vendredi 31 mai 2013

Cinquantième anniversaire de l’Union Africaine

50 ans de misère africaine

normal_statue orduresIl suffit de les voir se réunir pour comprendre la fatuité de leur rencontre. Sapés , brillant de brillantine, éclatant de lin et polyester costumés et gesticulant à l’envie,  les représentants de l’Union Africaine fêtent dans le faste cérémonial le cinquantième anniversaire de l’Organisation .

Mais que fêtent-ils au juste, assemblés dans ce siège de l’Organisation offert (meubles et immeuble) par les chinois? Un anniversaire. Une cérémonie de faste dans une Afrique de misère.

Mais de quoi pourraient-ils se targuer pour fêter en grande pompe l’Anniversaire de l’Union Africaine ?

L’Union Africaine c’est l’organisation continentale qui depuis 50 ans œuvre à l’indépendance de l’Afrique et à son développement et cinquante ans après, qu’est devenue l’Afrique ?

La misère monumentale

En terme de PIB, les 20 pays les plus pauvres du monde sont africains. L'Indice de développement humain (IDH) de la plupart  des pays africains est inférieur à 0,5 ( inférieur à 0,4 au Sahel.)

Les populations de la majorité des pays africains, vivent en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 2 dollars par jour. Et cela n’épargne pas les « riches » pays africains, comme l’Afrique du sud où le tiers de la population est concerné par une pauvreté galopante.

La sous-alimentation et la malnutrition sont le lot des populations urbaines et rurales qui disposent de moins de 1 médecin pour 100 000 habitants . L’analphabétisme atteint 70% de la population adulte  et le chômage frappe de plein fouet une jeunesse laissée pour compte.

Les richesses du sol et du sous-sol sont pillées par des multinationales avec des contrats cédés par des gouvernants corrompus et exécuté en  surexploitant une main d’œuvre africaine à bas prix.

Le revenu de l’exploitation des richesses ne profite ni directement aux populations par le rehaussement de leur niveau de vie (distribution de richesse) ni indirectement à travers les infrastructures (formation brute de capital fixe).

Le revenu national est détourné  par les dirigeants africains et leurs alliés nationaux et internationaux et ne sert qu’à les enrichir ou préparer leur pérennité au pouvoir.

Le népotisme

Certains de ceux qui se réunissent pour fêter l’anniversaire de l’UA s’accrochent au pouvoir dans leur pays depuis plus de 20 ans au mépris de leurs peuples et de leurs droits, d’autres sont là pour dénoncer les mandats d’arrêts de la CPI lancés contre-eux pour génocide et crime contre l’humanité. Certains sont  des putschistes auto-légalisés par des élections douteuses. Et  la majorité se maintient grâce à l’appui souvent non dissimulé de puissances étrangères.

L’Union africaine est une faillite dont l’expression la plus récente fut la désastreuse occupation du Mali qui fut libéré par la France (lire sur ce blog: Vive l’Afr…ance ! ) . Que faisait durant cette période l’Union Africaine. Rien, ça papotait ; ça gesticulait et ça recherchait de l’argent pour financer la reconquête du mali. En attendant les populations ont été martyrisées, un patrimoine mondiale saccagé et brûlé au Mali…et l’Union Africaine fête son cinquantième anniversaire.

L’Union Africaine c’est un « machin » qui n’a aucune viabilité réelle car l’on ne peut  comprendre qu’une organisation qui veut l’indépendance (politique, économique et sociale) de l’Afrique soit elle-même dépendante !

D’abord à l’intérieur,  dépendante de la volonté de chefs d’Etats africains comprenant des potentats et des dictateurs notoires et,  ensuite, à l’extérieur du financement américain et européen.

La dépendance

Une spécialiste de l’Afrique professeur associée à l’Université Libre de Berlin , Salua Nour, affirme que : « L’UA ne peut pas exister sans les ressources financières qui proviennent de l’Union Européenne, des Nations Unies et des Américains. Ce n’est même pas 10% qui sont assurés par les pays africains. »[1]

Non seulement dépendante du financement extérieur, l’Union Africaine utilise la quasi-totalité de ses ressources financières au fonctionnement de sa bureaucratie et de ses institutions  dormantes.

Cela permet de mieux comprendre l’impuissance de l’Union Africaine.

En effet avec un budget 164 millions de dollars[2], en 2009, l’Union Africaine l’a utilisé comme suit :

64,4 millions de dollars soit 39 % de son budget ont été utilisés pour le fonctionnement de sa Commission (en Salaires et pensions, Missions et autres frais de fonctionnement, Conférences et séminaires, transport, communications, impression et journaux)

26 millions de dollars soit 16 % du budget dans le fonctionnement d’institutions dont l’efficacité est douteuse (Parlement panafricain), nulle (Cour de Justice), relative (Commission des droits de l’homme et des peuples) ou inexploitée (Conseil économique, social et culturel).

Le reste s’investit dans un fond de paix qui ne reçoit que 4, 1 million de Dollars (montant inférieur aux frais de mission des fonctionnaires) en dons et subventions (3,1 millions de dollars), commissions bancaires et pertes de change (1,3 millions de dollars) et audit externe (0,8 millions de dollars)

Quant à la part du budget pour financer les programmes dits « spéciaux », elle s’élève à 62,7 millions de dollars soit plus de 38 % du budget de l’UA et elle est provient entièrement de l’aide extérieure !

Comment une organisation peut-elle œuvrer à l’indépendance  d’un continent alors qu’elle est, elle-même, dépendante. Dépendante financièrement du reste du monde, dépendante politiquement de ses propres Etats-membres dirigés pour la plupart par des gouvernants dépendants de l’extérieur jusque dans leur propre politique et dans leur budget national.

Alors de renaissance africaine, il n’y aura que des statues, des monuments et des cérémonies. A la gloire de qui, de quoi ? L’état d’une organisation continentale ne se reflète-t-il pas dans la misère des peuples de son continent?

Sanglots de Lumumba, soupirs de Nkrumah… misère des peuples.

Pr ELY Mustapha


[1] http://www.dw.de/anniversaire-en-demi-teinte-pour-lua/a-16820793

[2] http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20100201171529/

jeudi 30 mai 2013

Le secret de Mohamed Lemine Ould Dadde

De la résistance à la conscience

ha12Mohamed Lemine Ould Dadde est sorti de prison. Deux ans de cachot sans autre forme de procès si ce n’est celui d’un semblant d’audiences où ses avocats plaidaient dans un désert de Justice où les juges aux ordres manipulaient la balance du droit et de l’équité. Ould Dadde est désormais libre…provisoirement. C’est autant dire que le régime ne l’a pas encore lâché. Même si de l’étranger il pourrait ne pas revenir…à moins que le secret qu’il garde ne l’incite…à revenir.

Ce secret c’est celui de l’entretien qu’il a eu avec Ould Abdelaziz suite à l’audience qu’il lui a accordée à sa sortie de prison.

Nulle part Ould Dadde n’a voulu révéler le contenu de l’entretien qu’il a eu avec son général de geôlier. A la question d’une journaliste de Jeune Afrique sur la teneur de cet entretien Ould Dadde a répondu : « Je garderai ça pour moi »

Qu’est-ce qui dicte à Ould Dadde, de garder le secret de cet entretien ? Un esprit libre, communicatif et de surcroit indépendant n’aurait pas hésité à divulguer l’information. A moins…à moins que Ould Dadde, ne veuille bien cacher et taire des choses que le général lui aurait divulguées. Mais taire un secret ne peut être dicté que par les raisons suivantes :

- Le dépositaire du secret (ould dadde) est lui-même concerné et le divulguer va lui porter tort;

- Le dépositaire du secret sait que la personne qui le lui a confié est concernée et donc le divulguer va encore lui porter tort;

- Le dépositaire du secret s’est engagé à ne pas le divulguer en contrepartie de quelque chose;

- Le dépositaire du secret craint pour sa personne en le divulguant.

A l’évidence Ould Dadde semble tenir à ce secret et cela n’arrive qu’à ceux qui sont convaincus que la révélation d’un tel secret portera préjudice soit à eux-mêmes soit à autrui. Ould Dadde n’échappe pas à ce raisonnement.

Toutefois, en accordant une interview Ould Dadde ne sait pas qu’il a révélé « sans le savoir » un pan important de ce qu’il tait.

L’analyse de l’interview montre un ensemble d’indices et de prises de position de Ould Dadde qui montrent que le personnage a subi un « traitement » spécifique qui lui dicte son attitude.

I- La « machination de…la vielle garde

Le premier terme utilisé par Ould Dadde dans son interview c’est celui de « machination », il dit texto : « ce qui m’est arrivé a été orchestré par la vieille garde ».

C’est qui la « vieille garde » ? Celle « qui rejette tout changement en Mauritanie ».

On l’a donc compris le message que Ould Dadde veut passer c’est que Aziz n’y est pour rien. Qu’il n’a rien à voir avec son limogeage ni son incarcération depuis plus de deux ans !

Ould Dadde a croupis en prison à cause d’une « vieille garde ». Il aurait pu ajouter que c’est cette même « vieille garde » qui a jeté Ould Khattri et ould Waqef en prison, qui a maintenu durant des mois d’anciens gestionnaires publics (Air Mauritanie, Mauritania airways, Sonimex etc.) en prison sans procès et qui a encore libéré tous les détenus dans les affaires mafieuses et de drogue…

La « vieille garde », allons donc !

Aziz a bien embobiné le personnage. Cette construction « vieille garde », colle bien à la personnalité du général qui a bâti sa gestion du pouvoir sur la paranoïa, la crainte de l’ennemi intérieur- extérieur. En recevant une balle amie, cela s’est encore affermi.

Ould Dadde, ayant plongé dans le milieu politique sait que dans le régime de Aziz toutes les « gardes », c’est lui. La vieille garde, la nouvelle garde et la garde présidentielle. Il a tout assujetti à travers la dilapidation du Trésor public, la corruption, le trafic d’influence et le népotisme.

Si aujourd’hui Ould Dadde nous dit qu’il a été victime d’une « vieille garde », c’est soit il ne connait pas Aziz (qui ne s’écoute que lui-même) soit il est sciemment en train de jouer son jeu. Et dans les deux cas, il est perdant.

A quel jeu joue alors Aziz en « désinformant » ould Dadde ? Et à quel jeu joue Ould Dadde en acceptant d’être désinformé ?

Ce que sait certainement Ould Dadde, c’est que sa libération, il ne la doit en rien à un quelconque procès mais à une instrumentalisation de sa libération à la veille d’échéances électorales, pour lesquelles Aziz se prépare et se voudrait donc sans reproches. Libérer Ould Dadde est un geste comme on dit politiquement « d’apaisement »  et de « neutralisation » de ses détracteurs. Socialement et tribalement.

L’on ne pourrait croire que Ould Dadde ne le sait pas. Comme l’on ne pourrait pas croire qu’il puisse si facilement accorder une bonne foi à un général qui l’a écroué pendant des mois.

II- Le régime d’Aziz: tout est beau tout est gentil

Au vu de l’audience qu’il a eue avec Aziz et ses interventions dans la Presse Internationale, il semble hélas que Ould Dadde n’a pas retenu la leçon de son aventure dans les cercles du pouvoir. Un pouvoir mal acquis, usurpé et omnipotent. Ould Dadde est-il conscient que sa résistance, risque de succomber à sa conscience ?

Après sa libération  à la question d’une journaliste de J.A : « Pourquoi avez-vous accepté en septembre 2008, le poste que vous a proposé « Aziz » ?

Ould Dadde répond : « Parce qu’on m’offrait la possibilité d’atteindre des objectifs pour lesquels je le suis toujours battu qui, plus est au sein d’un gouvernement qui a réalisé des avancées significatives sur les questions nationales »

En 2008, le gouvernement c’était celui d’Aziz issu d’un putsch, de quelles « avancées significatives », s’agit-il ?

N’ignorant cependant rien de ce qui s’est passé en 2008 et 2009, Ould Dadde semble avoir perdu toute conscience de la réalité des faits. La Prison a-t-elle brisé à ce point sa résistance ?

En fait, il y a tout au long du parcours de Ould Dadde trois périodes distinctes. En fait trois personnalités différentes.

La période commençant avant son entrée au gouvernement de Aziz : celle de la diaspora, de l’exil « loin de yeux, loin du cœur ». Durant cette période Ould Dadde faisant son bonhomme de chemin de militant, en France notamment avec ses partisans et ses alliés. Cette période se caractérisait par la continuité d’une résistance conformément à sa conscience.

La période d’entrée au gouvernement d’Aziz : C’est la période où Ould Dadde décida de rejoindre « Aziz ». Et c’est là où le personnage confondit entre conscience et résistance. Abandonnant sa résistance il se fit bonne conscience de se mettre au service du putschiste. La résistance de la conscience a-t-elle des limites ?

Toujours est-il, qu’en lui accordant la bonne foi de sa conduite, il la paya cher. Nous avions consacré des écrits à cette période. Voir notamment :

Le bouc Commissaire

La “jurisprudence” Ould Dadde

Le cas Lemine ou une démonstration machiavélique par la théorie des jeux

Au vu de l’interview, Ould Dadde semble vouloir trouver un justificatif à tous les actes de Aziz.

Les juges ?

Les juges c’est malgré eux qu’ils condamnent car, selon Ould Dadde, « ils craignent les affectations administratives et cherchent à plaire à ceux qui peuvent les leur éviter ». Donc ils ne sont pas indépendants.

Mais Ould Dadde avoue par là-même que c’est Aziz qui l’a condamné. En effet qui décide des affectations des juges et qui peut leur éviter de telles affectations? ». Le PM ? Le ministre de la justice ? Allons donc.

L’opposition ?

Elle rejette tout. « Les homme politiques devraient s’efforcer de redonner aux Mauritaniens confiance en leurs institutions plutôt que de les diaboliser. Il faut cesser de rejeter en bloc tout ce qui est entrepris ».

Pour Ould Dadde le slogan de l’opposition « Aziz dégage ! » ne peut « pas tenir lieu de programme » !

Mais alors sur quel programme Ould Dadde a rejoint Aziz après son putsch ?

Difficile à dire. Mais un indice dans l’interview le laisse entrevoir. Voici, texto, ce que répond Ould Dadde à la question : « Appartenez-vous à un parti politique ?:

« Je n’appartiens à aucun parti, ni de la majorité, ni de l’opposition. Je suis une personnalité politique nationale qui se positionne par rapport à un programme. En 2009, Aziz a été élu sur la base d’un programme et non pas d’alliances tribales. »

Jusque-là le discours de neutralité de Ould Dadde semble tenir la route, c’est après que les choses deviennent graves tant pour la résistance que pour la conscience de « la personnalité politique nationale » par laquelle Ould Dadde se définit.

Il poursuit en disant : « Ceux qui proposeront des solutions concrètes pour la stabilité et le développement du pays me retrouveront à leurs côtés ».

En d’autres termes, qu’ils soient putschistes, illégaux, tyrans, dictateurs, Ould Dadde n’hésiterait pas à les rejoindre pourvu qu’ils « aient des solutions pour la stabilité et le développement du pays ».

En somme, un serviteur public dont la conscience tient à un programme pas à des idéaux démocratiques, de liberté et de justice. Ainsi Ould Dadde rejoignit Aziz doublement putschiste piétinant la démocratie et les droits constitutionnels du peuple parce que dit-il « en 2009, Aziz a été élu sur la base d’un programme » !

Ceci est d’autant plus inquiétant, que non seulement Ould Dadde a rejoint un soi-disant programme d’Aziz mais qu’il se retrouva en prison et n’en tira aucune leçon si ce n’est d’être, à mots couverts, un laudateur du régime qui la brisé.

Alors vraiment, est-ce ce Ould Dadde, membre de la diaspora, qui s’est brûlé les ailes au contact du pouvoir qui devait apparaître ? Certes non.

Alors que s’est-il donc passé pour qu’Ould Dadde sorti de prison soit si clément avec le régime qui l’a terrassé et avec son général de geôlier ?

Tout tient dans la teneur dans l’entretien qu’il a eu avec Aziz à sa sortie de prison.

III- Le contenu de l’entretien : « si tu…je… »

Quand un prisonnier qui se proclame innocent avec des preuves tangibles sort de prison, il est rare qu’il rencontre son geôlier soit sur sa requête, soit sur celle du premier.

Cependant si cela arrive, il y a fort à parier que l’entretien qui en résultera ne peut être basé que sur l’une des trois attitudes du geôlier à l’égard de son visiteur :

- S’il veut continuer à clamer son innocence et à me défier, je le rejette en prison

- S’il veut collaborer même indirectement je lui épargne la prison, je lui prouve que je ne suis pour rien dans ce qui lui est arrivé et je l’utilise pour mes intérêts politico-personnels.

A la lecture de l’interview d’Ould Dadde, c’est la seconde solution qui lui a été appliquée. Une solution que le système de désinformation de Aziz a mis en scène pour le prisonnier qui ne sachant pas pourquoi on l’a mis en prison, ni pourquoi on l’a libéré est psychologiquement prêt à essayer de comprendre sans se douter qu’il puisse être instrumentalisé.

C’est alors qu’Aziz lui expliqua qu’il n’est pour rien dans son emprisonnement, que ce sont les «autres » qui l’on fait et que malgré lui il a gardé sa neutralité (pendant 2 ans). C’est ainsi que suite à cela Ould Dadde indexera dans son interview les personnes qui l’ont jeté en prison et qui sont « issues de la vieille garde ». Mieux encore (et on reconnaîtra là certainement des « bribes » du discours que lui a tenu Aziz), ould Dadde dira ce sont « ceux qui jouaient le rôle d’intermédiaires politiques et dont le régime actuel a décidé de se passer » qui lui en voulaient.

Suffisamment «  traité » à l’argumentaire de l’ennemi extérieur-intérieur, Ould Dadde s’est encore rangé du côté de Aziz.

Mais la seconde question est alors de savoir pourquoi Aziz a agi ainsi ? La réponse coule de source : Aziz a instrumentalisé Ould Dadde. C’est ce qui explique la réponse de ce dernier à la question de la journaliste de Jeune Afrique sur la teneur de cet entretien : « Je garderai ça pour moi ».

Un secret qui ne peut être révélé est certainement lourd de conséquences tant pour son déposant (Aziz) que pour son dépositaire (Ould Dadde).

Alors que contient-il ?

Il est fort probable qu’il s’agisse d’un deal, un marchandage, entre Aziz et Ould Dadde et dont l’enjeu est la liberté de ce dernier. Nous le résumons dans ce qui suit :

- Aziz invente pour Ould Dadde, un “ennemi” qui est la cause de son emprisonnement (« la vieille garde »)

- Aziz se disculpe et montre patte blanche à Ould Dadde,

- Ould Dadde trouve un moyen pour rester en bons termes avec Aziz et accepte le justificatif;

- Aziz rassure Ould Dadde et lui promet une liberté définitive (en d’autres termes, il retiendra le zèle de ses juges, s’il y a lieu)

- Aziz lui donne le feu vert pour aller à l’étranger (en France) malgré que Ould Dadde est supposé être en liberté provisoire (désormais il sera hors de portée de ses juges)

- En contrepartie, Aziz lui demande de « calmer » le jeu de ses détracteurs en France tout au moins ceux qu’il peut joindre (« genre Mamère et compagnie, verts et affiliés)

- Aziz, paternaliste, assure Ould Dadde que « personnellement », il n’a rien à lui reprocher et qu’il pourra compter sur lui si besoin est (en termes de responsabilité futures face aux élections à venir), et qu’il aura toujours un « programme » pour lui.

Ould Dadde sort de chez Aziz convaincu de connaître ses ennemis réels, que la justice mauritanienne ne pourra plus l’atteindre en France et que, ménageant Aziz face aux échéances électorales proches, il pourra revenir aux affaires. Après tout il aura toujours un « programme »  pour lui.

En définitive, l’on peut dire qu’un « Président » qui rencontre un prévenu en liberté provisoire est un acte hors du commun. Cela ne se passerait pas dans un Etat où il y a une séparation réelle des pouvoirs et un respect des institutions exécutives et judicaires. Mais on le sait, la Mauritanie est devenue une vaste prison… ou la conscience a perdu toute résistance.

Et toute résistance sans conscience « n’est que ruine de l’âme ».

Pr ELY Mustapha

lundi 20 mai 2013

Homosexualité programmée

 

Obsolescence programmée de l’enfance équilibrée

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Dans cette école à majorité d'enfants adoptés par des couples homosexuels, le directeur, assis en bout de table a, depuis une vingtaine de minutes une folle envie de quitter la salle. Cela fait vingt minutes qu’il n’arrive pas véritablement à comprendre ce que ses collègues, profs d’écoles, ont derrière la tête ni même où ils veulent en venir.

« Le petit Vincent  en CP2, s’exclame la prof d’arithmétique, m’appelle monsieur et quand je lui dis qu’il doit m’appeler madame ; il fait la moue et me jette un regard comme s’il ne comprenait pas et qui semblait dire « pourquoi ? ». Chez lui son père c’est sa mère. Alors ?

« Moi, ce qui m’inquiète renchérit aussitôt le prof de français, c’est la petite Josée, elle n’arrive pas à assimiler la conjugaison des verbes et s’emmêle dans les accords en genre. Elle me dit que son papa, qui est aussi sa maman…enfin sa maman qui est son papa sont les mêmes. Donc le masculin est inutile à « conjuguer », puisque les deux sont (conjugalement) identiques. »

« Je n’arrive pas à faire comprendre à mes élèves ce qu’un foyer veut dire, s’exclama l’éducatrice. La notion de père et de mère est confuse. «  Une mère ça a une barbe ? », me demande le petit François. Désemparée, je lui réponds, oui, si ta « mère » est un homme. Alors il me dit alors j’ai deux mères ... “

« Il faudrait dire que la situation est beaucoup plus critique dans les classes supérieures, fait remarquer le prof de CM2. Dès l’entrée en salle de classe, les enfants se regroupent suivant leur sexe. Les filles avec les filles et les garçons avec les garçons. Leur éducation, à travers leur adoption par des couples gays leur a transmis une forme de discrimination involontaire. La préférence qu’ont les filles pour les filles en classe, n’exclue cependant pas les garçons mais ils se sentent mieux entre eux. »

« Les filles adoptées par des couples masculins ne dissimulent pas un véritable besoin de « maternité », c’est alors qu’elles se replient vers les autres filles à la recherche de « je ne sais quoi » me dit l’une d‘entre-elle. Je crois que ce « je ne sais quoi » ; n’est probablement que la recherche d’une présence maternelle. »

« Mais dans notre école il y a quand même des enfants à parents biologiques ou adoptants hétérosexuels, quel est alors leur comportement ? Demanda le directeur de l’école. »

« En début d’année où les enfants cherchaient à se connaitre, répondit la surveillante générale de l’école, la situation n’avait rien de particulier, jusqu’au moment où les enfants commençaient à se parler. « T’as pas de papa ? », « T’as pas de maman »? « C’est toujours ton père qui vient te chercher, t’as pas de maman ? ». Les enfants adoptés par des couples hétéros ne cachaient pas leur gène et souvent s’isolaient des autres pour éviter ces questions. A la fête des mères et celle des pères, ou des anniversaires les invitations ne pleuvaient pas. Les enfants de couples hétéros sont très peu portés à aller rendre visite aux enfants adoptés par des couples homos, non pas parfois qu’ils ne le veulent pas mais parce que leurs parents y mettent un bémol. »

Des parents interrogés affirment que c’est  « indécent »de laisser son enfant chez un couple gay. Il risque d’être  « choqué »ou au pire en revenir avec un comportement « bizarre ». Il risque de prendre de la « graine homo ».

« Vous n’avez pas dans vos classes des copains fille-garçon, demanda  le Directeur de l’Ecole? »

« Si, répond l’Educatrice, mais ils se sentent marginalisés et finissent par se cacher pour se voir; c’est en tout cas ce qui ressort de mes observations répond l’éducatrice. »

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Ceux qui lisent cet article ont bien entendu compris qu’il s’agit d’un conseil de classe fictif. Cependant, il se pourrait bien que dans le futur proche de telles interrogations se poseront suite à l’application de la loi sur le « mariage pour tous » et notamment son volet relatif à l’adoption.

En laissant de côté les conjectures, il y a un constat qui va modeler l’avenir et la personnalité d’enfants adoptés : leur adoption par un couple homosexuel (masculin ou féminin).

Cette adoption ne va-t-elle pas avoir des conséquences imprévisibles sur le comportement de l’enfant ?

L’enfant (fille) adopté par un couple homosexuel male ne va-t-il pas rechercher ce qui est naturel chez elle le besoin d’une mère (présence et tendresse maternelle) ? Elle aura donc à orienter son affectif vers les filles. D’où une homosexualité femelle possible.

De l’autre côté, le garçon adopté par un couple homosexuel femelle ne va-t-il pas rechercher ce qui est naturel chez lui : le besoin paternel (présence et exemple paternel) ? Il aura donc à orienter son affectif vers les garçons pour combler ce manque. D’où homosexualité male possible.

Ainsi tant pour la fille que pour les garçons adoptés, le manque affectif sera réel et déclenchera probablement une homosexualité programmée.

En fait la loi sur le  « mariage pour tous » risque de produire les effets contraires de ce qui attendu. Elle n’aura pas eu pour objectif de réduire les inégalités et les discriminations envers les homosexuels mais aura contribué à déstabiliser les structures familiales d’une société et , tout en constituant une atteinte flagrante au droit de l’enfant, d’avoir un foyer naturel de père et de mère, l’aura condamné pour le futur à devenir homosexuel sinon à vivre dans un environnement homosexuel qui ne sera pas sans conséquences sur lui.

De ce point de vue, la loi sur le « mariage pour tous », notamment sur son volet « adoption » serait-elle un véritable instrument d’homosexualité programmée pour les générations futures ? Et si le Conseil Constitutionnel a lié cette adoption au « seul intérêt de l’enfant », il est des intérêts naturels issus de la nature même de l’homme, avoir un vrai père et une vraie mère que ni le législateur, ni le politique n’a à en juger. Cela ressort de la nature humaine et des fondements humains de la société et tout acte contre-nature, législatif fût-il, est une atteinte flagrante à une éthique universelle qui transcende les nations : l’humain, être issu et se développant dans un foyer homme et femme.

Certes, l’homosexualité existe dans la nature. Reconnaître légalement aux homosexuels leurs droits à une vie de couple permettant l’entraide et le soutien ainsi que les droits attachés à la vie en commun, n’est pas en soi une « hérésie » pour tout esprit laïc. Le droit modelant l’évènement, le consacre aussi quand, socialement, il s’impose.

Cependant lorsque le droit devient un instrument d’aliénation de droits de groupes (notamment faibles et vulnérables, ici les enfants) au nom de droits d’autres groupes, il en résulte pour la société des conséquences incalculables. Ainsi reconnaitre aux couples homosexuels le droit d’adoption est une atteinte flagrante aux droits de l’enfant. Car le droit d’adoption concerne davantage le devenir de l’enfant lui-même que le manque de « paternité ou maternité » du couple adoptant.

Hélas ! L’enfant n’est pas consulté dans cette loi sur le mariage pour tous (le pourrait-il si ce n’est à travers un référendum national ?). Les enfants (notamment mineurs) sont alors sacrifiés aux intérêts politiques « majeurs » du moment.

Comme le disent si bien les détracteurs de la loi sur le mariage pour tous, un enfant a besoin d’un foyer naturel, d’un père et d’une mère. Le confier à un couple d’homosexuels (homme-homme/femme-femme), détruira dès son plus jeune âge la notion même de famille (qui se définit par les qualités naturelles d’une mère et celles d’un père) qui lui transmet son être et sa sensibilité (garçon ou fille) ; et au-delà détruira la conception même de société et de son propre équilibre humain.

Comme pour l’enfant biologique d’un couple, l’enfant adopté a droit à un père et une mère adoptants. La loi sur le mariage pour tous dans son volet adoption est un instrument de développement d’une homosexualité programmée.

Si le législateur français a adopté la loi sur « le mariage pour tous », il n’a pas échappé à sa composition politicienne d’une législature qui l’ y a poussé contre toute logique sociétale et si les sages de la République, s’en sont tenus au formalisme des droits de l’homme et au respect de la constitution, ils ont depuis longtemps oublié qu’il y a un droit naturel qui aurait pu les empêcher de valider une disposition sur l’adoption en se dissimulant sous l’hypothétique argument de « l’intérêt de l’enfant ». Sans père et mère adoptifs, quelle que soit la décision du service social de l’enfance, qui va placer l’enfant, son premier droit est d’être adopté par un couple hétérosexuel, cette loi a, hélas, porté atteinte à ce droit et remis en cause les fondements même de la société.

L’homosexualité naturelle, doit donner des droits de protection au couple homosexuel dans ses membres et ses biens. Cependant elle n’ouvre aucun droit à une adoption qui par définition doit se faire dans un milieu familial naturel, père (au masculin), mère (au féminin). Dans l’adoption d’un enfant pas des homos on sacrifie l’affectif de l’enfant et la construction de sa personnalité (par le père et la mère de concert) au besoin d’une « paternité » ou d’une « maternité » homosexuelle contre-nature.

Et il n’est nulle part démontré que l’homosexualité n’est pas favorisée par l’éducation et l’environnement familial de croissance et de développement de l’enfant. Alors la loi véhicule une homosexualité programmée. Et si l’homosexualité est une acquisition génétique, alors la loi a fondamentalement porté tort à l’enfant adopté puisqu’elle lui a enlevé le droit d’avoir un foyer pour son développement naturel.

Homosexualité programmée, obsolescence programmée de l’enfance équilibrée.

Pr ELY Mustapha

mercredi 15 mai 2013

Les employés de l’ambassade de Mauritanie en Tunisie

 

Des droits confisqués

justiceAutant que je me souvienne avoir rendu visite à notre ambassade en Mauritanie, je n’ai jamais rencontré un employé de cette mission satisfait de ceux qui sont sensés administrer cette représentation. Cela ne devrait pas tenir de l’invraisemblable ; il y a toujours des employés mécontents dans toute institution. Toutefois connaissant notre ambassade à Tunis, elle est certainement à l’image de nos autres ambassades dans les pays du monde. Trente-cinq ans de fréquentions de cette ambassade m’ont appris bien des choses. Des choses dont j’ai fait état sur ce blog à travers des articles qui m’ont valu bien des animosités. Mais naturellement étant fait pour apprécier les animosités de ceux qui piétinent les droits des personnes, je continuerais encore à dénoncer leurs actes.

Voir à ce propos les articles suivants :

- L’ambassade de Mauritanie à Tunis a brûlé : la bêtise prend l’ascenseur

- De la gestion du patrimoine de l'Etat : Où sont les crédits alloués à la restauration de l’ambassade de Mauritanie à Tunis ?

- Le ministre des affaires étrangères battu par le chargé d’affaires

- L’ambassade qui a perdu la mémoire : 40 ans d’archives diplomatiques et consulaires détruite

- Ce que nous coûtent nos ambassades.

Aujourd’hui, ce qui préoccupe encore davantage ce n’est pas la mauvaise gestion ou le népotisme et les détournements qui caractérisent cette ambassade à des périodes diverses, mais l’image que cette mission donne de notre pays dans le pays même de résidence.

Il s’agit notamment des droits des employés locaux que cette ambassade utilise et ne se préoccupe pas de ses obligations contractuelles et légales à leur égard. Il en est ainsi notamment d’employés  qui ont longtemps et loyalement servi cette ambassade et qui se retrouvent à la rue criant et réclamant leur dû. Des indemnités non payées, des primes de départ non réglées depuis des années entrainant une réelle détérioration de l’image de notre ambassade et, par la même, de notre pays auprès du pays hôte.

Pourtant la règlementation est claire et les droits sont bien définis quant à leur montant et à leurs conditions d’octroi ; mais chaque responsable, et notamment chaque chef de mission, qui arrive ne pensant qu’à se servir et servir ses proches, néglige sciemment les employés.

Il en est ainsi de chauffeurs à la retraite et qui réclament depuis des années leurs droits, et qui ont adressé réclamations à tous les services concernés tant à l’ambassade qu’aux affaires étrangères à Nouakchott. Les autorités mauritaniennes et leurs représentants à Tunis font la sourde oreille. Il semble cependant que ce problème risque d’être posé dans les jours qui viennent aux autorités tunisiennes par les personnes lésées et il est à craindre qu’il n’aboutisse à envenimer nos relations avec elles ; ce que de toute façon l’ambassade de Mauritanie, peu soucieuse depuis toujours des intérêts réels du pays, n’a que faire. C’est pourtant l’image de notre pays qui va en pâtir alors qu’il suffit pour cette ambassade de rendre justice à ses employés. Mais ni le mot « justice » ni celui d’éthique à l’égard des employés ne sont jamais entré dans les mœurs de cette ambassade.

Pr ELY Mustapha

samedi 4 mai 2013

J’accuse le FMI

 

Quand le FMI maintient mon pays dans le sous-développement

FMI_Mauritanie_thumb[2]J’accuse les émissaires du FMI de tenir des discours qui participent à maintenir mon pays dans la misère et une dictature au pouvoir opprimant le peuple.

J’accuse le FMI de véhiculer, à travers le discours de ses émissaires dans les mass-médias publics de mon pays et du monde des informations qui induisent en erreur les populations et confortent les mauvais droits de leurs gouvernants.

J’accuse les différents émissaires du FMI en Mauritanie de tenir des discours qui ignorent complètement les réalités économiques de mon pays au détriment d’objectifs structurels dictés par leur organisation à nos gouvernants.

J’accuse les mandataires de ces émissaires à Washington et ailleurs de jouer avec la destinée du peuple mauritanien au nom d’engagements pris par des gouvernants qui pillent les ressources publiques et que le FMI conforte dans leur forfait par ses satisfécit publics de leur gestion publique.

J’accuse le FMI de jouer sur les notions d’équilibres économiques pour continuer à maintenir les politiques publiques de mon pays dans un infantilisme qui hypothèque tout développement.

J’accuse les différents émissaires du FMI an Mauritanie de prendre des positions manifestes et publiques hautement médiatisée sur les niveaux de croissance d’agrégats économiques de mon pays, sachant pertinemment qu’ils ne reflètent nullement l’état réel de l’économie ni son niveau de développement.

J’accuse le FMI de continuer à ignorer ce qui advient réellement de ses prêts à facettes multiples quand ils tombent dans l’escarcelle de nos dirigeants et à continuer à les soutenir dans des plans structurels toujours autrement composés et chèrement reconduits.

J’accuse le FMI de continuer à publier dans les travaux de ses experts sur la Mauritanie ce que ses émissaires ne disent pas, maintenant par ses satisfécits annuels nos populations de la misère.

J’accuse le FMI de continuer à multiplier ses mécanismes de prêts à les diversifier pour soutenir contre toute raison humaine des équilibres macro-économiques qui satisfont sa philosophie économique mais détruisent tout espoir de développement social et humain en Mauritanie.

J’accuse le FMI de continuer à proposer à des pays pauvres et démunies, comme la Mauritanie, des prêts concessionnels, des facilités de crédit, des crédits rapides en misant sur des croissances fictives et des chiffres officiels douteux contribuant à maintenir ces pays dans un endettement structurel sans fin.

J’accuse le FMI, d’avoir démarré depuis plus d’un quart de siècle, des programmes d’ajustement structurel et autres mécanismes subséquents, imposant restrictions et suggestions macro-économiques à mon pays, la Mauritanie, qui est encore, aujourd’hui, pauvre parmi les pauvres.

J’accuse le FMI de continuer d’accompagner par ses satisfécits et prêts concessionnels, les stratégies d’autorités publiques irresponsables et budgétivores spécialisées dans l’utilisation des mécanismes de l’endettement pour « pomper » les moyens du FMI et ceux de la nation.

J’accuse le FMI d’avoir appuyé la Mauritanie dans des programmes d’ajustement structurels, depuis 1985 à nos jours (Plan de redressement économique et financier –PREF-, le Plan de consolidation et de relance- PCR- Plans d’investissements publics (PIP), cadres de lutte contre la pauvreté – CSLP- , des Cadres des dépenses budgétaires à moyen termes –CDMT et autres Budget consolidés d’investissement –BCI- etc. ) avec les résultats qui se reflètent catastrophiquement dans les Indices du développement humain (IDH-PNUD) du pays.

J’accuse le FMI de continuer à féliciter les dirigeants de mon pays pour la « performance » de leur gestion alors que de 1980 et 2012 l'IDH de la Mauritanie n’a augmenté que de 0.5% par an, passant de 0.340 à 0.467 aujourd'hui, ce qui place mon pays au 155ème rang sur 187 pays.

J’accuse le FMI de continuer à féliciter nos dirigeants pour leur gestion publique à travers l’exhibition de taux de croissance erronés puisqu’exprimant une exploitation géologique (revenus d’extractions minéralières) constitutive d’une rente financière pour des dirigeants corrompus.

J’accuse le FMI, de continuer à applaudir la « croissance » d’un PIB mauritanien qui n’exprime rien sinon le revenu d’une surexploitation de ressources naturelles non renouvelables et en voie d’épuisement.

J’accuse le FMI de se féliciter, pour mieux appuyer nos gouvernants, d’une croissance dont on sait pertinemment qu’il s’agit d’un "revenu national", détourné par avance, jamais équitablement distribué et qui n’exprime nullement la somme des valeurs ajoutées des unités économiques du pays (s'exprimant par des variations du Produit Intérieur Brut (PIB) réel (corrigé de l'inflation) ou nominal (exprimant la valeur marchande des biens et des services produits par un pays.)).

J’accuse le FMI de continuer à bâtir ses déclarations de satisfaction à l’intention des gouvernants de mon pays sur la variation quantitative d’un agrégat économique (croissance du PIB), alors qu’il n’est pas, loin de là, synonyme de développement.

J’accuse le FMI de justifier ses interventions d’appui et d’endettement de mon pays sur l’appréciation d’une croissance sans développement.

J’accuse le FMI, d’avoir expérimenté avec la Mauritanie, en tant que PVD, PMA et PPTE, tous les circuits de son assistance et que mon pays est aujourd’hui, pauvre, endetté et gouverné dans l’illégalité et l’illégitimité.

Au nom de tous les mendiants qui peuplent les rues de mon pays, de son infrastructure tant industrielle, économique et sociale inexistante, de ses quatre-cinquièmes de la population qui vivent dans la misère et le dénuement complets, de son chômage, lot de toute une jeunesse, de sa capitale qui croule sous l’indigence de ses responsables et le poids de ses quartiers malfamés; au nom du pays profond qui vit sous le seuil de pauvreté sans les moindres infrastructures de base, son enseignement, faire-valoir de la misère de l’élève, de l’étudiant et de l’enseignant, sa corruption qui gangrène le pays au vu et au su de tout le monde, ses détournements de biens public, commun de la gestion publique, son taux de mortalité (enfant et adultes), l’un des plus élevés du monde, j’accuse le FMI dont les responsables et émissaires en Mauritanie osent déclarer :

« J’ai félicité les autorités pour leur gestion macroéconomique avisée qui a contribué à nourrir le rebond de l’activité économique en 2012, à maîtriser l’inflation et à conforter les marges de manœuvre budgétaire et extérieure. » (Christine Lagarde- Nouakchott- Le 9 janvier 2013)

« Mon séjour m’a permis d'évoquer les excellentes conditions économiques en Mauritanie et les énormes efforts déployés pour le renforcement du niveau de la croissance qui a atteint 7% environ au cours de l'année 2012 ». (Mme Mercedes Vera Martin conduisant une mission du Fonds Monétaire International (FMI)- Nouakchott- jeudi 2 mai 2013)

J’appelle le FMI à revoir à l’égard de mon pays, et certainement de tous les pays dans une situation similaire, ses méthodes et son approche médiatique, celle de ses émissaires afin de ne pas continuer à induire en erreur l’opinion publique dans nos pays.

J’appelle le FMI, à demander à ses émissaires dans mon pays de ne pas conforter par leurs déclarations publiques nos gouvernants dans leur gestion économico-sociale et financière catastrophique.

J’appelle le FMI à remplacer son appréciation publique de la croissance liée au niveau d’un agrégat économique (PIB) non expressif du niveau de développement, par une appréciation de la croissance réelle, celle la somme des valeurs ajoutées des unités économiques du pays à travers leurs exportations de biens (industriels, manufacturés) et de services (issus d’un savoir-faire, de la recherche et développement) et de leur maîtrise technologique et scientifique.

J’appelle le FMI à lier ses appréciations de la Croissance à l’évolution effective de l’indicateur de développement humain (IDH) en Mauritanie pour juger de l’efficacité de son intervention et de l’inefficacité de nos gouvernants.

J’appelle le FMI a ne pas se conforter dans l’appréciation d’équilibres macro-économique dont il veut forcer la réalisation dans la sphère financière de mon pays à coup de missions d’experts et de prêts concessionnels et de satisfécits, mais de comprendre que depuis plus d’un quart de siècle qu’il intervient en Mauritanie, des générations entières en ont souffert et qu’il devra rendre compte aux générations futures.

Pr ELY Mustapha