jeudi 7 décembre 2023

Loi sous X - La femme mauritanienne est-elle un Homme ? par ELY Mustapha

 

"Dieu ne peut nous donner une charia qui contredit notre raison"
Ibn Rochd
(Averroès)



Oui, oui, je vois…Vous êtes précipités ici pour voir si le prof n’a pas fumé la moquette…depuis le temps qu’il guerroie les moulins à vent. 


Un titre pareil, inconcevable ? SI ...Si !


Je vois d’ailleurs les barbus (et autres pilosités) qui se précipitent ici, pour lire cet article. Sacrilège !  Confondre la femme avec l’homme ! Quelle indignité. Et, déjà, ils se disent :  tient encore un autre article de ce maudit prof pour semer la zizanie dans les esprits des bigot(e)s mauritanien(ne)s!  

Pas si loin de la vérité. 


Eh bien non, il ne s’agit pas d’un article sur le sexe des anges, ni d’une polémique sur la sempiternelle discussion sur le « sexe faible » des misogynes et du « sexe fort » des phallocrates.  Alors barbus, bigots, misogynes et phallocrates, circulez, il n’y a rien à voir…. A moins que vous n’ayez pu voir que dans le titre de cet article que, le nom commun « femme » est en minuscule et que l’initiale du nom commun « Homme » est en majuscule. 


L’homme ou la femme respectivement, avec un h minuscule, et f minuscule fait référence à une personne de sexe masculin ou de sexe féminin parmi d’autres hommes et d’autres femmes.
En science, on met une majuscule à « homme » lorsque celui-ci désigne l’ensemble du genre Homo, mammifère de l’ordre des Primates. Ainsi avec un H majuscule « Homme » renvoie dans son ensemble, hommes et femmes confondus. C’est à -dire à l’être humain. L'Homme, le genre humain, l'humanité. Dans la stylistique on appelle cela l’antonomase inverse.


Tout comme l’homme, dans son acceptation restrictive au genre masculin, n’est à confondre avec Homme, dans son sens de genre humain, on ne confond pas par exemple « état » (situation d’un être ou d’une chose) avec « Etat », collectivité nationale.


C’est autant dire que poser la question « la femme mauritanienne est-elle un Homme ? », aurait pu porter à la fois une charge de ridicule pour celui qui la pose (merci à moi-même) et une insulte pour celui qui la lit (merci pour sa dignité) … Mais entraine-t-elle vraiment le ridicule et l’indignation chez tout le monde, …eh bien non, hélas !


Lorsque l’on constate un lever de bouclier d’une masse de personnes brandissant leur chromosomes X-Y contre d’autres personnes de chromosomes X-X, contre la loi EL Karama, on se demande si ce pays a un avenir même génétique.
 La religion ne saurait contredire la raison. Comme l’a si bien dit Ibn Rochd : « Dieu ne peut nous donner une charia qui contredit notre raison ».
Dieu décide de la génétique mais il n’a jamais décidé que la femme soit un être inférieur à l’homme, qu’il l’exploite ou qu’il la violente.
Si le Paradis est sacré et si, comme l’a dit notre saint prophète, ce paradis est sous le talon d’une femme en l’occurrence, la Mère, alors si l’homme veut aller au paradis, il doit se courber …se courber et encore se courber devant la femme. Et se courber tellement bas qu’il doit littéralement  s’aplatir  sous son talon.
Cette supériorité spirituelle que Dieu a donné à la mère, c’est-à-dire à toute celle qui conçoit un être ou qui le prépare à enter dans la vie, ne nous interpelle-t-elle pas sur ce que tout homme doit à la femme ?
Mais que contestent donc ces bigots mauritaniens à cette nouvelle loi ?
 La voici résumée, cette fameuse loi pour saisir l’immense hypocrisie de ceux qui la rejettent.

Le projet de loi relatif à la lutte contre les violences à l'égard des femmes et des filles comporte plusieurs dispositions visant à prévenir, réparer et réprimer les actes de violence. Voici un résumé clair et succinct de ses principaux points :

Les Dispositions générales

- Objet : Prévenir les violences contre les femmes et les filles, établir des procédures légales de protection et réprimer les auteurs.
- Définitions : Précise les termes tels que violence, viol, harcèlement sexuel, inceste, époux, victime.
- Imprescriptibilité : Les infractions qualifiées de crimes sont imprescriptibles.
- Circonstances aggravantes : Les circonstances aggravantes incluent le statut d'éducateur, les liens d'autorité, la commission en groupe, la vulnérabilité de la victime, etc.
- Peine minimale : La peine privative de liberté ne peut être inférieure au seuil minimum légal.
- Réparation civile : Les actes de violence engagent la responsabilité civile de l'auteur, indépendamment de la qualification pénale.

La Prévention :

- Détection précoce : Mise en place de mécanismes de détection des violences.
- Stratégie nationale : Adoption d'une stratégie multisectorielle de prévention et de lutte, incluant des programmes de sensibilisation.
- Suivi des condamnés : Mise en œuvre de programmes spécifiques pour les condamnés.

La Protection des victimes :

- Prise en charge des soins médicaux par l'État.
- Accompagnement des victimes tout au long de la procédure judiciaire.
- Protection des données personnelles et des témoins.
- Information et assistance pluridisciplinaire aux victimes.
- Prise en charge spécifique des femmes et filles handicapées.

La Répression :

- Sanctions renforcées pour les crimes tels que le viol, l'inceste, le harcèlement sexuel, la mutilation génitale, la séquestration, les coups et blessures, etc.
- Interdiction de séjour pour les condamnés des infractions graves.

La Procédure :

- Obligation de dénonciation des situations de violence.
- Intervention diligente des autorités judiciaires.
- Désignation d'un juge spécialisé.
- Mesures de protection en cas de risque.
- Aide judiciaire automatique pour les victimes.
- Audiences à huis clos pour les agressions sexuelles.

En résumé, voici une loi, (encore hélas, en projet et qui sera probablement amputée de l’essentiel de ses articles en passant devant le pseudo-législateur mauritanien) ; qui vise à prévenir les violences, protéger les victimes, réprimer les auteurs, et garantir une procédure judiciaire adaptée. Or ce que veulent ces obscurantistes, c’est l’impunité, c’est la volonté de continuer à perpétuer un dogmatisme théo-masochiste pour asservir et violenter sans crainte la femme.


D’ailleurs l’Etat mauritanien n’en est pas moins bigot , puisqu’il a ratifié le 10 mai 2001, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes du 18 décembre 1979.


Mais comme le bigotisme est une dévotion étroite et excessive, dans sa définition propre, alors l’Etat mauritanien a émis deux réserves sur deux articles de cette convention. C’est-à-dire appliquer toute la convention qui du fait de sa ratification est appliquée en droit interne, national, mauritanien, sauf ces deux articles. Soit l’article 13 en son alinéa A et l’article 16 de ladite convention. 


Je vous laisse juger de leur teneur pour comprendre que le vrai problème en Mauritanie, n’est pas de rechercher la justice, l’égalité des droits et mais la mentalité  rétrograde et moyen-âgeuse qui mine toute  la gouvernance du pays. 


Et l’Etat, tout comme le poisson, pourrissant toujours par la tête, finit par entrainer  avec lui les têtards qu’il a élevé à son image, voici les deux articles que refuse de ratifier la Mauritanie.


Article 13 (alinéa a)

 
Les Etats parties s'engagent à prendre toutes les mesures appropriées pour éliminer la discrimination à l'égard des femmes dans d'autres domaines de la vie économique et sociale, afin d'assurer, sur la base de l'égalité de l'homme et de la femme, les mêmes droits et, en particulier: 

a) Le droit aux prestations familiales ;


Article 16


1. Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées pour éliminer la discrimination à l'égard des femmes dans toutes les questions découlant du mariage et dans les rapports familiaux et, en particulier, assurent, sur la base de l'égalité de l'homme et de la femme :


a) Le même droit de contracter mariage ;
b) Le même droit de choisir librement son conjoint et de ne contracter mariage que de son libre et plein consentement ;
c) Les mêmes droits et les mêmes responsabilités au cours du mariage et lors de sa dissolution ;
d) Les mêmes droits et les mêmes responsabilités en tant que parents, quel que soit leur état matrimonial, pour les questions se rapportant à leurs enfants ; dans tous les cas, l'intérêt des enfants est la considération primordiale ;
e) Les mêmes droits de décider librement et en toute connaissance de cause du nombre et de l'espacement des naissances et d'avoir accès aux informations, à l'éducation et aux moyens nécessaires pour leur permettre d'exercer ces droits ;
f) Les mêmes droits et responsabilités en matière de tutelle, de curatelle, de garde et d'adoption des enfants, ou d'institutions similaires, lorsque ces concepts existent dans la législation nationale ; dans tous les cas, l'intérêt des enfants est la considération primordiale ;
g) Les mêmes droits personnels au mari et à la femme, y compris en ce qui concerne le choix du nom de famille, d'une profession et d'une occupation ;
h) Les mêmes droits à chacun des époux en matière de propriété, d'acquisition, de gestion, d'administration, de jouissance et de disposition des biens, tant à titre gratuit qu'à titre onéreux.

2. Les fiançailles et les mariages d'enfants n'ont pas d'effets juridiques et toutes les mesures nécessaires, y compris des dispositions législatives, sont prises afin de fixer un âge minimal pour le mariage et de rendre obligatoire l'inscription du mariage sur un registre officiel. »



Un Etat qui fait des réserves sur de tels articles, peut-il prétendre garantir les droits de la femme, même s’il votait toutes les lois internes, qui seront comme celle-ci toutes violées dans l’impunité totale ? 


Et en Février 2023, à Genève, la rapporteuse pour l’examen du rapport de la Mauritanie au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) au titre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, a souligné que :
« les réserves que la Mauritanie maintient à l’égard des articles 13a et 16 de la Convention semblent être en contradiction directe avec les réformes juridiques et avec la stratégie nationale de prospérité partagée visant à promouvoir une forte croissance inclusive, a souligné la rapporteuse.  Le mariage précoce ou forcé, ainsi que les dispositions sur les « filles incapables » permettant aux filles mineures d'être données en mariage par un tuteur, aggravent la discrimination et la vulnérabilité des victimes. » 


Elle a ainsi « exhorté la Mauritanie à respecter ses obligations en vertu de la Convention et à mettre en œuvre ces [deux] articles comme première étape essentielle pour libérer potentiel des femmes et des filles mauritaniennes. »


Voici ce que la délégation mauritanienne a répondu :


« Si les réserves aux articles 13a et 16 de la Convention sont maintenus, une loi interdit en revanche les mutilations génitales féminines, a poursuivi la délégation. » …alors qu’aucun des deux articles (13a et 16) ne traite des mutilations génitales féminines!


Comme quoi le ridicule ne tuant pas, comment voulez-vous qu’une voix soit entendue lorsque l’ignorance habite des hommes (avec un « h » minuscule) qui pensent que la femme n’est pas un être qui serait leur égal, mais un être au service de leurs obscurs desseins pour une société qu’ils veulent à leur image.


Aussi, s’il ne fait pas de doute que cette loi, aujourd’hui ballotée entre les institutions,  serait un grand pas vers une société juste et égalitaire entre deux êtres sans lesquels elle n’existerait pas, il reste que ce n’est pas le droit qui fait la société, mais les valeurs qu’elle véhicule et qu’elle traduit en normes appliquées. Or la société mauritanienne d’aujourd’hui est bien loin de la norme éclairée et bien plus proche de l’esprit bigotement grégaire.


En définitive, si la femme, cet être humain, est sans aucun doute un Homme, certains hommes l’empêchant de l’être, ne comprennent pas qu’ils s‘empêchent eux-mêmes d’être humain. Ecrivant, sans le savoir, la femme avec un F majuscule. Et c’est, sine causa, ce qu’ils craignent de cette loi.


Pr ELY Mustapha


mercredi 22 novembre 2023

« Prendre les armes contre Ghazouani ». Par Pr ELY Mustapha

Jamais un pays n’a subi autant de dérives sociétales durant ces quarante dernières années, sous l’impact des régimes militaires, que la Mauritanie.

Dès le régime de Taya, tous les régimes militaires successifs ont favorisé le développement et l’exacerbation du tribalisme pour de bas intérêts électoraux et de maintien au pouvoir.

Aujourd’hui, les tribus sont devenues de véritables Etats dans l’Etat.

 Elles se réunissent, décident de leur influence et de leur présence dans les structures de l’Etat.

Elles marchandent leur appui et négocient de façon concertée avec la bénédiction de l’Etat, leur « parts » dans les domaines économiques et commerciaux. Tout cela, est bien entendu la logique de la place prépondérante que le tribalisme a pris dans la gestion de l’Etat et de l’économie toute entière.

Mais la situation devient plus dangereuse et bien plus grave pour la survie de la nation, lorsqu’ostensiblement des tribus, à travers le pays, affichent dans les médias sociaux, les armes et les munitions dont elles disposent.

Voilà qu’une tribu, réunie publiquement réclame sa souveraineté sur le Tiris Zemmour qui, dit-elle, est sa « propriété », et voici une autre qui tout aussi publiquement menaçait les autorités de prendre les armes si tel de leur membre n’était pas libéré.  Et sur les réseaux sociaux les congrégations tribales ne finissent pas d’afficher leur arrogance et en font la démonstration (en invectivant les autorités et leurs représentants).

Des blogueurs et des activistes, à visage découvert appartenant à telle ou telle tribu menacent nommément le Président de la République (« Prendre les armes contre Ghazouani ») et s’attaquent à d’autres tribus mauritaniennes dont celle de Ghazouani, et appellent au renversement du régime et à « prendre les armes et de tuer toute personne qui s’interpose sur leur chemin ». (cf. https://senalioune.com/source-un-partisan-de-lancien-president-aziz-menace-de-prendre-les-armes-contre-le-pouvoir-ghazouani/)

Cette situation n’est pas nouvelle et elle s’est répétée sous le régime précédant où des tribus ont appelé au renversement de Aziz, mécontents qu’il ait écarté « leurs enfants » de postes politiques. Et la balle que ce dernier avait reçue aurait été liée à ce mécontentement.

Cette montée en puissance du tribalisme, qui fut une stratégie des régimes depuis 1978 du « diviser pour régner », utiliser les tribus à travers leurs notables pour neutraliser l’électorat et gagner les élections (par l’intéressement et la distribution des prébendes et des postes), est en train de se retourner de façon extrêmement négative sur la stabilité de l’Etat, son invulnérabilité et le devenir de la Nation (qui, d’ailleurs, se construit encore).

Et cela outre un bigotisme religieux et une pauvreté criante qui poussent des franges entières du peuple à se tribaliser pour la solidarité et la pitance face à un Etat absent, incapable d’assurer des services sociaux viables et moins encore une eau potable pour les populations assoiffées.

Le tribalisme a trouvé un terrain fertile qui menace sérieusement, outre la stabilité, le développement du pays et même son existence, eut égard aux « spasmes » politiques qui secouent la sous-région.

Il est temps que les autorités se ressaisissent face à ce danger imminent qui fait fi des institutions républicaines et de la viabilité de l’Etat en tant que seule et unique entité à laquelle le citoyen doit faire allégeance.

Mais cela sera-t-il possible face aux échéances d’élections proches dans lesquelles les tribus sont devenues, pour les régimes successifs, un moyen sonnant et trébuchant de leur pérennité au pouvoir ?

Et ce leurre de démocratie continuera encore à menacer l’homme et les institutions du fait même de l’incapacité de l’Etat à être au service du citoyen, or « dans une société où l'individu n'est pas reconnu, ce qui compte avant toute chose, c'est la tribu et le clan. » (Tahar Ben Jelloun).

La tribu ultime refuge des parias d’un Etat qui, ne comptant plus pour eux, le menacent.

Pr ELY Mustapha

mardi 21 novembre 2023

Voilà pourquoi je tutoie Ghazouani et le commun des mortels. Par le Pr ELY Mustapha

 Certains de mes lecteurs se sont offusqués du fait que mes articles « tutoient » les autorités et ne les « vouvoient » pas. Je comprends que leur vécu d’allégeance à l’Etat moderne et à ses servitudes leur aurait fait croire que les gouvernants seraient au-dessus d‘eux et que, par habitude, le « vouvoiement » à l’occidental soit devenu un signe de « respect » honnête pour certains et servile pour d’autres.

 Aux fins de compréhension, il est important de mentionner que le « vous » occidental, deuxième personne du pluriel, (forme atone avant le verbe, ou complément d'un impératif affirmatif, se plaçant après le verbe, sujet, objet direct ou indirect) s’adresse à une personne ou à un groupe de personnes … il induit l’absence de familiarité et non point, forcément, le respect

Le « tu », deuxième personne du singulier, oriental, celui qui découle de langues sémitiques et donc de l’arabe, notamment, s’adressant à un individu ne fait pas disparaitre le respect et le « vous », s’adressant à un individu ou à un collectif d’individus n’implique pas, par définition, le respect.

Pour mieux comprendre cela, et pour appréhender la dimension sémantique d’honneur et de dignité humaine (hélas, disparue aujourd’hui face à l’allégeance rampante et aux « courbettes » intéressées), transcendant l’esthétique syntaxique d’un pronom personnel, permets-moi, cher lecteur, de te raconter cette histoire tirée de notre inestimable patrimoine musulman :

 

A son arrivée en pèlerinage à la Mecque, Hicham Ibn Abdel Mâlik , Calife omeyyade (71-125 de l’hégire), demanda qu’on lui fasse venir un homme parmi les compagnons du prophète.

On lui répondit : « Ô émir des croyants, Ils sont tous morts. »

« Un parmi les Tabi’in, alors », demanda-t-il . (Un parmi les disciples du Prophète - PSL).

On lui ramena Tawous ben Qiçan Al Yemeni El Hamdani, l’un des disciples du prophète (PSL) ,

Dès qu’il entra chez le sultan, il se déchaussa au bord du tapis et lui adressa le « salam » sans l’interpeller par son titre « émir des croyants ».

Au lieu de cela, il dit :

 « Assalamou alayka Ya Hicham » (que la paix soit sur toi, Ô Hichem.)

Il ne l’appela pas non plus par sa kounya (qui est une appellation traditionnelle par référence à la descendance immédiate. Exemple:Abou Ali, Abou Ahmed etc.) - mais plutôt s’assit face lui en demandant :

«Comment vas-tu Ô Hicham ? ».

 

Hicham se mit en colère au point qu’il faillit le tuer et lui demanda ce qui le poussait à agir de la sorte.

Tawous ben Qiçan Al Yemeni El Hamdani lui dit alors :

« Agir comment ? »

Hicham s’énerva de plus belle et lui répondit :

« Tu t’es déchaussé au bord de mon tapis, tu n’as pas baisé ma main, tu ne m’as pas salué en m’appelant émir des croyants, tu ne m’as pas non plus appelé par ma kounya et tu t’es assis en face de moi sans m’en demander la permission et tu m’as interpellé en disant ‘ô Hicham’ ».

 

Tawous lui répondit :

- « Concernant le fait de m’être déchaussé au bord de ton tapis, je le fais cinq fois par jour entre les mains de mon Seigneur, il ne me punit pas, ni ne se met en colère contre moi.

 

- Quant au fait que je n’ai pas baisé ta main, et bien j’ai entendu Ali Ibn Abi Talib (que Dieu l’agrée) dire : « Il n’est permis à personne de baiser la main de quelqu’un si ce n’est sa femme par désir ou son fils par miséricorde. »

 

- Quant au fait de ne pas t’avoir salué en t’appelant « émir des croyants », c’est parce que tout le monde n’est pas satisfait de ton émirat, et je déteste mentir.

 

- Pour ce qui est de ne pas t’avoir appelé par ta kounya, Allah soubhanahou wa ta‘âla a appelé ses alliés en disant : « Ô Dawoûd, ô Yahyâ, ô Îssâ » et a appelé ses ennemis par leur kounya: « Périssent les mains d’Abou Lahab » (Sourate 111, Verset 1.)

 

- Si je me suis assis face à toi, c’est parce que j’ai entendu Ali Ibn Abi Talib (que Dieu l’agrée) dire :

 « Si tu veux regarder un homme parmi les gens du feu, regarde un homme assis et autour de lui un groupe de gens se tenant debout. »

 

Hicham lui dit alors : « Conseille-moi ! »

Il lui dit alors : « J’ai entendu Ali Ibn Abi Talib (que Dieu l’agrée) dire : « Il y a dans la géhenne des serpents tels une clôture et des scorpions tels des mules, ils mordent chaque émir qui est injuste envers ses gouvernés. »

Il se leva alors et sortit.

Alors cher lecteur, que sommes-nous pauvres mortels face aux métaphores de ce disciple du Prophète Mohamed (PSL) ? Sinon d’interpeller sur leur gouvernance ceux qui nous gouvernent à la forme pronominale de ce qu’ils sont : de simples mortels.

Et en tant que simple mortel parmi les autres, j’ai toujours tutoyé mon entourage, quel que soit son rang.   Simplement parce qu’il serait d’une grande curiosité d’interpeller l’Eternel, Allah et à son prophète Mohamed (PSL) par un « tu » et un « toi » (tu es mon Dieu, toi, mon Dieu. Tu es mon prophète et toi mon prophète !  أنت ربي… - أنت النبي) et… de ne pouvoir tutoyer Ghazouani ou quelle que autre autorité temporelle de ce bas-monde!

Les pronoms personnels n’ont de sens que face aux mortels et non devant l’éternité.


.
اللهم أنت ربي لا إله إلا أنت

Pr ELY Mustapha

samedi 18 novembre 2023

Ghazouani, les générations futures se plaignent de toi. Par Pr ELY Mustapha

" "كلُّكم راعٍ، وكلُّكم مسؤولٌ عن رعيَّتِه

 

Ghazouani, sais-tu que ceux qui naitrons cette année et toutes les générations qui suivront se plaindront de toi tout au long de leur existence ?

 Sais-tu que ton gouvernement continue d’accumuler un endettement faramineux qui hypothèque tout espoir de développement de la Mauritanie ?

Sais-tu qu'aujourd’hui, déjà la Mauritanie est endettée à 50% de son produit intérieur brut et que le citoyen n’arrive n'arrive même pas à joindre les deux bouts ?

 

Ghazouani où va cet argent que ton gouvernement, sous ta signature, emprunte à tours de bras ?

 

 Pas un conseil des ministres ne passe sans que des conventions ou des accords, bilatéraux, multilatéraux ou de prêts ou de dons ne soient signés. L’on sait que la chambre des députés mauritanienne n’est qu’une chambre d’enregistrement de la volonté de l’exécutif en matière d’approbations conventions de prêts et autres financements internationaux, confisquant sa souveraineté et dont La Mauritanie se gave telle une entité qui est devenue addicte à l’endettement international tout en sacrifiant l’avenir des générations futures dans un endettement exponentiel dont elle ne rend même pas compte à ses citoyens.


Toi, Ghazouani, musulman, qui dit-on donne à ses prière une sacralité journalière, demain, toi être éphémère, tu ne seras plus là. Ne crains-tu pas devant l’éternel les larmes de désespoir de ceux qui viendront sans moyens et sans ressources gratter le sol désertique et aride que ta gouvernance et celle de ceux qui t’ont précédé leur ont laissé ?

Seras-tu là quand les générations à venir crieront famine, alors que toutes les ressources naturelles seront épuisées puisque la Mauritanie n'a aucune croissance réelle ni industrielle, ni commerciale, ni manufacturière, ni science, ni technologie, ni savoir, ni savoir-faire à l'échelle de l'économie monde. Le déficit des comptes courants a atteint 12,7 % du PIB en 2022, en raison des prix élevés des importations d'énergie et de denrées alimentaires (un pays qui ne produit rien) et de la baisse des prix à l'exportation. Le déficit sera donc certainement financé par des investissements directs étrangers dans l'industrie extractive et des emprunts, encore et encore.  La bérézina économique, d’un pays qui ne produit rien et qui n’exporte que les ressources naturelles et dont la dette publique demeure exposée aux vicissitudes des taux de change, du fait que car 88 % de cette dette est détenue en devises étrangères.

 

Une hausse du taux d'extrême pauvreté, de 6,3 % en 2022 !

D'après l'indice de capital humain de la Mauritanie, un nouveau-né actuel est estimé n'atteindre que 38 % de sa productivité à l'âge adulte. En moyenne, chaque enfant bénéficie de 4,2 années de scolarité ajustées en fonction des acquis, tandis que 25 % d'entre eux connaissent un retard de croissance. Les dépenses publiques en matière de santé et d'éducation extrêmement mal gérées.

 

Dis- moi Ghazouani pourquoi chaque fois que la dette est allégée, la Mauritanie se surendette ?

 

Ainsi en 2023, l'Analyse de Viabilité de la dette (AVD) de la dette mauritanienne, montre que grâce aux accords de réaménagement des obligations conclus avec le Koweït, la Chine, et l'Arabie saoudite entre 2021 et 2022, la Mauritanie a vu son endettement décliner janvier 2023. D’autre part, en août 2021, l’accord entériné entre la Mauritanie et le Koweït a permis la réorganisation d'une dette passée évaluée à 12,4 % du PIB à la clôture de 2020. En 2022, la Mauritanie et la Chine ont paraphé un pacte qui annule 7,5 % de ses obligations envers la Chine. Et toujours la même année, la Mauritanie a finalisé une entente avec l'Arabie Saoudite convertissant un dépôt non concédé à la Banque Centrale en un prêt concédé.

Ces renégociations ont amenuisé la valeur actuelle du passif et la charge liée à son remboursement. …et l’on continue encore à s’endetter pour alourdir le passif, dans une politique d’endettement qui rapporte des milliards engloutis dans la gabegie administrative et budgétaire, la mauvaise gestion des finances publiques et l’incompétence de l’administration publique

Et cette propension à l’endettement dès que le pays « souffle » financièrement n’est pas nouvelle.

En effet, déjà en 2005, la Mauritanie a obtenu l’annulation de l’intégralité de sa dette extérieure suite à la Décision du G8 portant sur dix-huit pays d'Afrique et d'Amérique latine (Bénin, Bolivie, Burkina Faso, Éthiopie, Ghana, Guyana, Honduras, Madagascar, Mali, Mauritanie, Mozambique, Nicaragua, Niger, Rwanda, Sénégal, Tanzanie, Ouganda et Zambie).

L'effacement des dettes (en principal et en intérêts) de la Mauritanie envers le FMI, la Banque mondiale et la Banque africaine d'investissement et à la Banque africaine de développement, a été total.

Et deux ans après, en 2007, la Mauritanie avait obtenu des réductions de dettes auprès de la Banque mondiale, du Groupe de la BAD et du FMI dans le cadre de l’Initiative d'allégement de la dette multilatérale (IADM).

La même année la Chine annulait sa dette pour un montant 14,8 milliards d’Ouguiya. Annulations qui ont considérablement amélioré le compte en capital auprès de la BCM.

En 2018, la Mauritanie a obtenu de Paris, l’annulation dans un cadre bilatéral, de toutes les dettes arrivées à terme en 2002, au titre de l’aide publique au développement. Ainsi qu’un soutien budgétaire de 44 millions d'euros pour consolider son budget pour la période 2018-2020

 Mais qu’a donc apporté à la Mauritanie, l’annulation de sa dette de ces dernières années ?

 

Ghazouani que fait ton gouvernement et ton administration de tout cet argent public ?

Si véritablement les bailleurs de fonds devaient évaluer, pour notre pays, le rapport qualité/performance de la gouvernance afin de mieux cibler l’aide au développement, la Mauritanie ne recevrait pas un dollar ni un euro non plus. Et surtout ne pas compter sur les institutions fictives pour surveiller cette dette.  Tel ce fameux Comité national de la dette publique (CNDP), qui fut endormi, et qui réactivé en 2022, s’est encore assoupi. Ne le pourrait-il pas ? Composé de représentants du ministère de l’Économie, du ministère des Finances et de la BCM, toutes des autorités publiques dépendantes de l’exécutif, qui ne peuvent qu’exprimer sa volonté… ou l’entériner.

Des financements qui coulent comme le sable sur les dunes du désert et qui, tout autant, disparaissent comme des mirages.

Un désert institutionnel d’organismes de contrôle et de surveillance viables.

Outre les entrées budgétaires faramineuses en capital que reçoit la Mauritanie de toute son exploitation minière (fer, or…), halieutique (pêche) et en ressources ordinaires de ses revenus fiscaux (avec une pression fiscale optimale), voici sur les dernières années, sans exhaustivité aucune, ce que la Mauritanie a reçu, en prêts, dons, subventions et autres flux financiers de la coopération internationale (aide publique, aide au développement…)

A la date de juillet 2020 la Mauritanie a reçu, une aide financière internationale conséquente :

-          Décaissement du FMI de 130 millions de dollars (95,680 millions de DTS) au titre de la facilité de crédit rapide pour aider la Mauritanie à faire face à la pandémie de COVID-19,

-          24 millions d’euros de l’Union européenne (UE),

-          5,2 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA),

-          23 millions USD de la Banque Mondiale en allocation financière supplémentaire,

-          33 millions de dollars à la Mauritanie du Fonds de solidarité islamique pour l’aider à faire face au coronavirus.

-          3,6 millions d’UC (l’Unité de Compte de la BAD est égale à un DTS du FMI, environ 1,4 dollar au 24/07/2020) en prêts sectoriels sur les ressources du Fonds africain de développement (FAD),

-          133 millions de dollars en trois dons de l’Association Internationale de Développement (IDA)

-          9 millions d'euros d'aide de l’UE en 2020 pour des projets humanitaires en Mauritanie dont une partie du financement soutiendra aussi la lutte contre la pandémie de coronavirus.

-          13 millions d’euros (soit quelque 535 millions de MRU) mobilisés par l’Equipe Europe qui soutient le plan mauritanien de riposte au COVID-19

A cela s’ajoutait pour la Mauritanie l’appui budgétaire de 284,8 millions de dollars américains approuvé, le mercredi 22 juillet à Abidjan, par le Conseil administration de la Banque africaine de développement, pour soutenir les efforts des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) dans la mise en œuvre de leurs plans de riposte à la pandémie de Covid-19 et de relance économique.

Outre ces milliards, la Mauritanie a reçu des millions de dollars en aide médicale et en équipements de plusieurs pays (Chine, Maroc…)

Et Ghazouani serait rentré avec 2 milliards de dollars des Emirats Arabes Unis…

 

Mais où vont tous ces millions de dollars et d’euros et autres unités de compte que reçoit la Mauritanie ?

Ce que la Mauritanie a reçu de 2022 à 2023 :

-          3,650 milliards MRU du (Fonds Saoudien de Développement (FSD), Sultan Ben Abdul Rahman Al-Morchid.) financement du Projet AEP de Kiffa

-          10 Millions d’Euros de L’Allemagne financement de la promotion des emplois

-          30.000.000 Dollars Américains Millions (1.130.000.000 MRU)., Don de I ‘Association Internationale de Développement (1DA°

-          28,5 millions de dollars don des Etats-Unis d’Amérique au programme d’éducation et de nutrition des enfants en Mauritanie.

-          37,87 millions La Banque islamique de développement (BID) dollars en faveur de la Mauritanie pour j’approvisionnement en eau potable de Kiffa.

-          14,4 millions d’euros de prêt de la France à la Mauritanie pour l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement. Le 8 septembre 2022

-          620.000 dollars, un financement Etats Unis d’Amérique pour faire face aux pandémies

-          40 millions de dollars de prêt du Fonds de l’OPEP pour le développement international (Ofid).

-          3.750.000 dollars, soit 1,4 milliard MRO dont 3,5 millions de dollars de l’agence américaine pour le développement international - appui au secteur agricole en Mauritanie.

-          420 millions MRO, du gouvernement japonais pour le CSA

-          2,7 millions de MRU du gouvernement japonais pour les projets locaux

-          86,9 millions de dollars de prêt du Fonds monétaire international (FMI)à la Mauritanie

-          50 millions de dollars, soit près de 1,9 milliard MRU. Banque mondiale à la Mauritanie (Projet d’Appui au Développement et à l’Innovation du Secteur Agricole en Mauritanie)

-          19 millions d’euros Don financier de la KFW Banque allemande de Développement pour les projets de pêche

-          30 millions de dollars pour l’extension de la ferme de Boghé de la société afro-américaine d’agriculture et de coopération

-          30 millions de dollars Fonds d’Abou Dhabi pour le développement (ADFD)-(projet eau potable)

-          100 millions de dollars du Fonds saoudien pour le développement (FSD) - (projet eau potable)

-          37,87 millions de dollars de la Banque islamique de développement (BID)- (projet eau potable)

-          40 millions de dollars du Fonds de l’OPEP pour le développement international (Ofid)

-          5 millions d’euros du le Fonds international de développement agricole (FIDA) pour les populations rurales marginalisées

-          143 millions MRU du japon pour la sécurité alimentaire

-          13 millions MRU du japon pour la modernisation des navires de recherche océanique

-          767.000 de dollars de La Banque africaine de développement (BAD) pour développer l’élevage

-          28.200.000 MRU de La Banque africaine de développement (BAD) pour valoriser les ressources agro-pastorales

-          62 millions d’euros Le montant total des financements accordés sous forme de subventions à la Mauritanie par l’Allemagne

-          2 millions d’euros de dotations de la Banque allemande de Développement

Outre ces emprunts, pour soutenir leur programme de développement et de réformes institutionnelles, les autorités mauritaniennes ont sollicité des accords de 42 mois au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) et du mécanisme élargi de crédit (MEDC) avec un accès cumulé de 64,40 millions de DTS (50 % de la quote-part, dont 21,47 millions de DTS, soit 16,67 % de la quote-part, au titre de la FEC, et 42,93 millions de DTS, soit 33,33 % de la quote-part, au titre du MEDC). Ces accords contribueront à maintenir les réserves au-dessus du seuil d’adéquation pour préparer un assouplissement du régime de change, à renforcer les cadres de politique économique et à promouvoir une croissance durable et inclusive.

Ghazouani sais-tu que tout cet argent public est aussi dilapidé par ton administration publique qui en est la première gestionnaire et la première bénéficiaire au titre du budget de fonctionnement qui lui est alloué (en rémunération et équipement).

En 2023, la rubrique budgétaire « Pouvoirs publics et fonctionnement des administrations », représente 50.64% du total des charges. Cela montre que la plus grande partie du budget est allouée au fonctionnement du gouvernement et de ses administrations.

D’autre part, Les dépenses d'investissement constituent une part importante du budget, 41.87%. Si cela suggère un véritable engagement envers le développement économique et l'infrastructure du pays, mais puisque c’est l’administration publique qui prend en charge la réalisation de ces investissements, de l’appel à la gestion des moyens en passant par l’adjudication des marchés à leur exécution et contrôle, on comprend le désastre.  

Indexée pour sa mauvaise gestion, pour l’absence de compétences, l’administration publique mauritanienne, est le boulet qui empêche la réalisation effective et la réussite de tout projet. Donc par conséquent dilapidation des moyens, inefficacité et déperdition des ressources financières dans des projets mal conçus, peu viables, confiés à des soumissionnaires véreux et non qualifiés, suivis par des administratifs qui n’ont ni compétences, ni habilitation techniques pour initier, planifier, exécuter, évaluer/monitorer ou clôturer avec efficience et responsabilité un quelconque projet public.

Ainsi, sais-tu Ghazouani que dans tes ministères :

  • -          seuls 20 % du personnel font leur travail ?
  •  70 % du personnel sont absents des lieux de travail et se présente par intermittence ?
  •    au moins 80 % des fonctionnaires publics mauritaniens, n’ont pas de diplômes correspondant à l’emploi qu’ils occupent ?
  •   plus de la moitié ont de faux diplômes et des diplômes de complaisance ?
  • le quart du Personnel Non Permanent (PNP) occupe des fonctions auquel il n’a pas droit, mais uniquement pour augmenter son salaire ?
  • une bonne partie des fonctionnaires de la Fonction publique ont acquis et fait valoir pour leur promotion des certificats professionnels fictifs délivrés par des centres de formation professionnels véreux ?
  •   80 % du personnel de la fonction publique mauritanienne, n’ont jamais reçu de formation continue ou de mise à niveau ?
  •   60% des fonctionnaires, ne connaissent même pas leurs champs de compétences et ce pour quoi ils ont été recrutés ?
  •   des centaines de postes ont été pourvus par complaisance et que ceux et celles qui les occupent, n’ont jamais posé pied dans leurs services ?
  • des milliers de postes techniques, de haute importance, sont occupés par des non-techniciens ?
  •  les fonctions ne correspondent pas aux profils métiers ni aux compétences requises ?
  • 100 % du personnel de la fonction publique sont recrutés sans recours à aucun référentiel métiers et compétences (RMC) officiel ?
  • les inspections départementales des ministères sont inopérantes, souvent incompétentes et ne réalisent pas leurs missions ?
  •  si l’on devait ramener la productivité de l’administration publique mauritanienne à ses effectifs, sa contribution au PIB (aux couts des facteurs en 2015) est inférieure à 7 % ! Alors que cette administration absorbe pour son fonctionnement plus de ‎‎50 % du total des dépenses budgétaires de l’État.

Rappelons que la production dont il s’agit ici, est celle des biens et services fournis par le gouvernement, notamment l’administration publique, l’éducation et les soins de santé (la production des administrations publiques ne comprenant pas les transferts aux particuliers et aux entreprises.)

Et si l’on considère que cette production non-marchande de l’administration publique est faite pour satisfaire aux statiques alimentant les comptes nationaux, et qu’elle est purement quantitative, si on devait la ramener à sa dimension qualitative, ce taux de 7% serait dramatiquement faible. Ainsi, par exemple, fournir un service de soins qui serait repris quantitativement dans la production de l’administration de la santé, peut être médiocre qualitativement ce qui devrait réduire sa comptabilisation dans la valeur ajoutée de l’administration publique au PIB.

Si l’on doit considérer la variable qualitative comme mesure de la croissance réelle de la production de l’administration publique, alors en Mauritanie, cette variable la réduit fortement et il suffit de s’en référer à l’usager du service public.

 

Enfin, pour mémoire…

 

Monsieur Ghazouani, en 2020, tu as fait un discours relatif à un programme de relance économique post Covid-19 de 240 milliards d’anciennes Ouguiyas.

Où est ce programme où la croissance attendue et où sont les milliards prévus ?

‎Tu disais dans un fameux discours : « En vue de surmonter ces effets négatifs, de relever les défis et contraintes de l’après covid-19, il a été décidé de lancer un programme économique exhaustif sur fonds propres pour une enveloppe globale de plus de 240 milliards d’anciennes Ouguiyas et ce, sans préjudice au déroulement des projets en cours dans différents domaines. »

Et j’avais montré à l’époque que vouloir confier 240 milliards d’ouguiyas‏ ‏à une telle administration publique, n'aboutira qu'aux conséquences que l'on sait: corruption, marchés publics plombés, détournements, mauvaise gestion, dilapidation et improductivité.

Et aujourd’hui, en 2023, les 240 milliards ne sont visibles ni dans la croissance de l'économie réelle, ni dans le bien-être des citoyens .

Alors ?

Alors, aujourd'hui le peuple souffre de cette mal gestion, et demain les générations sur-hypothéquées par cette course effrenée vers l'endettement,  seront des parias dans un pays exsangue.

Certes, aujourd’hui, l’exportation de l’or a, dit-on, dépassé celle du fer ; et les champs gaziers déverseront des milliards de devises sur la Mauritanie, mais la Mauritanie d’hier et d’aujourd’hui a toujours été riche et cela n’ajoutera rien, puisqu’aujourd’hui comme hier, elle est toujours pauvre.

Il ne s’agit donc pas des richesses du sol mais de celle des hommes qui les gèrent. Non pas les richesses qu’ils engrangent en biens mal acquis, fermant les yeux sur la mauvaise gestion qu’ils entretiennent à escient pour maintenir une nébuleuse qui les arrange, mais la richesse en humanité, en droiture, en honnêteté et surtout en compassion envers son prochain…et face à un pays si riche, envers son peuple si démuni…et des génération futures sacrifiées sur l’autel d’un endettement gouffre financier qui engloutit, en intérêts et principal, toute richesse nouvelle.

« Chacun de vous est berger, et chacun de vous est responsable de son troupeau, le prince est berger, et l'homme est le berger de sa maison, et la femme est la bergère de la maison de son mari et de ses enfants, ainsi tous parmi vous êtes bergers, et chacun de vous est responsable de son troupeau. » (Hadith du prophète Mohamed (PSL))

 

Ghazouani, les générations futures se plaignent de toi.

 

عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: (كلُّكم راعٍ، وكلُّكم مسؤولٌ عن رعيَّتِه، والأمير راعٍ، والرجل راعٍ على أهل بيته، والمرأة راعية على بيت زوجها وولدِه، فكلُّكم راعٍ، وكلُّكم مسؤول عن رعيَّتِه)

Pr ELY Mustapha