie, la corruption, le népotisme, les détournements de fonds publics ; la crise politique, le blocage des institutions politiques, le trafic d’influence; la crise sociale, la dégénérescence des valeurs, les déviations dans les mœurs ; tout cela c’est à cause du régime du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi.

Le quart restant du discours a été consacré aux remèdes que la junte donnera aux problèmes soulevés dans ses trois quarts. Et ces remèdes pouvaient déjà se résumer dans la première phrase prononcée par le général Ould Abdel Aziz au lendemain de son coup d’Etat : « Nous allons résoudre tous les problèmes de la Mauritanie ».

II- Ce que le discours n’a pas dit.

C’est qu’en chargeant ainsi le président renversé de tous les maux de la Mauritanie, on arrive à la conclusion que le Général ould Abdelaziz n’a rien obtenu de l’entrevue qu’il a eu avec le Président Sidioca dans son lieu d’assignement. Car si Le général avait obtenu quelconque concession son discours aurait comporté les solutions pour la sortie de crise. Donc le Président Sidioca est resté sur ses positions.

Ce qui aussi n’a pas été dit c’est que le général n’a proposé dans son discours aucune date ni échéance précise pour les élections. Or au-delà de toutes solutions proposées dans le discours, il en est une attendue par tout le monde et qui n'a pas été assouvie: la date des élections.

Il n’en fut rien, sinon un engagement de tenir des élections prochaines. Donc ce qui n’a pas été dit est que le Général Abdel Aziz n’est pas pressé pour les tenir.

Quels sont alors les déçus? Bien entendu, ceux qui ont accouru pour soutenir les putschistes croyant que le pouvoir leur sera cédé le lendemain.

III – Ce qui n’aurait pas dû être dit.

Les trois-quarts du discours du général, ceux consacrés à la mise à la charge du régime précédent de toute la responsabilité des maux économiques, financiers et sociaux de la Mauritanie ne sont pas recevables. Tout être doué de raison sait que le régime de Sidi Ould Cheikh Abdallahi n’a duré qu’une année et cinq mois.

Que représente cette période sur les 30 ans du régime militaire auquel le général Abdel Aziz lui-même a appartenu ?

Si Sidi Ould Cheikh Abdallahi a commis des erreurs, comme tout chef d’Etat d’ailleurs, on ne peut reprocher à ces quelques mois passés d’avoir été à l’origine de tout cela.

La crise économique ? Tout le monde sait qu’elle est conséquente à une crise énergétique et céréalière mondiale, aggravée en Mauritanie par une oligarchie commerçante mauritanienne, véreuse, spéculative et sans scrupule.

La crise Financière ? Tout le monde sait que les détournements des fonds publics, la gabégie et le déploiement des roumouz Elvesssad ont précédé le régime de Sidi Ould Cheikh Abdallahi et qu’ils ont pris leur essor dans les régimes militaires successifs. Le régime de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, en a lui-même fait les frais.

La crise sociale? Tout le monde sait que le délitement des mœurs, la drogue et la crise des valeurs sont nés, et se sont développés bien avant le régime de Sidi Ould Cheikh Abdallahi.

Tout le monde sait.
Mais lorsqu'un personnage lui-même observateur et témoin depuis des dizaines d’années du milieu où toutes ces crises sont nées vient discourir pour dire que tout cela incombe au régime qu’il a renversé, on est en droit de s’interroger.

A qui s'adresse donc ce discours ?

S’il est adressé à un public averti, il a peu de chance d’être écouté.

S’il est adressé à la communauté internationale, il a peu de chance d’aboutir, car le moindre journal de province dans le monde connait l’ampleur du désastre économique et financier de la Mauritanie depuis ces trente dernières années.

Il est bien entendu adressé au petit peuple; à ces gens qui vivent un quotidien difficile et qui sont prêts à s’accrocher à la moindre petite brise salutaire.

Il est adressé pour conforter une mauvaise conscience ou accrocher des espoirs perdus.

IV- Ce qui aurait dû être dit

Au delà d’un discours, somme toute attendu, le choses auraient pu être dites dans leur réalité et éviter d’induire en erreur un pauvre peuple pris entre l’enclume de la misère et le marteau du pouvoir.

Ce que ce discours aurait du dire tient en quelques mots.

Il aurait dit que le régime de Sidi Ould Cheikh abdallahi avait durant ces derniers mois dérapé sous l’effet de nominations malencontreuses et d’une crise institutionnelle qu’il a cherché à résoudre par des moyens inappropriés, que cela aurait acceptable.

Qu’il aurait dit que le régime nouveau négocierait avec le Président renversé les voies et les moyens de rétablir la démocratie dans le respect des droits de tous les protagonistes y compris les putschistes, que cela aurait été encore acceptable.

Qu’il aurait donné de courtes échéances et une date fixe pour le retour à la légalité, que cela aurait été acceptable.

Mais rien de tout cela.
Un discours destiné à un peuple en attente que l’on veut acquérir à sa cause.

Notre Sunna éternelle ne nous a-t-elle pas enseigné de dire la vérité même si c’est à notre encontre ? (! قولوا الحق ولو على أنفسكم )

Mais il est vrai que l’on n'est plus au temps des prophètes.

Pr ELY Mustapha

11 commentaires:

  1. Bonsoir Professeur,
    Je crois que vous êtes passé trop rapidement sur ce qui a été dit, ce qui n'a pas été dit et surtout ce qui devait ête dit; mais vous avez omis (exprès?)ce qu'il fallait comprendre.
    Une traduction du texte est nécessaire; et un programme de gouvernement sous forme d'une série de promesses est une re- remise de tous devant le fait accompli.
    Ce qu'il faut comprendre c'est que le général se prend au sérieux, _ou disons plutôt qu'il commence à se prendre au sérieux_ et ne se sent plus comme le parvenu qui avait juste voulu empêcher sa mort par un acte suicidaire (tout comme d'ailleurs ce qu'a fait le président élu, soit dit en passant; mais ce n'est pas notre sujet!).
    Le général est un amateur de films western: celui qui tire le premier et touche gagne, s'il tire le premier et ne touche pas il est cuit, c'est une logique tellement simple pourtant.
    SIdi avait tiré le premier, il a raté, il est mort!
    C'est comme ça que le général voit les choses.
    Puis tous les Moudir Ould Bouna, Ould Batta et autres connards et laudateurs parvenus de la première heure entament leur ballet. Ils ont fini par lui faire croire qu'il est vraiment l'invincible.
    Il a dû se dire en plein fond de lui même: "un colonel c'est un grand oiseau, cela a une si grande envergure", comme l'écrivait feu Habib Ould Mahfoudh; alors si l'oiseau est plus galonné, on peut imaginer ce que la "grande" cervelle de l'oiseau peut lui faire croire!

    RépondreSupprimer
  2. Salut tous!
    Le vieux marabout n'est pas amateur de films westren! Il a tiré sans couvrir ses arrières, l'autre avait plus de protection! Téméraires ils l'ont été, dans une sorte de réaction impulsive qui va nous mener vers nulle part, même si on tente de caricaturer le putsch pour rire de notre adversité.
    Si seulement ce n'était pas si tragique, cela aurait été tellement rigolo, tous ces péquenots qui s'acharnent à dire la chose et son contraire à la télé Vem qui n'a absolument plus rien à envier aux années sombres de Maaouya. Le Guide n'aurait pas pu imaginer pire, même dans ses heures les plus noires de cafard et de solitude présidentielle et plénipotentiaire et "guide-suprêmesque" dans toute sa gloire de roi incontesté et incontestable du pays du million d'imposteurs (c'est quoi en arabe? mounafigh ou quoi?)
    Là il est battu à plate couture sur le terrain ubuesque qui est le nôtre.
    En attendant, qui peut me traduire le discours en suivant la même logique et en y ajoutant ce qu'il faut comprendre? Cela doit être intéressant à moutir de rire!

    RépondreSupprimer
  3. L'heure du châtiment de la Mauritanie est bel bien proche malgré l'optimisme de ceux veulent voir la dictature militaire s'installait librement.

    J'appelle les bergers de la démocratie Mauritanienne de doubler d'effort pour évider le pays d'emprunter le chemin de l'inconnu qui pourra nous coûter cher.

    Le bon berger de la démocratie Mauritanienne donnera sa vie pour empêcher les loups militaires de dévorer la Mauritanie.

    Mais les mercenaires qui ne sont pas des bons bergers comme le cas de la majorité de nos élus , la Mauritanie ne leur appartienne absolument pas et voyant les loups militaires venir en force , ils ont abandonné le pays en dispersant les citoyens dans la nature.

    Ceux qui cherchent le bien être de la Mauritanie démocratique seront reconnus par la Mauritanie qui les nourrira dans son histoire éternelle.

    L'heure est grave , nous n'avons pas le temps de polémiquer mais il faut agir contre les forces rétrogrades obscurantistes qui bloquent la démocratisation du pays.

    Nous le savons tous que les copies collés des institutions démocratiques ne reflètent pas la réalité de nos pseudos élus qui ont obtenu leurs sièges à l'assemblée nationale que par le biais du tribalisme, féodalité et le régionalisme.

    J'appelle tous les Mauritaniens à se ressaisir en disant un non catégorique au retour en arrière que les militaires veulent nous imposé.

    En aucun cas nous ne devons accepté le bras de fer qu'a engagé le petit général Ould Abdel Aziz avec la communauté internationale dont nous savons les conséquences drastiques que la Mauritanie ne pourra supporté économiquement ni politiquement et diplomatiquement.

    Vive la Mauritanie libre et démocratique.

    A bas les putschistes et leurs complices.

    Diko la hanoune.
    La lutte continue

    RépondreSupprimer
  4. La seule lecture à retenir de ce discours la lutte contre la corruption et le terrorisme.
    et à mon avis cette lutte prend beaucoup de temps 5 ans à 10 ans.

    Un nouveau Muscharaf est né en mauritanie.

    Fils du bled

    RépondreSupprimer
  5. Excellent comme toujours, prof!

    A vous lire on a un coeur léger de voir que des choses que l'on a tellement envie de dire que vous dites pour nous!

    Comme l'a dit un commentateur précédent, la lutte continue!
    Et ça va être chaud.

    RépondreSupprimer
  6. لكن كيف يمكن دعم انقلاب عسكري ثم المطالبة باى شئ مع انى اكن كامل الاحترام والتقدير !!!!__________ واطالبه واتوسل اليه باسم كل موريتانى نبيل ان يراجع موقفه و انا لااشك فى انه قادر على اتخاذ القرار الصائب كما عودنا دائما


    __________!!!!

    RépondreSupprimer
  7. Cher monsieur,ma question est la suivante:Comment faire sortir les loups de la bergerie avec le moins de degâts? Comment eviter á ce pays de plonger dans l'inconnu? les questions sont nombreuses mais les reponses seront á mediter.Merci pour vos excellents articles.

    RépondreSupprimer
  8. Pr Ely
    Très belle analyse, passionnante à lire
    Vous nous avez habitué à ces réflexions d’une finesse parfaite.

    Merci, le Peuple ne l’oubliera jamais.

    BBA

    RépondreSupprimer
  9. Salut Prof!
    Je suis toujours contente de vous lire.

    Hindou

    RépondreSupprimer
  10. تمت الاطاحة بنظام ولد الطايع على اثر انقلاب عسكري في الثالث اغسطس 2005 ،شكل مجلس عسكري براسة اعل ولد محمدفال لندخل بعدها المرحلة الانتقالية التى اظن اننا لازلنا نتذكرها جيدا ونتذكر كل الوعود والعهود والعقود اخيرا اجريت انتخابات رءاسية اعترف الجميع بنتائجها بما فيهم احمد ولد داداه نفسه و علي اثرهاعين الزعيم الرسمي للمعارضة من قبل المحكمه الدستورية وبالتحديد يوم 30 مايو 2007.

    احمد ولد داده اليوم ينظر للانقلاب العسكري الذى وقع فى 6 اغسطس 2008.و يتحدث الى الجزيرة في 12 اغسطس ،احمد ولد داده وصف الانقلاب بانه "حركة لتصحيح العملية الديمقراطيه" وزعم ان الانتخابات 2007 الرءاسيه كانت "تزوير و غش"الا ترون المفارقة هل كان مكرها علي الاعتراف بها وهو المناضل الذي لم يخش قط ايام حكم ولد الطائع هنا لا يسعني -وانا من ادلي بصوته له دائما- الا ان اقول وبقوة في احدي الاثنتين كنت تكذب على المواطن ومن يكذب على الوطن لايستحق ...
    رحم الله المختار ولد داداه ما كان ليقبل


    __________!!!!

    RépondreSupprimer
  11. I can't believe it. You said it all. Le général a été mal avisé de rentrer dans ce jeu. Il ne gagnera jamais la bataille. J' ai lu quelques réactions indirectes de l' Algérie et de la Libye et ce n'est pas encourageant du tout avec la compétition entre ces 2 pays sur fond de déstabilisation de voisins plus faibles. Les dires de son PM sur l'appui des "frères arabes" sera certainement noté par le Mali et le Sénégal et cela a beaucoup d' implications sur le programme du retour des réfugiés. Sans compter sur le suppposé penchant " marocanité" du Général et de son PM ...

    RépondreSupprimer

Bienvenue,

postez des messages respectueux des droits et de la dignité des autres. Ne donnez d'information que certaine, dans le cas contraire, s'abstenir est un devoir.

Pr ELY Mustapha