Un criminel peut tuer une fois.
Un gestionnaire public véreux, tue tous les jours.
Une Cour des comptes qui le dénonce, dans l'impunité,
Fait l'oraison funèbre de son utilité.
J'ai longtemps écrit sur la Cour des comptes ces trente dernières années sur la
gabegie des gouvernants mauritaniens et leur impunité et cela sous tous les
régimes qui se sont succédés de Taya à Ghazouani (voir références en annexe à
cet article) .
Aujourd'hui, j'aurai voulu garder le
silence car face à ce qui est devenu aussi apparent qu'un nez au milieu d'un
visage, il n'était plus nécessaire de dénoncer ce qui était devenu une valeur,
une qualité et un prestige. Les vices, de la corruption à la malversation, de la concussion au faux et à l'usage de faux, du mensonge à la traitrise sont devenus des vertus.
وهل ينفع العقار فيما أفسده الدهر؟
Lorsque ceux-là même qui ont participé aux régimes corrompus sont encore au
pouvoir et lorsque les oulémas prêchent le sacrifice et la chasteté, habitent des palais et roulent en
voitures de luxe, lorsque des familles maraboutiques distribuent des milliards
sans que le pouvoir puissent s'en émouvoir ni que l'Etat poursuive et condamne,
lorsque des criminels en col noir peuplent les rues et les criminels en col
blanc squattent les administrations , lorsque les viols sont devenu
quotidien et lorsque la drogue a pignon
sur rue contrôlée par des barons en haut-lieu, lorsque les tribunaux sont des
faire-valoir d'un régime à sa guise, lorsque le Parlement est une collection
d'intérêts personnels et d'hypocrise partisane, lorsque les tribus se battent
et s'arment et menacent l'autorité et l'intégrité du pouvoir qui déjà les
utilise et les manipule, le système politico-militaro-tribalo-mercantile se
protège et gère le pays en clans opulents et belliqueux…..que vaut, alors un
rapport de la Cour des comptes?
Le système mafieux
mauritanien, en cercle vicieux, se mord la queue, et si les constats de la cour
des comptes et leur impact sur l'opinion publique l'ont fait trembler sur ses
fondements, ce sera encore et toujours des seconds couteaux, des petits
délinquants qui seront châtiés , et
aussi quelques innocent, des sous-mains
des petites victimes qui seront données en pâture au premier procureur qui
voudrait améliorer le quotidien de sa gamelle dans les faveurs du pouvoir (rappelons-nous
l'affaire des détournement de devises et des fausses devises en caisse de la
banque centrale et les milliards qui se sont envolés etc...) Le gros poisson, lui, survivra.
Faudrait-il encore écrire à propos d'un naturel qui revient au galop?
Le 28 juin 2017 déjà, remettant à Ould Abdelaziz le
rapport annuel couvrant les années 2010-2011 et 2012 : « Le président de la
cour des comptes a expliqué, à sa sortie
d’audience de chez Aziz que dans ce
rapport figureraient « les plus importantes remarques et recommandations
résultant des missions de contrôle exécutées durant les années 2010 – 2011 et
2012 ».
Ould Abdelaziz est , aujourd'hui en prison. Victime, non innocente, des commanditaires de ceux-là même qui figuraient dans le rapport
et dans celui qui l'a précédé….et qu'il avait tous les deux reçus! Il s'est tu,
il les a couverts…ils l'ont envoyé en prison.
Et qui étaient les responsables en charge des
principaux portefeuille et fonctions publiques incriminés par la Cour des comptes dans ces rapports à
l'époque etc.? Suivez mon regard… ils
sont toujours au pouvoir ou dans son giron et ceux-là même qui veulent
aujourd'hui poursuivre sous la pression médiatique les corrompus du dernier
rapport de la cour des comptes devraient eux-mêmes rendre compte. Ghazouani
devrait y réfléchir.
Le rapport de la Cour des comptes est bien un message clair pour le berger que "le loup est dans la bergerie".
Le 17 octobre 2019, l’occasion
de la remise du rapport annuel de la Cour des comptes portant tardivement sur
deux années (2016 et 2017) à Mohamed Ould Ghazouani, le président de la Cour des comptes a dit
avoir trouvé « une volonté réelle de combattre la gabegie et de rationaliser
les ressources publiques ». il y a six ans...Avons-nous vu une seule sanction? Pourquoi aujourd'hui ?
En 2025, la Cour des comptes remet son rapport pour la période 2022-2023 à ce même Président Ghazouani...Et ça bouge. Volonté , sursaut d'intégrité du système? Non. Face au tollé populaire et médiatique
soulevé par tant de milliards engloutis par la nomenklatura au pouvoir, le système oligarchique est acculé à réagir et le premier anesthésiant est le discours du Président
de la Cour des comptes qui compose en virtuose sur la faute de gestion: Dans le rapport ni crimes,
ni délits, rien que des irrégularité relevant de la discipline budgétaire et
comptable! Mais le peuple éveillé a perdu le sommeil face aux pillages.
Second anesthésiant, et pour faire croire en la rectitude des gouvernants, quelques individus sont
"démissionnés" pour faire (croire) et valoir ce qui n'est pas : à
savoir que la corruption est combattue et que les délinquants sont sanctionnés.
Or il n'en est rien.
Donc pas d'illusion, ce
n'est qu'un serpent ne se mord la queue. Soit la persistance, dans un
cercle de gouvernance vicieux, d'une
situation où un problème en crée un autre, qui à son tour ramène au premier,
rendant la sortie difficile…mais profitable à la gouvernance sans issue de la
médiocratie.
Ce qui nous fait donc écrire ces lignes , c'est d'abord les centaines de
courriers et d'appels reçus pour que je m'exprime sur le sujet alors que je
suis en mission au bout du monde; mais c'est aussi pour lever une
désinformation pour bien dire que les infractions constatée dans le rapport de
la cour des comptes ne sont pas toutes de simples irrégularités, des fautes de
gestion au sens de la comptabilité publique. Loin s'en faut, il s'agit bien de crimes et des délits au sens
du code pénal, comme il s'agit de dire haut et fort que la Cour des comptes a
manqué à son obligation de saisirn*, à
travers son commissaire du gouvernement, le ministère public à leur propos. En
effet la Loi organique n°2018-032 /P.R/ relative à la Cour des comptes dispose
sans équivoque que :
Si le contrôle fait
apparaître des faits susceptibles de constituer un délit ou un crime, le
commissaire du gouvernement transmet le dossier au ministre de la justice. Si la
Cour estime, en statuant sur les poursuites, qu'une sanction
disciplinaire peut être encourue, elle
communique le dossier à l'autorité compétente.( Article 28)
Et lorsqu’en application de l’article 28, le commissaire du gouvernement
dénonce au ministre de la justice des faits de nature à motiver l’exercice
d’une action pénale, il en avise le ministre intéressé, ainsi que le ministre
chargé des Finances. Et pour la clarté et la pertinence voici le régime
juridique des infractions constatée par la Cour des comptes, leur auteurs et
les sanctions qu'ils devraient subir. (Article 61)
Où est donc le commissaire
du gouvernement de la Cour des comptes et où est la saisine du ministère public à propos de ces
délinquants et notamment ceux majeurs qui peuplent le rapport de la Cour des
comptes.?
Il ne fait pas de doute
que la sortie discursive du Président de
la Cour des comptes ressemble bien à une colonne de pompiers à sec pour éteindre un feu qui a déjà pris.
Irréversible.
Quoi de plus urgent donc que
de relever ici les crimes et délits commis (et nié par le gouvernement ) , leur nature,
leur sanction et leurs auteurs? De les organiser, par nature, par auteur et de
déterminer les montants détournés.
C'est ce que nous allons faire. Tout se sait et
les auteurs de ces crimes et délits sont très connus pour chaque période, nous laissons au lecteur le soin de les identifier
dans les commentaires. Et ce ne sont pas ceux-là, pour la plupart des boucs émissaires qui ont font l'objet d'un limogeage collectif cette
semaine.
Mais au-delà des personnes , de ces limogeages (pour une faute de gestion
réalisée par un gestionnaire de leurs services et dont ils ignorent l'existence
et l'existence même du service dans leur département) plus important encore : c'est l'argent du peuple qui est réclamé.
Ainsi par examen et agrégation des sommes faramineuses devant être restituées
sur la base des infractions délictuelle, criminelle et de gestion budgétaire et
comptable, nous évaluons le montant total récupérable à à 1 788 357 520 MRU (environ 858 191 800 MRU + 2 114 013 EUR).
Mais ce montant conservateur est en réalité bien
plus élevé que cela puisqu'il pourrait
être majoré significativement à travers :
-
Les Amendes supplémentaires 50-100% (art. 43 loi organique 2018-032)
-
Les Intérêts de retard et astreintes journalières (art. 43)
-
La Récupération complète écarts budgétaires CGAF (potentiel 15,7
milliards)
-
Les Poursuites judiciaires pour délits (doublement peines Code Pénal)
Ces infractions soulignent des dysfonctionnements systémiques en matière de
gouvernance financière et environnementale, qui doivent faire l'objet de
condamnation à restitutions, des
retenues sur paiements et des transmissions au parquet pour les crimes et
délits., or la Cour ne détaille pas de poursuites en cours pour 2022-2023 pour
les délinquants budgétaires et financiers.
I- Infractions pénales identifiées : crimes et délits relevant de
poursuites judiciaires
Les six cas d'infractions pénales qui suivent ,
totalisant un montant total récupérable estimé à 1 107 490 016 MRU (soit
l'équivalent de 177 324 296 MRU plus 2 114 013 EUR convertis au taux indicatif
de 440 MRU par euro). Ces infractions, qui sont sans aucun doute
qualifiables de crimes ou délits au sens
du Code Pénal mauritanien et des lois spéciales, engagent la responsabilité
pénale des gestionnaires et nécessitent des saisines du parquet
conformément à de la loi organique n°2018-032 relative à la Cour des Comptes. D'autre part les poursuites pour
faute de gestion ne font pas obstacle à l'exercice de l'action pénale et de
l'action disciplinaire de droit commun.
Voici donc, avec mention des montants
correspondants, l'identité professionnelle des délinquants (facilement
identifiables par référence à la période 2022-2023 où ils ont occupé leurs
fonctions) les montants récupérables.
1. Évasion Fiscale à la Société
Mauritanienne des Hydrocarbures : 1 409
196 MRU
La Société Mauritanienne des
Hydrocarbures (SMH), dans le cadre de ses opérations de location d'équipements
lourds entre 2022 et 2023, n'a pas procédé à la facturation de la Taxe sur la
Valeur Ajoutée (TVA), constituant une infraction fiscale qualifiée d'évasion au
regard de l'article 21 du Code Général des Impôts (loi n°2019-018). Cette
omission systématique engage la responsabilité directe du Comptable de la SMH
ainsi que la responsabilité hiérarchique du Directeur Général en poste durant
cette période. L'infraction est sanctionnée par l'article 281 du Code Pénal
mauritanien, prévoyant une amende allant de 50% à 100% du montant éludé,
assortie, en cas de récidive, d'une peine d'emprisonnement pouvant atteindre
deux ans.
Le montant
récupérable : 1 409 196 MRU, comprenant le montant de
base de la TVA non versée (939 464 MRU) majoré d'une amende minimale de 50%
(469 732 MRU).
Les fonctions
responsables sont: le Comptable principal de la SMH, le Directeur
Général ainsi que les Services des achats qui ont validé les factures sans
mention de la TVA.
2. Irrégularités dans les Marchés
Publics de la SNAAT : 31 695 037 MRU
La Société Nationale d'Aménagement
et d'Exploitation des Terres Agricoles (SNAAT) a commis deux infractions
distinctes dans la gestion de ses marchés publics entre 2021 et 2023.
Premièrement, en matière de construction, l'attribution de marchés à des fournisseurs
non-inscrits sur la liste approuvée par la Commission Interne des Achats
Inférieurs au Seuil (CIAIS), couplée à un fractionnement illégal de commandes,
constitue une violation de la loi n°2010-044 sur les marchés publics ainsi que
du décret n°2022-083 portant son application (article 4). Cette pratique,
qualifiée d'abus de pouvoir par l'article 248 du Code Pénal, expose les
responsables à des peines d'emprisonnement d'un à cinq ans et à des amendes
représentant 10% à 20% de la valeur des marchés concernés.
Le montant récupérable : 5 500 000 MRU, incluant les
coûts des locations irrégulières (5 millions MRU) et une pénalité de 10% (500
000 MRU).
Les fonctions responsables sont: La responsabilité directe incombe à la
Commission CIAIS qui a validé ces attributions, tandis que la responsabilité
hiérarchique revient au Directeur Général de la SNAAT en fonction durant cette
période.
Deuxièmement, dans le cadre de
marchés de sous-traitance pour la construction de barrages, la SNAAT a versé
des avances totalisant 23 813 670 MRU sans que les travaux correspondants ne
soient exécutés, les taux d'avancement constatés étant respectivement de 70% et
0% pour deux projets distincts. Cette pratique constitue un abus de fonds
publics sanctionné par l'article 108 du décret n°2022-083 et par l'article 249
du Code Pénal, prévoyant des peines d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à
trois ans ainsi qu'une obligation de restitution intégrale des sommes.
Le montant
récupérable : 26 195 037 MRU,
correspondant au montant des avances indues (23 813 670 MRU) majoré d'une
pénalité de 10% (2 381 367 MRU).
Les fonctions responsables sont: le Directeur des Marchés (responsabilité
directe) et le Directeur Général de la SNAAT (responsabilité hiérarchique),
tous deux en poste durant la période 2021-2023. Les gestionnaires présumés
incluent le Directeur des Travaux et des Marchés ainsi que le Payeur de la
SNAAT.
3. Mise en Danger du Public par le
Ministère du Pétrole : 10 000 000 MRU
Le Ministère du Pétrole, des Mines
et de l'Énergie a permis l'exploitation de plus de 725 stations-service sur
l'ensemble du territoire mauritanien sans que celles-ci ne disposent des
licences d'exploitation requises ni des certificats de conformité aux normes de
sécurité, en violation flagrante de la décision ministérielle n°348/2019
(articles 5 à 17). Cette situation, constatée entre 2021 et 2023, constitue une
mise en danger délibérée de la population au sens de l'article 280 du Code
Pénal mauritanien, sanctionnée par une peine d'emprisonnement pouvant atteindre
un an et des amendes comprises entre 500 000 et 2 000 000 MRU par station non
conforme.
Le montant récupérable : estimé de
manière conservatrice à 10 000 000 MRU au titre des amendes applicables,
pourrait être substantiellement revu à la hausse si l'ensemble des 725 stations
faisait l'objet de sanctions individuelles.
Les fonctions
responsables sont : La responsabilité directe
incombe au Directeur Général des Hydrocarbures Raffinés, tandis que la
responsabilité hiérarchique revient au Ministre du Pétrole, des Mines et de
l'Énergie en fonction durant cette période. Les gestionnaires présumés sont le
Ministre et le Directeur des Hydrocarbures, tous deux ayant manqué à leur
obligation de contrôle et de surveillance.
4. Manquements Graves dans le Projet
Routier Nema-Bassiknou-Fassala : 129 220
063 MRU + 2 114 013 EUR
Le Ministère de l'Équipement et
des Transports, à travers le projet de construction de la route
Nema-Bassiknou-Fassala réalisé entre 2021 et 2023, a commis deux infractions
majeures. D'une part, les pénalités de retard prévues contractuellement n'ont
pas été retenues malgré des retards substantiels allant de 214 à 761 jours
selon les tronçons. D'autre part, des paiements indus ont été effectués aux
entrepreneurs pour des travaux non exécutés, notamment le nettoyage des
chantiers, le nivellement des sites d'extraction de pierres et le transport de
matériels. Ces pratiques constituent une violation de l'article 108 du décret
n°2022-083 sur les marchés publics ainsi qu'une faute de gestion qualifiée par
l'article 248 du Code Pénal, exposant les responsables à des peines
d'emprisonnement d'un à cinq ans assorties de pénalités financières calculées à
hauteur de 0,5% par jour de retard jusqu'à un maximum de 10% de la valeur du
marché.
Le montant
récupérable : 129 220 063 MRU plus 2 114
013 EUR, décomposé en 107 637 887 MRU de pénalités de retard non appliquées
et 21 582 176 MRU de paiements indus.
Les fonctions
responsables sont : La responsabilité directe
incombe au Chef de Projet routier, tandis que la responsabilité hiérarchique
revient au Secrétaire Général du Ministère des Transports et au Ministre
lui-même, tous en fonction durant la période concernée. Les gestionnaires présumés
incluent le Chef de Projet ainsi que le Bureau de Contrôle SCET RIM qui a
validé les paiements sans constater les manquements.
5. Atteintes Environnementales dans
l'Attribution de Permis Miniers : 5 000
000 MRU
Le Ministère du Pétrole, des Mines
et de l'Énergie a accordé entre 2021 et 2023 plusieurs permis d'exploitation
minière dans les secteurs de l'or et des sables noirs sans que les sociétés
bénéficiaires (notamment SENI.SA et TIREX.SA pour l'or, ainsi que des
entreprises exploitant les sables noirs sur les plages côtières) n'aient
préalablement soumis les études d'impact environnemental requises et obtenu les
approbations du Ministre chargé de l'Environnement. Cette omission constitue
une violation du décret n°159-2008 du 4 novembre 2008 relatif aux titres
miniers et aux carrières (articles 76 à 79), dont les dispositions stipulent
que tout dossier de demande de permis incomplet doit être annulé. L'infraction
est également qualifiée d'atteinte à l'environnement par la loi n°2001-051
(article 50), sanctionnée par des peines d'emprisonnement de deux à cinq ans et
des amendes comprises entre 1 et 10 millions MRU.
Le montant
récupérable: estimé de manière conservatrice à 5
000 000 MRU au titre des sanctions administratives et pénales, ne prend pas
en compte les dommages environnementaux potentiels qui pourraient se
chiffrer en dizaines de millions
Les fonctions
responsables sont: La responsabilité directe incombe au Directeur
des Mines qui a instruit ces dossiers, tandis que la responsabilité
hiérarchique revient au Ministre du Pétrole, des Mines et de l'Énergie en
fonction entre 2021 et 2023. Le Ministre et le Directeur des Mines, tous deux
ayant gravement négligé les avis défavorables émis par les Ministères de
l'Environnement et des Pêches concernant les risques écologiques majeurs.
II- Fautes de Gestion
des Ordonnateurs : Irrégularités Administratives et Financières
Ces onze cas de fautes de gestion des ordonnateurs,
totalisant un montant total récupérable
estimé à 574 204 785 MRU (environ 574 millions MRU). Ces fautes, bien
que ne constituant pas des infractions pénales au sens strict, engagent la
responsabilité administrative et financière des gestionnaires publics
conformément aux articles 15 et 16 de la loi organique n°2018-032 relative à la
Cour des Comptes, et font l'objet de sanctions disciplinaires, de mises en
débet et d'obligations de restitution prévues par le décret n°186-2019 portant
règlement général de la comptabilité publique.
1. Écarts Budgétaires au Ministère
des Finances : 100 000 000 MRU
Le Ministère des Finances a enregistré lors de
l'exécution du budget de l'État pour l'exercice 2022 des écarts considérables
totalisant 15,7 milliards MRU entre les recettes et dépenses sur financements
extérieurs effectivement réalisées et celles inscrites dans le Compte Général
de l'Administration des Finances (CGAF). Ces opérations financières, bien que
justifiées en partie par l'intervention du Ministère de l'Économie et du
Développement Durable comme source de données, n'ont pas été intégrées aux comptes
du Trésor Public conformément aux exigences de l'article 62 du décret
n°107-2022 portant application de la loi organique relative à la Cour des
Comptes. Cette omission constitue une faute de gestion susceptible d'entraîner,
en vertu de l'article 15 de la loi organique n°2018-032, une mise en débet du
Comptable Principal du Trésor Public assortie d'une amende administrative
comprise entre 50 000 et 1 000 000 MRU. Le montant récupérable: estimé
de manière conservatrice à 100 000 000 MRU sur la base d'un apurement
partiel des écarts constatés.
Les fonctions responsables sont: la responsabilité
directe du Comptable Principal du Trésor en fonction entre 2021 et 2023, ainsi
que la responsabilité hiérarchique du Directeur du Budget et du Ministre des
Finances durant cette période. Les gestionnaires présumés incluent le Comptable
Principal du Trésor et le Directeur du Budget, tous deux ayant manqué à leur
obligation de rapprochement et de justification des opérations financières.
2. Régie d'Avance Irrégulière au
Ministère de l'Emploi : 119 650 805 MRU
Le Ministère de l'Emploi et de la Formation
Professionnelle a ouvert en janvier 2021, dans le cadre de l'organisation de la
Coupe d'Afrique des Nations des moins de 20 ans, une régie d'avance au Trésor
Public (compte n°43700408) en violation flagrante des articles 117 de
l'ordonnance n°89-012 et 187 du décret n°186-2019 portant règlement général de
la comptabilité publique. Cette régie, créée sans nomination préalable d'un
comptable responsable et sans transfert initial de provisions, a fonctionné par
émission de chèques sans fonds, générant un solde débiteur de 119 650 805
MRU. Bien qu'une régularisation partielle ait été tentée ultérieurement par
le transfert de 120 millions MRU prélevés sur le Fonds de soutien aux jeunes,
une dette résiduelle de 98 662 719 MRU demeure impayée. Les sanctions prévues
incluent une astreinte journalière jusqu'à régularisation complète ainsi qu'une
obligation de restitution intégrale des sommes détournées de leur affectation
budgétaire initiale.
Les fonctions responsables sont : responsabilité directe du Directeur Administratif et
Financier (DAF) du Ministère de l'Emploi , désigné comme signataire unique du
compte, ainsi que la responsabilité hiérarchique du Secrétaire Général en
fonction durant l'année 2021.
3. Paiements Sans Mandat au Ministère
de la Santé : 4 306 616 MRU
Le Ministère de la Santé a procédé en 2021 au paiement de
factures d'un montant de 4 306 616 MRU au profit du Centre Hospitalier
National (CHN) pour l'acquisition de matériel médical dans le cadre de
l'organisation de la Coupe d'Afrique des Nations U-20, en l'absence totale de
mandat administratif émis par le Ministre et sans engagement budgétaire préalable.
Cette irrégularité est d'autant plus grave que le Centre Hospitalier National,
jouissant de l'autonomie financière, n'avait formulé aucune demande de prise en
charge par le Ministère, et que la lettre du Secrétaire Général du Ministère
précisait explicitement que ces factures devaient être réglées par le comité
national d'organisation de la coupe, et non par le budget du Ministère. Cette
pratique constitue une violation de l'article 230 du décret n°186-2019 portant
règlement général de la comptabilité publique, sanctionnée par une mise en
débet du Payeur du Ministère ainsi que des sanctions administratives pour faute
de gestion.
Les fonctions responsables sont La responsabilité directe incombe au Payeur principal du
Ministère de la Santé et du Directeur Administratif et Financier en fonction
durant l'année 2021, tandis que la responsabilité hiérarchique revient au
Contrôleur Financier qui aurait dû rejeter ces opérations lors du contrôle
préalable.
4. Gestion Irrégulière des Programmes
d'Emploi : 26 247 364 MRU
Le Ministère de l'Emploi et de la Formation
Professionnelle a créé entre 2020 et 2021 deux programmes parallèles dénommés «
Mon Projet, Mon Avenir » et « Mihnety » (Ma Profession), en violation du décret
n°079-2021 du 31 mai 2021 définissant les attributions du Ministère et
l'organisation de son administration centrale. Ces programmes ont généré des
charges irrégulières totalisant 26 247 364 MRU, décomposées en 5 115 636
MRU de recrutements effectués hors des procédures légales prévues par le décret
n°050-2019 relatif aux conditions d'emploi et de rémunération des agents
contractuels de l'État, 7 986 000 MRU de primes doubles ou cumulées versées aux
coordinateurs, et 11 843 968 MRU de dépenses effectuées à des fins étrangères
aux objectifs des programmes, notamment le règlement de factures au profit du
Cabinet du Ministre. Ces pratiques constituent des fautes de gestion
sanctionnées par l'article 22 du décret n°186-2019 portant règlement général de
la comptabilité publique, prévoyant une obligation de restitution intégrale
assortie d'une amende égale au double des sommes indûment payées.
Les fonctions responsables sont: La responsabilité directe incombe aux Coordonnateurs des
deux programmes en fonction entre 2020 et 2021, tandis que la responsabilité
hiérarchique revient au Secrétaire Général du Ministère durant cette période.
Les gestionnaires présumés sont les Coordonnateurs des programmes ainsi que le
Secrétaire Général du Ministère de l'Emploi.
5. Dépenses Inéligibles au Ministère
du Pétrole : 10 000 000 MRU
Le Ministère du Pétrole, des Mines et de l'Énergie a
utilisé entre 2021 et 2023 les ressources du compte d'affectation spécial de
soutien au secteur des hydrocarbures raffinés pour le règlement de dépenses ne
correspondant pas aux rubriques budgétaires prévues pour ce compte, la majorité
des opérations exécutées étant inéligibles aux critères d'affectation définis
par les textes réglementaires. Cette pratique, aggravée par l'absence totale de
contrôle interne dans les opérations d'acquisition financées par ce compte,
constitue une faute de gestion sanctionnée par l'article 230 du décret
n°186-2019 portant règlement général de la comptabilité publique.
Le montant récupérable estimé: 10 000 000 MRU sur la base d'un échantillon de
dépenses contrôlées
Les fonctions responsables sont : responsabilité directe du Directeur Administratif et
Financier du Ministère ainsi que la responsabilité hiérarchique du Ministre du
Pétrole, des Mines et de l'Énergie en fonction durant la période 2021-2023.
6. Défaillances de la SOMELEC dans le
Recouvrement : 257 000 000 MRU
La Société Mauritanienne d'Électricité (SOMELEC) présente
des défaillances majeures dans la gestion de ses recettes, caractérisées par
l'accumulation d'arriérés massifs de clients publics (notamment les ministères,
établissements publics et collectivités territoriales), des pertes énergétiques
considérables atteignant 259 gigawattheures annuels (gaspillage dû aux
branchements frauduleux, aux défaillances du réseau et à l'absence de
compteurs), ainsi que le non-paiement d'impôts et de cotisations sociales et
d'assurance maladie pour des montants dépassant les 254 millions MRU. Ces
manquements constituent des fautes de gestion au regard du contrat-programme
liant la SOMELEC à l'État ainsi que de l'article 16 de la loi organique
n°2018-032 relative à la Cour des Comptes, prévoyant des sanctions
disciplinaires pour faute de gestion des entreprises publiques.
Le montant récupérable: estimé de manière conservatrice à 257 000 000 MRU
sur la base des arriérés et dettes identifiés.
Les fonctions responsables sont: la responsabilité directe du Directeur Général de la
SOMELEC, le Directeur des Financier de l'entreprise en fonction entre 2021 et
2023, ainsi que la responsabilité hiérarchique du Ministre exerçant la tutelle
sur l'entreprise.
7. Défaut de Suivi des Actifs à la
Direction des Projets d'Éducation : 2
000 000 MRU
La Direction des Projets d'Éducation et de Formation a
démontré des carences graves dans le suivi de son patrimoine, notamment lors du
déménagement vers son nouveau siège, opération durant laquelle 11 climatiseurs
ont disparu sur les 53 transférés, sans qu'aucun inventaire préalable n'ait été
établi ni aucun registre de réception tenu. Cette situation est aggravée par
l'absence d'un système d'archivage de la documentation relative aux marchés
publics et par le non-respect de l'article 230 du décret n°186-2019 portant
règlement général de la comptabilité publique, qui exige la tenue d'un registre
documentant les mouvements d'entrée et de sortie des stocks ainsi que
l'attribution d'un codage permettant le suivi des actifs physiques. Les
sanctions prévues incluent une retenue sur la prime de responsabilité du
gestionnaire concerné.
Le montant récupérable: estimé à 2 000 000 MRU sur la base de la valeur
des climatiseurs disparus et des autres biens non tracés,
Les fonctions responsables sont: la responsabilité
directe du Chef du service de logistique ainsi que la responsabilité
hiérarchique du Directeur de la Direction des Projets d'Éducation et de
Formation en fonction entre 2021 et 2023.
8. Infractions Fiscales au Programme
DECLIC : 15 000 000 MRU
Le Programme d'Appui au Développement Économique Local et
aux Initiatives Communales (DECLIC) a commis plusieurs irrégularités entre 2021
et 2023, notamment le non-paiement des prélèvements fiscaux et des cotisations
sociales dus sur les salaires versés au personnel, le versement de primes de
responsabilité financière indues aux cadres du projet, ainsi que le
fractionnement de marchés publics dans le but de contourner les seuils de
passation imposant des procédures de mise en concurrence. Ces pratiques constituent
des violations du Code Général des Impôts (CGI) ainsi que du décret n°186-2019
portant règlement général de la comptabilité publique, sanctionnées par des
amendes fiscales et une obligation de restitution des sommes indûment perçues.
Le montant récupérable, estimé à 15 000 000 MRU sur la base des taxes et
cotisations non payées majorées des primes irrégulières.
Les fonctions
responsables sont: la responsabilité directe du Coordinateur du programme
DECLIC et le Directeur Administratif et Financier du projet ainsi que la
responsabilité hiérarchique du Ministre exerçant la tutelle sur le projet, tous
deux en fonction durant la période 2021-2023.
9. Avances Irrégulières à la Caisse
Nationale d'Assurance Maladie : 5 000
000 MRU
La Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM) a accordé
entre 2021 et 2023 des avances représentant jusqu'à 80% des montants dus aux
cliniques conventionnées, en l'absence de toute garantie bancaire ou de tout
mécanisme de sécurisation, en violation des dispositions de l'ordonnance
n°2005-006 régissant le système d'assurance maladie ainsi que du décret
n°186-2019 portant règlement général de la comptabilité publique. Ces avances,
qui exposent la CNAM à des risques financiers considérables en cas de non-exécution
des prestations médicales, sont aggravées par la pratique de recrutements
irréguliers d'agents contractuels et par l'absence de poursuites contre des cas
avérés de fraude à l'assurance maladie identifiés par les services de contrôle.
Le montant récupérable: estimé à 5 000 000 MRU sur la base des avances
non justifiées et des sommes détournées par fraude.
Les fonctions responsables sont: la responsabilité directe du Directeur Général de la CNAM
et le Directeur des Prestations en fonction entre 2021 et 2023, ainsi que la
responsabilité hiérarchique du Ministre de la Santé exerçant la tutelle sur
l'établissement.
10. Créances Non Recouvrées à
Mauritania Airlines : 20 000 000 MRU
La compagnie aérienne nationale Mauritania Airlines
présente des défaillances majeures dans la gestion de ses créances,
caractérisées par la négligence dans le recouvrement de sommes dues par des
clients institutionnels et des partenaires commerciaux, l'accumulation de
dettes fiscales impayées atteignant 275 millions MRU (notamment au titre de
l'impôt sur les traitements et salaires non précompté sur les rémunérations
supplémentaires versées au personnel), ainsi que le recrutement de prestataires
de services sans procédure d'appel à la concurrence, en violation du Code du
Commerce, du Code Général des Impôts et du décret n°186-2019 portant règlement
général de la comptabilité publique.
Le montant récupérable: estimé de manière conservatrice à 20 000 000 MRU
sur la base d'un échantillon de créances et dettes identifiées.
Les fonctions
responsables sont: la responsabilité
directe du Directeur Général de Mauritania Airlines et le Directeur financier de la compagnie en fonction entre 2021 et
2023, ainsi que la responsabilité hiérarchique du Conseil d'Administration de
l'entreprise. Les gestionnaires présumés incluent le Directeur Général et le.
11. Capital Non Libéré à la Société
des Abattoirs de Nouakchott : 15 000 000
MRU
La Société des Abattoirs de Nouakchott affiche depuis sa
création en 2014 un capital social de 285 millions MRU demeuré partiellement
non libéré par ses actionnaires, en violation des dispositions du droit
commercial mauritanien imposant la libération intégrale du capital souscrit
dans les délais légaux. Cette situation est aggravée par l'accumulation
d'arriérés d'impôts et de cotisations sociales et d'assurance maladie
atteignant 289 millions MRU, témoignant d'une gestion défaillante de
l'entreprise publique. Ces manquements constituent des fautes de gestion
sanctionnées par le droit commercial, le Code Général des Impôts ainsi que le
décret n°186-2019 portant règlement général de la comptabilité publique.
Le montant
récupérable: estimé de manière
conservatrice à 15 000 000 MRU représentant la part récupérable auprès
des actionnaires défaillants et des gestionnaires responsables.
Les fonctions responsables sont: la responsabilité directe du Directeur Général
de la Société des Abattoirs en fonction entre 2021 et 2023 et les membres du
Conseil d'Administration de la société, ainsi que la responsabilité
hiérarchique du Président du Conseil d'Administration durant cette période..
III- Débets des
Comptables Publics : Responsabilités Financières Personnelles
Le Rapport de la Cour des Comptes
de Mauritanie identifie deux cas de débets comptables additionnels engageant la
responsabilité personnelle et pécuniaire des comptables publics, pour un
montant total récupérable de 106 662 719 MRU (environ 107 millions MRU).
Ces mises en débet, distinctes des infractions pénales et des fautes de gestion
des ordonnateurs déjà recensées, relèvent de la compétence juridictionnelle
exclusive de la Cour des Comptes conformément à l'article 15 de la loi
organique n°2018-032, qui prévoit le jugement des comptes des comptables
publics et la condamnation de ces derniers à la restitution intégrale des
deniers publics manquants ou irrégulièrement décaissés. Ces procédures,
initiées en 2023 après la prestation de serment des comptables principaux des
départements ministériels, visent à protéger les finances publiques et à
responsabiliser les agents comptables dans la gestion des fonds de l'État.
1. Dette Résiduelle de la Coupe
d'Afrique au Ministère de l'Emploi : 98 662 719 MRU
Le Ministère de l'Emploi et de la
Formation Professionnelle présente une dette résiduelle de 98 662 719 MRU
impayée au titre de l'organisation de la Coupe d'Afrique des Nations des moins
de 20 ans organisée en Mauritanie en 2021. Cette dette, qui subsiste malgré une
régularisation partielle effectuée par le transfert de 120 millions MRU
prélevés sur le Fonds de soutien aux jeunes vers le compte de régie d'avance
irrégulièrement ouvert au Trésor Public (compte n°43700408), résulte de
l'émission de chèques sans provisions pour un montant total de 218 650 805 MRU
destinés au règlement des dépenses liées à l'événement sportif. Cette pratique
constitue une violation grave des articles 117 de l'ordonnance n°89-012 du 23
février 1989 portant règlement général de la comptabilité publique et 187 du
décret n°186-2019 du 31 juillet 2019 portant application de cette ordonnance,
qui interdisent formellement l'ouverture de comptes au Trésor avec des soldes
débiteurs et imposent la constitution préalable de provisions avant tout
décaissement. L'irrégularité est d'autant plus caractérisée que le compte a été
ouvert sans nomination d'un comptable responsable, en violation de l'arrêté
R165OM du 12 décembre 1993 fixant les conditions de création, de gestion et
d'apurement des comptes d'avance.
Le montant
récupérable: La mise en débet prévue par
l'article 15 de la loi organique n°2018-032 relative à la Cour des Comptes
impose au comptable la restitution intégrale de la dette résiduelle de 98
662 719 MRU, assortie d'une astreinte journalière jusqu'à régularisation
définitive du compte.
Les fonctions responsables sont : La
responsabilité directe incombe au Directeur Administratif et Financier (DAF) du
Ministère de l'Emploi, désigné comme signataire unique du compte durant l'année
2021, qui a procédé aux décaissements sans disposer de fonds correspondants et
sans contrôle préalable. La responsabilité hiérarchique revient à l'ancien
Secrétaire Général du Ministère en fonction durant la même période, qui aurait
dû superviser la régularité des opérations financières et s'opposer à la
création d'un compte aussi manifestement irrégulier.
Tous deux passibles de sanctions
disciplinaires administratives en sus de l'obligation de remboursement.
Cette situation illustre les
conséquences graves de la négligence dans la gestion des régies d'avance et de
la violation des procédures d'exécution des dépenses publiques, qui exposent
les comptables publics à des responsabilités financières personnelles pouvant
atteindre plusieurs dizaines de millions d'ouguiyas. Il est recommandé l'apurement immédiat de ce compte par
recouvrement forcé auprès des responsables identifiés, ainsi que la
transmission du dossier au parquet en cas de résistance ou d'impossibilité de
paiement, conformément aux dispositions de l'article 47 de la loi organique
n°2018-032 autorisant la saisine des autorités judiciaires pour faire appliquer
les arrêts de la Cour.
2. Frais de Stockage Non Recouvrés à
la Société Mauritanienne des Hydrocarbures : 8 000 000 MRU
La Société Mauritanienne des
Hydrocarbures (SMH), chargée de la gestion des dépôts de stockage des
hydrocarbures liquides raffinés à Nouakchott, a accusé un retard considérable
dans le recouvrement des frais de stockage dus par les sociétés pétrolières utilisatrices
des installations pour l'année 2020, alors que le contrat de stockage prévoit
un paiement régulier et dans les délais impartis. Ce retard, qui a généré un
manque à gagner estimé à 8 000 000 MRU pour la SMH et, par extension,
pour l'État mauritanien actionnaire principal, s'accompagne d'une pratique
encore plus préjudiciable consistant à fournir des prestations de services à
titre gratuit au profit de certaines sociétés pétrolières privées, en violation
flagrante du principe d'égalité de traitement des opérateurs économiques et des
règles de gestion commerciale imposées aux entreprises publiques.
Ces irrégularités constituent une
faute de gestion comptable sanctionnée par les clauses du contrat de stockage
ainsi que par l'article 15 de la loi organique n°2018-032 relative à la Cour
des Comptes, qui prévoit la mise en débet du comptable responsable du
recouvrement des créances de l'entreprise publique ainsi que du dirigeant
hiérarchique ayant autorisé ou toléré ces pratiques. La responsabilité directe
incombe au Comptable principal de la SMH en fonction entre 2020 et 2021, qui a
manqué à son obligation de diligence dans le recouvrement des créances de la
société et qui a validé des opérations de prestations gratuites sans
justification légale. La responsabilité hiérarchique revient au Directeur
Général de la SMH en fonction entre 2021 et 2023, qui aurait dû exercer un
contrôle rigoureux sur les opérations comptables et commerciales de
l'entreprise et faire appliquer les tarifs contractuels sans exception ni
favoritisme.
Le montant
récupérable: 8 000 000 MRU,
correspondant aux frais de stockage non recouvrés auprès des sociétés
pétrolières débitrices pour l'exercice 2020, doit faire l'objet d'une mise en
débet conformément aux dispositions de l'article 15 de la loi organique
n°2018-032, imposant au comptable de la SMH et au Directeur Général la
restitution solidaire de cette somme sur leurs deniers personnels, à défaut de
justification de diligences appropriées pour le recouvrement ou de
circonstances de force majeure ayant empêché l'encaissement.
Les fonctions responsables sont: Les gestionnaires présumés responsables sont
le Comptable de la SMH et le Directeur Général, tous deux devant rendre compte
devant la Cour des Comptes dans le cadre de la procédure de jugement des
comptes des entreprises publiques prévue par la loi organique.
Ces deux cas de
débets comptables, totalisant plus de 106 millions MRU récupérables, illustrent l'importance de la responsabilité
personnelle et pécuniaire des comptables publics dans la préservation des
deniers de l'État. La Cour des Comptes souligne que ces mises en débet, bien
que distinctes des sanctions pénales applicables aux infractions criminelles,
constituent un instrument juridique essentiel pour dissuader les négligences et
les irrégularités dans la gestion des fonds publics, tout en permettant le
recouvrement effectif des sommes perdues ou détournées. La procédure de jugement
des comptes, initiée en 2023 pour les comptables principaux des départements
ministériels après leur prestation de serment, doit être étendue rapidement aux
comptables des entreprises publiques et des établissements publics à caractère
administratif afin de couvrir l'ensemble du périmètre de contrôle de la Cour et
de garantir une protection optimale des finances publiques mauritaniennes.
En définitive suite à ce
rapport de la Cour des comptes, la bonne foi de ses rédacteurs ne fait pas de
doute, mais il reste que sa politisation en haut lieu et son utilisation pour
sanctionner des boucs émissaires et protéger les véritables criminels toujours
en haut-lieu et dans son voisinage tribal, martial, mercantile et de parentèle,
ne fait pas non plus de doute .
Il est certain que des crimes et délits, des fautes de gestion
budgétaires et comptables ont été commis mais ni la sanction ne devrait-être la
même ni le traitement professionnel, administratif ou judiciaire ne devrait
l'être non plus. Nous consacrerons un prochain article à ces boucs émissaires
et aux véritables criminels dans ce rapport et dans ceux qui l'on précédé, et qui nous gouvernent encore.
Limoger n'est pas
restituer et ce que réclame le peuple mauritanien c'est que ces montants
faramineux lui soient restitués au-delà de l'incarcération de criminels en cols
blanc, bleu et noir.
Pr ELY Mustapha
Voir notamment:
Gabegie en Mauritanie - les anticipations criminelles" article du 24 octobre 2020 :
https://cridem.org/C_Info.php?article=742012
Au pays des mille et une nuisances : la Cour des contes.
Article du mercredi 7 avril 2010 :
https://haut-et-fort.blogspot.com/2010/04/au-pays-des-mille-et-une-nuisances_7.html )
La cour des contes mauritanienne : Un rapport faussement
annuel, des archives chinoises et un Président en Union Soviétique . .Article
du jeudi 17 octobre 2019
(https://haut-et-fort.blogspot.com/2019/10/la-cour-des-contes-mauritanienne-un.html )
Et j'avais mars 2025, avant même la publication du rapport de la Cour des
comptes et face à la gabegie sans précédent sous le régime Ghazouani, alerté
par un livre blanc sur la gestion catastrophique des finances publiques
mauritaniennes :
https://haut-et-fort.blogspot.com/2025/03/livre-blanc-sur-les-finances-publiques.html
Et bien avant, en 2023
j'ai consacré un volumineux ouvrage à la vampirisation des finances
publiques intitulé "Finances
publiques criminelles : les voleurs d’âmes
( https://haut-et-fort.blogspot.com/2023/09/finances-publiques-criminelles-les.html )