vendredi 10 juin 2022

Sujets pour le bac mauritanien : L’inertie en exercices. Par Pr ELY Mustapha

Pour que nos élèves ne passent pas le bac idiots, voici des sujets qui leur permettront à la fois d’exercer leurs talents rationnels et de comprendre l’irrationalité de leur condition socio-politique. Le bac devant aussi former nos élèves à la démocratie, ces sujets sont à traiter au choix.

 

 

Sujet  1

 Si un élu a fait 1000 promesses, en un seul jour à ses électeurs et qu’il n’en a pas réalisé une seule depuis le 1er Août 2019, à la présente date de ce sujet (le 10/06/2022 à 9h 41 minutes) soit 2 ans, 312 jours, 21 heures, 41 minutes et 28 secondes, combien de jours lui faut-il encore au pouvoir pour qu’il les réalise ?

   En supposant qu’il élève au carré son effort actuel, en combien de jours y arrivera-t-il ?  (Noter bien que lorsqu'on élève au carré un nombre compris strictement entre 0 et 1, sa valeur diminue …).

 

 Si ce même élu a pris, pendant ses 2 ans, 312 jours, 21 heures, 41 minutes et 28 secondes au pouvoir, des mesures contraires à ses promesses, et sachant que son prédécesseur a pris tous les jours et pendant 10 ans (soit 10 x 365 jours) des contre-mesures à ses propres promesses, combien de jours lui faut-il pour croiser, en un point "A", sur une courbe de la misère, la trajectoire gabégiste de son prédécesseur ?

  Ecrivez la misérable équation de cette courbe (courbatures, courbettes etc.).

 

 Déterminer le point « A » sur cette courbe de la misère, sachant que celle-ci s’inscrit dans un plan orthonormé, dont l’abscisse est la corruption et l’ordonnée le pouvoir.

  Ainsi, déterminé le point « A » de la courbe de la misère, combien de droites peut-on y faire passer, sachant que la misérable géométrie politique est non euclidienne.

 

 Sujet 2 :

 Une suite géométrique ou progression géométrique résulte de nombres successifs tels que chacun est égal au précédent multiplié par une valeur fixe, appelée raison.

 

Sachant que l’actuel président, à l’image de son prédécesseur, multiplie à chaque conseil des ministres le nombre de ses conseillers, et que ce nombre n’étant jamais égal au précédent, trouver la valeur fixe, ou raison, qui permettrait au Président d’atteindre un nombre de conseillers suffisant pour continuer à ne pas se faire conseiller.

Noter que le facteur de multiplication, la raison, de cette progression géométrique de démultiplication de conseillers doit être strictement différent de zéro et strictement non compris dans l’ensemble des entiers relatifs positifs.

Quel est ce facteur de multiplication (élément de Z- ) qui appliqué au nombre à venir de conseillers, à nommer en conseil des ministres à tenir, permettrait au Président de se faire « conseiller » lui-même.

 

Sujet 3 :

 

 Sachant que l’élasticité mesure la variation d'une grandeur provoquée par la variation d'une autre grandeur.

 Sachant qu’un élu a été porté au pouvoir à la faveur de son amitié d’un ancien élu, quelle est l’élasticité qui mesure la variation du comportement du premier élu, par rapport à l’ancien élu ?

 

 Ainsi, par exemple, si la confiance du second augmente de 15% et que la méfiance du premier, baisse de 10%, alors l’élasticité de confiance, déterminant la variation du comportement, est le quotient de la variation de la confiance rapporté à la variation de la méfiance, soit -1,5 = (15 % / -10 %).

 

Eu égard, à cette définition, qu’elle est l’élasticité caractérisant les rapports actuels Actuel président/Ancien président ? 

  Peut-on en déduire, une influence sur les variations de l’état d’inertie de l’actuel président, à court, moyen et long terme ? (Sachant, avec Keynes, « qu’à long terme on est tous morts »)

 

 Sujet 4:

 

 Sachant qu’une commission d’enquête parlementaire (CEP) a enquêté durant 60 jours, sur un ancien président qui fut le mentor de l’actuel président. 

 Sachant que l’actuel président, est président de l’UPR depuis 2 ans, 312 jours, 21 heures, 41 minutes et 28 secondes alors que son prédécesseur en fut le président pendant 10 ans.

 Sachant que l’UPR a supporté l’ancien président 10 ans dans sa gabegie, et que La CEP comprend 6 membres UPR sur 9.

 

En tenant compte du temps passé par chacun à la tête de l’UPR (x), et du temps passé par l’UPR à les servir tous les deux (y) et du nombre de députés UPR de la CEP (z), établir une fonction de crédibilité de la CEP pouvant expliquer l’inertie de l’actuel président ?

 

 En somme vérifier si l’actuel Président en tant que référentiel galiléen dans un espace en mouvement gabégiste, va conserver son inertie.

 

 Sujet 5: 

  Sachant que la première loi de Newton, la loi d’inertie, dicte qu’en l'absence d'influence extérieure, tout corps ponctuel perdure dans un mouvement rectiligne uniforme.

 

 Sachant qu’un peuple vit depuis 44 ans sous un régime d’inertie, imposé par un corps militaire lui imposant un mouvement rectiligne uniforme (kaki) de sous-développement, quelle force (gravitationnelle, magnétique, électrique, nucléaire etc…) doit-il développer pour qu’il passe de la première loi de Newton à une loi du mouvement perpétuel capable d'imposer une accélération induisant la modification de son misérable état ?

 

Pour les besoins de la démonstration de force de l’exercice 5, manifester …pacifiquement est un indice. 

 

Pr ELY Mustapha


lundi 6 juin 2022

La pauvreté comme modèle de développement. Par Pr ELY Mustapha

 Tout observateur objectif de l’actualité mauritanienne remarquera que toute l’activité du pays tourne autour du politique et du terrorisme. Ces deux pôles constituant les extrémités d’un même axe, représenté par l'Exécutif.

Tout le pays, pouvoirs publics et opposition compris, est tendu vers le politique. Les premiers pour le garder, les seconds pour l’accaparer.

Ce sont, d’un côté, les éternelles chamailleries politiciennes assises sur la mauvaise foi des uns et des autres qui alimentent le quotidien du Mauritanien et de l’autre , la menace du terrorisme, de l'insécurité (y compris alimentaire)  interne et externe ,  qu’on brandit et qui justifient tous les excès  à son égard et à l’égard de la gestion publique.

Depuis des dizaines d’années, la Mauritanie végète dans cet environnement où la seule préoccupation est une lutte pour le pouvoir.

Un pays où les seules nouvelles sont les dénonciations, les invectives partisanes, les pillages, les emprisonnements, les viols, les expropriations, les jugements, les retournements de veste, la pauvreté, la misère, la fraude, les tensions…

Un tel pays a-t-il réellement un avenir ?

Entend-t-on jamais l’annonce de la réussite de projets nationaux d’envergure, d’inventions, de découvertes scientifiques majeures, de réalisations sociales ou économiques significative, de progrès dans un quelconque domaine commercial ou industriel à l’échelle nationale ou internationale?

Eh bien non, il suffit pour cela de se référer à tous les médias écrits et audiovisuels de ce pays  pour s’en rendre compte. 

 Des médias qui ne font que rapporter les emprunts faramineux bilatéraux et multilatéraux, contractés par l'Etat depuis des decennies et qui n'ont jamais servis au développement et dont la destination n'est jamais justifiée aux citoyens, des dons accordés par mille et une organisations et pays étrangers et qui s'évaporent . En somme des médias qui ne rapportent que l'endettement et  qui pourtant sont la vitrine de la pauvrete et de la misère qu'ils rapportent à longueur de colonnes.

Peut-on parler de développement en Mauritanie ? La réponse est certainement non. Car la réalité est là : il n’y a ni progrès ni même ses prémisses ...

Il n’est nul besoin d’être économiste pour s’en rendre compte. La Mauritanie est un pays en récession perpétuelle, alimenté par une rente (ressources naturelles) et une oligarchie commerçante (à investissement improductif) soutenie par une nomnkatura militaro-tribale et qui n’a aucune perspective de développement.

 la Mauritanie ne suit aucune modèle de développement, elle n’a même pas de plan de développement économique et social souverain, elle s'appuie sur des "stratégies" (fort intéressées) de "lutte" contre la pauvreté et de "croissance" économique qui lui sont concoctées et financées par l'endettement incompressible et fatal par le groupe de Bretton Woods . C'est autant dire qu'elle navigue à vue, prise dans un suredendettement en croissance exponentielle avec des ressources finies, non renouvelables et ne bâtit rien pour l’avenir.

Ne demandez surtout pas aux autorités publiques quel est leur modèle de développement, elles n’en ont pas.

L’horizon de l’administration publique se limite à gérer le quotidien, à vivre avec les moyens du bord, légalement ou illégalement. L’horizon de ceux qui la dirigent ne va plus loin que la volonté de s’incruster là où ils se trouvent et continuer à perpétuer la médiocrité et la servilité à celui qui détient le pouvoir.

Dan ces conditions, la recherche d’un modèle de développement est hasardeuse.

En effet, tout modèle suppose d’abord une volonté politique de le définir et de le mettre en œuvre à travers l’appareil de l’Etat. Ensuite ce modèle doit refléter une vision de société permettant de bâtir son avenir économique et social.

Or ni la première condition ni la seconde ne sont  remplies. Ni ceux qui dirigent actuellement le pays, ni ceux qui le soutienne ou le conseillent n’ont une vision pour le pays. Leur objectif est de se maintenir au pouvoir d’utiliser les moyens dont dispose le pays pour continuer à gérer leurs intérêts. Continuer à maintenir les chamailleries entre partis politiques, à maintenir les règlements de compte à travers un système judiciaire dépendant, à emprisonner et à diviser. A brandir  le bâton et la carotte :  le Dialogue . Qu'ils annoncent... qu'ils retirent... laissant des parties politiques opportunistes salivant de rage. Rage qu'ils finissent par négocier, s'aligner sur le pouvoir  et recevoir des miettes sacrifiant ainsi tout espoir d'un développement quelconque à travers l'élite politique.

Quant à la seconde condition, elle entre dans la même perspective. L’administration publique minée par l’incompétence, le favoritisme et l’esprit de clans, subsistant sur des moyens dérisoires, affiche une incompétence notoire et de ce fait ne peut servir un quelconque modèle de développement.

Pas de vision économique eu sommet de l’Etat, pas d’administration viable, ni de structures techniques existantes, la Mauritanie végétera longtemps dans le sous-développement et il est probable qu’elle n’en sortira pas.

                                                                                                                                                                         Pr ELY Mustapha

samedi 4 juin 2022

Du cannibalisme économique : l’Etat mange-t-il ses enfants ? Par Pr ELY Mustapha

 

Qu’est-ce que la vie, sinon la capacité pour l’être de bénéficier de toutes les conditions nécessaires à son existence. Et la première de ces conditions est de pouvoir subvenir à ses besoins économiques vitaux assurant ainsi sa subsistance. Lorsque ces conditions sont confisquées par avance alors l’être vient au monde, mort-né. C’est ainsi que tout être dont les conditions de vie sont hypothéquées et les perspectives de survie sont gagées est une créature consumée et consommée avant d’exister.


La confiscation, la dilapidation, le gaspillage des ressources publiques conduisant à hypothéquer et gager l’existence même des générations futures, par le surendettement, la mise sous séquestre des biens publics, la spoliation et le bradage des ressources naturelles et sans conteste une forme de dévoration de la chair humaine, conduisant à tuer toute perspective de vie ou de survie. Une forme de cannibalisme, à visage économique.

Chaque enfant mauritanien en gestation, qui nait, ou qui naitra est déjà héréditairement surendetté, économiquement esclave, financièrement débiteur, matériellement appauvri, humainement insignifiant et socialement misérable.

Chaque Mauritanien, hier déjà bien pauvre, sera plus misérable demain, bien plus qu’aujourd’hui et encore plus qu’hier …. Rosemonde de l’indigence,  le Mauritanien, naitra, vivra et mourra pauvre.

 C’est ainsi qu’en a décidé l’Etat mauritanien dans son inconséquente stratégie du (sous) développement, par le surendettement obligé, non consenti, unilatéralement décidé et géré de la plus calamiteuse des manières.

Avec un surendettement total élevé la Mauritanie s’est largement appauvrie. Aujourd’hui, elle s’appauvrit de plus en plus. Le ratio du service de la dette sur recettes budgétaires est alarmant (26,2% en 2022). La dette publique dépasse les 70% du PIB non extractif.

L’endettement du pays est de l’ordre de 5 milliards USD. Soit plus de 70% du PIB du pays, estimé à 7,448 milliards USD. Et avec un service de la dette de plus de 200 millions USD.


En effet, la Mauritanie, ne sera certainement plus un pays viable dans une perspective maximum d’une cinquantaine d’années sinon bien avant. En voici les raisons principales :


- Dans une perspective d’une cinquante d’années les ressources naturelles actuellement exploitées (Fer, Gaz? Pétrole et pêche) seront épuisées sinon réduite de façon draconienne. Or on sait que le revenu national du pays provient à 90 % de l’exploitation de ses ressources naturelles.


- Le pays est soumis à une désertification galopante, une déforestation et une réduction catastrophique de son espace arable. L’agriculture et l’élevage étant le pilier d’une économie locale de subsistance, fragile, ne sera plus que l’image d’elle-même dans les cinquante prochaines années.

- Les villes côtières, saturées par un exode rural d’une population démultipliée , sont soumises au danger des inondations maritimes du fait du réchauffement climatique et de la pollution en perpétuelle croissance.

A l’orée de l’année 2058, la Mauritanie, aura épuisé ses ressources naturelles et son revenu national aura par là même disparu. Elle se trouvera en face d’une économie inexistante qui alimente ses circuits de biens et services importés qu’elle ne peut plus se permettre d’acquérir. Et ce sera le déclin d’un pays, comme tous ceux qui à travers l’histoire ont vécu dangereusement, dans la violence qu’ils se sont faits à aux mêmes ou qui ont sombré dans le vice.

Si dans cinquante ans la Mauritanie disparaît c’est simplement qu’elle n’aura pas préparé les moyens de son développement futur.


En effet, si l’on regarde actuellement les chiffres de performances de l’économie mauritanienne, on se rend compte, qu’elles sont totalement erronées (n'en déplaise aux  décideurs publics qui ont fait de la COVID-19 un bouc-emissaire de leur mauvaise gestion, au FMI et à la BIRD). Et voici pourquoi :


- La croissance affichée par les pouvoirs publics est fausse car elle ne correspond pas une croissance réelle engendrée par la valeur ajoutée des unités et des agents économiques à l’économie nationale. La croissance dont il s’agit est calculée sur la base de la rente nationale, issue justement des revenus des ressources naturelles. Le Produit intérieur brut, ne reflète pas les réalités de l’activité économique mais la croissance d’une rente nationale (pour des développements approfondis sur la question, voir mon article :
Croissance du sous-développement .)


- Le commerce mauritanien est un commerce tout orienté vers l’enrichissement personnel de quelques commerçants qui exportent leurs bénéfices et n’investissent pas dans le pays. C’est un commerce créateur de consommation, d’appauvrissement des citoyens et d’exportation de ses bénéfices (sur des développements approfondis sur la question, voir mon article :
balance commerciale, quel excédent ?)


- La technologie nationale n’existe pas. La Mauritanie ne possède ni des laboratoires de recherche, ni un savoir-faire technologique exporté, elle vît entièrement de la dépendance technologique tant pour les biens que pour les services.


- L’inexistence d’un tissu industriel pouvant supporter la demande nationale , conquérir des marchés extérieurs et créer l’emploi. De ce point de vue la Mauritanie est complètement démunie et dépendante des industries étrangères à travers l’importation de leurs produits manufacturés.

Le cannibalisme économique fera donc que la Mauritanie se retrouvera dans les prochaines années avec une rente, provenant de ressources naturelles, totalement épuisée et elle n’aura pas développé des revenus permettant de prendre la relève et donner une chance de survie aux génération futures :


- Pas de technologie exportable, pas de label, pas de marque industrielle ou commerciale conquérant les marchés internationaux.


- Pas d’industrie du savoir-faire performante couvrant les besoins des secteurs économiques du pays


- Pas de sociétés commerciales compétitives à l’échelle nationale et internationale pourvoyeuses de fonds pour le pays.


- Pas de ressources humaines hautement qualifiées développant dans des laboratoires de recherches les produits de pointe, garantie de perpétuité d’une maîtrise technologique sous-tendant une économie forte.


Hélas ce cannibalisme, aboutit à un pays exsangue, au sommet duquel se battent des politiciens qui pensent que demain leur appartient. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que la Mauritanie, demain, à cause d’eux, risque d’être pire qu’aujourd’hui. Un désert stérile, vidé de ses enfants dévorés par un Etat cannibalisé par un siècle d’indigence.

 Depuis Hobbes, l’Etat serait un Léviathan. 

Monstre destructeur ou puissance protectrice, peu nous importe la philosophie de Hobbes, sinon que force est de constater que transposé dans la sphère économique de  nos pays, ce monstre mange inéxorablement ses enfants . Kronos encore.

 

Pr ELY Mustapha

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

le jour surendetté et sur-appauvri , car ceux qui gouvernent son pays  l’on met en coupe-réglée est continuent chaque jour d’endetter le pays à coup d’emprunts faramineux .

( fondamentaux de sa Voilà pourquoi , les âmes qui ne sont pas  encore nées sont déjà débitrices , et

 

et d’investissements improductifs et

Quatre ans déjà et dix autres années qui les ont précédés et le pays continue sa descente aux enfers.

 

 

    La dette publique extérieure est projetée à 56,1% du PIB, contre 57,6% lors de la FRC. L’initiative de suspension du service de la dette publique devrait permettre de libérer 96 M USD, soit 1,3% du PIB cette année.

 

Dites à Ghazouani qu’il fait fausse route.

 

vendredi 3 juin 2022

Du droit et de la Justice: Aziz doit être libéré. Par Pr ELY Mustapha

 

Mohamed Ould Abdel Aziz  doit être libéré.

Déclarer la non culpabilité de Mohamed Ould Abdelaziz n’est point une vue de l’esprit. Cette non culpabilité est d’ailleurs démontrable. Et nous exposerons les principes fondamentaux sur lesquels se base cette démonstration.

Du droit de la procédure : Du traitement judiciaire de l’Affaire Ould AbdelAziz

Partons du principe que tout accusé, ne l’est qu’à propos d’une infraction (contravention, délit ou crime) dont la preuve admise et démontrée (ministère public) entraine sa condamnation par une juridiction, statuant sur des faits et appliquant des lois qui explicitement prévoient et sanctionnent cette infraction.

Sur cette base et eu égard aux investigations réalisées par la justice et les années qu’elle a consacrées pour réunir les preuves et envoyer Aziz devant la cour criminelle, nous enregistrons donc que la justice mauritanienne a souscrit aux édictions du code de procédures pénales et aux textes subséquents et connexes, sur la corruption, le blanchiment d’argent, en la matière.

Le ministère public a donc épuisé toutes les procédures d’enquêtes et de rapportage de preuves contre ould Abdelaziz. Il est donc mis en accusation et transféré devant la cour criminelle.

Puisque donc le ministère public renvoie ould AbdelAziz en jugement, force est pour nous , à défaut d’en prouver le contraire (n’étant pas son avocat) , d’admettre le postulat  que toutes les procédures menant à ce renvoi ont été accomplies à savoir :

-          Toutes les preuves des infractions ont été rapportées

-          Tous les droits de l’accusé dans sa détention préventive ont été respectés

-          Que dans la forme et dans le fond ses défenseurs ont suivi le déroulement de l’ensemble des procédures d’enquêtes et d’investigation réalisée par La Police Judiciaire et les décisions prises par le ministère public qu’ils ont été informés et associés durant tout le processus.

La cour criminelle aura donc à juger sur le fond et sur la forme. Ould Abdelaziz sera jugé…sur des faits criminels prévus et sanctionnés par la législation pénale.

Le procès prendra le temps qu’il prendra, la défense et l’accusation croiseront le fer en audience et en dehors. Qu’importe c’est ainsi que veut le droit. Mais est-ce vraiment ainsi que le veut la Justice avec un « J » majuscule ?

Et c’est là où le bât blesse quand  on appréhende ce procès non pas dans l’optique procédurale (ci-dessus mentionnée) de l’intervention du droit pénal, prise dans l’absolu,  mais dans la justification même de son intervention.

 

Du droit du fond : du jugement de Ould AbdelAziz .

 

La question (évacuée plus haut) n’est plus de savoir si l'on a réuni suffisamment de preuves pour condamner Aziz, mais peut-on condamner Aziz pour des infractions pour lesquelles nulle  personne de toute sa decennie, et au-delà, n'est et n'a été condamnée ?

A cette volonté judiciaire d’instrumentalisation du droit pénal, ne s’oppose-t-elle pas cette non-volonté d’évacuer la « moralité » qui est le moteur premier de tout acte de justice ?

Ainsi si toute la procédure judiciaire d’établissement de preuves a conduit à dégager les chefs d’accusation suivants :

-          Corruption

-          Détournement de bien publics

-          Trafic d’influence

-          Blanchiment d’argent,

Ould Abdelaziz est-il, cependant condamnable au titre de ces crimes ?

Certes non. Parce que l’instrumentalité du droit ne peut se départir de sa moralité. Une justice qui s’exerce dans un environnement socio-politique  où le droit s’ignore,   peut-elle prétendre qu'elle peut y être rendue ?

Que veut sanctionner la justice au travers du procès de Mohamed Abdelaziz ?

La Justice, à travers le juge, peut rendre le droit, un certain droit, mais ni le droit ni le juge ne peuvent dire si justice a été rendue.

Le droit et la valeur :  le texte et le contexte

Le droit est par définition, le lieu normatif où l’égalité juridique et judiciaire de toute personne est garantie et protégée. Ce lieu ne saurait être que le reflet du milieu social, politique et économique dans lequel il s’exerce.

Le droit mauritanien est, sans conteste, le reflet de son milieu. La règle de droit, a-t-on dit, n’est que l’expression de valeurs d’une société donnée à un moment donné de son histoire.

C’est autant dire que le droit se trouvant dans le texte n’est pas forcément celui du contexte.

Si la justice mauritanienne dans sa mécanique met en œuvre règles et procédures, pour rendre jugement, il n’en demeure pas moins que tout jugement est rapportable, bien moins à sa valeur juridique mais à la valeur qu’il revêt dans le contexte où il s’édicte.  La première ferait le bonheur des juristes, la seconde celle de la société.

Or c'est dans une société où tout ce que l’on reproche à Aziz est endémique que l'on envoie le personnage en cour criminelle.

Quand la corruption est une pratique généralisée, quand le détournement des biens publics est le lot d’administrations entières, quand le blanchiment d’argent enrichit et détruit toute une économie, quand le trafic d’influence est aussi ordinaire dans les sphères de l’Etat, quand les ressources internes et externes sont pillées sans aucune redevabilité, que reproche-t-on alors à Ould AbdelAziz ? 

Que lui reproche-t-on qui n’a pas existé et qui existe toujours, depuis plus de 40 ans de régime militaro-tribalo-mercantile.

Une justice qui mettrait en œuvre un droit, aussi perfectionné ou mimétique soit-il, ne saurait l’être lorsque le contexte du jugement rendu est lui-même un déni de justice.

La Justice ne peut mettre en œuvre un droit, qui est le reflet d’un contexte de non-valeurs. Elle serait alors une simple mécanique procédurale qui sanctionnerait non pas au nom de ce que le droit doit véhiculer de hautes valeurs, mais au nom d’un contexte socio-politique dans lequel le droit instrumentalisé, réduit cette justice à sa plus simple expression.

Tout jugement appuyé sur un droit, qui est le reflet de valeurs socio-politiques ne peut qu’en être l’image. Et dans ce cas la Justice devrait déclarer Aziz innocent, par référence aux valeurs actuelles. Et donc l’acquitter.

Et si la Cour criminelle condamne Aziz elle aura commis une injustice, car l’essence même du droit pénal fait qu’au-delà de son instrumentalité de réprimer les actes contraventionnels, délictuels ou criminels, offensant la société et menaçant la paix sociale, son contenu ne peut se départir de la moralité, essence même de son existence. Et quand dans toute société, la valeur, fondement de la règle de droit ne véhicule plus cette moralité, alors la justice devient un instrument au service de cette valeur. 

La plus vertueuse des justices ne saurait échapper au contexte vicié de son droit.

Alors que reproche-t-on à Aziz, que l’on ne pourrait reprocher à tous ses collaborateurs et, au-delà, à tous ceux des régimes précédents ?

Si Aziz doit être jugé par une justice qui applique un droit qui n’est que le reflet de valeurs sociales d’une société à un moment donné de son histoire, alors, Aziz doit être libre.

Pr ELY Mustapha