samedi 5 novembre 2016

Lettre à monsieur l’ambassadeur de France en Mauritanie. Quelle déclaration inamicale ?

Monsieur l’ambassadeur, excellence,
Comment osez-vous mettre en garde vos concitoyens français à propos du danger de circuler dans certains quartiers de Nouakchott ? Comment avez-vous pu oser engendrer la colère de notre gouvernement à propos d’un danger qui est loin de la dimension à laquelle vous pensez ?
Depuis l’arrivée des militaires au pouvoir et particulièrement d’Ould Abdelaziz, jamais une quiétude si grande n’a régné sur les habitants de Nouakchott et ses beaux quartiers. Les agressions physiques, les suicides quotidiens, les viols et autres criminalités que l’on retrouve dans les quartiers de Paris, en France, nous ne les connaissons pas. Notre police au garde-à-vous à tous les coins de la capitale est l’une de plus efficace et des mieux tenues (au sens propre et figuré) du monde. Elle protège le citoyen, la veuve et l’orphelin ; et tous vos concitoyens français qui circulent dans les quartiers sécurisés de Nouakchott, le savent quand ils abordent nos policiers et nos gendarmes souriants, affables et surarmés pour les protéger, contre un danger fictif que vous, excellence, vous vous appliquez à faire exister à travers vos mises en garde diplomatiques et consulaires.

Monsieur l’ambassadeur, excellence,



Depuis son arrivée au pouvoir,  Ould Abdelaziz est un homme de Dialogue, et même ceux qui sont potentiellement criminels, ont renoncé à exercer leurs talents par respect et devant tant de sollicitude et d’écoute de celui qui a fait ses preuves en renversant un Président élu, commis deux coups d’Etat et  fait mordre la poussière à toute une opposition farinée.
Alors, comment voulez-vous qu’il y ait de la criminalité dans les quartiers de Nouakchott, puisque tous les ménages sont dans l’abondance, les marchés débordent de victuailles et les mendiants n’existent que parce qu’ils cherchent à s’enrichir d’avantage.

Monsieur l’ambassadeur, excellence,
Quelle que soit votre réponse, à l’attitude froissée du gouvernement mauritanien exprimée par un porte-parole, attractif des jets de sandales, nous croyons ferme que la mise en garde que vous avez adressée à vos compatriotes est très « inamicale ». Non pas inamicale pour la Mauritanie, loin de là, mais pour vos propres compatriotes que vous privez de venir circuler dans nos beaux quartiers, pavés aux grés, fleuris et odorants qui ne doivent rien à la Cité Florale du XIIIe arrondissement (comme vous le savez, entre la Place de Rungis et le Parc Montsouris.)
C’est pourquoi vos compatriotes devraient faire une pétition pour le rétablissement de leurs droits inaliénables à visiter les quartiers de Nouakchott, leurs droits culturels et touristiques en sont gravement lésés.

Monsieur l’ambassadeur, excellence,
Jamais nos quartiers n’ont été aussi salubres que durant les mandats du « président des « pauvres » (les pauvres !). La pauvreté est devenue invisible est c’est l’un des acquis de ce régime, puisque les détritus s’amoncelant dans les rues et les avenues, ils cachent les pauvres. Mais ravisez-vous de dire « inamicalement » comme j’ose le dire,  « détritus »,  car en fait dans la politique actuelle du régime les immondices qui couvrent Nouakchott font partie de la stratégie de développement du pays visant à produire à l’échelle nationale un humus fertilisant des rues et des avenues afin de faire refleurir davantage les beaux quartiers de Nouakchott (le grain est dans le sable) . Le citoyen mauritanien l’a d’ailleurs très bien compris, lui qui se débarrasse de tout détritus par toutes les issues possibles (porte, fenêtre, portière de voiture, charrette au galop) ; et si l’un de vos heureux compatriotes, ayant (ô combien !) la chance de circuler à Nouakchott, reçoit une poubelle pleine sur la tête qu’il s’estime heureux, il participe à la dynamique du développement soutenue par l’Aide publique française au développement versée à la Mauritanie.

Monsieur l’ambassadeur, excellence,
Les homicides dont vous entendez parler dans nos quartiers sont pour la plupart… involontaires. Qu’on se le dise !  Car nos voitures n’ont pas de freins (ni à pied ni à main), nos piétons peuplent allégrement le bitume, nos taxis sont à vitesse unique, nos policiers ont depuis longtemps avalé leurs sifflets. Tout est involontaire, nous sommes, monsieur l’ambassadeur, un peuple innocent. Pourquoi donc privez-vous, par une déclaration inamicale, vos concitoyens de flâner dans nos belles de cités de « netteg jembe » l’odorante, de Baghdad, la flottante… ?
Ici, vos compatriotes développeront par des exercices quotidiens, leur odorat, là-bas ils apprendront à surfer dans nos rues sur les lacs d’eau saumâtres de nos blanchisseries à ciel ouvert. Et ils pourront même (ô bonté divine !) faire le saute-mouton sur les cadavres d’ânes au soleil.

Monsieur l’ambassadeur, excellence,
Vous voyez donc que, comme l’a si bien dit le porte-parole d’Ould Abdelaziz, vous avez pris un acte contraire à l’amitié qui doit lier nos deux pays. En ne pas laissant vos concitoyens se faire arnaquer, ni agresser, ni voler dans certains de nos quartiers, vous faîtes preuve d’un manque de solidarité avec la politique de développement de nos villes et cela ce n’est pas… diplomatique. Comment le policier véreux va mettre du beurre sur ses épinards (qui d’ailleurs sont inconnus en Mauritanie), comment le pauvre criminel lâché dans la nature par un régime incompétent, payera-t-il son loyer sinon en trucidant son bailleur et là, vous incitez vous-même au développement de la criminalité. Car sans vos compatriotes dans certains de nos quartiers quel avenir économique local sans euros subtilisés ?

Monsieur l’ambassadeur, excellence,
Une lettre explicative, d’excuses voilées et jetant quelques fleurs au régime putschiste d’Aziz (Dialogue salutaire etc. etc.) ne suffit pas, il faut que vous vous rachetiez, non pas auprès de la Mauritanie, mais auprès de vos compatriotes en publiant sur le site de l’ambassade de France à Nouakchott l’avis suivant :
« Tous nos compatriotes visitant la Mauritanie et particulièrement Nouakchott et certains de ses quartiers sont vivement encouragés à continuer leur visite.
Cependant les précautions suivantes sont à prendre avant de voyager dans ce beau pays :
  • Prendre des cours de twist pour savoir éviter les jets de seaux d’eau sale aux coins des rues ;
  • Emprunter une côte de maille (de préférence au musée national des armures médiévales) pour flâner l’esprit tranquille dans certains quartiers ;
  • Se faire tatouer tout le contenu de son passeport directement sur la peau pour faciliter à l’ambassade le rapatriement en cas de gentille subtilisation des documents personnels ;
  • De se munir d’un panneau de STOP pour traverser les rues et si impossible à trouver, prendre des cours de saut de kangourou (s’exercer à sauter le plus haut possible. Les camions font aussi le taxi) ;
  • Prendre des cours de zoologie animale pour pouvoir parler aux taximen et aux conducteurs de charrette (l’âne en est souvent le maître) ;
  • Ne pas utiliser son téléphone portable en cas d’urgence. Un portable exposé expose à une autre urgence.
  • Développer ses facultés olfactives, pour se guider dans les quartiers (l’air devient moins odorant à la périphérie et plus acre au centre).
  • Apprendre à être patient pour retirer de l’argent. S’exercer à utiliser sa carte de crédit dans une bouche à incendie, les distributeurs locaux (DAB) réagissent moins vite.
  • Ne prendre le taxi qu’en cas de catastrophe (exemple si Sarkozy revient au pouvoir) et vérifier la direction qu’il prend. Les taximen appliquent les théorèmes de Thales pour saler la facture. Autant dire qu’ils n’empruntent la ligne droite que pour les autochtones.
  • Enfin, dans tous les cas si quelqu’un parle de la déclaration inamicale de « votre ambassadeur » sur certains quartiers de Nouakchott et que vous êtes dans l’un deux, dîtes : « combien ? »
Ceci dit, l’Ambassade rassure tous les compatriotes sur la bonne situation de sécurité qui règne à Nouakchott et elle reste à l’écoute de tous les compatriotes visitant les quartiers visés, si, bien-sûr, ils en reviennent. »

Monsieur l’ambassadeur, excellence,
En publiant cet avis, l’ambassade de France en Mauritanie aura couvert la déclaration inamicale qu’elle a faite aux français visitant Nouakchott puisque, de toute façon, elle n’avait pas à adresser des excuses au gouvernement Mauritanien, dont, soit dit en passant, les membres ne vivent pas dans lesdits quartiers.
Quant au peuple Mauritanien et aux habitants desdits quartiers, ils savent que la criminalité de quartier fait moins de victimes que celle qui s’exerce au (et depuis) le sommet de l’Etat.
Recevez, excellence, l’expression de ma considération la plus offusquée par votre déclaration inamicale à l’égard de vos concitoyens français, contribuables, pourvoyeurs de l’aide publique française au développement que nous recevons (dans les poches de nos dirigeants).

Pr ELY Mustapha

Crédits images et graphiques : Ibrahima Sy, Mouhamadou Koita, Doulo Traoré, Moussa Keita, Baidy Lo, Marcel Tanner et Guéladio Cissé « Vulnérabilité sanitaire et environnementale dans les quartiers défavorisés de Nouakchott (Mauritanie) : analyse des conditions d’émergence et de développement de maladies en milieu urbain sahélien ». Vertigo – La revue électronique en sciences e l’environnement - Volume 11 Numéro 2 | septembre 2011. (https://vertigo.revues.org/11174)

jeudi 3 novembre 2016

Lettre à ceux qui veulent succéder à Aziz: sans poches pleines pas de place au pouvoir.


Tous ceux qui arrivent au pouvoir en Mauritanie, et qui veulent y rester s’empressent de s’enrichir. Ce sont des voleurs mais des voleurs avertis. Ils savent que nul ne peut accéder au pouvoir ni y rester sans avoir les poches pleines. De ce point vu, ceux qui dirigent, à coups d’Etat, la Mauritanie depuis 1978, ont tout compris : pour rester au pouvoir il faut en avoir les moyens. Et il faut tant qu’on est au pouvoir, les accumuler.

Ils ont compris que l’électeur mauritanien est par essence un électeur du ventre. Et que l’intelligentsia mauritanienne n’est point insensible au froissement des billets et aux avantages en nature.
Si le régime d’Aziz, comme les précédents qu’il a servis, se caractérise par des détournements de biens publics tous azimuts et par des responsables à tous les niveaux, qui, en toute impunité courent les rues et partagent leurs pécules avec qui de droit, c’est parce que la seule voie d’accès au pouvoir en Mauritanie (et d’y rester) c’est d’être riche.

Riche pour se payer les notables, les tribus, les intellectuels véreux, les gradés de l’armée et de la police, les fonctionnaires, les commissionnaires des marchés publics, les attentistes, les opportunistes de salon, les expectants aux nominations, les prêts-à-se dévoyer, les me-voici-malléables- corvéables- à-merci.

 Le pouvoir engrange, à travers les multiples canaux de l’autorité dont il dispose, sur les finances et les ressources du pays, les moyens matériels et monétaires de sa pérennité.

Machiavélique, il sait que tout un peuple appauvri tendant la main, ne suivra que celui qui pourra y déposer une obole, de quoi subsister. Appauvrir un peuple jusqu’à demander l’aumône, pour mieux acheter sa liberté au prix dérisoire.

Ne nous méprenons pas sur ces procès-bidons de personnalités, aux quatre coins du pays, qui détournent les biens publics. Ce n’est qu’une mascarade ; car ceux qui détournent les milliards savent qu’ils seront impunis car ils connaissent avec qui les partager.

Alors ne nous méprenons pas si le pouvoir en place - fort des ressources du Trésor public et des revenus confisqués de la Nation- mette en marche sa machines de zombies fonctionnant aux rétributions et autres nominations.

 Un porte-parole-zombie qui parle comme du papier à musique, des ministres-zombies qui vendent leur âme pour un mandat indu et qui jouent un jeu faustien si macabre que le Diable lui-même n’en voudrait plus.

Autant dire que les régimes successifs en Mauritanie ont compris face à la misère morale et matérielle, tout s’achète. Alors ils abrutissent le peuple, en achetant l’obscurantisme et en vendant écoles, en promouvant le mercantilisme morbide et en détruisant les valeurs sociales.

Ils jettent des générations dans l’indigence intellectuelle et matérielle pour les trainer ensuite par le cordon de leur bourse.

Alors tous ceux qui veulent accéder au pouvoir doivent savoir que la seule voie de salut est de jouer dans la Cour des riches potentats qui actuellement squattent le pouvoir ; et pour cela, il faut en avoir les moyens financiers et matériels.

Le peuple avilit ne répond plus aux idéaux, mais à l’appel du ventre. Que ceux qui comptent  sur les distinctions internationales pour faire comprendre au peuple leur juste cause, que ceux qui pensent qu’être constitué en parti leur ouvre la voie du pouvoir,  que ceux qui ont de nobles idéaux à faire valoir pour briguer le pouvoir doivent savoir que personne n’en a plus cure.

Ce qu’il faut pour lutter pied-à-pied avec le pouvoir aux prochaines élections, c’est la capacité de mettre en œuvre des moyens financier similaires sinon plus importants.

Acheter les tribus, les notables, les religieux, les fonctionnaires, le patron et la ménagère, l’officier supérieur et le BASEP.

Aucun chef de tribu ne résisterait aujourd’hui à la remise d’un « troupeau » de tout-terrains flambant neufs et de ressources pour creuser une dizaine de puits. Aucun notable phagocytant des postes indus ne refusera de monnayer ses prérogatives contre le sonnant et le trébuchant au bénéfice de sa personne. Quant à l’intelligentsia mauritanienne, elle comprend comme on le sait une frange prête à sauter dans le premier chaudron monétaire qu’on lui présenterait.

Alors les marches de l’opposition clamant sous le soleil des idéaux et des valeurs galvanisent ceux qui y sont sensibles mais ils le suivent jusqu’à ce qu’ils trouvent le « juste prix » de leur renonciation à les défendre. En Mauritanien ; à travers les régimes militaires corrompus qui ont corrompu toute une société, les valeurs sociales sont devenue monétaires et l’idéal s’est transformé en refuge auprès de celui qui pourrait assurer la pitance et le couvert.

Alors, au lieu de penser à marcher à tout vent clamant des idéaux, l’opposition doit regarder vers trésorerie et l’évaluer ; car la vraie bataille électoral en Mauritanie, n’est ni idéologique, ni idéelle, ni même de principes c’est un bataille de la Bourse et des nantis.

Ceux qui croient que le militantisme en savates et guenilles, même organisé en partis et le militantisme à la rhétorique enflammée pour galvaniser les foules, permettront d’accéder au pouvoir, sont des perdants d’avance.  

La formule pour accéder au pouvoir en Mauritanie est la suivante : Combien de millions (de milliards) d’ouguiyas (X) je dispose pour « m’allier » un nombre suffisant d’électeurs (Y) me permettant d’accéder au pouvoir par les urnes (Z). Tout l’art de la politique du ventre ici est d’optimiser le rapport entre Y (notables influents) et X (le budget comparé au budget concurrent) pour remplir les urnes (Z).

Cette formule est basée sur les postulats suivants :
  • -          Aller aux élections sans argent est un ridicule ….électoral
  • -          Les notables et autres espèces argentées ne sont sensibles qu’à la monnaie fiduciaire.
  • -          L’idéal social, patriotique, national etc. équivaut, dans cette formule, à zéro (il annule la multiplication des efforts et neutralise leur addition)
  • -          Les militaires qui appuient le détenteur du pouvoir (actuel et futur) conçoivent leurs privilèges comme des barbelés : qui s’y frotte s’y pique. Seul des privilèges plus « privilégiant » les feront ramper sous les barbelés (exercice militaire fréquent depuis les coups d’Etat).

En définitive, si aucun parti politique mauritanien n’a les moyens de faire une campagne électorale d’abondance (et de bombance) comme le feront les potentats du pouvoir qui ont pillé l’Etat depuis 1978, et plus récemment encore, qu’il aille se convertir dans les œuvres charitables.
Si le vote du Mauritanien était un vote basé sur un militantisme idéologique ou sur une conviction d’un idéal que pourrait représenter n’importe quel citoyen à ses yeux, croyez-vous que des militaires putschistes successifs auraient été plébiscités durant des dizaines d’années par des votes « populaires » ?

Allons donc !  Pour gagner les élections en Mauritanie, il faut soit avoir les poches pleines…soit avoir la force de son côté. Un trésor (public) …ou un Bataillon (de préférence ASEP).
Une opposition pauvre, ne représente qu’une chose aux yeux du peuple : elle lui renvoie l’image de sa propre misère….et il est vrai qu’elle y est (par ses compromissions, sa faiblesse et ses divisions) pour quelque chose.

Alors en matière électorale pour les électeurs du ventre la sagesse populaire (celle qui arrange) est plus que de mise : un tien vaut mieux que deux tu l’auras.
Aller aux élections les poches pleines vaut mieux que d’y aller les musettes pleines de principes ; les secondes ne peuvent payer ce que les premières peuvent acheter….dans un pays où les valeurs sociales sont fiduciaires.

Pr ELY Mustapha

mercredi 14 septembre 2016

Le rap contestataire mauritanien : Ewlad Leblad, une anthologie de la criminalité d’Etat en Mauritanie.

eur dernier clip est une anthologie de la criminalité d’Etat en Mauritanie. Noms et photos en haute définition, le tableau de chasse du groupe de rap mauritanien Ewlad Leblad est d’autant plus riche qu’il fait le panorama de tous ceux qui depuis deux décennies au moins ont mis à sac l’économie mauritanienne. Indexant le général Ould AbdelAziz jusqu’aux barons du régime et leurs  protégés, Ewlad Leblad dénoncent le trafic de drogue, le détournement des biens publics, la corruption, le népotisme et les malversations de toute la nomenklatura politique mauritanienne.
Pourtnat, tout cela se sait en Mauritanie et les délinquants financiers et économiques d’Etat courent les rues sans être inquiétés. La justice est souvent de leur côté et leurs alliés aussi. Des procès bidon, des simulacres de jugements et des  peines dont le prononcé ressemble à des règlements de compte de juges en services commandés. Un adolescent jetant une chaussure à un porte-parole du gouvernement écope de trois ans de prison, un ministre détournant (et le disant) de façon notoire des milliards et mettant à genoux des entreprises publiques et des projets nationaux est nommé à la tête d’institution financière internationale. Les exemples foisonnent.

Ce qui est certain c’est que le tableau des personnages et les méfaits que rapportent Ewlad Leblad sont connus de tous, toutefois (et c’est là leur grand mérite),  ils les  mettent sous forme de Rap pour atteindre la masse silencieuse qui attend qu’on les crie puisque, face au régime actuel, elle est sans voix. Sans voix, du fait de l’oppression policière, de la justice instrumentalisée et de la nomenklatura qui porte à bout de bras un régime qui partage avec elle les ressources  du pays.
Faisant l’objet d’agressions, d’emprisonnement  et d’intimidation les membres de ce groupe de rap n’ont cependant pas baissé les bras.
Leur récente vidéo constitue certainement une référence non seulement pour le présent mais aussi pour le futur à l’image de ce que,  en son temps,  XouldY, le célèbre bloggeur avait fait en publiant la liste des 500 corrompus du régime de Ould Taya. Un succédané des régimes militaires successifs qui ont miné le pays. Les noms et  les visages de la corruption du pays sont désormais « rapés » dans la mémoire et gravés dans le numérique …pour une justice à venir d’un avenir certain.
Pr ELY Mustapha

dimanche 11 septembre 2016

Le syndrome Ribat el Bahr, ou comment la mafia mauritanienne pénalise le développement.

Le promoteur immobilier saoudien Tanmiyat, et partenaires  avaient lancé en Mauritanie la construction d’une ville balnéaire (comprenant une marina) s’étendant sur 8 km².
En Novembre 2010, Ould Abdel Aziz avait donné le coup d'envoi (au Km 7 sur la route Nouakchott-Nouadhibou) pour le lancement des travaux d'une nouvelle ville répondant aux normes de la modernité dénommé " Ribat Al Bahr".
« La ville, qui disposera de tous les services nécessaires, tire son nom du "Ribat" créé par l'érudit Abdallahi Ibn Yacine, qui a constitué le point de départ de l'Etat des "mourabitounes".
Le projet, le premier de son genre en Mauritanie et dont le coût global est de 3 milliards de dollars, accueillera une population de 50 000 personnes disposant de tous les services nécessaires. Il sera exécuté par le groupe mauritanien pour l'investissement avec la participation d'un certain nombre d'investisseurs et de partenaires étrangers, à leur tête l'établissement islamique pour le développement du secteur privé relevant du groupe de la Banque Islamique de Développement (BID).
Le projet comprendra des quartiers, des places de loisir, des infrastructures sanitaires et scolaires, des complexes commerciaux et d'autres services nécessaires à la vie moderne. » (AMI)
Où en  est actuellement ce projet  6 ans après?
Le site dédie à ce projet (http://ribatalbahr.mr) ne répond plus.
Un archive récupérée de ce site définit son Master plan.
« Le projet couvre une surface totale de 675 hectares dans un site particulièrement intéressant, au nord de la ville de Nouakchott dans le prolongement de la zone de Tavregh-Zeina à 7 km du centre ville et 16 km du nouvel aéroport international de Nouakchott, Il est délimité à l’Ouest par l’océan atlantique et à l’Est par la fameuse autoroute reliant l’Europe et l’Afrique subsaharienne à travers Nouadhibou.
Le projet comprend des zones résidentielles dont chacune dispose de structures sanitaires, scolaires, et de services, tous accessibles aux habitants en moins de 7 minutes de marche. Il comprend également une zone touristique dédiée aux complexes touristiques et hôtels, une zone réservée aux bureaux avec un quartier financier et d’affaires, un centre commercial moderne et d’autres équipements importants. »
Le site physique est fermé depuis 2013 et les images satellites de la localisation géographique de ce projet montrent en septembre 2016, les mêmes infrastructures que celles qui s’y trouvaient quelques mois  son  inauguration en 2010: une route bitumée et une petite construction lotie
Voici les images :
En 2011


En 2016 :



Que s’est-il donc passé pour qu’un projet grandiose lancé en 2010, suivi jusqu’en 2013 soit complétement caduque trois ans plus tard. Du côté du gouvernement mauritanien et de la nomenklatura, c’est le silence total.
Mais des sources externes affirment que le promoteur saoudien, et ses partenaires se sont désistés suite aux tracasseries des autorités mauritaniennes et de leurs mandataires. Entendez par là, toute la nébuleuse mafieuse qui s’est accrochée au projet pour soutirer des investisseurs les pots de vin et autres commissions qui ont fait que la Mauritanie est classée parmi les Etats les plus corrompus au monde. Ratant un investissement de plus de 3 milliards de dollars mettant en jeu des sociétés prestigieuses (de promotion immobilière, de bâtiment,  d’architecture et de design etc.) et qui de leur avis constituait une valeur ajoutée certaine pour l’économie nationale. Ci-après, a page du site disparu (rubrique « ils ont dit ») :

Ismail o. Bodde o. Cheikh Sidya
Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire

«En plus de sa connotation historique liée à l’identité du pays et source de fierté pour tout les mauritaniens, RIBAT ALBAHR s’insère parfaitement dans le cadre de nos priorités en raison de son impact positif sur l’économie mauritanienne à travers la mise en place d’un habitat adéquat et la création d’emplois pour les jeunes ainsi que le développement des infrastructures de la ville de Nouakchott.

Khaled M. Al-Aboodi
Président du Conseil d’Administration de MMI.sa

CEO/Directeur général de La Société Islamique pour le Développement du Secteur Privé

RIBAT ALBAHR représente une entité urbaine indépendante et comporte des zones résidentielles, touristiques et d’affaire, et profitera de réseaux modernes de routes, d’assainissement, d’eau, d’irrigation, de transport, ainsi que les équipements de santé et d’éducation nécessaires et de nombreux équipements utiles pour la ville de Nouakchott et qui feront assurément du projet une destination distinguée.

Sulyman A. Aziz Al-Majed
Président du groupe TANMIYAT


Je pense que la vision de Ribat Albahr en soi, représente un important changement d’orientation du développement immobilier en Mauritanie et un exemple de ce que, ce beau et enraciné pays, mérite comme développement immobilier, que j’ espère, va participer au renforcement du niveau de vie pour qu’il reste proportionnel avec les prometteuses perspectives économique du pays.

Abdul Samie El fadil
Chairman AQTAR

Nous travaillons pour faire profiter RIBAT ALBAHR des meilleures compétences et des expériences internationales les plus riches, en matière de gestion des infrastructures et équipements publics, et nous visons dans ce domaine à contracter avec les plus grandes sociétés de façon à transférer leur compétence au projet.

Shaikha El-Arfaj
Directeur général PACE

Le projet RIBAT ALBAHR se caractérise par l’adoption de standards internationaux au niveau de la conception, ce qui lui ouvre largement la porte pour concurrencer des villes modernes. La prise en considération du souci environnemental et l’intégration de concepts environnementaux nouveaux lui confère le statut de ville verte par excellence.

Adel Karam Jemah
Directeur général TPM engineering Dubai


En plus de son enracinement profond dans l’histoire et son aspiration à l’avenir, RIBAT ALBAHR représente une oasis de l’investissement et un lieu idéal pour habiter, travailler, se reposer et se divertir.

Zakıyoulahı Sow
Directeur général TAMWEEL AFRICA

Aussi bien en quantité qu’en qualité, RIBAT ALBAHR sera probablement le plus important projet immobilier dans la région de l’Afrique de l’Ouest et il est sûre que de nombreuses institutions financières vont chercher à l’accompagner.

Rachid Lazrak
Directeur Général LAZRAK IMMOBILIER

A mon avis ce qui caractérise le plus RIBAT ALBAHR en tant que projet c’est surtout la conjugaison de toutes ces compétences complémentaires. Pour cette raison je m’attends à ce qu’il constitue une expérience unique dans la région.

Shahvand Yousefizadeh
Architect/ PACE


L’idée de conception du projet RIBAT ALBAHR implique de proposer la meilleure exploitation possible du site et la création d’une hiérarchie logique entre les différents espaces dans le respect de l’échelle humaine, ainsi que l’organisation du projet de façon à favoriser des relations de voisinage exemplaires et la création d’une ville mauritanienne où la marche sur pieds est agréable.

José Maria Aguirre Vila-Coro
AAA ARQUITECTOS


Je m’attends à ce que la mise en œuvre de cet ambitieux et fascinant projet, soit accompagnée par un changement radical dans le niveau des services et équipements commerciaux, et en tant qu’architecte je suis heureux de participer à ce changement.

Juan Manuel Palerm
Architect / Palerme & Tabares de Nava

De toutes les dimensions, l’expérience de conception du parcours piétons du RIBAT ALBAHR est une expérience digne d’intérêt et j’espère voir RIBAT ALBAHR devenir une destination distinguée pour tous.

La viabilité d’un projet et sa réussite, étant proportionnelles à la mentalité de ceux qui en bénéficient, en Mauritanie, son avenir est aussi incertain que les villes ensablées.
Le népotisme et la corruption sont aussi mortels pour les projets en particulier que pour le développement en général.
Que reste-t-il  désormais de ce grand projet ?
Rien. Du vent, du sable,  un Etat qui n’est pas à la hauteur de sa mission et ….une belle vidéo.




Pr ELY Mustapha

vendredi 9 septembre 2016

PING ! BONGO ! : l’Ethnisman gabonais.

Tout a commencé le jour où le Président Gabonais, Ali Bongo, décida de ne pas apporter son soutien à Jean Ping pour sa reconduction à la tête de la Commission de l’Union Africaine. 

Déraciné par son propre camp de son juteux poste bureaucratique, sur lequel il trône depuis des années, Jean Ping décida à son tour de déraciner son déracineur. Il déclara qu’Ali Bongo, n’était pas le fils de son père !  Il était, selon lui et ses partenaires,  une enfant adopté et donc pas gabonais pur-jus. Le stratagème empêcher Ali Bongo de se présenter aux présidentielles en invalidant sa candidature par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap). Cela ne se fit pas. Ping ! Ce fut le début du match.

Ali Bongo supprima au fur et à mesure tous les privilèges et autres prébendes des anciens ministres de son père, et dont certains exercèrent sous sa présidence dont Ping lui-même. Le feu prit aux poudres et ce fut la haine.
On ameuta le terroir, les cantons, les villages et ont se « coagula » en clans, ethnies et on canalisa le tribalisme, le régionalisme, le clanisme, « l’éthnicisme » vers les urnes. On vota avec le rictus de l’homo sapiens rassuré par la formation en grappe de sa tribu encerclant le mammouth.
Jean Ping,  hérita par sa mère du vote des  nkomi de l’ethnie des Myènè. Les composantes de cette communauté (Orungu de l’Ogooué-Maritime et les Galoa du Moyen-Ogooué) votèrent également  pour lui. De même que les Mpongwé et les Fang, qui peuplent la province de l’Estuaire.
Quant à Ali Bongo il se fit porter par la province familiale  Haut-Ogooué, qui vota quasiment à 100% pour lui. Il bénéficia aussi d’un vote « revanchard » dans les provinces de certains de ses collaborateurs qui l’avaient lâché (notamment à Moanda,  Mounana, Koulamoutou dans l’Ogoué-Lolo).
Et les résultats furent proclamés.
Jean Ping, déclaré vaincu, se déclara président. Ali Bongo, déclaré vainqueur, déclara Ping vaincu.
Le « ping ! bongo ! » Se continua alors dans la rue et le pays est mis à feu à sang. Les deux tristes sires se livrèrent à la violence. Le premier commandant la répression de la violence et brûla le siège du second. Le second jeta de l’huile sur le feu en refusant de calmer ses troupes ; et la violence fut rendue par la violence.
Pourtant jean Ping lorsqu’il était à la tête de la commission africaine a toujours prôné  « le respect de la volonté du peuple et la reconnaissance de ses choix ». Mais le pouvoir corrompt. Et quant à lui se juxtaposent les manœuvres, pressions et partis-pris de puissances occidentales intéressées, il corrompt absolument.
Voilà à quoi ressemble, comme toujours, l’Africain assoiffé de pouvoir ; brûler tout sur son passage. Ce ne sont ni les valeurs républicaines qui l’animent, ni l’intérêt de son pays. Il se fait porter par des ethnies pour en assujettir d’autres et n’accède au pouvoir que pour servir se servir et servir la sienne au prix du sang de ceux qui ont cru en lui. Pauvre Afrique.

Pr ELY Mustapha

jeudi 8 septembre 2016

De France en souffrance : Qui veut de la Présidence française ?

C’en est fini du « gros », c’en est fini du « petit ». Le premier, aux commandes, est en chute libre ; le second, prétendant aux commandes, est au bord de la correctionnelle. Diagnostic : le premier qui se présentera aux prochaines présidentielles françaises, l’emportera. Qu’il ait un nom d’immigré, même hongrois, ou sonnant Pays-Bas, pourvu qu’il ne soit ni Sarkozy, ni Hollande, ses chances sont certaines.
Vus d’ici (du mont escarpé du sous-développement), les français entassés dans le boat people « France » cherchent un capitaine et tout ce que les citoyens-rescapés (sociaux, économiques, financiers etc.) des dernières élections françaises voudraient, c’est éviter d’échouer sur les fadaises de leur classe politique.
De fadas, de Présidents, ils en ont eu. Des présidents qui n’ont même pas la classe de « Présidents français » comme celui qui les traitait de veaux et qu’ils appréciaient tant du haut de ses deux mètres.
 Les présidents typés à la fière allure, au verbe tonnant et au charisme attachant, c’est fini. Les rabougris aux idées par devers, les trémoussants au hic sonnant, en veux-tu en voilà. Les français ont bien touillé de leurs bulletins de vote une mayonnaise politique qui n’a pas pris. Et pour cause, leurs politiciens leur proposaient une omelette aux œufs de dindons de la farce.
Alors qu’ils auraient dû avoir des présidents qui « président » à une destinée prospère de la France, ils eurent pour Présidents, des gestionnaires de crises provoquées, des extincteurs d’énormes pétards dont l’explosion n’est pas étrangère à leur politique intérieure et extérieure et qui détournent les regards des vrais problèmes, dans lesquels s’embourbent les français, vers les burkinis et autres tissus divins.
Mélenchon, Macron, Le Pen, Myard, Troadec, Arthaud, Dupont-Aignan, Poutou, Yade etc. etc. ….à l’attaque !
L’Elysée sera bientôt libre. Le locataire sera prochainement sorti avec son mobilier politique. Et le prétendant, ancien-président, potentiel « correctionnelle », risque fort de loger derrière d’autres grilles.
 Alors candidats, fourbissez vos armes car il n’est pas dit que les français voteront pour vous (couleurs, programmes etc.) mais voteront pour celui qui les aidera à se débarrasser… de celui qui y est déjà. Comme le fut le vote par défaut lors des dernières présidentielles, un vote de détresse.
Depuis que la politique française est devenue un « courant » idéologique continu, il n y a plus de courant idéologique alternatif pour alimenter le choix des électeurs. Une droite arrivée au pouvoir qui nomme des socialistes ministres de son gouvernement, une gauche qui arrive au pouvoir et qui interdit les grèves… La politique française est en perpétuelle électrocution. Le vote des français n’est plus donc qu’un appel institutionnel au secours pour remplacer des ampoules grillées au plafond de l’Etat.
 Avec la finance internationale qui met à genou l’économie française ; à travers une allégeance de ses dirigeants au nouvel ordre économique mondial et ses promoteurs banquiers ; avec l’acquisition de ses fleurons industriels et commerciaux par les multinationales américaines ; avec son assujettissement au dictat des Etats-Unis sur l’ensemble de sa politique internationale avec les conséquences que l’on sait ( affaiblissement de son économie , secousses sociales, violences déterminées et indéterminées), la France est en souffrance.
Au-delà des interminables sondages d’opinion, des statistiques, des enquêtes et autres instruments d’analyse de l’opinion du français lambda, une chose est certaine : les français sont malades de leurs dirigeants. La classe politique française actuelle, s’alternant au pouvoir sans idéologie, sans idées et surtout sans vision partagée en est le principal syndrome.
Alors qui veut de la présidence française ?
Beaucoup « candidatent » déjà. Des connus, des moins connus, des inconnus… certains trainant des programme, d’autres des casseroles ou les deux à la fois. Il y a les grandes gueules, les petites gueules, les insituables, les situés, les va-t-en-guerre, les aigris, les bouge-toi-c’est-mon-tour, les partis-revenants…
Les français n’ont que l’embarras du choix, mais ce qui les mettra certainement dans l’embarras lors du choix de leur président, c’est de se retrouver dans une situation ou leur vote républicain ne soit plus, sous la manipulation des lobbies économico-financiers et l’influence des médias de groupes qui y sont assujettis, qu’un appel à un secours qui ne vient pas. Alors le premier qui ….a un nom d’émigré, même hongrois, ou sonnant Pays-Bas, pourvu qu’il ne soit ni Sarkozy, ni Hollande, etc. etc.
Pr ELY Mustapha

lundi 5 septembre 2016

Combattre autrement : le Talon d’Achille de nos dictatures.

Nos dirigeants sont médiocres et ce qui les maintient au pouvoir, ce n’est ni leur intelligence, ni leur intégrité, ni même leur capacité à comprendre ce qu’ils font. Leur médiocrité est telle que leur main gauche ne sait même pas ce que fait leur main droite. Frappés d’une schizophrénie du pouvoir, ils manipulent, se servent et sacrifient tout pour se maintenir au pouvoir. Et ils se maintiennent malgré la volonté du peuple, malgré les cris et les souffrances des opprimés et, contre tout, ils affichent leur arrogance sous le couvert d’une légalité usurpée et d’une légitimité qu’ils n’ont jamais eue.
Comment les combattre ?
D’abord,  un  constat : Les énergies de toutes les entités,  personnes physique  (opposants) ou morale (partis politiques, associations etc.), qui combattent nos régimes véreux  sont toujours  focalisées sur le détenteur du pouvoir. Ce dernier est le point de mire de toute opposition qui fait de son départ,  l’objectif ultime.
Or cette focalisation sur la personne du détenteur du pouvoir est la grande erreur commise par toute opposition qui voudrait atteindre ses objectifs.
La raison à cela est la suivante et découle de ce qui a été dit plus haut sur la médiocrité de nos dirigeants : Ils ne tiennent pas par eux-mêmes, mais grâce à ceux qu’ils utilisent.
De ceci nous tirons la règle suivante : pour combattre et faire tomber un dictateur, il faut s’attaquer à ses collaborateurs.
Ces derniers ne sont ni plus ni  moins que le véritable moteur qui maintient la dictature en marche. Ils sont son talon d’Achille. Son point faible. Et c’est en frappant son talon d’Achille que l’on met à genou le système qui le porte.
En effet, nos dictateurs s’entourent de personnes qu’ils choisissent pour leur nature rampante et corvéable et utilisent leurs compétences pour se maintenir au pouvoir. Ces personnes, souvent sans foi ni loi, obéissant au doigt et à l’œil pour des raisons bassement matérielles ou cyniquement personnelles, travaillent pour la pérennité de leur maitre.  Ce sont des ministres, des conseillers, des Présidents directeurs généraux, des présidents de partis, des gradés militaires et sécuritaires.
Ce constat nous indique qu’une stratégie nouvelle se doit d’être adoptée, qui doit déplacer le centre de mire du détenteur du pouvoir vers ceux qu’il instrumentalise pour continuer à exister et sévir
Ceci correspond à neutraliser l’ennemi en le privant  de ses munitions. Un général qui n’a pas accès à son arsenal se rendra forcément.
En effet, les collaborateurs de nos dictateurs, sont les véritables responsables des actes de ces derniers. Ce sont des exécutants complices, connaissant pertinemment la portée de leurs actes et les méfaits qu’ils engendrent.  Ils s’associent à leurs méfaits et à ce titre se doivent d’être les premiers la cible de toute action visant à faire tomber un régime dictatorial.
Cette stratégie du talon d’Achille, se doit d’être adoptée par toute opposition qui aspire à une alternance au pouvoir.
L’alternance étant confisquée à travers un « fonds » de collaborateurs (civils et militaires) que le dictateur utilise pour manipuler tout le système qu’il soit social, économique et financier. Il faut donc saper ce « fonds » car c’est de lui que le dictateur tire sa capacité à se maintenir.
Ce fonds d’individus, rampants, corvéables à tous les échelons de l’Etat sont identifiables et identifiés.
Comment s’y prendre ?
Le premier moyen est la dénonciation publique. Il faut « décortiquer », le présent et le passé du collaborateur, vérifier ses compétences mettre à nu ses activités et décrier ses actes à l’échelon national et international.
Le second moyen est la dénonciation directe : il faut écrire à l’intéressé et à son entourage,  le mettre devant ses responsabilités et en informer les structures nationales et internationales présentes dans le pays.
Le troisième moyen est la publicité : organiser des forums et des conférences sur les « collaborateurs » du régime et informer le public sur les résultats d’enquêtes à leurs propos.
Le quatrième moyen est la contre-expertise : s’allier à des compétences dans les domaines clef de l’action de l’Etat (social/économique/financier etc.) et dénoncer à travers des  études et rapports les incohérences des actes des collaborateurs (ex. un audit des finances publiques/un audit sécuritaire etc.). Et saisir les tribunaux et les instances internationales sur la base de ces rapports.
Le cinquième moyen est la sommation : sommer nommément les collaborateurs du régime, à travers des actes collectifs (pétitions/lettres ouvertes)  à se dédouaner de celui-ci  et en informer l’opinion nationale.
Le sixième moyen est la mise en garde : appeler les instances nationales et internationales (économique/financières) à ne pas engager le pays à travers les collaborateurs du régime en les  catégorisant et en informant largement à leurs propos (corruption/détournement…)

Quels sont les effets de tels moyens ?
D’abord dénoncer et informer sur les « instruments » humains qu’utilise le dictateur pour se maintenir. Ensuite, créer un réflexe citoyen et une culture de dénonciation des  collaborateurs afin de les mettre sous l’éclairage des médias et engager publiquement leur responsabilité dans les affres que vit le pays. Enfin, envoyer des signes forts de dénonciation des actes du régime à travers l’indexation publique de ses collaborateurs.

L’application de la stratégie au cas Mauritanien
Soumise de façon permanente au syndrome d’un dialogue fiévreux qui la divise, l’appâte et l’humilie, l’opposition, main-tendue, attend tout du détenteur du pouvoir. Elle est entièrement focalisée sur lui et croit que ce détenteur du pouvoir, ce général putschiste, est la clef de l’alternance politique à laquelle elle aspire.
S’il en est le visage, il n’en est pas le moteur. Celui-ci est représenté par quelques individus qui le conseillent, le manipulent au gré de son humeur. Ce sont ses missionnaires et autres dispensateurs de coups bas tels qu’engendrer la zizanie dans l’opposition en miroitant pour les candidats au dialogue, des avantages qu’ils font valider par le détenteur du pouvoir. Le Secrétariat général du gouvernement est le fief de ces collaborateurs appuyé de transfuges du parti dit de la « majorité » qui jouent, tout azimut, la carte du dialogue. Ressortie au gré des humeurs du général et appuyée par le « fonds » de collaborateurs mentionné, la carte du dialogue est « jouée» avec les  parties, les tribus, les lobbies et autres centres de déstabilisation de l’opinion et des institutions. C’est là, le premier fief de collaborateurs.
Le second fief de collaborateurs qui fait tort au pays est celui composé par le BASEP. Ce bataillon militaire que le général engraisse lui sert pour contrebalancer le reste de l’armée et la tenir en respect. Ainsi une  poignée de soldats, obéissant au doigt et à l’œil du général, lui permet de dissuader toute une armée. Mais cela n’est pas sans raison puisque ceux qui sont aux postes-clefs de cette armée font partie du fonds de collaborateurs qu’il convient de dénoncer. Ils assurent la pérennité du régime en recevant les contreparties et autres avantages figurant dans un budget de l’armée chasse-gardée du pouvoir.
Le troisième fief de collaborateurs est le Gouvernement. Les ministres-porte- serviette qui se coupent en quatre pour rester à leurs postes en s’agrippant  aux moindres mots du général pour les exécuter dussent-ils aller à l’encontre des intérêts du pays. On a vu le bradage des écoles et des marchés publics, la liquidation du fonds national des hydrocarbures, la fraude aux marchés publics (aéroport et autres) etc. etc. La  fraudes à l’éducation nationale, la corruption, la falsification  etc. etc. Le bradage des terres du domaine public, le détournement des fonds des entreprises publiques (SNIM), les denrées des sociétés (SONIMEX) etc. etc.
En sommes un fonds de collaborateurs qu’il faut dénoncer et poursuivre si nécessaire en justice tant les faits et les preuves sont disponibles pour les inculper. Ils sont les exécutants aveugles de la volonté du général et à ce titre leur collaboration est aussi néfaste pour le pays que la présence du général lui-même à la tête du pays. Ils doivent être la cible de toute action visant à dénoncer, informer et (faire) condamner cette collaboration avec le régime qui détruit le pays.

Les conditions de mise en œuvre de la stratégie
Cette stratégie requiert des conditions à l’échelle institutionnelle  (opposition) et individuelle (libre conscience)
Les conditions institutionnelles sont une opposition :
  • déterminée à exercer son rôle institutionnel avec dignité
  • qui ne transige pas avec le pouvoir par le dialogue
  • qui a les moyens humains et matériels de son action
  • qui ne soit pas minée par l’opportunisme
  • qui sait se différencier par des actes exemplaires sans transiger sur ses principes
  • qui a des leaders qui ne craignent que leur conscience
  • solidaire et sans dissensions sur son but et sa mission institutionnels
  • qui n’intègre pas le tribalisme, le régionalisme et autres vicissitudes, instruments du pouvoir en place, dans sa pensée.
  • non infiltrée par les collaborateurs du pouvoir et ayant une neutralité respectée.
Les conditions individuelles (libre conscience) concernent les personnes qui  s’inscrivent dans le combat contre l’hégémonie et la dictature et qui,  de leur côté,  mettent en œuvre cette stratégie. Ils doivent avoir la capacité :
  • de s’impliquer personnellement dans la dénonciation des collaborateurs de la dictature
  • de s’appuyer sur des réseaux permettant de retrouver, vérifier et recouper l’information
  • d’être intègre dans l’appréciation des actes des collaborateurs du régime
  • de résister aux influences et autres actes d’intimidation.
  • d’utiliser avec efficience les réseaux sociaux et les médias pour véhiculer les dénonciations et ales indexations d’individus instrumentalisés par le pouvoir.
Il est vrai que même si l’opposition actuelle en Mauritanie ne remplit pas encore ces conditions  (et  les individus de libre conscience, appliqués à dénoncer, en leur âme et conscience  le régime et ses collaborateurs, ne courant pas  les rues ) , la stratégie n’en est,  cependant,  pas  affaiblie puisque rien ne dit que, face à la stérilité des moyens actuellement utilisés, son intérêt pour la lutte contre le pouvoir à travers ses collaborateurs, ne s’impose pas par lui-même.
En conclusion, il reste que tant que les détenteurs de pouvoir,  illégal et illégitime, s’appuient sur leurs troupes de collaborateurs pour se maintenir, manipuler le système, aliéner le peuple et le réduire à la misère, la neutralisation (par les moyens mentionnés) de ces collaborateurs constitue une stratégie dont les résultats saperont les instruments  humains du régime, en dissuadant et avilissant (ne serait-ce qu’avec le temps),  toute velléité de le servir.

Pr ELY Mustapha

lundi 15 août 2016

Le secret de Mohamed Lemine Ould Dadde révélé : De la résistance à l’inconscience



En sortant de prison en 2013 Mohamed Lemine Ould Dadde avait purgé deux ans de prison. Il revient aujourd’hui en conseiller à la présidence et ce ne sont pas ses compétences qui sont à mettre en doute mais sa conscience d’homme libre. Il fut libéré après avoir été reçu en audience (encore prisonnier en liberté provisoire) par le général Aziz  et nous avions consacré un article la me année au secret de cette libération après cette singulière audience,  le voici. Cette nouvelle nomination de Ould Dadde, nous donne raison : le secret de l’entretien bien gardé était bien un deal dont le dénouement vient d’arriver. Résistance et  inconscience ne font pas bon ménage.

 Deux ans de cachot sans autre forme de procès si ce n’est celui d’un semblant d’audiences où ses avocats plaidaient dans un désert de Justice où les juges aux ordres manipulaient la balance du droit et de l’équité. Ould Dadde est désormais libre…provisoirement. C’est autant dire que le régime ne l’a pas encore lâché. Même si de l’étranger il pourrait ne pas revenir…à moins que le secret qu’il garde ne l’incite…à revenir.

Ce secret c’est celui de l’entretien qu’il a eu avec Ould Abdelaziz suite à l’audience qu’il lui a accordée à sa sortie de prison.

Nulle part Ould Dadde n’a voulu révéler le contenu de l’entretien qu’il a eu avec son général de geôlier. A la question d’une journaliste de Jeune Afrique, en 2013, sur la teneur de cet entretien Ould Dadde a répondu : « Je garderai ça pour moi »

Qu’est-ce qui dicte à Ould Dadde, de garder le secret de cet entretien ? Un esprit libre, communicatif et de surcroit indépendant n’aurait pas hésité à divulguer l’information. A moins…à moins que Ould Dadde, ne veuille bien cacher et taire des choses que le général lui aurait divulguées. Mais taire un secret ne peut être dicté que par les raisons suivantes :

- Le dépositaire du secret (ould Dadde) est lui-même concerné et le divulguer va lui porter tort;
- Le dépositaire du secret sait que la personne qui le lui a confié est concernée et donc le divulguer va encore lui porter tort;

- Le dépositaire du secret s’est engagé à ne pas le divulguer en contrepartie de quelque chose;
- Le dépositaire du secret craint pour sa personne en le divulguant.

A l’évidence Ould Dadde semble tenir à ce secret et cela n’arrive qu’à ceux qui sont convaincus que la révélation d’un tel secret portera préjudice soit à eux-mêmes soit à autrui. Ould Dadde n’échappe pas à ce raisonnement.

Toutefois, en accordant une interview Ould Dadde ne sait pas qu’il a révélé « sans le savoir » un pan important de ce qu’il tait.

L’analyse de l’interview montre un ensemble d’indices et de prises de position de Ould Dadde qui montrent que le personnage a subi un « traitement » spécifique qui lui dicte son attitude.

I- La « machination de…la vielle garde

Le premier terme utilisé par Ould Dadde dans son interview c’est celui de « machination », il dit texto : « ce qui m’est arrivé a été orchestré par la vieille garde ».
C’est qui la « vieille garde » ? Celle « qui rejette tout changement en Mauritanie ».
On l’a donc compris le message que Ould Dadde veut passer c’est que Aziz n’y est pour rien. Qu’il n’a rien à voir avec son limogeage ni son incarcération depuis plus de deux ans !
Ould Dadde a croupis en prison à cause d’une « vieille garde ». Il aurait pu ajouter que c’est cette même « vieille garde » qui a jeté Ould Khattri et ould Waqef en prison, qui a maintenu durant des mois d’anciens gestionnaires publics (Air Mauritanie, Mauritania airways, Sonimex etc.) en prison sans procès et qui a encore libéré tous les détenus dans les affaires mafieuses et de drogue…
La « vieille garde », allons donc !
Aziz a bien embobiné le personnage. Cette construction « vieille garde », colle bien à la personnalité du général qui a bâti sa gestion du pouvoir sur la paranoïa, la crainte de l’ennemi intérieur- extérieur. En recevant une balle amie, cela s’est encore affermi.
Ould Dadde, ayant plongé dans le milieu politique sait que dans le régime de Aziz toutes les « gardes », c’est lui. La vieille garde, la nouvelle garde et la garde présidentielle. Il a tout assujetti à travers la dilapidation du Trésor public, la corruption, le trafic d’influence et le népotisme.
Si aujourd’hui Ould Dadde nous dit qu’il a été victime d’une « vieille garde », c’est soit il ne connait pas Aziz (qui ne s’écoute que lui-même) soit il est sciemment en train de jouer son jeu. Et dans les deux cas, il est perdant.
A quel jeu joue alors Aziz en « désinformant » ould Dadde ? Et à quel jeu joue Ould Dadde en acceptant d’être désinformé ?
Ce que sait certainement Ould Dadde, c’est que sa libération, il ne la doit en rien à un quelconque procès mais à une instrumentalisation de sa libération à la veille d’échéances électorales, pour lesquelles Aziz se prépare et se voudrait donc sans reproches. Libérer Ould Dadde est un geste comme on dit politiquement « d’apaisement »  et de « neutralisation » de ses détracteurs. Socialement et tribalement.
L’on ne pourrait croire que Ould Dadde ne le sait pas. Comme l’on ne pourrait pas croire qu’il puisse si facilement accorder une bonne foi à un général qui l’a écroué pendant des mois.
 
II- Le régime d’Aziz: tout est beau tout est gentil

Au vu de l’audience qu’il a eue avec Aziz et ses interventions dans la Presse Internationale, il semble hélas que Ould Dadde n’a pas retenu la leçon de son aventure dans les cercles du pouvoir. Un pouvoir mal acquis, usurpé et omnipotent. Ould Dadde est-il conscient que sa résistance, risque de succomber à sa conscience ?
Après sa libération  à la question d’une journaliste de J.A : « Pourquoi avez-vous accepté en septembre 2008, le poste que vous a proposé « Aziz » ?
Ould Dadde répond : « Parce qu’on m’offrait la possibilité d’atteindre des objectifs pour lesquels je le suis toujours battu qui, plus est au sein d’un gouvernement qui a réalisé des avancées significatives sur les questions nationales »
En 2008, le gouvernement c’était celui d’Aziz issu d’un putsch, de quelles « avancées significatives », s’agit-il ?
N’ignorant cependant rien de ce qui s’est passé en 2008 et 2009, Ould Dadde semble avoir perdu toute conscience de la réalité des faits. La Prison a-t-elle brisé à ce point sa résistance ?
En fait, il y a tout au long du parcours de Ould Dadde trois périodes distinctes. En fait trois personnalités différentes.
La période commençant avant son entrée au gouvernement de Aziz : celle de la diaspora, de l’exil « loin de yeux, loin du cœur ». Durant cette période Ould Dadde faisant son bonhomme de chemin de militant, en France notamment avec ses partisans et ses alliés. Cette période se caractérisait par la continuité d’une résistance conformément à sa conscience.
La période d’entrée au gouvernement d’Aziz : C’est la période où Ould Dadde décida de rejoindre « Aziz ». Et c’est là où le personnage confondit entre conscience et résistance. Abandonnant sa résistance il se fit bonne conscience de se mettre au service du putschiste. La résistance de la conscience a-t-elle des limites ? 

Toujours est-il, qu’en lui accordant la bonne foi de sa conduite, il la paya cher. Nous avions consacré des écrits à cette période. Voir notamment :

Le bouc Commissaire (http://haut-et-fort.blogspot.com/2011/06/le-bouc-commissaire_4633.html)

La “jurisprudence” Ould Dadde (http://haut-et-fort.blogspot.com/2010/10/la-jurisprudence-ould-dadde_4326.html)


Au vu de l’interview, Ould Dadde semble vouloir trouver un justificatif à tous les actes de Aziz.

Les juges ?

Les juges c’est malgré eux qu’ils condamnent car, selon Ould Dadde, « ils craignent les affectations administratives et cherchent à plaire à ceux qui peuvent les leur éviter ». Donc ils ne sont pas indépendants.

Mais Ould Dadde avoue par là-même que c’est Aziz qui l’a condamné. En effet qui décide des affectations des juges et qui peut leur éviter de telles affectations? ». Le PM ? Le ministre de la justice ? Allons donc. 

L’opposition ?

Elle rejette tout. « Les homme politiques devraient s’efforcer de redonner aux Mauritaniens confiance en leurs institutions plutôt que de les diaboliser. Il faut cesser de rejeter en bloc tout ce qui est entrepris ».

Pour Ould Dadde le slogan de l’opposition « Aziz dégage ! » ne peut « pas tenir lieu de programme » !
Mais alors sur quel programme Ould Dadde a rejoint Aziz après son putsch ?

Difficile à dire. Mais un indice dans l’interview le laisse entrevoir. Voici, texto, ce que répond Ould Dadde à la question : « Appartenez-vous à un parti politique ? »:

« Je n’appartiens à aucun parti, ni de la majorité, ni de l’opposition. Je suis une personnalité politique nationale qui se positionne par rapport à un programme. En 2009, Aziz a été élu sur la base d’un programme et non pas d’alliances tribales. »

Jusque-là le discours de neutralité de Ould Dadde semble tenir la route, c’est après que les choses deviennent graves tant pour la résistance que pour la conscience de « la personnalité politique nationale » par laquelle Ould Dadde se définit.

Il poursuit en disant : « Ceux qui proposeront des solutions concrètes pour la stabilité et le développement du pays me retrouveront à leurs côtés ». 

En d’autres termes, qu’ils soient putschistes, illégaux, tyrans, dictateurs, Ould Dadde n’hésiterait pas à les rejoindre pourvu qu’ils « aient des solutions pour la stabilité et le développement du pays ».
En somme, un serviteur public dont la conscience tient à un programme pas à des idéaux démocratiques, de liberté et de justice. Ainsi Ould Dadde rejoignit Aziz doublement putschiste piétinant la démocratie et les droits constitutionnels du peuple parce que dit-il « en 2009, Aziz a été élu sur la base d’un programme » !

Ceci est d’autant plus inquiétant, que non seulement Ould Dadde a rejoint un soi-disant programme d’Aziz mais qu’il se retrouva en prison et n’en tira aucune leçon si ce n’est d’être, à mots couverts, un laudateur du régime qui la brisé.

Alors vraiment, est-ce ce Ould Dadde, membre de la diaspora, qui s’est brûlé les ailes au contact du pouvoir qui devait apparaître ? Certes non.
Alors que s’est-il donc passé pour qu’Ould Dadde sorti de prison soit si clément avec le régime qui l’a terrassé et avec son général de geôlier ?
Tout tient dans la teneur dans l’entretien qu’il a eu avec Aziz à sa sortie de prison.

III- Le contenu de l’entretien : « si tu…je… »

Quand un prisonnier qui se proclame innocent avec des preuves tangibles sort de prison, il est rare qu’il rencontre son geôlier soit sur sa requête, soit sur celle du premier.
Cependant si cela arrive, il y a fort à parier que l’entretien qui en résultera ne peut être basé que sur l’une des trois attitudes du geôlier à l’égard de son visiteur :
- S’il veut continuer à clamer son innocence et à me défier, je le rejette en prison
- S’il veut collaborer même indirectement je lui épargne la prison, je lui prouve que je ne suis pour rien dans ce qui lui est arrivé et je l’utilise pour mes intérêts politico-personnels.
A la lecture de l’interview de Ould Dadde, c’est la seconde solution qui lui a été appliquée. Une solution que le système de désinformation de Aziz a mis en scène pour le prisonnier qui ne sachant pas pourquoi on l’a mis en prison, ni pourquoi on l’a libéré est psychologiquement prêt à essayer de comprendre sans se douter qu’il puisse être instrumentalisé.

C’est alors qu’Aziz lui expliqua qu’il n’est pour rien dans son emprisonnement, que ce sont les «autres » qui l’on fait et que malgré lui il a gardé sa neutralité (pendant 2 ans). C’est ainsi que suite à cela Ould Dadde indexera dans son interview les personnes qui l’ont jeté en prison et qui sont « issues de la vieille garde ». Mieux encore (et on reconnaîtra là certainement des « bribes » du discours que lui a tenu Aziz), ould Dadde dira ce sont « ceux qui jouaient le rôle d’intermédiaires politiques et dont le régime actuel a décidé de se passer » qui lui en voulaient.
Suffisamment «  traité » à l’argumentaire de l’ennemi extérieur-intérieur, Ould Dadde s’est encore rangé du côté de Aziz. 

Mais la seconde question est alors de savoir pourquoi Aziz a agi ainsi ? La réponse coule de source : Aziz a instrumentalisé Ould Dadde. C’est ce qui explique la réponse de ce dernier à la question de la journaliste de Jeune Afrique sur la teneur de cet entretien : « Je garderai ça pour moi ».
Un secret qui ne peut être révélé est certainement lourd de conséquences tant pour son déposant (Aziz) que pour son dépositaire (Ould Dadde).

Alors que contient-il ?

Il est fort probable qu’il s’agisse d’un deal, un marchandage, entre Aziz et Ould Dadde et dont l’enjeu est la liberté de ce dernier. Nous le résumons dans ce qui suit :

- Aziz invente pour Ould Dadde, un “ennemi” qui est la cause de son emprisonnement (« la vieille garde »)
- Aziz se disculpe et montre patte blanche à Ould Dadde,
- Ould Dadde trouve un moyen pour rester en bons termes avec Aziz et accepte le justificatif;
- Aziz rassure Ould Dadde et lui promet une liberté définitive (en d’autres termes, il retiendra le zèle de ses juges, s’il y a lieu)
- Aziz lui donne le feu vert pour aller à l’étranger (en France) malgré que Ould Dadde est supposé être en liberté provisoire (désormais il sera hors de portée de ses juges)
- En contrepartie, Aziz lui demande de « calmer » le jeu de ses détracteurs en France tout au moins ceux qu’il peut joindre (« genre Mamère et compagnie, verts et affiliés)
- Aziz, paternaliste, assure Ould Dadde que « personnellement », il n’a rien à lui reprocher et qu’il pourra compter sur lui si besoin est (en termes de responsabilité futures face aux élections à venir), et qu’il aura toujours un « programme » pour lui.

Ould Dadde sort de chez Aziz convaincu de connaître ses ennemis réels, que la justice mauritanienne ne pourra plus l’atteindre en France et que, ménageant Aziz face aux échéances électorales proches, il pourra revenir aux affaires. Après tout il aura toujours un « programme »  pour lui.

En définitive, l’on peut dire qu’un « Président » qui rencontre un prévenu en liberté provisoire est un acte hors du commun. Cela ne se passerait pas dans un Etat où il y a une séparation réelle des pouvoirs et un respect des institutions exécutives et judiciaires. Mais on le sait, la Mauritanie est devenue une vaste prison… ou la conscience a perdu toute résistance.

Et toute résistance sans conscience « n’est que ruine de l’âme ».

Pr ELY Mustapha