lundi 23 novembre 2020

Le soufi et les loups. A la mémoire du Président Sidi ould Cheikh Abdallahi . Par Pr ELY Mustapha

 Lorsque en 2007, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, devint président, quatre mois auparavant, il ne pouvait y penser. Et pourtant il le devint.

 Damant le pion à tous les prétendants au fauteuil présidentiel. Ceux qui historiquement se sont battus et souffert pour y accéder et ont échafaudé, durant leur longue carrière politique d’opposants, mille et un plans pour la société. Ceux qui ont pris le train en marche voulant apporter leur lot de solutions qu’ils jugeaient les meilleurs. Et enfin, les opportunistes qui se caseraient bien dans le fauteuil présidentiel pour servir et valoir de ce que de droit.


Bref, Sidioca, puisqu’ainsi on l’appelait, en arrivant à la présidence, y arriva par une porte par laquelle nul ne l’y attendait. Mais il arriva. Et le grand drame de ses challengers étaient qu’ils ne savaient rien ni sur les capacités politiques de cet homme ni sur sa personnalité et son aptitude à diriger. D’autant plus que, loin de tout et du milieu depuis des dizaines d’années, il n’était ni versé dans le milieu politique ambiant de l’époque de la « chape de plomb », ni leader expérimenté d’un parti politique opérant sur le terrain. Il arriva. Un point c’est tout. Comme ces tourbillons d’air qui tout-à-coup fendent le paysage. Un cheveu tombé dans la soupe…


Que pourrait bien penser cet homme de la situation dans laquelle il se trouvait ? Souffrirait-il de cette « galère » dans laquelle il fut plongé ? Ou au contraire, inaugurait-il une nouvelle vision de la gouvernance ?


D’aucuns lui reprochaient dès sa première une année au pouvoir, une forme d’inertie et de réserve dans la gestion des affaires de l’Etat. Une absence de communication permanente avec le peuple. Un quasi-enfermement que l’on pense voué à la méditation hors des préoccupations quotidiennes d’un chef d’Etat. Qu’en etait-il vraiment ?


N’étant ni habitué aux couloirs du palais ocre et n’ayant pas en main quelque mémoire écrit du regretté président, il reste que l’approche la plus indiquée reste l’analyse de la personnalité à travers ce qu’elle est ou, mieux encore, ce qu’elle devrait être eût égard au statut de la personne et à sa place dans la société. En somme à ses convictions résidus de ses croyances.


Sidioca est un homme qui vivait une philosophie de la vie insufflée par le cheminement spirituel d’une confrérie à laquelle il appartient (I).

Un cheminement qui aujourd’hui dans son expérience politique traverse un espace dont l’absence de spiritualité n’a d’équivalent que la longueur des crocs de ceux qui l’habitent : les loups du microcosme politique mauritanien(II). 

En somme, un soufi chez les loups.


Comment cet homme, spirituellement attaché à un courant religieux qui prône le détachement de ce monde, peut-il gérer les affaires humaines de la cité ? 

Comment le pourrait-il, lorsque brusquement tombé en politique, une sphère dont la spiritualité est douteuse, il se retrouve face à ses loups. Tous crocs dehors et qui n’ont devant eux qu’un homme dont le moindre des principes pacifiques est de ne point de livrer combat.

 

 Dans quel état psychique se trouvait ce Tijani propulsé au sommet d’un Etat humain et dont la spiritualité ne lui impose la recherche que d’un état divin. La communion spirituelle avec Dieu.

 


I- Sidioca face à son dilemme : diriger ici-bas en vivant tout là-haut.



Comment comprendre, que Sidioca soit peu enclin au discours et au contact populaire ? Préférant observer de loin toute chose et lui trouver sa place dans l’ordre spirituel.


Observons d’abord l’ordre spirituel auquel il appartient.

1- Du soufisme en général et de la tijania en particulier : Où l’on comprend la vanité de ce monde.

 


L'Imam Ach-Chafiii a dit :


" J'ai tenu compagnie aux Soufis, j'ai appris d'eux ou trois choses.

Leur affirmation : le temps est comme une épée, si tu ne le tranches pas, il te tranchera.

Leur affirmation : si tu n'occupes pas ton esprit par la vérité, il t'occupera par l'erreur.

Et leur parole : l'abstinence est une protection."

(Rapporté par l'Imam Jalal Ad-Din As-Souyouti dans Ta'yid Al-Haqiqah Al-Aliyyah.)


L’Imam Chafiii en résume bien ici les préoccupations fondamentales des soufis : Le temps, l’esprit, la vérité, l’erreur, l’abstinence.


Le temps, l’erreur, sont des ennemis.

La vérité et l’abstinence sont des amis.

L’abstinence préservant de l’égarement de l’esprit qui recherche la vérité en domptant le temps.

Sidioca fut un homme pieux. Un tijani.



La Tidjaniya, voie sipirituelle musulmane fut fondée par Cheikh Abou al-Abbas Ahmed at-Tijani vers 1781 à Ain ElMadi en Algérie. C'est une voie dont la doctrine est basée sur le Saint Coran et la Sounna du prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui). C’est une voie soufie.

2. L’exploitation courtisane d’une philosophie soufiste : Où l’on comprend ce monde de la vanité


Lorsque par ses convictions on veut bien préparer l’au-delà. Il arrive que par pragmatisme on abandonne l’ici-bas à ceux qui sont autour de soi.


C’est ce qui semble être arrivé au président. La démocratie nécessitant la collaboration et la décision, les voies du seigneur deviennent alors… finies. Réduites à ceux auxquels on peut faire confiance. En somme à une pléiade d’individus qui souvent ne partagent ni la même conviction, ni même les centres d’intérêts.


La plupart de ceux qui occupent les hautes sphères du pouvoir n’ont de soufi que ce que leur conscience a laissé or celle-ci est consignée depuis belle lurette au vestiaire des idées reçues d’un ancien régime qui traine encore ses relents vespéraux sur la conscience d’un peuple endormi. (Voir mon article sur « l’analyse psychique d’un peuple  mauritanien». )

Face aux crise des institutions, dont la  lâche « fronde »  des sénateurs, le soufi se devait de s’occuper des choses de ce monde. Il ne pouvait plus rester en contemplation.


Consacrant un ouvrage à la psychologie Soufi, le Dr. Nurbakhsh Ecrit :

« Le soufi considère que l’homme est naturellement imparfait ; c’est un malade que son manque de discernement empêche de saisir la « Vérité-Réalité ». 

L’homme est incapable par lui-même d’atteindre le vrai, car sa vision est faussée par les apparences et par son propre psychisme. La psychologie moderne reconnaît bien que la plupart des motivations humaines s’effectuent dans l’inconscient, c’est lui qui détermine et gouverne l’homme « non préparé » même lorsqu’il croit agir d’après la raison.
C’est ce stade psychomental qui est désigné par le soufisme sous le nom de « Nafs Ammareh » (âme commandante) c’est-a-dire qui est sous l’empire tyrannique de l’inconscience. L’homme a l’impression que sa propre conscience le gouverne et que sa volonté intervient sans cesse. Or, c’est une erreur. A ce stade, sa décision est déterminée par la surface « visible » du psychisme qui fait corps avec l’inconscient jusqu’au « ça ». Le sentiment de volonté n’est dû qu’à la conformité des instincts, des pulsions, avec les exigences du sur-moi ; il n’est point l’expression de la puissance véritable du spirituel sur le psychomental. Or donc, le premier devoir du soufi est de s’affranchir de cette dépendance à l’égard de son inconscient spontané
[1] ».


Donc sachant bien que dans son entourage des personnes ont obéï depuis belle lurette à l’appel du mal sous l’effet de la fameuse tendance humaine à pencher pour le mal et que les soufis reconnaissent dans le principe ; « El nafsou amaratoun bil sou’i », le Président fut bien pris dans un dilemme :


- Soit  il prend au pied de la lettre le commandement soufi et s’armer de patience suivant les préceptes de Dieu : « Ce n’est pas à toi de les diriger, mais Dieu dirige qui il veut » (Verset 272 Sourate Elbaghara)

         Donc laisser au Divin le soin de gérer l’Etat à sa place et se consacrer uniquement à la méditation.


-  Soit attendre d’atteindre la « perfection », pour pouvoir surmonter tous les problèmes qu’il rencontre. Ce qui n’est pas une chose aisée ni dans l’espace , ni dans le temps. En effet, l’auteur précité fait remarquer : « Il en est de même pour le soufi qui doit se remettre totalement en question avant d’entrer en possession de sa vraie personnalité. Ce travail ne saurait être réalisé que sous l’étroite surveillance d’un Qotb (un homme parfait), car il est hérissé de dangers dont le moindre serait d’accentuer les fausses structures internes. C’est pourquoi en soufisme on considère que tout homme qui n’a pas subi le débridement de ses fausses motivations est un homme malade. »

 


Voilà le Président de la République assujetti à une philosophie soufie qui lui dicte un comportement qui explique certainement sa façon de voir les choses et de les apprécier. Situation qui fut probablement mal comprise des observateurs. Et qui pouvait expliquer bien des attitudes du Président. Notamment la précaution, la gestion spécifique du temps, son effacement par rapport au public, son absence de volonté de « paraître » ou de parler tout le temps en public et pour le public.


Ibn Arabi ne disait-il pas : « Le silence de la langue est un des traits ordinaires de tous les hommes spirituels et de tous les maîtres de la voie. » ?


Autant d’attitudes qui prennent justement leur source dans l’attitude spirituelle du soufi. A savoir, la réduction du temporel au spirituel, l’effacement de l’être pour ne voir que Dieu et sa voie spirituelle. En définitive un détachement de ce monde ou le soufi veut détruire son « ego » (ennafs) qui peut être à l’origine du mal.

 


Ainsi le soufi Erroumi « pense que l'égo humain peut-être combattu et finalement annihilé à travers une alchimie spirituelle de transformation, ou purification de l'âme (tazhiyat al-nafs). Le processus d'alchimie spirituelle comprend la transformation du « nafs» à travers de nombreuses étapes, depuis l'état le plus bas de al-nafs al-ammarah (l'âme instigatrice au mal) jusqu'à l'état le plus élevé de l'extinction en Dieu (fana' fi Allah). Lorsque l'égo est annihilé en Dieu, l'homme n'est plus séparé de Lui. Au niveau du fana' (anhilation de l'égo en Dieu) il ne reste plus que la réalité de la shahadah : La ilaha ill al-Allah (Il n'y a d'autre Dieu que Dieu). »[2]

 


II- Quelle influence cette psychologie a -t-elle eu sur la gestion de l’Etat ?

 


Au vu de ce qui précède, on en déduit donc que Le Président Sidioca était , comme tout Soufi ,à la recherche de sa voie spirituelle (Tariqua) qui lui permet de dépasser sa condition humaine en communiant avec Dieu et est soumis spirituellement à un Qotb (un maître parfait) qui le guide dans cette voie.


Dans ces considérations, le Président de la République, est en principe soumis à un comportement spirituel qui devait certainement handicaper sa gestion du temporel. C’est-à-dire les affaires de ce bas-monde.


Alors qu’elle pouvait être son attitude à leur égard ? Elle ne pouvait être que de trois types :


1. Soit se consacrer totalement à la gestion des affaires de l’Etat
2. Soit ignorer les affaires de l’Etat et se consacrer à sa spiritualité
3. Soit se décharger partiellement sur une personne tierce pour gérer les affaires de l’Etat en son nom


La situation « 1 » est absolument contraire à sa philosophie. Donc à rejeter.


La situation « 2 » est partiellement vraie. Le chef de l’Etat entend se consacrer à son soufisme jusque dans l’enceinte de la Présidence. La construction d’une mosquée dans son enceinte en avait témoigné, à l’époque. Mais le chef de l’Etat n’en ignore pas pour autant les affaires de l’Etat, mais il les « traite » à sa façon.


La situation « 2 », n’est pas impossible, puisque désireux de se libérer le plus souvent des choses d’ici-bas, il se pourrait bien qu’il n’hésitait pas à confier à une personne tierce (de la famille ou d’un cercle d’influence), la gestion des affaires de l’Etat. Cette gestion se faisant de façon direct ou indirecte.


Où tout s’explique…


Ainsi donc de toute évidence, les différents reproches faits au chef de l’Etat de ne pas prendre les choses en main, de confier ses affaires à ses proches de se laisser facilement influencer ou même diriger par ceux de son entourage, pourraient alors trouver explication. Non pas , comme on a tendance à le faire croire, du fait d’une « absence de personnalité » ou « de faiblesse de caractère », mais simplement du fait de la « philosophie de vie » d’un président soufi.


Ainsi aussi s’expliquent ses fréquents voyages, qui le détachent des matérialités de la présidence. Voler c’est se libérer. Ses voyages à des moments critiques, comme la crise gouvernementale. Car pour le soufi tout ici-bas n’est qu'éphémère, sans valeur.


Ali Ben Abdallah Al-Imrani Al-Hassani ne disait-il pas :


« Que toute chose entre Toi et Moi soit cultivée,

Et qu'entre moi et les mondes, il n'y ait que désert !

Si Ton amour est assuré, tout est facile,

Car toute chose sur terre n'est que terre. »

Un soufi parmi les loups.

Ou quand la spiritualité d’un homme, conduit au sommet de l’Etat, rencontre des matérialités d’un bas-monde que des hommes, avides de partager, mettent en cage le temps d’une présidence.

 

Le soufi s’est envolé, les loups sont toujours là. Mais, il avait compris, depuis bien longtemps, qu'ils n'étaient que  des affres d’ici-bas. 

Paix à son âme.


Pr ELY Mustapha


[1] http://www.journalsoufi.com/index.php?option=com_content&task=view&id=370&Itemid=52
[2] Voir “Rumi's View of Evil” by Zailan Moris sur http://www.sufism.ru/eng/txts/rumi.htm et référence précédente.

 

samedi 21 novembre 2020

Détestable opposition. Par Pr ELY Mustapha


L’opposition mauritanienne est devenue une composition. Une composition d’individus qui ont instrumentalisé leurs partis pour des intérêts individuels. Des individus qui monnaient désormais leurs rencontres avec le président de la République, qui monnaient des postes publics pour leur progéniture, qui monnaient leur silence, qui monnaient des petits privilèges au détriment du pays.

 L’opposition mauritanienne est devenu un poison pour la démocratie en Mauritanie. Une ciguë que l’Etat, fait boire au peuple, en lui faisant croire qu’il y a une opposition, alors qu’elle hante depuis longtemps l’antichambre du pouvoir.

 Depuis que l’actuel président est au pouvoir toute l’opposition a fait la queue leu leu dans son salon, pour lui prêter allégeance, et depuis ses leaders se sont assagis, repus de promesses et de privilèges attendus. 

L’opposition mauritanienne, est devenu dangereuse pour le pays, en ce que non seulement, elle est devenue alliée silencieuse du pouvoir, mais elle justifie aussi, par sa présence fantomatique, un semblant de démocratie faisant croire à son existence institutionnelle, alors qu’elle n’est plus qu’une collection d’individus qui tous lorgnent sur les prébendes du pouvoir.

 

La preuve que l’opposition n’existe plus, c’est d’abord son silence.

Son silence vis-à-vis de tout ce que le pays vit de misère, de criminalité, d’injustice, d’incompétence des gouvernants, de leur concussion, de leurs malversations, de leurs détournements, de leur corruption et de leur impunité.

 

Comment une opposition peut-elle se taire ?

 

Comment une opposition peut-elle se taire lorsque des corrompus notoires et des criminels financiers sont nommés aux postes publics, lorsque des incompétents sont parachutés à des postes-clefs de l’administration publique, lorsque le chef de l’Etat, dans une imprudence totale en pleine pandémie de la Covid-19 réunit les masses pour l’accueillir.

 Comment une opposition peut-elle se taire, lorsque le fonds COVID-19 consignant des millions de dollars s’évapore ?

Lorsque l’Etat est en train d’augmenter les droits de douanes sur des produits de consommations courantes alors qu’il a bénéficié depuis le début du mois de janvier 2020 de millions de dollars, en dons prêts concessionnels etc..? (Voir mon article de juillet 2020 : COVID-19 : Mais où sont les milliards reçus par la Mauritanie ? http://www.cridem.org/C_Info.php?article=738510 )

 Comment une opposition peut-elle se taire lorsqu’après 60 ans d’indépendance notre pays manque de fruits et légumes alors qu’il dispose d’une superficie arable, cultivable, supérieure à la superficie de certains pays africains et arabes !

 Comment une collection d’individus, constitués en « opposition », peuvent-ils encore continuer ainsi à occuper   cette institution qui dans les pays démocratiques est appelée « opposition » parce qu’elle sert les intérêts du peuple en contrebalançant l’hégémonie du pouvoir et en corrigeant ses dérives ?

 Cette opposition mauritanienne, est devenu un poison. Un poison pour l’avenir de la démocratie, un poison pour le peuple et un suppôt du pouvoir.

 Opposition vieillissante, transigeante, avec ses règlements de comptes internes, toute tendue vers le soutien du pouvoir, qui le caresse dans le sens du poil et qui n’a même pas le mérite de se comporter en opposition digne ce nom.

 Alors, le peuple doit rejeter cette opposition-là. Cette opposition qui monnaie ses intérêts à son insu et qui faisant semblant de jouer le jeu démocratique monopolise une institution, celle d’une vraie opposition, qu’elle ne mérite pas.

 Une opposition qui ne commande, ni ne recommande le bien et qui n’interdit pas le mal, comme cela est dit dans les saints écritures, est pire qu’une opposition, c’est un leurre institutionnel qui bien plus que le pouvoir, qui agit à visage découvert, est sournoise et mortelle pour la démocratie.

 Une opposition, supposée, qui ne s’oppose pas, n’est donc plus une supposition. Un suppositoire institutionnel.  L’excipient d’une forme galénique d’un poison régalien.

 Détestable opposition.

 Pr ELY Mustapha

vendredi 16 octobre 2020

Qu’a-t-on fait au bon Dieu pour mériter un tel ministre ? Par Pr ELY Mustapha

Depuis des années que ce ministre est en charge de l’enseignement supérieur, la recherche scientifique et autres portefeuilles des technologies et que sait-on encore…et depuis des décennies, notre enseignement supérieur est aussi mal en point que notre primaire et notre secondaire ; notre recherche scientifique est aussi fantomatique que les diplômes de beaucoup de membres du corps enseignant et nos technologies rivalisent avec celles des charrettes de Tensoueilem.

Nos enseignants sont les plus mal lotis de la planète, tous hémisphères confondus, notre production scientifique tiendrait dans une boite d’archives et nos innovations sont plus vraies que l’empreinte d’un pied mauritanien sur la lune.

 

Et pourtant…

Ce ministre est toujours là.

L’ancien président, sur les bancs de la Justice, l’a mis là.

 Le nouveau président, l’a trouvé là et l’a laissé là.

 

La pérennité de ce ministre à la tête de l’enseignement supérieur, la recherche scientifique et les Technologies de l’Information et de la Communication, soit une administration motrice du développement du pays, est-elle justifiée ?

Tout gestionnaire est évaluable à la performance de son entreprise, les décideurs publics n’y échappent pas.

En en tant que citoyens, l’on est en droit de s’interroger, sur leurs résultats et la valeur ajoutée au pays de leur administration de la chose publique, dût-elle être un fractionnement de cette chose.

 Ce ministre traverse les gouvernements alors que l’enseignement supérieur traverse les années dans les difficultés. Une contribution au développement du pays qui laisse à désirer. 

 

Qu’a-t-on fait au bon Dieu pour mériter un tel ministre ?

 

La  situation déplorable de l’Université mauritanienne se répercute sur son image et sur la qualité de son enseignement. En 2020, et malgré un plan stratégique quadriennal commencé en 2017, l’Université mauritanienne, est à la traine.

Dans le classement des 200 meilleures universités d’Afrique aucune université, ni école, ni institut mauritanien n’y   figure et n’y a jamais figuré depuis qu’il existe !  Et pourtant dans le classement des 200 meilleures université d’Afrique notre pays frère, le Sénégal y figure en bonne place !  A la 33ème place (Université Cheikh Anta Diop) et 113è place (Université Gaston Berger) …La Mauritanie, aucune place !. (https://www.4icu.org/top-universities-africa/)

Aucune université, ni institution d’enseignement supérieur  mauritanienne ne figure non plus dans le classement mondial (https://www.4icu.org/top-universities-world/), ni même dans le classement des pays arabes (https://www.4icu.org/top-arabic-speaking-universities/)!

Rien le désert scientifique absolu !

 « Le rapport établi par le forum économique mondial pour 2017-2018 relatif à l’indicateur de l’enseignement supérieur et les stages classe la Mauritanie à la dernière place avec une moyenne de 1,9.

Ce rapport qui compte 137 pays prend en compte un certain nombre de critères dont la qualité du système de l’enseignement. La première place de ce classement est allée à Singapour et la dernière à la Mauritanie, tandis que les Emirats arabes Unis occupent la première place parmi les pays arabes.

Le Yémen devance la Mauritanie avec 2,2 derrière le Mozambique et le Tchad avec 2,3. La Sierra Léone et le Libéria totalisent 2,5, le Burundi et la Tanzanie 2,6, Haïti, le Malawi et le Congo démocratique obtiennent une moyenne de 2,6.

L’indicateur en question prend en compte un certain nombre de critères comme par exemple la quantité mesurée avec le taux d’accès à l’enseignement supérieur et secondaire, la qualité de l’enseignement mesuré lui à travers la qualité du système éducatif, la qualité de l’enseignement des mathématiques et des sciences, la qualité de l’administration des écoles et des établissements d’enseignement, la disponibilité de l’internet, en plus de l’organisation de stages pour la formation des compétences, mesurée elle par l’organisation localement de stages spécialisés et le volume des stages des fonctionnaires.  .
Chaque critère est noté de 1 à 7 points puis une moyenne est faite pour l’obtention de la note définitive qui détermine le rang du pays en question » (https://www.weforum.org/reports et    http://cridem.org/C_Info.php?article=703025 )

 Notre système d’enseignement est délabré et nos étudiants, ressemblent à des parias de l’emploi. Du chômage à la criminalité, il n’y a qu’un pas, vite franchis. Des demandeurs d’emplois, issus d’institutions d’enseignement supérieur qui ne délivrent qu’un papier au format A4 en guise de diplôme et aucun savoir planifié étudié et mis au diapason des besoins de l’emploi et des métiers du 21ème siècle.

Aucune stratégie efficace, aucune plan d’action efficient pour le redéploiement de l’enseignement supérieur pour en faire un instrument au service du pays. Ni une politique concertée, avec les secteurs de l’économie nationale pour déterminer les facteurs à mettre en œuvre pour absorber les diplômés dans une perspective réfléchie d’adéquation, sur le moyen et long terme, des formations aux requirements du tissu socio-économique.

Une navigation à vue dans laquelle la seule perspective de l’enseignement supérieur mauritanien est d’être un mimétisme d’une politique franco-centrée, suiviste qui ne dit pas son nom et qui ne laisse aucune place à la souveraineté du pays sur son propre enseignement.

 

Qu’a-t-on fait au bon Dieu pour mériter un tel ministre ?

 

Voici ce que l’université nationale EL Asriya qui regroupe 4 facultés et 1 institut expose dans son plan stratégique (2017-2020)   ses propres dysfonctionnements :

Au niveau de la gouvernance :

-          L’UNA souffre d’absences de compétences et de certaines qualifications spécifiques au niveau des personnels technique et administratif, et d’un manque de suivi des activités et des missions de ce personnel. Les mesures de motivation et de sanction sont peu appliquées dans la gestion des ressources humaines.

-          En plus de ce handicap, les fiches de poste et les procédures, en cours de finalisation, ne sont pas encore opérationnelles.

-          D’autre part, la communication, interne et externe, gagnerait à devenir effective avec la mise en place d’un système d’information.

-          L’usage approprié des TICE et la culture de l’innovation en matière d’information, d’organisation et de gestion pédagogique, administrative et financière, sont à encourager.

Les menaces :

-          Les tensions dues à la politisation de l’espace universitaire ainsi que l’éloignement du campus universitaire et certains problèmes sociaux des étudiants ; ces tensions appellent une gestion apaisée des conflits ;

-          L’insuffisance des ressources financières, consécutives à des coupes budgétaires.

 

Au niveau de la formation :

-          L’implication des milieux professionnels n’est pas assez formalisée et reste insuffisante. Cette situation, ajoutée à un faible usage des TICE impacte négativement la qualité des enseignements et des formations.

-          L’absence d’optimisation de moyens matériels et humains et de passerelles entre les composantes de l’UNA, qui constituent une faiblesse dans l’application des prescriptions du système LMD, contribue à augmenter les taux d’échec et d’abandon des étudiants.

-          Par ailleurs, le manque d’informations statistiques sur le marché de l’emploi et l’insertion des diplômés réduit la pertinence des offres de formation.

-          Enfin, une faiblesse majeure mérite d’être soulignée : l’absence de formation continue. Celle-ci, bien que figurant dans les textes réglementaires, n’est pas encore mise en œuvre. Corriger ce défaut pourrait contribuer à apporter une plus-value aux prestations en matière de formation continue et faciliter le rapprochement avec les milieux professionnels.

-          Au niveau des langues, il est important de constater la faible maitrise de l’arabe et des langues étrangères vivantes par nos étudiants ce qui constitue un handicap pour la compréhension des cours, pour la communication (exposés, soutenances, rédaction de mémoires, etc.), pour la documentation et la recherche documentaire et, donc, une sérieuse difficulté pour l’insertion des lauréats.

Menaces :

-          L’insertion professionnelle de ses diplômés. Celle-ci est confrontée à des problèmes divers relatifs au marché de l’emploi (saturation dans certains secteurs),

-          L’absence de liens formels et pérennes Université-Entreprises, qui relève parfois des problèmes de disponibilité des milieux professionnels et du faible niveau d’implication de leurs ressources humaines dans les formations ; il s’y ajoute un manque d’incitation suffisamment forte de la part de l’Université et des pouvoirs publics,

-          L’inexistence d’un Centre hospitalo-universitaire ; la création de ce centre est essentielle pour assurer la qualité des formations médicales.

La recherche :

-          Le taux d’engagement des acteurs pour la recherche reste faible, compte tenu des moyens limités (matériels, financiers, contrats insuffisants) et d’une motivation insuffisante.

-          Bien qu’elle ne soit pas un facteur limitant pour réaliser des travaux de recherche, l’insuffisance des plateaux techniques est à déplorer fortement, compte tenu du fait que l’UNA reste ainsi limitée quant à la contribution de ses chercheurs dans la recherche-développement et l’innovation. Il faut ajouter par ailleurs que dans certaines situations l’espace physique n’est pas aménagé et/ou le matériel sommaire est insuffisant.

Parmi les faiblesses, deux méritent également d’être notées :

-          Les enseignants-chercheurs, pour la plupart jeunes, n’ont pas l’expérience et les compétences rédactionnelles suffisantes pour soumettre des projets en réponse aux appels à projet internationaux.

-          Le nombre de structures de recherche est élevé et doit nécessairement être réduit, pour optimiser les moyens et rechercher la multidisciplinarité et l’interdisciplinarité.

 

Menaces :

-          Ne pas valoriser ou valoriser faiblement les résultats de la recherche est un véritable non-sens et une menace sérieuse, pour une institution comme l’UNA qui souhaite s’inscrire résolument dans la recherche développement et l’innovation.

-          Une recherche reléguée au second plan peut également faire courir le risque d’un désintérêt des enseignants-chercheurs et d’une déperdition des compétences.

-          La faible contribution de l’Etat (moins de 0.5% du PIB, pour l’ensemble des institutions nationales de recherche), est un risque à corriger pour l’Université (lobbying, contrats programmes). Il faudra envisager des mesures préventives (autofinancement, recherche de partenaires financiers).

-          Les analyses diagnostique et prospective montrent qu’il appartient à l’UNA d’utiliser son potentiel, interne (en le renforçant par les moyens et la motivation) et externe (par des projets novateurs et mobilisateurs, inspirés des difficultés de nos secteurs économiques). La mobilisation de l’ensemble des partenaires académiques et industriels à tous les niveaux (national, régional et international) est un gage de réussite.

 

L’UNA devra envisager sérieusement des activités pour promouvoir l’innovation, la vulgarisation et la valorisation de la recherche. Sa contribution au développement économique du pays en dépend fortement.

 

-          Le mécanisme de financement de l’UNA est entièrement dépendant de l’Etat. L’institution est gérée suivant les procédures du plan comptable national, dont les comptes sont certifiés annuellement par un commissaire aux comptes relevant du Ministère chargé des finances.

 

-          En l’absence d’un dispositif de contrôle budgétaire interne, les instances étatiques de contrôle sont l’Inspection Générale d’Etat (IGE), la Cour des Comptes, et l’Inspection Générale Interne (IGI) du MESRS.

Quelques faiblesses méritent d’être relevées :

-           L’absence de stratégie de financement et de politique d’amortissement

-          Et le manque de précision dans l’expression des besoins pour éclairer la répartition des ressources disponibles. »

 

Quatre après, le lancement de sa stratégie l’université nationale ELASRYA, souffre encore de ces handicaps et de ses dysfonctionnements. Malgré qu’elle dispose d’un nombre d’enseignent de qualité, dont certains se sont exprimés sur cet état de fait et l’ont dénoncé, sans résultats.  Pire encore le ministre de l’enseignement supérieur ne dédaigne pas poursuivre et faire condamner sur des chefs divers, à des peines de prison celui qui dénonce la dérive de l’enseignement supérieur.

 

Qu’a-t-on fait au bon Dieu pour mériter un tel ministre ?

 

Une administration centrale qui accapare les ressources de l’enseignement et de la recherche.

Tout en évaluant la fonction, interrogeons-nous sur ce que pourraient être les freins qui empêcheraient ce ministère de remplir son rôle, et les institutions d’enseignement dont il assure la tutelle, le leur.

Ce Ministère a-t-il les moyens de sa mission ?

Les institutions d’enseignement ont-elles les moyens de leur mission ?

Examinons les moyens dont dispose ce ministère. 42ème dans la nomenclature budgétaire, le Ministère de l’enseignement Supérieur, de la recherche scientifique et des Technologies de l’Information et de la Communication (MESRS&TICs) dispose en fonctionnement , pour le budget 2020 d’une allocation budgétaire de 1 037 193 229 Ouguiyas.

Toute bonne logique veut que ce budget soit, pour son essentiel, consacré prioritairement (en valeur et en volume) aux institutions d’enseignement supérieur qui sont la justification première de l’existence du Ministère, et qui sont les véritables structures de production. Le ministère devant être une structure d’impulsion et de coordination. Or l’analyse de la structure du budget de ce ministère montre que ce n’est pas le cas.

En effet, alors que l’Université notait déjà en 2017 parmi les faiblesses dont elle souffre celle de « l’insuffisance des ressources financières, consécutives à des coupes budgétaires », l’administration centrale du ministère, continue encore dans son budget 2020 d’accaparer l’essentiel des ressources qui sont allouées

Les institutions de l’enseignement (Université, facultés, instituts) qui sont le justificatif de son existence devraient recevoir l’essentiel de ce budget.

Le budget du Cabinet du ministre

Le budget de fonctionnement du cabinet du ministre (67 633 665) est supérieur à celui de l’Ecole Normale Supérieure (63 704 836), de l’Institut Supérieur de Comptabilité et d’Administration des Entreprises –ISCAE- (41 696 522), du Centre Formation Enseignement à distance – CFED- (7 000 000) de l’Institut supérieur professionnel des langues et de la traduction instantanée –ISPLTI- (3 3412 187) de l’Agence Nationale de la Recherche Scientifique – ANRS - (22 000 000) !

Le budget de fonctionnement du cabinet du ministre, en achat de biens et services (8 601 640), est supérieur à celui de faculté de médecine (6 500 000), à l’Institut universitaire professionnel (7 546 020) et rivalise avec celui de la faculté des lettres et sciences humaines (11 327 940).

Le budget de fonctionnement du cabinet du ministre, traitement et salaires (48 775 416), est supérieur au budget de fonctionnement, traitement et salaires, de l’ENS (41 274 969) de l’ISET (38 000 000) de l’ISCAE (20 964 022) de ISPLTI (8 413 187) et même du Centre National des œuvres Universitaires –CNOU (27 320 460).

Alors que l’Université Nationale  ELASRYA, note bien parmi ses difficultés : « les problèmes sociaux des étudiants », « l’inexistence d’un Centre hospitalo-universitaire », les problèmes liés à l’éloignement du campus universitaire et les problèmes de transport., le cabinet du ministre bénéficie d’allocations budgétaires injustifiées.

Et ironie de la budgétisation, il n’existe pas de budget pour l’achat de biens et de services pour l’institut supérieur d'enseignement technologique (ISET) !

En outre le budget de ce cabinet comprend 1 500 000 affectés à un « conseil national de I ‘enseignement supérieur et de la recherche scientifique », dont nul ne sait, quel sera son apport à I ‘enseignement supérieur et de la recherche scientifique, vu l’état précités de ces derniers. Ainsi qu’une pléiade de conseillers culturels, faisant l’objet d’un sous-chapitre 71, qui se répartissent entre le cabinet et la Direction de l’enseignement supérieur pour un budget de 2 869 300.

Voici le cabinet d’un ministre qui absorbe une part importante du budget qui doit aller aux institutions d’enseignement, alors que l’université dénonce dans son plan stratégique « La faible contribution de l’Etat (moins de 0.5% du PIB, pour l’ensemble des institutions nationales de recherche) »

Hors Mauripost, la société de développement d'infrastructure et l’Autorité mauritanienne pour l'assurance qualité, le budget de fonctionnement du cabinet et de l’ensemble des directions de ce Ministère en 2020 soit 259 826 323, est supérieur à tous les budgets de fonctionnement cumulés (241 708 262) de l’ENS, ISET, ISCAE, CFED, ISPLT, ANRS et du CEFAD.

Voici donc un ministère de l’enseignement, de la recherche scientifique et des TICS soit une structure de coordination et d’impulsion qui a pour mission l’élaboration et la mise en œuvre de politiques gouvernementales (scientifique et technique) dans son domaine, de proposer des stratégies et programmes et de réglementer l’accès aux universités et les conditions de délivrance et d’agrément des diplômes, devenue un mastodonte qui, au nom de la gestion du secteur,  prive les structures de production (universités, centre de recherche et développement) de ressources vitales.

Ce mastodonte accapare une part importante du budget qui doit être allouée aux structures universitaires, à l’enseignement et à la recherche qui sont la véritable raison de l’existence même du Ministère. Une administration bureaucratique, de centaines de fonctionnaires, agglutinée autour d’un cabinet sur-budgétisé d’un ministre inamovible laissant l’université dans un Etat de besoin criant en moyens et en ressources comme en témoignent les constats faits par l’université elle-même sur l’état de ses performances à l’échelle nationale et dont l’évaluation internationale donne les résultats que l’on sait (voir rapports plus haut).

Il faudrait absolument que l’ensemble des dotations budgétaires de ce ministère, soit revue. Et cela afin d’octroyer des allocations budgétaires conséquentes à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique c’est-à-dire aux institutions universitaires, qui sont l’appareil de production, et allouer un budget de gestion au ministère, en tant que structure administrative de coordination et d’impulsion.

Ainsi, outre les remarques, précédentes à propos des allocations budgétaires injustifiées au Cabinet et l’administration centrale, Il faudrait absolument que les fonds alloués à la recherche et à l’innovation, gérés par l’administration centrale, et qui gonflent les budgets de directions,  soient inscrits au budget des universités et gérés par celles-ci et non pas par l’administration centrale. Tel le fonds national pour la recherche scientifique (35 000 000) inscrit au budget de la Direction de la recherche scientifique et l’innovation, tout comme le budget alloué aux subventions et transferts (98 000 000) inscrit au budget de la Direction de l’enseignement supérieur.

D’autre part, cet élan de création permanente d’organismes redondants qui se substituent à l’université auxquels on voudrait confier la recherche scientifique et l’innovation, telle « l’Agence Nationale de Recherche Scientifique et de l’Innovation(ANRSI) » encadrée par des stratégies définies par un autre organe redondant tel le Haut Conseil à la Recherche Scientifique et à l’Innovation (HCRSI), ne constitue  qu’un véritable éparpillement des moyens et des efforts alors qu’il existe déjà une Agence pour la recherche scientifique et un conseil national de I ‘enseignement supérieur et de la recherche scientifique !

Enfin, eu égard aux constats relatif aux dysfonctionnement structurels de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique dus à sa gouvernance défaillante qui l’empêche de se développer et de remplir son rôle depuis des années, Il est temps que ce ministre revienne à ses origines professionnelles, à l’université, pour enseigner et servir le pays. Ce qui, eu égard à l’état critique de l’enseignement supérieur, il aurait dû faire depuis longtemps.

La Mauritanie a besoin de son université qui a besoin d’enseignants, pas de ministres. En Mauritanie, tout le monde peut devenir ministre, et un enseignant n’est pas forcément un bon ministre.

 

Pr ELY Mustapha