mardi 8 avril 2008

Alerte sur la Mauritanie

Le pays se talibanise

La Mauritanie est en train de glisser vers la voie algérienne qui a mené à la montée et à la fortification de l’extrémisme en Algérie.

Les affrontements qui se déroulent à Nouakchott entre les forces de l’ordre et les extrémistes ont un amer goût de déjà vu dans la sous-région et ils présagent d’horizons sombres. La Mauritanie se talibanise, car Sidioca est en train de commettre exactement les mêmes erreurs que Chadly Benjedid. Le Président algérien qui a ouvert la porte à l’intégrisme dans la sphère socio-politique.

En 1979, le colonel Chadli Bendjedid, succéda à Boumédiène. Dès son arrivée au pouvoir, il engagea une politique de libéralisation économique et sociale doublée d’une stratégie non consensuelle d’arabisation et d'islamisation qui favorisa l’émergence de groupes politiques extrémistes. Chedly Bendjedid menait une politique financière dont profitait son cercle d’influence ce qui renforça le climat de corruption qui régnait déjà dans le pays. C'est à cette époque qu'apparut l'islamisme radical.

Dès son arriva au pouvoir Sidi Ould Cheikh abdallahi, retrouva devant lui l'héritage de ses prédécesseurs. Notamment les effets d'une arabisation exclusive et d'une islamisation politisée sur des populations démunies. Germes de la discorde plantés, par des régimes obscurs, dans le terroir d'une violence potentielle.
Il libéra les salafistes, entreprit une politique laxiste, du moins désinteressée à l’égard de tous ceux qui ont pillé l’Etat et à l’égard du fondamentalisme religieux que jamais il ne condamna politiquement, ni n’interdit la présence dans la sphère institutionnelle. Ainsi les observateurs ont dénoncé toutes les récentes nominations à la Cour Suprême et à la tête des instances juridictionnelles, comme n’ayant bénéficié qu’à des fondamentalistes.

Par ses élans religieux publics (construction de mosquée au sein de la présidence) et ses recours fréquents à la gestion spirituelle des crises (prières nationales de la pluie), son intérêt pour les confréries religieuses, Sidioca est entièrement tendu vers une spiritualité qui boute la laïcité hors de l’Etat. Un tel comportement ostensible, et notoire accrédite l’idée d’une tolérance poussée à l’égard de la Religion qui pourra être mal interprétée jusque dans son extrême.

Sidioca, n’est-il pas, à travers l’image qu’il donne de son train de vie et de sa tolérance trop grande à l’égard de tout en politique, en train de faciliter l’implantation d’un extrémisme qui déjà fait entendre parler de lui. La capitale vient d’être le théâtre d’accrochages sanglants, des extrémistes tuent sur le territoire les étrangers et les militaires des garnisons reculées.

La violence extrémiste armée gagne la ville et c’est la même image par laquelle a commencé la montée de l’extrémisme en Algérie dans les années 80.

Chadly bendjedid par son train de vie, la tolérance des mouvements extrémistes et leur acceptation dans le jeu politique, avait dès 1979 inauguré ce qui sera le cycle infernal de la violence en Algérie. C’est en effet, Chadli Bendjedid qui a libéré Chebouti, la tête pensante actuelle du MIA ... Et qui avait négocié la cohabitation avec le FIS . Ce qui donnera, à la suite du premier tour des législatives , les résultats que l’on sait. Ils furent annulées. Chadli Bendjedid démissionna en janvier 1992, il est remplacé par un Haut Comité d’Etat. Le FIS est dissous par le tribunal administratif d’Alger en mars 1992. Mais il était trop tard… La violence islamiste se déchaina.

En Mauritanie, il n’est pas encore trop tard si nous ne voulons pas que notre pays tombe dans la spirale de la violence Et c’est maintenant ou jamais.

Des mesures d’envergure se doivent d’être prises immédiatement :

- Le Président de la République doit prendre les choses en main. Interdire officiellement tout mouvement extrémiste quelle que soit son assise ou son obédience religieuse.

- Mobiliser les forces de sécurité pour le désarmement immédiat de toute la population (recherche de caches d’armes, et enquêtes sur le porteurs d’armes autorisées)

- Désigner un haut comité national d’enquêtes sur les responsabilités civiles et militaires en matière de diffusion des armes et des munitions

- Constituer un corps étoffé de brigades mobiles pour la surveillance ders frontières terre-air-mer (disposant des moyens et de la logistique nécessaire) avec un commandement relevant directement du Président de la République.
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Les mesures économiques :

L’intégrisme prenant sa source dans la misère et la haine, il convient de juguler rapidement ce qui le justifie :

- Elèver rapidement le niveau de vie des populations (la misère vecteur de l'intégrisme)

- Créer de l’emploi le plus tôt pour les jeunes au chômage (grenier humain de l'intégrisme)

Les mesures politiques :

- Résoudre de façon transparente et populaire (exemple par référendum) le problème de l’ambassade d’Israël en Mauritanie. Quel que soit l’effet réel de sa présence, elle est un puissant argument aux mains de ceux qui jouent sur la fibre islamiste ou nationaliste.

- Trouver une solution à l’impunité de ceux qui ont pillé les ressources de l’Etat durant ces dernières années et à l’égard desquels des populations entières vouent une haine latente qui n’attend pour s’exprimer qu’un vecteur fédérateur argumentant sur les concepts de l’exploitation et de la misère.

- Communiquer rapidement avec les populations. Aller sur le terrain de la misère. Parler aux populations. Faire sentir la présence effective de l’Etat avec un nouveau visage de proximité et de soutien. Supprimer le fossé que les populations sentent entre eux et l’Etat et dans lequel peuvent s’engoufrer les pires idéologies de l’abandon et de la réaction violente.
Car pour se faire entendre face à sa misère quotidienne, le plus honnête des citoyens peut s’allier avec le diable.

En somme, réduire à néant tout l’argumentaire qui réveille les fibres revendicatrices (intégristes, extrèmistes ) et qui est amplement utilisé par ceux qui veulent arriver à des fins de chaos.

Si la misère est combattue, si la jeunesse trouve de l’emploi, si le niveau de vie s’èleve si chaque citoyen se sent important, utile et rémunéré en conséquence de ses efforts lui permettant de vivre et de faire vivre sa famille, alors aucune oreille n’écoutera plus les argumentaires des obscurantistes.

Les mesures de cohésion et de devenir de la Nation:

- L’Etat doit unifier la nation dans un idéal commun. Il doit promouvoir une vision du devenir de la nation. Il faut qu’il dévéloppe un idéal de société de prospérite, de travail et d’avenir radieux à batir.

- L’Etat doit promouvoir , expliquer et faire adhérer les populations à un modèle de développement économique et social, pour que le peuple sente que la nation se bâtit dans une voie claire et consentie.

- L’Etat doit promouvoir des plans de développement nationaux, non pas confinés dans des bureaux de technocrates mais des plans expliqués dans les médias, exécutés et dont les réalisations sont montrées aux populations sur le terrain.
Bref, un ensemble de mesures pour juguler rapidement la diffusion des moyens armés de la violence (argumentée par la misère, le chômage et la haine) . La solution politique n'en sera que beaucoup plus aisée.
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Mais...

Mais si tout cela est techniquement réalisable, il reste des mesures que personne ne peut mettre en œuvre sauf le Président lui-même. A savoir redéfinir sa manière de gérer sa fonction de Président de la République. Manière à laquelle nous avons déjà il y a quelques temps consacré un article entier dont voici le lien :
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http://haut-et-fort.blogspot.com/2007/09/bienvenue-sous-la-tente-ocre.html

En définitive, il n’est pas exagéré de dire que la Mauritanie a amorcé un virage dangereux qui risque d’entrainer le pays dans une spirale de la violence dont nul ne peut présager de la fin.

Alors, monsieur le Président agissez !

Car de deux choses l’une. Ou l’on dira, dans une décennie, que vous avez été le premier Président d’une Démocratie à laquelle vous avez évité le pire ; ou au contraire que vous avez été le premier président d’une démocratie qui a fini dans la violence.
Cela ne tient qu’à vous. Agissez ! Avant qu'il ne soit trop tard...

Pr ELY Mustapha

6 commentaires:

  1. Cher Proffesseur,

    votre analyse sent beaucoup la politique tunisienne, mais vous savez bien que la tunisie elle même est menacée par ce genre de terrorisme.

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  2. Oui professseur , vous avez raison. Il faut faire vite. Il faut couper l'herbe sous les pieds de ces intégristes avant demain.

    Et je félicite votre façon haute et fier de voir les choses en demandant d'agir pour préserver la démocratie mauritanienne.
    J'espère Dieu et notre président figé vous entendre.

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  3. mais professeur ne dramatiser pas le cas chez nous . le terrorisme est devenu un busness pour les americains pour qu'ils arnaquent les autres pays du monde. chez nous il n'existe pas du terrorisme c'est des bandis en quete de quelque chose : argent, droque, ....

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  4. La menace est presente mais jouons la politique de l'autruche et faisons fi de la situation dangereuse que vit le pays.La mauritanie est au bord du gouffre de la terreur et à juste titre cette violence n'est que le resultat de la gabegie et de la corruption que vit le pays depuis des lustres.Le prof,a son habitude a toujours anticipé et a prevenu des consequences sur le pays et la nation mais personne ne prete attention a ses dires.

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  5. Cher Prof,

    Vous faites ici une tres belle analyse de la situation dans notre
    pays. Vos mesures politiques sont excelentes and j'aimerai bien que notre president tient compte.

    Encore merci et continuer votre excellent travail.
    O.A.S

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  6. Juste curieux de savoir qui est derriere l'evasion de Ould Habib. Etonnant qu'on combatte un fleau et qu'on l'appui en meme temps. Car appui, il ya. Sinon Ould Habib n'aurait pas pu s'evader. On le voie les mains attachees derriere le dos, completement maitrise, mis a l'arriere d'un pick-up avec une securite serree. Quelques heures plus tard on nous informe qu'il s'est evade en sautant par une fenetre dans un moment d'inattention des policiers. On peut croire l'histoire racontee avec la fuite de Ould Sidna, question de donner le benefice du doute. La fuite de Ould Habib ou Ould Haiba n'est possible qu'avec la complicite a l'echelon le plus eleve de l'Etat. Sauf s'ils l'ont envoye a Guantanamo ou en Jordanie pour l'interroger, ce que je doute. La rreponse a ces question est que soit Sidioca n'est pas interesse par son pays ou Sidioca ou bien Sidioca est entrain de se faire "demissionner" en douce. Ma propre theorie du complot est qu'un haut grade de l'armee ou de la securite s'est entendu avec quelques sponsors pour reprendre le pouvoir et mettre en oeuvre un plan deja concocte avant la fin de la transition. Je ne vois pas d'autre explication plausible, car il instrumentalisation de de la presse et manipulation de l'opinion dans ce jeu ou il n'est pas difficile d'imaginer qui trompe qui. A-

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